Lightning Crashes {PV- Akira}

Yuna Sanjyo, une expression détendue mais concentrée inscrite sur le visage, observait la culture gélosée de certaines graines sauvages. Elle s’était commodément installée sur la plus grande table de la salle vide, et notait sur un carnet les dédifférenciations remarquées.

La jeune fille soupira légèrement en jetant un coup d’œil à son lecteur mp3 désespérément éteint. Son objet électronique adoré avait en effet eu la triste idée de dire adieu à la vie ce soir même, et Yuna se retrouvait sans aucune distraction pendant plusieurs heures.

Relevant la tête de son travail fastidieux, elle observa la grande salle silencieuse. Presque personne –à part quelques geeks férus de biologie- ne venait s’aventurer dans cette aile consacrée aux matières scientifiques. Au contraire de la musique ou du sport, les sciences et vie de la terre n’étaient clairement pas un intérêt populaire.

Yuna laissa son regard se perdre dans le paysage visible à partir des grandes baies vitrées. Contrairement au labo annexe toujours plongé dans une pénombre propice à certaines plantes, le laboratoire principal était constamment lumineux. Cette salle si pétillante en été prenait pourtant une teinte nostalgique en cette soirée d’hiver. Yuna resserra contre elle son chandail en réprimant un léger frisson.

Essayant d’augmenter la faible température de la classe, elle s’approcha d’un radiateur et l’ouvrit plus grandement.
En essayant de se redresser elle se cogna la tête contre le coin d’une table et perdit instantanément l’équilibre. Murmurant de légers « Ittai… », Yuna se frotta le front en réprimant une grimace.

Ce n’était ni la première ni la dernière fois que celui lui arrivait, et elle observait avec consternation ses bras et jambes régulièrement couverts de blessures violacées.
La dernière chute en date avait été celle provoquée par une collision inattendue.
Un nouvel élève l’avait percuté dans le parking sous terrain, et ils avaient plus ou moins fait connaissance après cette rencontre douloureuse.
Yuna sourit en se rappelant la scène. Il était assez rare de recueillir de nouveaux élèves à Sakurai Gakuen, et rapidement toute l’école fut au courant de la venue du bel Akira Watanabe.

Appartenir à cet établissement était une preuve de la richesse de sa famille, et il était courant que les filles de troisième année essaient de repérer un compagnon convenable, ce qui pourrait amener à un mariage des plus respectables.
Akira n’avait d’ailleurs pas fait exception, et se vit rapidement trouvé sous les regards emplis de convoitise de certaines élèves.
Yuna continua de se frotter la tête d’un air distrait. Les préoccupations de ses camarades sur l’amour et l’argent étaient des notions encore étrangères à la jeune fille, qui passait le plus clair de son temps à étudier.

Son expression perplexe se transforma en une moue déçue lorsqu’elle se remémora les derniers jours passés en classe. Junpei s’était concentré sur son équipe de foot, ce qui avait rendu son rival préféré moins actif. Et la présence à deux sièges plus loin du mystérieux Watanabe ne l’avait en rien divertie, car le jeune homme n’avait pas daigné lui adresser le moindre regard. Yuna se consola en se disant qu’elle regardait juste au mauvais moment.

Un bruit de pas sortit Yuna de sa rêverie, qui prit le temps de se relever en évitant soigneusement tous rebords de table. S’approchant à nouveau de son travail délaissé, la porte de la salle s’ouvrit brusquement, et Yuna se tourna vers le nouvel arrivant avec une surprise non dissimulée sur le visage.

Invité

Akira l'avouait aisément: il comprenait peut-être parfaitement le processus fragmentaire de l'adn mais en attendant, il ne carrait rien de rien à la gent féminine ni même ce qu'elle pouvait bien lui trouver.

Il laissa couler un regard perplexe vers la silhouette de la première année qui s'éloignait d'un pas mi-décidé mi-guilleret dans le couloir puis reporta son regard sombre sur le petit paquet enrubanné qui contenait à priori du chocolat.

