Surprise!!! [Miho]

Un peu... à la bourre. Oui on ne changerait pas Junpei, il fallait toujours qu’il se coure le matin. C’était comme la malédiction de la cuisine, il ne pouvait y échapper. Si dès qu’il se trouvait dans une cuisine, il fallait qu’il lui arrive une poisse, il fallait aussi que le matin, Junpei fasse du jogging pour se déplacer de sa chambre à la salle de bain, de la salle de bain à la salle à manger, ou il devait manger sans respirer pour aller plus vite, remonter en courant à sa chambre, enfiler le strict minimum et finir dans la voiture qui le conduisait à Sakurai.

Il n’arrivait pas en retard, mais se traîner les pieds, il le serait forcément. Voilà un matin typique de Mayuko Junpei et ce matin ne faisait pas exception. Il avait dû se dépêcher et une fois à Sakurai se dépêcher également pour monter à sa classe. Il avait pris dix secondes pour s’asseoir, dire bonjour à Akira, un petit moment de plus pour sortir ses affaires de son sac, il était paré! Mais ça… c’était avant que le prof lui dise que le proviseur voulait lui parler. =___=

Comme si Jun pouvait dire non au proviseur alors qu’il ne le pouvait pas pour le concierge! Alors bien sûr, Peipei hocha de la tête comme le gentil délégué de classe parfait qu’il était, avant de se lever pour quitter la pièce. Il redescendit les escaliers, tourna quelques couloirs avant de se rendre chez le proviseur. Qu’est-ce que ce serait cette fois-ci? L’organisation du festival? La compète sportive qui approchait? Un truc en rapport avec le conseil étudiant? Nha pour ça, il verrait Masao « THE President » au lieu de passer par le vice-président Mayuko.

Tandis que son petit esprit volatil se mit à battre de l’aile sur cette question, Junpei finit par arriver au bureau. Il frappa poliment à la porte, attendit qu’on lui dise d’entrer et s’exécuta. L’entretient fut très cours. Junpei devait une fois de plus diriger un nouveau dans la place. Lui faire faire un tour du proprio, lui filer son casier le conduire à sa classe, blablabla. La routine pour Peipei qui l’avait déjà fait au moins cinquante fois. C’était une faveur bien sûr, sachant que Junpei ne prendrait pas de retard à rater une heure de cours pour le faire puisqu’il avait les meilleures notes du collège, mais pouvait-on vraiment refuser une faveur à son principal même sans être Junpei qui ne savait dire non? Pas vraiment, ne! XD

Une fois chose proposée et acceptée, Junpei quitta le bureau, allait à l’administration ou le nouveau, ou plutôt la nouvelle dans ce cas-ci devait être pour recevoir ses papiers, soit sa classe, son emploi du temps, son casier… On n’avait pas prévenu Jun sur l’identité de la demoiselle et ça ne lui effleurait pas vraiment l’esprit. Une nouvelle était une nouvelle, il ne fallait pas faire un plat avec ça, il la connaîtrait en temps voulu puisqu’ils passeraient une partie de la matinée ensemble.

Mais entre temps, Peipei croisa la route de l’infâme secrétaire de l’imprimerie!!! Vous savez, celle qui ne peut jamais livrer des documents elle-même? Celle qui avait tendance à recours à Junpei dès qu’elle le voyait. Jun était trop serviable, ça finirait par le perdre, mais là il avait une raison de refuser sa demander sans l’offusquer! Il devait rejoindre la nouvelle. Sauf que la secrétaire commença par insister. =____=
En quelle langue devait-il le dire? Bref, à force d’instance lui-même, il réussit à se sortir de la situation! Yatta!!! Junpei 1, secrétaire 18 009. M’oui bon, Peipei n’était pas avantagé au pointage, mais au moins il venait d’éviter le blanchissage! ^o^

Et il allait finir par faire poiroter la nouvelle s’il ne se dépêchait pas. Alors il se mit à marcher plus rapidement, arrivant finalement où il le fallait. Il y avait bien une fille, petite et brune, de dos, il ne voyait donc pas son visage. Tout ce qu’il eut pour son arrivé fut un :

-Ah vous voilà!

