Sortie nocturne ~ Isako

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Ma première journée ici était longue. Cela faisait à peine une journée et j'en avais déjà mare. J'avais envie de m'amuser, de me détendre sur quelqu'un, mais sur qui ? J'étais paumée dans cette école, le fait de ne connaitre personne me déprimer. Je n'avais toujours pas rencontré un Golden Boy ce qui était pour moi un miracle. Je n'avais aucune envie de leur adresser la parole, non pas parce que j'ai peur mais plutôt parce que je n'avais aucune envie d'avoir des problèmes avec eux. Je sais très bien qu'ils ont beaucoup plus d'influences que j'en ai et que je pourrais le regretter amèrement.

Il n'était pas plus de 22h00 lorsque je sortie de Sakurai Gakuen pour aller manger dans un restaurant. Un restaurant à Ginza, l'un des plus réputés et surtout des plus délicieux. Un restaurant français bien sûr débordant de monde même à cette heure-ci. J'avais pris une table à moi seul commandant plusieurs plats raffinés dont je ne serais nommé, oui je ne suis pas bonne en français et alors ?! Question d'oublier tous mes problèmes, j'avais pris le plaisir de me régaler avec plus désert tous au chocolat. Entre temps, j'avais reçu un appel de mon père chérie qui m'avait demandé de mes nouvelles. Décidément c'est bien le seul qui était d'accord avec moi pour ne pas m'envoyer dans le trou où je suis à présent mais comme d'habitude, maman à toujours raison. Mais d'un coter je ne serais caché qu'au fond cela me plait bien d'être ici c'est bien pour ça qu'à la fin ma mère a réussi à me faire entrer à Sakurai Gakuen car si cela ne serait pas le cas, j'en suis sûr je serais actuellement dans ma chambre loin de tout ce monde.

Déjà 23h00 est le monde était toujours présent. J'avais enfin terminé de manger. Déposant ma carte de crédit que je la repris une fois le montant payé, je me levais prenant mon manteau pour enfin sortir. Les ruelles sombres et pas un chat rodant autour. Une atmosphère loin d'être réconfortante surtout que même si je connaissais la ville je n'avais pas l'habitude de sortir à cette heure-ci. Mais pas le temps de m'inquiétais, après tout je sais très bien me défendre non ?!

Marchant avec une lenteur pas possible comme ci je n'avais pas peur, j'essayai d'apporter mon attention sur quelque chose qui était autre qu' inquiétant. Nan j'vous dis que je n'avais pas peur, enfin un peu quand même surtout que cela faisait déjà dix minutes que je marchais et j'avais déjà mal au pied. J'étais vêtu d'une tunique blanche serrée au niveau de la poitrine avec un slim et des chaussures à talons noire accompagné d'un manteau court noir sachant qu'il commençait à faire froid. Une tenue simple mais élégante qui restait quand même obligatoire pour une sortie comme celle-ci mais voilà quoi, je n'avais pas pensé que je devais marcher et que les tallons s'étaient pas fait pour ça. Continuant a marché, j'entrai dans une ruelle qui n'avait rien de rassurent. Sombre et délaissé, j'étais sûr que j'avais emprunté celle-ci pour me rendre au Restaurant. Soudain je m'arrêtai sec apercevant devant moi la silhouette d'une personne. Une peur m'envahit, était-ce l'un de ses pervers ou tout simplement un inconnu ?

Il n'était que 19h quand Isako était sortie de Sakurai. Elle avait terminé sa journée par son option dessin. La jeune nipponne n'avait pas fait trois pas qu'elle ressentait déjà un certain poids dans son coeur. Ce jour de l'année était pour elle le plus triste. Le jour de l'anniversaire de la mort de son frère jumeau. En ces temps, elle ne souhaitait voir personne, même pas Takamasa. Elle ne se sentait plus capable d'affronter la réalité, et là, justement, elle rentrait avec son bulletin de notes à faire signer. Ce n'était pas le jour ...
Il n'était pourtant pas mauvais, mais plus le temps passait, plus ses notes descendaient, et ce n'était pas pour ravir son père et sa mère, qui ne comprenaient pas ... qui ne comprenaient pas combien pour leur fille comment la vie avait perdu de sa saveur, combien son existence était dépourvue d'un but réel, combien trop de choses ne valaient plus la peine d'être vécues. Pourquoi travailler pour son avenir quand la mort nous guette et peut nous emporter en quelques mois ? Pourquoi encore essayer de tomber amoureuse ? Alors que les gens sont comme ça. Ils sont là, et un jour ils s'en iront. Isa se disait parfois, en regardant son plafond durant des nuits d'insomnies qu'il aurait été plus simple qu'elle meurt en premier. Plus simple pour elle. Sa souffrance était telle qu'elle ne pensait plus aux autres. Et d'abord ... était-elle si indispensable ? Torhu était dynamique. Il excellait en arts martiaux, surtout en Kendo. Il était beau et plaisait à tout le monde, il avait des notes excellentes sans même trop travailler. Il avait des copines un peu partout au collège, et sortait même avec la meilleure amie d'Isako à l'époque. Souvent elle s'était dit que ça n'aurait pas du être lui. C'était elle qui aurait du l'avoir, cette leucémie.
La vérité, et le résumé de tout cela est qu'il est impossible de se remettre de la mort d'un frère jumeau.

Elle était donc rentrée, le carnet de notes à la main.

- Oka-San ... Oto-San, mes notes.

Sa mère avait à peine levé les yeux de sa revue de design, et son père consentit tout de même à déposer l'ordinateur portable qu'il avait sur les genoux pour porter une once d'intérêt à cette fille qui, décidément, le décevait de plus en plus. Ses rêves de l'envoyer étudier aux Etats-Unis et d'en faire une vraie Business-Woman tombaient en miettes ...

- Tu as ... 90 en Japonais, 80 en Chinois, 95 en sport ...

Oui, certes. Rien de catastrophique. Il passa dans sa tête les notes suivantes qui étaient celles de dessin, et autres qui étaient du même ordre, pour arriver à la partie des sciences.

- 30 en algèbre, 40 en Physique, 18 en Chimie ...

Il reposa le papier sur la table.

- Ce n'est pas ton frère qui m'aurait ramené un bulletin pareil.

- Non, c'est vrai.

Isako sans rien dire attrapa son sac et courut dans l'entrée, passa la porte et sortit dans la rue. Elle marcha au hasard, vidant sa tête de toutes pensées rationnelles. Elle ne pleurait même pas. Elle était blasée par ces réflexions qu'il lui faisait sans réfléchir.
Mais pour la première fois en ce jour, elle aurait eu besoin de voir un visage ami. Elle sortit son téléphone de son sac et se mit à faire défiler les noms du répertoire, jusqu'à tomber sur Taka. Mais il ne décrochait pas. Elle finit par s'adosser à un mur. Les muscles de son dos se détendirent, et des larmes de frustration roulèrent sur ses joues.

Mais dans cette ruelle qu'elle croyait déserte, elle n'était pas seule. Elle se mit à avoir peur. Elle n'était pas vêtue comme une poule pourtant, portant un joli manteau de Tweed bleu, un simple jean dans ses bottes fourrées, et laissant courir des cheveux bruns sur ses épaules. Mais elle s'équipa quand même de la bandoulière de son sac et commença à se méfier.

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