Remember & Forget ~Kuroi

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Aoi fit quelques pas au milieu de l’herbe fraîchement mouillée par la rosée du matin. Elle pouvait sentir quelques doux rayons du soleil levant effleurer la peau pâle de son visage. Oui, il était tôt, et la jeune femme se tenait devant un immeuble entouré d’arbres... perdu au milieu d'un parc. La nature qui justement se réveillait doucement en voyant le soleil renaître de nouveau. Les oiseaux entamaient leurs discussions qui ne cesseraient avant la tombée de la nuit, dans bien des heures. Pour d’autre animaux, sonnait l’heure du repos, alors qu’ils avaient passé la nuit en quête de nourriture.

Aoi ne s’attarda pas sur ces détails qu’elle connaissait bien. Elle avança doucement, laissant derrière elle, son petit foyer où les deux colocataires JiHoon et Ren dormaient sûrement encore profondément et ne remarqueraient pas son absence avant qu’elle ne soit revenue ... Après tout, elle était comme ça, elle avait besoin d’être seule, souvent. Et les deux dernières années qui s’étaient écoulées n’avaient rien fait pour arranger ce trait de caractère déjà affirmé chez la jeune nippone.

Deux ans... déjà. L'adolescente mature dans son esprit, parfois gaie, enjouée, et assez naïve avait totalement disparu, laissant place à une adolescente qui, du haut de ses 16 ans, était devenue taciturne et toujours froide avec une certaine pointe de... mélancolie qui ne le quitterait certainement jamais. Oui, la petite tête rousse vivant autrefois avec le sourire aux lèvres, aujourd'hui avec la peur au ventre. Ayant eu à subir une première fois le rejet et l’indifférence des autres sa ville natale, elle avait du ensuite subir le rejet des enfants au Japon dans sa jeunesse, pour elle. Heureusement que Takamasa avait été là, lui aussi. Grâce à lui, elle était devenue forte.

Aoi accéléra le mouvement, traversant assez rapidement la forêt. Elle ne prêtait pas attention aux animaux, respirant sans la remarquer l’odeur que dégageait la forêt après la pluie. Elle se dirigeait d’une démarche vive et décidée vers le Parc, mais... en réalité, elle ne savait pas quelle réaction elle aurait en croisant Kuroi... ils n’étaient plus tout à fait pareil, à présent. Car tout à coup, elle repensa à lui, tout cela était si compliqué ... Lui était toujours autant amoureux qu’avant, alors qu’elle, elle avait toujours aimé Takamasa... Devait-elle lui dire que ça ne serait pas possible ? Elle ne savait pas, mais voulait y aller. Elle avait confiance... après tout, peut-être n’avait past'elle pas totalement abandonné sa naïveté...

Enfin, elle déboucha devant le parc. Elle s’approcha doucement, sans faire aucun bruit. Elle s'assit sur un banc, humant l'air, avec une expression paisible au visage. Puis l'herbe craqua à nouvea, puis elle se retourna. Il suffisait donc de penser à quelqu'un pour qu'elle apparaisse face à vous ?

- Ku .. roi ?

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" Allo ?
- Mon chéri, l'école est bien ?
- Oui ! Mais, j'ai fini, je suis au parc là.
- D'accord, doudou. Fais attention ne rentre pas tard dans ton nouvel appart'
- Ouais, t'inquiète, 'man. "

Clic. Il mit fin à la discussion téléphonique avec sa mère. Kuroi l'adorait, mais parfois elle pouvait être assez énervante, comme là par exemple. Elle avait appelé son fils seulement pour lui demander si l'école était bien et où il était. N'importe quoi. Enfin bref, le jeune homme marchait dans le parc, seul. Il n'avait pas beaucoup d'amis pour l'accompagner, et puis il ne voulait pas les déranger.

Kuroi pensait à une personne. Aoi. Pourquoi pensait-il à cette fille ? Elle avait en quelques sorte brisé son cœur, non ? Mais, il ne pouvait pas lui en vouloir. Ce n'était pas de sa faute. Kuroi était tombé amoureux, mais elle était amoureuse d'un autre garçon à l'époque. C'était une des rares personnes, dont Kuroi était tombé amoureux, et ces sentiments là s'étaient enfouis au fond de lui, le jeune homme espérait qu'il n'y ressortirait pas à la surface, surtout pas, il ne le voulait pas. Aoi était simple de vivre et d'une beauté rarissime. Peu de personnes pouvaient l'égaler, pour lui. Enfin, maintenant, tout était fini. Il ne l'avait pas revu depuis très longtemps, combien d'années ? Deux, trois, surement ! Kuroi ne pensait pas la revoir un jour, il n'y pensait même pas.

Tout d'un coup, une douleur lui fit sortir de ses rêves. Un chien mordillait son pantalon, il dut bouger son pied de tous les sens pour que le chien lâche, puis il lui donna une petite brioche, que Kuroi aurait voulu garder pour lui. Le chien finalement mangea la brioche et lécha par la suite la main de Kuroi comme pour dire qu'il l'aimait maintenant. Il leva la tête, et s'en alla, marchant alors. Il voulait s'asseoir, et il y avait un banc pas loin. Donc, il marcha vers celui ci. La personne assise sur le banc se retourna. Kuroi recula d'un pas, ce n'était pas possible. Pourquoi là ? Pourquoi maintenant ? C'était Aoi, la personne dont Kuroi avait été amoureux longuement, trop longtemps.

" A... Aoi ? Que.. qu'est ce que tu fais là ? ", dit-il sous la surprise.