De la femme âgée qui s’était occupée des papiers de la jeune demoiselle.

-Gomen gomen.

Ouais, même si ce n’était pas de sa faute, il s’excusait. Pauvre Bibi, c’était toujours comme ça avec le personnel de l’école…

"Hiiiiiiii ^o^"

Voilà ce qu'avait lancé d'un ton joyeux Miho au type qui lui avait dit que quelqu'un allait bientôt venir pour lui faire visiter l'école. Un grand sourire sur les lèvres, un petit coucou sympathique, elle avait attendu qu'il soit retourné pour lui tirer la langue dans un "beeeeuh" enfantin. Ce n'était pas réellement méchante, juste une moquerie parmis tant d'autres. La preuve, quelques secondes plus tard, elle ne pensait même plus à lui. Nouveau lycée, retour au Japon, Miho Nakamaru avait bien d'autres choses en tête. Et des choses qu'elle ne dirait probablement à personne en raison d'une trop grande fierté. Mais passons. Pour l'instant, elle avait le profil typique de la nouvelle qui levait les yeux au plafond et regardait les alentours pour découvrir sa nouvelle école.
Elle avait l'air assez décontractée, aucune raison de ne pas l'être après tout. Elle n'allait pas croiser une certaine personne dès le premier jour, et encore moins dans les premières heures. C'était le genre de choses qui n'arrivait pas de toute manière.
Et encore heureux ! Elle n'avait pas encore trop réfléchit à ce qu'elle allait bien pouvoir lui dire après trois ans. Pas un truc du genre "j'ai plus de goûters à la maison, donne m'en !". Elle avait passé l'âge de le dire à part pour plaisanter.
C'était sans doute la chose la plus stupide dans l'histoire des faits stupides de filles. Revenir après trois ans pour une histoire d'ado. Au moins, elle pouvait se vanter d'être unique. Intérieurement. Sa raison officielle ressemblerait à "le Japon me manquait", ou "Mon père veut que j'étudie à Sakurai". Ce qui pouvait passer. Elle n'était pas le genre d'élève idéale pour le comportement, mais elle avait des bonnes notes, et sans tricher.

La veille seulement, elle avait retrouvé la résidence Nakamaru première du nom. Sa mère l'avait accompagné mais repartirait bientôt pour les Etats Unis. Elle était assez grande, et quand on était riche, on avait des tas de personnes pour s'occuper de vous.
Seulement la veille, et elle venait déjà dans ce lycée. Elle aurait peut être mieux fait d'attendre un peu et de reprendre contact avec des amis du collège avant. Hum, elle ne savait pas trop, il ne fallait jamais repousser au lendemain ce qu'on pouvait faire le jour même !
Ce matin, elle s'était levée et elle s'était préparée comme chaque matin à la différence près qu'elle ne parlait que japonais en descendant dans la cuisine. Les Etats Unis, c'était sympa. Mais elle avait toujours rêvé de revenir ici. Aujourd'hui, c'était fait. Elle retrouvait les coins de son enfance. Les personnes de son enfance... peut être.
On l'avait déposé en voiture à Sakurai, elle était arrivée à l'heure et on lui avait dit d'attendre ici.