Sauf qu'il n'aimait pas le chocolat.

Voir aucune sucreries en général mis à part les pocky, mais il en était venu à la conclusion qu'il fallait être un alien et encore, pour ne pas apprécier cette friandise.

Cela faisait la troisième fois que cette fille le stoppait abruptement et, sans raison valable en ce qui le concernait, alors qu'il se dirigeait vers le laboratoire. Elle était en général suivit de ses copines qui miraculeusement gloussaient toutes d'égale manière et Akira se souvenait vaguement qu'elle s'était présenté à lui mais il n'arrivait absolument pas à retenir son prénom.

Du reste, Akira avait toujours eu des difficultés notoires pour garder en mémoire les prénoms, anniversaires etc. A l'heure actuelle, la seule personne de cette école dont il avait gardé le nom gravé dans son esprit était Yuna. Et pour cause. Il ne savait toujours pas si l'avoir dans sa classe était une bonne ou mauvaise chose. Evidemment il était agréable d'entendre sa voix ou de voir sa jolie silhouette ou même de parfois l'entrapercevoir quelques secondes , complétement concentrée, les yeux rivées sur son manuel, se mordillant doucement les lèvres.

Fort charmant.

Ca equivalait aussi à de bonnes séances de tortures hebdomadaires en ce qui concernait Akira. Ne pas lui parler était plutôt simple puisqu'il avait de toute façon décidé que le moins de contacts était ce qu'il y avait de mieux. Ne pas la regarder était une autre histoire. Surtout que parfois, il sentait son regard à elle posé sur lui. Dans ces moments là, il pensait vraiment mérité une médaille.

Akira secoua légerement le petit paquet et le fit tournoyer dans sa main, ses pas le conduisant naturellement au labo annexe. Persuadé que la branche de ce batiment était pour l'heure vide, Akira prit le lourd bruit de meubles sur le sol pour un son provenant de l'étage au-dessus. Il ouvrit avec assurance et sans frapper la porte du labo annexe avant de rester quelques secondes totalement figé devant la scène qui se déroulait devant lui.

Devant lui se tenait le visage gracile et visiblement aussi surpris que lui de Yuna.

" Ah, Yuna." s'exclama Akira, légerement déconfit.

Il ne voyait guère comment cette fois-ci il pourrait se débarasser de la situation où il se trouvait. Paraitre impoli ne le dérangeait pas mais l'idée même que sa camarade de classe puisse avoir trés mauvaise opinion de lui, lui était parfaitement insupportable pour l'heure. Akira avança dans la salle et referma la porte derrière lui puis nota que les tables étaient légerement décalés là où la jeune femme se trouvait.

" Quelque chose s'est passé?"

Debout au centre de la salle silencieuse, Yuna se tenait devant le dernier élève dont elle attendait la visite au laboratoire en cette soirée glacée.
Pourtant Akira Watanabe était bel et bien là, et cette vision ornait malgré elle ses lèvres d’un léger sourire.

L’exclamation du lycéen la rendit soudainement incapable d’enregistrer la suite des événements. Elle n’avait pas rêvé. Il l’avait appelé « Yuna ».
Cette marque d’intimité venue d’un autre élève l’aurait probablement agacée ou même embarrassé, mais venant de Akira la seule réaction possible était un regard étincelant et un sourire débile aux lèvres.
Yuna pesta contre son manque total de retenue. Elle ne connaissait pour ainsi dire pas le jeune homme, et pourtant chacune de ses marques d’affection la rendait sans dessus dessous.