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Alors que le monde se matérialisait sous yeux, alors que la sérénité l'enveloppait dans un cocon soyeux, Aoi fut sortie de sa torpeur par une voix familière. Encore un peu dans le vague, elle regarda droit devant elle sans s'occuper jeune homme qui venait de lui parler. Etait-ce bien ce qu'elle faisait ? Elle ne devait peut-être pas ... ? Devait-elle être forte et résister ? Ne pas céder à ses envies de lui dire à Taka’ … ?

Ne pas être rejeté par celui avec qui elle voulait passer son temps ? Bref toutes ses questions cogitaient dans son esprit tel le linge qui tourne dans une machine à laver. Okay, l'image n'est pas forte sympathique, mais vous comprenez où je voulais en venir, c'est ça l'essentiel. Puis elle se rappela que le jeune homme devait sûrement attendre une quelconque réaction de sa part. Aoi tourna la tête pour la regarder, elle l'observa avec attention. Puis un sourire ne tarda pas à se dessiner sur ses lèvres vermeilles. Un regard doux bordant ses cils, Kuroi était face à elle, qu’il était bon de le revoir.

- Contente de te revoir.. Kuroi Sempaï !

C’est avec un petit rire qu’elle tapota doucement une place à côté d’elle pour qu’il puisse y prendre place. Le regardant dans les yeux, cela lui paraissait irréel. Depuis combien de temps n’avait-elle pas croisé son regard où entendu sa voix ? Trop pour pouvoir s’en souvenir avec certitude, mais elle espérait que le temps avait effacé ses douleurs dont elle était la cause, mais elle avait tout pour le blesser le moins possible. Il est clair que le mot « moins » ne fait qu’atténuer le mot mais ne l’efface pas. Elle regarda à l’horizon sans rien, le sourire aux lèvres, il n’avait pas changé. Enfin si, il avait grandit et était devenu un homme, mais toujours ce même regard et ce même visage qui lui était propre.

- Moi .. ? Je suis revenue au bercail, et toi ?

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Aoi... Aoi. Tu le savais n'est ce pas ? Tu le savais combien Kuroi t'aimait, puisqu'il te l'avait dit tant de fois, mais toi, tu étais amoureuse de quelqu'un d'autre. Kuroi n'avait aucune chance, le malheureux. Il était tombé amoureux d'une fille, sa kohai, inaccessible. Le jeune homme voyait à quel point elle était amoureuse de l'autre garçon, d'ailleurs il se demandait si c'était toujours le cas. Il préférait ne plus y penser! Elle avait changé, oui, elle était devenue plus femme, si l'on pouvait dire ça. Grandie et murie physiquement, Kuroi la trouvait plus mignonne, de toute façon, il l'avait toujours trouvé mignonne.

Retour au bercail ? Cela veut dire qu'elle habitait ici depuis longtemps, ah oui. Normal, sinon elle ne serait pas là. Sauf qu'elle avait peut-être déménagé, enfin, il n'en savait rien. Lui, il était arrivé ici récemment, normal il habitait à Okinawa auparavant, maintenant, une nouvelle ville.

" Je... j'ai déménagé, j'habite ici, maintenant. Je suis aussi à Sakurai Garden. Mes parents ont dit que je devais les représenter, enfin c'est plus ma mère, tu la connais hein... ", dit-il. Bien sur qu'elle connaissait sa mère, le nombre de fois qu'elle était venu chez lui pendant les vacances. Le nombre de fois où ils avaient bien rigolé ensemble ne se comptait plus ! Le jeune homme vint alors s'asseoir au côté d'Aoi, à sa demande. Il fixa celle ci dans les yeux, cela lui faisait vraiment bizarre de la revoir !

[Désolé, c'est court.]

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Alors qu’elle lui avait tendu la main dans un geste plus anodin qu’autre chose, estimant que ce n’était pas de la pure politesse. Une chose essentielle et évidente à faire comme dire « Bonjour » à un passant ou encore aidé une personne âgée lorsque celle-ci tombe à la renverse. Ce genre de chose qui peut paraître simple mais qui sont parfois synonyme d’attention Aoi lui adressa un sourire doux avec un brun de pacifisme dans le regard. Puis elle reposa son regard sur le parc qui semblait si silencieux, mais de nombreuses choses se passaient à l’intérieur.

D’autres pensées étaient enchaînées à Aoi, son esprit créateur qui ne faisait que les monopoliser à sa possession. Alors que le soleil se levait doucement éclairant le ciel de quelques rayons de l’aurore matinal, couleur orangée allant vers le rouge, chaude qui réconfortait les mœurs, Aoi soupira.

- Oui ta mère, toujours aussi bonne en cuisine ? Moi aussi je suis à Sakurai tiens !

C'est avec une voix paisible et douce qu’Aoi lâcha ses mots. Puis elle reporta son regard sur le parc inoccupé. Tiens, d'ailleurs le jeune homme fit allusion à sa mère, sa famille était-elle venu aussi à Tokyo, ou bien était-il sans sa famille ? Aoi ne savait mais elle allait bientôt le lui demander. Elle reporta son regard noisette sur le ciel orange rosée de l'aurore, une nouvelle journée allait commencer. Bientôt les travailleurs allaient sortir pour se rendre à leurs travaux, s'activant tous comme des fourmis récoltant leurs graines. Un sourire amusé à cette pensée, la jeune Shizaku se tourna vers son interlocuteur.

- Alors … qu’en penses-tu de Tokyo ?