Maintenant, pour passer le temps, elle était en train de s'imaginer la tête de l'élève qui allait lui faire visiter les lieux.
Pour le faire, c'était probablement un lèche cul. Et ceux de cette catégorie se ressemblaient sur certains points que ce soit aux Etats Unis ou au Japon. Voyons, il aurait des lunettes, il serait moche, et il aurait probablement un bégaiement. Du genre nerveux, il allait transpirer et donc il ne sentirait pas très bon. Il porterait aussi sans doute un appareil dentaire et se passerait toujours la main sur son front dans un geste nerveux et ridicule.
Il tenterait de faire la conversation, certainement. Et s'il en venait à apprendre qu'elle revenait des Etats Unis, il lui sortirait une phrase bidon du genre: "j'ai fais une colonie de vacances là bas". Ou alors "Tu as vu Terminator 3 en VO ?".
Ouais. Du genre à rester dans sa chambre et à lire des mangas ou à parler sur internet avec des filles en empruntant la photo d'un camarade de classe plus beau. Et s'il appartenait à la haute catégorie, il lancerait des postillons et ne cesserait de parler des profs d'ici.
Ouais, elle voyait tout à fait le profil. Et en plus, il était en retard parce qu'il devait laver les toilettes après s'être fait maltraiter par ses camarades. Génial.
Une voix s'était levée dans son dos... pas de bégaiement... étrange. C'était d'ailleurs une voix plutôt plaisante mais il devait tromper l'ennemi en faisant des imitations. Se retournant:

"Et ces..."

O____O

"...toilettes."

Ok. Là, définitivement, elle se sentait conne. Conne dans le sens où c'était le genre de surprise et vous ne savez pas quoi dire. En temps normal, elle n'aurait pas du le croiser tout de suite ! Et... pourquoi il avait pris le rôle de celui qui lavait les toilettes d'ailleurs ?
Dès qu'elle s'était retournée, elle avait reconnu Junpei. Dans les secondes suivantes, elle avait gardé le silence avant de réaliser qu'elle devait dire quelque chose. Et dans le cas de Miho, on ne se montrait jamais franche quand ça remettait en cause sa fierté. Voilà pourquoi:

"Qu'est-ce que tu fais là ?!!!"

x__x. Quoi ? Elle n'allait quand même pas dire. "J'avais envie de te voir, allons nous promener dans les champs et parler du bon vieux temps wouhou !".

Et avec les excuses venait le petit signe de tête, question d’être poli. Le ténébreux s’approcha ensuite de la nouvelle, toujours de dos, fourrant une main dans ses poches alors que son portable vibrait. Eh vii, un type comme Peipei, ça ne pouvait se permettre d’éteindre son portable! Il pouvait recevoir un appel important, genre son père! Sa mère! L’empereur!! Ou… Ma-chan! Mais pas un appel, juste un message. Ils ne s’étaient pas dits coucou ce matin, l’horreur oui, mais Peipei avait une petite obligation là. Obligation qui parla de toilettes… Eeeeeh? Des toilettes? Oo

-C’est quoi le rap…

Il relevait la tête en même temps qu’il prononçait sa phrase et la fin de son dernier mot fut prononcer comme s’il venait de recevoir le choc de sa vie ((ce qui était justement le cas XD)).

-…port.

Junpei eut la bouche qui s’ouvrit en grand et ses sourcils se haussèrent de surprise. Miho? Il l’aurait reconnu entre mille. Cette bouille là n’avait pas changée d’un poil même si elle semblait un petit chouia plus mature que la dernière fois qu’il l’avait vu. Mon dieu qu’elle était petite! Elle avait rétréci au lavage ou quoi? **Non Peipei, je crois que, toi, t’as grandi et pas elle.** Fort probablement que la conscience avait raison sur ce coup, mais juste le fait de l’avoir devant lui était le truc le plus choquant du monde, alors constater que sa tête lui arrivait à peine à l’épaule…

Miho le come back… **Doucement Jun, on a pas de chaise pour s’asseoir alors pitié ne tombe pas!!! On aura mal aux fesses sinon.** Qu’est-ce qu’il faisait là? Qu’est-ce que LUI faisait là? Elle en avait de ces questions tien!! Ce n’était pas lui qui n’habitait plus au japon et qui se trouvait à Sakurai quand même! Ce n’était pas lui qui était le nouveau!

-Mais toi qu’est-ce que tu fous là?!