A la question du jeune homme Yuna réussit à répondre sans trop balbutier –elle, une des meilleures élèves de Sakurai Gakuen, se mettre à bégayer devant un inconnu… c’était aussi étrange qu’incompréhensible- :

« J’ai juste légèrement perdu l’équilibre… ce n’est rien. »

Agrippant inconsciemment un rebord de chaise, elle aperçut enfin ce que tenait Akira entre ses mains. Le sourire de Yuna se figea, et elle aurait tant aimé pouvoir défaire son regard de cette vision désagréable.
Ainsi le beau jeune homme s’était trouvé une compagne dans l’établissement, qui était si dévouée qu’elle lui offrait des chocolats…

Yuna réprima un soupir. Elle était battue sur des terrains qu’elle ne pourrait jamais approcher. Les sucreries lui étaient strictement interdites, et leur confection était en conséquence une chose que Yuna n’avait jamais essayée. La lycéenne grimaça un sourire et s’aventura à indiquer :

« C’est un joli… présent. » Elle montra d’un lent signe de tête ce que tenait le jeune homme.

Yuna était, comme d’ordinaire lors des jours de semaine au lycée, vêtue de l’uniforme élégant orné du blason de l’établissement.
Plissant d’un air absent sa courte jupe, elle remarqua la légère bosse présente à l’emplacement de son coude droit.
L’après midi elle avait dû se rendre à sa transfusion sanguine hebdomadaire, et un pansement inconfortable rendait certains de ses gestes incertains.

S’approchant d’un air hésitant du jeune homme, elle lui indiqua la table où elle travaillait :

« Je m’occupe de la culture de certaines plantes, pour Nakamura sensei. »

Se mordillant instinctivement la lèvre inférieure, elle demanda d’une voix douce :

« Et toi ? Tu as un travail à effectuer ici ? »

Invité

Akira arqua un sourcil, plutôt perplexe par la réponse de sa jeune camarade. Si perdre l'équilibre de temps en temps pouvait être compréhensible, cela devenait plus ou moins récurent quand il la voyait. L'envie de la toucher afin de vérifier qu'elle ne s'était pas fait mal passa comme un éclair à travers Akira et il ressentit quelques picotements aux terminaisons nerveuses de ses doigts.

La maitrise de soi était un art où Akira était passé maître bien malgré lui. Il se connaissait parfaitement, mesurait ses limites et agissait toujours en conséquence. Il en résultait un extérieur presque ennuyeux, où peu de choses transparaissaient malgré un caractère qui pouvait s'avérer intense. Silencieusement, le jeune homme chassa l'idée de son esprit et fit pivoter le paquet dans sa main, tandis qu'il fit glisser la lanière de son sac sur la table la plus proche.

A la première écoute, il ne fit pas réellement attention à l'interêt que semblait susciter le paquet chez la jeune fille mais aprés la question de cette dernière et le regard insistant qu'elle lui lançait, Akira cessa de faire tournoyer l'objet dans sa main et le porta à son visage.

" Trés sincerement je ne sais pas si c'est joli ou pas. Je n'ai pas la moindre idée de ce que c'est."

Akira avait dit ses mots en fronçant légerement les sourcils. Rien de ce que la première année avait dit ou fait n'avait laissé de marques durables sur lui. Il reporta son regard sur le visage aux traits si réguliers et diaphanes de Yuna. Celle-ci lissa sagement sa jupe puis sembla absorber par la découverte d'un hématome léger sur son coude. Complétement inconsciente de l'effet qu'elle produisait sur l'étudiant, Yuna s'approcha, avec sa douceur caractéristique, de lui. Ne parvenant pas à détacher ses yeux d'elle, Akira bougea à peine lorsqu'elle lui indiqua la table proche avec les plantes.

« Et toi ? Tu as un travail à effectuer ici ? »

Akira déglutit faiblement puis se décida enfin à bouger pour aller saisir avec une apparente assurance un gaze dans une des armoires. Il revint en quelques pas auprés de la trop jolie élève et s'appuya sur une des tables afin de se "rétrécir" de quelques centimètres. Inspirant avec anxièté, il glissa sa main sous le bras droit de Yuna pour l'attirer vers lui. La marque de l'hématome était récente et la couleur trés légerement jaune. L'idéal aurait été de mettre de la glace dessus mais cela ne se trouvait qu'en cuisine. Akira passa son doigt sur la bossa en l'effleurant à peine et remarqua qu'il semblait plutôt s'agir d'un bleu résultan d'une piqure. Peu enclin à poser des questions, le nippon se contenta de poser la gaze dessus en l'enroulant soigneusement. Une odeur lointaine de lait semblait s'échapper de temps à autres en volutes légères à chaque mouvement du jeune homme.