Lui scier les deux jambes d’un même coup ne l’aurait pas autant surpris que de se retrouver en face d’elle. Vous savez, il y a de ses gens qui partent, qu’on croit qu’on ne reverra pas avant des siècles, voir qu’on ne reverra peut-être jamais. Ces gens, on ne les oubli jamais totalement. On n’y pense plus trop, on a appris à vivre sans eux, mais au final, il y a toujours un petit quelque chose à un moment précis, comme une date ou une photo, pour nous les rappeler de temps à autres. Miho faisait partie de ces personnes pour Junpei. Il la connaissait depuis aussi longtemps que certains des Golden Boys. Certes au début, leur relation n’avait rien de bien sympathique, on aurait plutôt dit deux lions affamés jetés dans la même arène. Mais même quand on dit se détester, si on ne peut s’empêcher d’agacer l’autre juste pour attirer son attention, ça cache autre chose, forcément…

-T’es revenue depuis quand?

Ouais quand même, Peipei ne répondait toujours pas à sa question, mais mine de rien, si elle était revenue depuis quelques jours, voir une semaine, le fait qu’elle ne soit pas entrée en contact avec lui le vexait quelque peu…

Note pour plus tard, la prochaine fois qu'elle décidait de revenir après trois ans d'absence... elle appelerait la personne pour la prévenir et lui donnerait rendez vous. Finalement, le côté surprise, ce n'était pas si marrant que ça. Ou alors, il aurait fallut la prévenir avant qu'elle le verrait aussi vite. Elle aurait trouvé une magnifique réplique à sortir, quelque chose dans le genre, quelque chose de Miho... et pas un truc sur les toilettes avant un grand blanc.
Dans une vie antérieure, elle avait du faire quelque chose de mal. Ou alors, on avait voulu tester son endurance. C'était probablement un truc dans le genre. Un contrôle surprise de son assurance. Elle était mal partie, mais elle pouvait toujours s'assurer une note excellente si elle faisait des efforts.
Dans le fond, elle s'en moquait un peu du contrôle. Mais elle pouvait aussi se la jouer intérieurement non ? Comme ça, elle aurait l'air parfaitement normale à l'exterieure et pas Waaah Junpei, tu m'as trop manqué !
Argh, définitivement, elle ne pouvait pas dire ça ! Elle préférait encore expliquer pourquoi elle parlait de toilettes. Bon, ce n'était peut être plus utile maintenant qu'il n'était plus le type des toilettes et maintenant qu'elle n'était plus une étudiante inconnue.

Mais du coup, elle était sensée dire quoi ? Si elle n'avait pas été trop impliquée dans la situation, elle aurait sûrement trouvé ça marrant. En fait, elle serait probablement déjà en train de rire devant la tête que faisait Junpei. Mais étant donné qu'elle devait avoir la même... elle aurait l'air con x_x.
Bêtement, elle n'avait rien trouvé d'autre à dire que la stupide phrase du: mais non, j'ignorais que tu étais là. Et maintenant, elle se disait... l'expression devrait être: toujours remettre à demain ce qu'on peut faire aujourd'hui. Si on enlevait la gêne, elle avait toujours voulu le revoir. Mais elle avait toujours pensé que son cerveau n'aurait pas choisit ce moment pour prendre la fuite. Pfff, ces choses là partaient toujours au moment où on en avait le plus besoin.

Non Junpei ! Tu n'as pas le droit de marquer un point dès le début !!! Tu n'as pas le droit de poser la véritable question ! Pourquoi il était aussi intelligent ? Il lui faisait un contrôle aussi ou quoi ? Il n'aurait pas pu tout simplement dire qu'il était dans ce lycée au lieu de capter que ce n'était pas sa présence la plus étonnante. Il était trop fort *.*. Du calme Miho, n'oublie pas que tu dois faire semblant. Pourquoi ? Parce que t'es débilement fière. Ainsi va la vie.
Voyons, quelle excuse elle avait trouvé dans le cas où on lui posait cette question ? Les plans se tiraient aussi dans ces situations... génial.
Levant un sourcil, elle avait sortit comme si c'était une évidence:

"Bah je viens en cours."

Ce n'était sans doute pas ce qu'il avait voulu demander. Mais elle avait parfois du mal à comprendre quand il était trop tôt, quel dommage ! C'était trop bête !
Est-ce qu'elle avait une pause décontractée ou est-ce qu'elle retenait son souffle ? Elle n'en n'avait aucune idée. Elle devrait pourtant se remettre facilement. Après tout, elle savait très bien qu'il était ici. Oui mais pourquoi aujourd'hui ? Il aurait pu sécher les cours juste histoire de lui laisser le temps de préparer un plan infaillible.
A choisir, elle aurait préféré le voir en première. Se planquer derrière le mur, se reprendre, et se la jouer. C'était une scène plus facile à jouer.
Ou alors, il aurait pu ne pas la reconnaître et... non è__é. S'il ne l'avait pas reconnu, elle l'aurait tué ou au moins frappé !
De son côté, elle aurait pu le reconnaître avec encore des années en plus. D'accord, elle était donc un cas désespérée. C'était bon à savoir si un jour on lui demandait ce qu'elle voulait qu'on marque sur sa pierre tombale.

"Depuis hier."

Miho non ! Pourquoi n'avait elle pas dis depuis un mois ? Histoire de se la jouer "j'étais pas du tout pressée de te revoir !".
Peut être parce qu'il aurait pu apprendre la date de son véritable retour par sa famille. Mmmh... pour le coup, elle aurait été dans une situation plus délicate. Gloire à son honnêteté !

Mais, ne rien trouver à dire. C'était tellement idiot. Après tout, elle n'avait qu'à faire comme si elle retrouvait un ami. En trois ans, ils devaient avoir des choses à se raconter. Elle aurait pu lui parler de la couleur de sa chambre aux Etats Unis, ou de n'importe quoi. Et il aurait pu lui dire si elle avait une copine qu'elle puisse allait la tuer ^o^. Hum, peut être trop violent.
Elle n'allait pas rester là à le regarder sans rien dire pendant une éternité ? C'était de sa faute aussi, il n'aurait pas pu engager la conversation sur un sujet qui l'inspirait ! Il l'avait fait... elle aurait pu raconter son retour ou un truc dans le genre.
D'habitude, elle était plus du genre à l'ouvrir que là. Finalement, quand elle avait repris la parole, c'était pour sortir:

"Et toi, ça fait longtemps que tu joues les larbins ?"

Ce n'était peut être pas la phrase correcte. Elle avait déjà perdu le jeu ?
Inspiration, expiration exterieure puis sortir un truc classe. C'est donc dans un lever de pouce, qu'elle avait lancé:

"I'm back !"

Visiblement, Junpei n’était pas le seul de choquer face à cette rencontre plutôt inattendue. Heureusement d’ailleurs. N’aurait plus que manqué qu’elle décide de jouer sa fière à bras, comme elle en avait l’habitude. L’habitude? Wouha, c’est fou comme ça revient vite ça… Il l’avait en face de lui depuis dix secondes, il ne l’avait pas vu depuis trois ans et déjà il en revenait « aux habitudes ». Mais étrangement, Jun ne savait pas s’il devait être content de ce retour ou pas. Certes, il était heureux. Miho était une « amie » d’enfance, qu’il n’avait pas vu depuis longtemps, ou du moins si on veut, parce que lorsqu’ils étaient gosses… c’était pas trop ça hein… Mais quand elle était partie, elle n’était pas qu’une amie dans le petit cœur du ténébreux. Tout le chamboulement venait de là en fait. Et aujourd’hui, elle se tenait là, devant lui, sortant une petite phrase qui se voulait de pure logique.