" J'en ai un maintenant." fit-il d'une voix où perçait un trés léger amusement.

Un sourire forcé aux lèvres, Yuna commenta le joli petit paquet que tenait le jeune homme entre ses mains.
Elle n’avait pas encore eu l’occasion d’apercevoir Akira en compagnie de sa dulcinée dans les couloirs, et cette perspective ne l’enchantait guère.

Se mordillant la lèvre inférieure, elle regretta intérieurement d’avoir abordé ce sujet.
Si se retrouver dans la même salle que le jeune homme ne conduisait qu’à une impression factice de lien entre eux deux, il en restait toujours désagréable de s’imaginer Akira s’épancher sur ses sentiments pour une autre élève.
Encore que cette scène soit peu probable.

Les pensées de Yuna s’amusaient cruellement à la troubler, et elle en perdait sa sérénité habituelle. Se reprenant, elle écouta la réponse du jeune homme avec une expression confuse.
La raison pour laquelle Akira ne se souciait pas de ce qu’il y avait dans le paquet ni ne commente sur son esthétique échappait à Yuna, mais il lui était impossible de prolonger cette discussion.
Elle ne connaissait pas assez le jeune homme pour oser aborder sa vie sentimentale, et sa voix déçue l’aurait trahie. Autant de bonnes raisons de se taire.

Plissant distraitement sa jupe, elle revint vers son interlocuteur et lui demanda s’il avait un travail à effectuer dans cette salle.
La réponse ne vint pas tout de suite, et Akira se dirigea vers une armoire pour en sortir un pansement. Le regard curieux, Yuna détourna la tête pour chercher du coin de l’œil ce qui pouvait nécessiter un pareil traitement.
Elle n’avait aucune idée de ce qu’avait le lycéen en tête, et une moue perplexe prit rapidement place sur son visage.

Une respiration étrangère s’approcha de Yuna, et précéda un doux contact inattendu sur le bras de la jeune fille. Yuna ressentit un léger frisson lui parcourir le bras, et elle posa son regard sur Akira qui observait les séquelles de sa piqure.

Sa réaction immédiate fut la plus complète surprise. Elle fixait le visage concentré du jeune homme, et un sourire illumina instantanément ses traits.
Elle détestait le fait d’avoir une faiblesse mise à nue, mais elle devait se contenter d’espérer qu’Akira ne fasse pas le lien entre une simple piqure et une maladie plus handicapante.
L’attention qu’il avait soudainement porté à sa plaie lui ajoutait quelques couleurs aux joues, et un dernier contact sur sa blessure alors qu’il y pressait délicatement le pansement acheva de rendre Yuna dans une humeur particulièrement enjouée.

Elle entendit Akira lui répondre sur un ton amusé qu’il avait maintenant trouvé un travail, et le regard de Yuna se posa instinctivement sur le petit paquet posé sur une table. La voix grave et sensuelle du jeune homme la touchait plus qu’elle ne voulait l’avouer, mais son envie de lui répondre était coupée dans son élan par cette preuve d’une place déjà prise.
Elle essaya de détourner son regard légèrement accusateur envers le joli emballage pour sourire légèrement à Akira.

« Merci. »

Son esprit blanc lui refusait de trouver une réponse convenable. Seul un pauvre remerciement s’échappa ainsi de ses lèvres, sur un ton plus touché qu’elle n’aurait voulu le montrer.
Un léger parfum lui chatouilla les narines, et elle ne put s’empêcher d’ajouter :

« Tu sens bon. »

Se mordillant la lèvre, Yuna pesta contre son manque de retenue. Elle avait dit à haute voix sa pensée, ce qui allait la faire passer pour une excentrique obnubilée par d’innocents parfums.
Pourtant ce qui était fait était fait, et elle ne pouvait revenir en arrière. Souriant d’un air légèrement contrit, elle espéra que sa remarque passe inaperçue.