** OI Peipei, n’oublie pas Kana!!** Et pouf, le visage de sa petite amie se forma dans son esprit, venant le frapper comme une gifle au visage. Oui Kana, conscience avait raison. Du coup Jun appréhendait le fameux « quoi de neuf depuis le temps?? » qui allait forcément venir à un moment ou un autre. Comment dire à une fille avec qui les choses n’avaient jamais vraiment été terminées, qu’il sortait avec une autre? Certes, ils ne s’étaient pas promis la lune en disant qu’ils ne verraient personne, mais le ténébreux en était tout de même mal à l’aise un peu.

Absolument génial hein? Comme si en plus de la dispute avec sa petite amie qui n’étaient toujours pas réglée, il fallait en plus que Miho renaisse d’entre les morts. Il y avait un dieu quelque part, qui observait Junpei de son nuage et se marrait beaucoup de le voir faire face aux problèmes qu’il mettait sur sa route…
Mais revenons plutôt à cette jolie phrase, soit qu’elle était là pour les cours. Junpei roula les yeux sans pouvoir s’en empêché. Comme dit plus haut, les habitudes ça revient vite!

-M’oui bien sûr, je m’en serais jamais douté! Tu pourrais être moins précise??

Ironie, douce ironie. Elle avait toujours eu sa place entre Junpei et Miho, il fallait donc s’attendre à ce qu’elle réapparaisse vite elle aussi. Et puis dans une école, franchement, Jun se doutait bien qu’il s’agissait de cours, mais sa question n’était pas abordée dans ce sens et il savait que Miho le savait tout aussi bien que lui! Elle voulait juste faire sa fière, encore… Décidément, malgré les années, elle n’avait pas changé.
Était-ce une bonne chose? Une mauvaise? Qui sait, ça pouvait être dangereux qu’elle soit la même. Jun se jugeait être à peu près le même également… Alors l’équation serait… problématique. Même avec un doué en maths comme Junpei, on voyait un problème à l’équation. Parce que aujourd’hui, s’y rajoutait Kana, on ne pouvait y échapper. Le retour de Miho ne changeait pas les sentiments de Jun pour l’autre demoiselle.

Elle était donc revenue depuis hier… Jun hocha de la tête, comme pour enregistrer l’information. Elle venait d’arriver donc. Il se demandait encore pourquoi, après tout, il n’avait pas eu vent que Nakamaru revenait au japon, aux dernières nouvelles, ses affaires marchaient très bien aux USA. Avec la mère que Junpei avait, elle qui connaissait tous les ragots de la mode, si une rumeur courait sur le retour de Nakamaru au Japon, elle en aurait certainement parlé à Junpei. Sa mère n’était pas sadique au point de garder secret le retour en pays natal de la première petite amie de son fils!

Jouer les larbins? OI, elle en avait une façon de parler d’une personne qui sacrifiait ses études pour lui présenter les lieux! Certes… Peipei était loin de sacrifier quelque chose, même sans voir la matière d’aujourd’hui, il s’en sortirait haut la main. Mais c’était une question de principe, voilà tout.

-Depuis trois ans.

Eh vii, date à laquelle il était entré à Sakurai. Là où il fut nommé délégué de la 1-A, là ou le règne de Peipei le serviable prit son envole! On se servait de lui pour tout un tas de truc et plus encore depuis qu’il était au conseil étudiant. D’ailleurs, en apprenant qu’il avait perdu la présidence face à Masao, elle ferait une attaque la petite Miho XD.
Mais tout ça, elle l’apprendrait en temps voulu. Tien un autre truc, quelle tête elle ferait en voyant que lui et ses potes étaient THE « Boys » de Sakurai? =p Certes, ils avaient toujours été doués pour attirer l’attention, mais à Sakurai, ça avait pris de grandes proportions!

-Je suis délégué de ma classe Miho, ça fait parti de ma tâche les nouveaux.

Jugea-t-il bon d’ajouter à sa réponse précédente. Décidément, ça lui faisait vraiment bizarre de se retrouver en face d’elle. Peut-être pour ça qu’il manqua un peu de réaction lorsqu’elle lança son « I’m back! » Jun venait d’atteindre son cota en matière de situations cette semaine. Il saturait. Un truc de plus, il allait imploser, c’était certain. Même un type à la capacité d’adaptation phénoménale de Junpei, ne pouvait que perdre pied en se fightant avec sa petite amie et en retrouvant sa première copine envolée depuis trois ans, dans la même semaine!

Elle devait sans doute être un peu stupide. Certaines personnes le lui diraient probablement si elles savaient pourquoi elle était revenue ici. On lui dirait probablement d'oublier ça comme il devait sans doute avoir oublier après tout ce temps. Et on se moquerait sans doute aussi du fait qu'elle veuille le revoir. On la prendrait pour la pauvre niaise incapable d'oublier un premier amour et elle n'aurait plus de réputation. Elle serait cataloguée avec les filles stupides et trop romantiques. Génial.
Ce qu'elle en pensait de son côté ? Elle... ce n'était pas comme si elle n'avait pas essayé de passer à autre chose. Elle s'était sentie plusieurs fois stupide de toujours y repenser. Et même si elle ne l'avait pas dit, sa fierté en avait pris un coup. Dire qu'elle avait changé de pays et que ça n'aidait pas... c'était une excuse bidon ?
Tant de bonnes raisons pour ne revenir officiellement que pour revoir tout le monde. Elle ne voulait pas passer pour un imbécile et voulait rester la grande Miho. D'autant plus qu'elle débarquait sans prévenir, un peu comme un tsunami ou autre catastrophe naturelle. Elle n'en savait rien, mais peut être l'avait il oublié depuis un bout de temps.
Malheureusement, quand on était têtue comme elle et qu'on avait une idée en tête. Il avait fallut qu'elle vienne quand même sans vraiment trop réfléchir à comment leurs retrouvailles se passeraient. Un jour, elle embaucherait quelqu'un pour le faire à sa place.

Etre moins précise ? Mais elle ne voulait pas être moins précise ! La précision, ça avait tellement d'importance pour elle ! Sans doute moins que sa fierté légendaire. Gonfflant les joues dans un soupir, elle avait eut l'impression de se retrouver trois ans plus tôt. Ses amis s'étaient souvent demandés comment elle avait fait pour finir avec lui. Quand on les voyait à l'époque de la primaire, il fallait limite être devin pour savoir qu'ils auraient une relation !
Finalement, elle, ça ne l'avait pas plus surprise que ça. C'était... normal. Elle trouvait même ça amusant... elle était bizarre, définitivement trop étrange pour avoir une vision normale des choses. Elle n'aurait pas du préferer une petite scène mignonne de parapluie ou un "plus tard on se mariera" dans un bac à sable ? Naoooon ! Se faire la guerre, c'était beaucoup plus original.
Croisant les bras, elle l'avait fixé avant de lancer:

"Le Japon est aussi mon pays ! J'ai pas le droit de revenir ? En fait, je te dérange. T'as peur de perdre à nouveau muahahahaha !"

Fuir le sujet... ça restait encore la meilleure solution. Et le faire en plaisantant... c'était juste... comme avant. Avec tout ça, elle n'allait pas arranger son complèxe de profonde nostalgie ou elle ne savait pas trop comment elle devait appeler ça.
Je te pique ton goûter, je te sors une vacherie, j'ai envie de le frapper, hum... il est pas si mal, il est vraiment pas si mal, sortons ensemble, arrête Junpei, n'arrête pas... il y avait tellement de phrases qui pouvaient résumer toute cette histoire. Est-ce qu'un psy aurait pu en venir à bout ? Non, c'était bien trop compliqué pour son pauvre cerveau qui préférait les psychopathes et les trucs de ce genre.