Un bruit de cavalcade se fit bientôt entendre, et les deux lycéens entendirent une voix haut perchée résonner dans le couloir silencieux :

« Minako-chaaaaan ! Je veux être ton cavalier pour le bal ! »

Le visage de Yuna s’empourpra instantanément, et elle fixa instinctivement Akira.
Ce n’était pourtant pas elle qui parlait du bal de fin d’année ni ne proposait quoi que ce soit au lycéen, mais son regard embarrassé semblait vouloir indiquer le contraire.
Yuna observa avec un intérêt soudain ses longues chaussettes sombres, et elle espéra que le couple bruyant disparaisse rapidement de cet étage.

Invité

« Tu sens bon. »

Le murmure avait été si faible qu'un bref instant, Akira se demanda s'il n'avait pas rêver la chose. Pris au dépourvu, le jeune élève fixa quelques secondes Yuna d'un air totalement hébété. Akira avait ceci de particulier qu'il n'avait pas un odorat des plus developpé. Il refreina son désir de curiosité de se sentir lui-même pour savoir où voulait en venir sa jolie camarade, sauf que cela aurait été parfaitement déplacé.

L'idée qu'il devait sentir les produits chimiques utilisés en laboratoire l'effleura avant que la réponse ne lui vint sous la forme d'un liquide blanchâtre qu'il ne cessait de manipuler depuis une semaine: il devait probablement sentir un peu le lait.

Un sourire illumina le visage d'ordinaire si sérieux du jeune homme puis il éclata d'un rire franc et inattendu.

" Je crois que les chats du voisinage pensent exactement la même chose que toi." ajouta-t'il en se remémorant comment il avait été poursuivi par celui de la voisine pas plus tard qu'hier soir.

Il allait lui expliquer et lui parler de l'Institut lorsque des bruits de couloir se firent entendre et nottament une conversation décousu sur un bal.

Un bal?

L'idée semblait incongru selon Akira et finalement digne d'un lycée peuplé aux trois quarts de personnes complétement superficielles. Maintenant qu'il y pensait, il y avait eu une véritable effervescence la dernière fois durant le cours de littérature à propos d'un bal de ce genre. Peut-être en parlaient-ils à ce moment là. Akira n'aurait pas su dire tant il ne prêtait pas attention durant ce cours à quoi que ce soit.

Akira posa un regard circonspect sur Yuna. Sans nul doute que comme toute les filles de cet établissement, elle appréciait cette idée de bal. Elle paraissait d'ailleurs nerveuse et génée. Mais cela pouvait aussi venir du fait qu'ils étaient tout les deux seuls dans une salle de classe désafectée.

Akira fit une boule avec le papier qui enveloppait la gaze désormais entourant le bras de Yuna. L'horreur de la situation présente était en train de se dessiner clairement dans l'esprit du jeune homme.

Yuna avait necessairement déjà un cavalier pour cette soirée. C'était d'une logique imparable malgré la débilité inhérente de la grande majorité des élèves de cette école. Et lui, il était d'une transparence affligeante avec elle. Il perdait le contrôle.

Il avait horreur des mondanités mais la vision de Yuna au bras d'un autre garçon lui mit le coeur au bord des lèvres.

" Je suppose que tu y vas avec un de ces fameux golden boy?" fit froidement Akira.

Plus froidement qu'il ne l'aurait voulu à la base et totalement inconscient que se question sortait un peu de nulle part. S'il y abien quelque chose que ne maitrisait pas le garçon, c'était l'art de la conversation ou de la subtilité.

Prise dans un élan de spontanéité totalement inappropriée, Yuna se mit à complimenter le bel Akira sur son parfum. Espérant que sa remarque passe inaperçue, elle observa le regard perplexe du jeune homme avec regret.

C’était visiblement le prix à payer pour leur rapprochement ‘physique’ dans la salle : chaque idiotie de la jeune fille serait obligatoirement entendue par son camarade.

L’esprit de Yuna se vida peu à peu, laissant place à une expression mortifiée. Pourtant un sourire inattendu se forma sur le visage de Akira, et précéda un éclat de rire franc et chaleureux.

La lycéenne laissa échapper un sourire à cette vision des plus agréables, et observa avec délices le visage métamorphosé du jeune homme. Il n’y avait pas à dire : Akira était vraiment beau.

De douces couleurs rosées se posèrent sur les pommettes de Yuna, et elle plongea sans réfléchir son regard dans celui de son interlocuteur. Ses yeux sombres lui plaisaient, et les étincelles d’amusement qui s’y trouvaient ne le rendaient que plus séduisant. La jeune fille était totalement accaparée par l’observation –à but strictement professionnel- de son compagnon, et elle ne comprit pas le sens des paroles de ce dernier.
Les chats de son voisinage ?

Son questionnement fut interrompu par un jeune couple d’élèves bruyant. La question du bal de fin d’année était sur toutes les lèvres des lycéens de Sakurai Gakuen, et il n’était pas rare d’entendre ainsi des déclarations impromptues dans les couloirs.
Yuna observa avec attention le sol de la pièce.

Ce devait être la première fois qu’une visite médicale l’arrangeait autant. Le soir consacré au bal était en effet le même jour que son contrôle hebdomadaire, et cette raison lui donnait une excuse valable pour ne pas s’y rendre.
Quoiqu’elle aurait pu facilement décommander son examen, l’idée de devoir rester dans une salle surchauffée à regarder des couples amoureux se tortiller sur la scène ne l’attirait pas le moins du monde.

Un coup d’œil vers la moue dégoûtée de Akira surprit légèrement Yuna, mais elle ne fit aucun commentaire. Le lycéen devait probablement y accompagner sa dulcinée, et Yuna se connaissait assez pour savoir qu’une autre discussion sur ce sujet serait la pire des idées.

La question soudaine de Akira fit tressaillir la jeune fille. Le ton du lycéen était dur et froid, et toute sympathie semblait disparue de son regard.
Yuna essaya de démêler sans y parvenir les différentes raisons de ce retournement de situation.

« Tu… tu n’aimes pas les Golden Boys ? »

Un regard étonné se posa sur le visage de la jeune Japonaise. Elle savait qu’il existait certains élèves qui ne supportaient pas l’idée de quelques garçons régnant en rois sur le grand lycée Sakurai.
Elle pouvait comprendre leur point de vue, même si l’amusement qu’elle éprouvait à observer les Golden Boys en action était plus fort que le reste.

Pour accompagner la renommée de ces six garçons, un groupe de Golden Girls s’était naturellement créé, dont les reines étaient des pestes adulées.
Cela n’empêchait pas les garçons d’être fous de ces jeunes filles à l’allure de mannequins sublimes. Ces mêmes garçons étaient souvent jaloux des Golden Boys, qui attiraient une attention constante de la part des Golden Girls.

Une idée traversa alors l’esprit de Yuna, qui ouvrit de grands yeux en pointant l’emballage de sucreries :

« Tu sortirais avec une Golden Girl ?? »

L’hypothèse de Yuna semblait tenir debout. Akira était nouveau et beau garçon, ce qui en faisait une proie idéale pour les GG.
De plus son dégoût en parlant des six garçons populaires était également expliqué par cette thèse.

La seule faille de ce raisonnement était la présence de sucreries : Yuna ne pouvait pas un instant s’imaginer une des célèbres Golden Girls préparer un petit emballage si mignon à son petit ami.

Yuna observa Akira sans un mot, une expression des plus perplexe sur son visage.