Bien sûr, Junpei semblait plus vieux. Mais jusque là, elle le voyait toujours comme Mayuko Junpei, ennemi d'enfance, premier amour et tout le reste. Dans le fond, elle le verrait probablement toujours comme ça. Probablement le pouvoir du premier amour non ?
Pour l'instant, elle préférait se la jouer "amie" de longue date qui revenait sans prévenir. Maintenant que le choc de la surprise était passée, elle était capable de sortir des mots et de faire des phrases avec. Alors, il y avait peu de chance pour qu'elle finisse par cracher le morceau. Ce qui était idiot... accordé.

Trois ans... et pourquoi il voulait pas être son larbin en primaire ? C'était de la pure provocation finalement ! Il avait toujours rêvé d'en être un, mais il avait préféré se la jouer en primaire ! Le mystère était tombé !
Dans sa vie, il avait du se passer pas mal de choses avant qu'il ne devienne un larbin et après. Elle était partie sur un coup de tête. Il devait probablement toujours être avec Masao, les inséparables. Si ça se trouve, il en avait fait son sub-larbin. Et maintenant, ils faisaient la visite aux nouveaux.
Elle allait sortir quelque chose quand il avait précisé la raison de son nouveau statut. Délégué de sa classe. Si elle se présentait à ce titre dans cette vie ou dans une prochaine, elle emmerderait probablement les nouveaux au lieu de leur faire visiter.

"Waaaah, le grand Mayuko est devenu le meilleur guide de tout le Japon et j'ai la chance de l'avoir pour visiter mon nouveau lycée !"

Dans un geste taquin, elle avait tiré la langue.
Ce n'était pas méchant, elle aimait juste taquiner les personnes qu'elle appréciait... mettre hors d'elles celles qu'elle n'aimait pas.
Décroisant les bras, elle avait marqué quelques secondes de silence. Elle aurait pu ajouter, "je resterais", ou quelque chose dans ce genre là. Mais il fallait voir un miracle se produire.

"T'es un larbin. Et je suis la petite nouvelle paumée et niaise ? Je dois quand même pas faire hihi ?"

Junpei se sentait également assez stupide. Mais plutôt sur le fait qu’il n’aurait pas cru la revoir. Même si au début, le fait qu’elle parte vivre aux USA le mettait hors de lui, il avait fini par si faire, à s’accoutumer à l’absence de Miho. Et le fait que pouf, elle ressurgisse comme ça, sans prévenir, dans sa vie, il se sentait tellement désarçonner qu’il s’en trouvait crétin. Il aurait dû être content! Sauter de joie! Faire un « Yatta Miho-chan trop content de te revoir!!! », mais non, rien de tout ça n’était venu. Il était juste resté là, les bras ballants, manquant de peu d’échapper son portable qu’il tenait toujours dans sa main gauche, la bouche ouverte de surprise. Il aurait pu en gober une mouche sans s’en apercevoir…

Miho… revenue… juste ces deux mots avaient du mal à trouver un sens réaliste pour Junpei. À son départ, il avait pensé à un moment pareil des milliers de fois, puis il avait fini par se faire à l’idée qu’elle avait refait sa vie en Amérique, qu’elle y était très bien avec des amis en pagaille et peut-être même… un petit copain? Elle était très chiante quand elle le voulait, mais Jun savait mieux que personne qu’elle pouvait être tellement adorable et mignonne… Un américain tomberait facilement sous son charme.
Il était donc passé à autre chose. Il avait eu d’autres petites amies. Pas beaucoup, deux ou trois peut-être. Jun’ avait toujours ressenti quelque chose de profond pour elles, mais jamais il n’avait pu dire « je t’aime ». Ces mots, il ne les avait prononcé qu’une fois ((Et là, les « je t’aime merdeux » qu’il lançait à Ma-chan ne comptaient pas XD)) et c’était à elle, Miho, avant qu’elle ne quitte le japon. C’était peut-être stupide, mais comme il lui avait dit ça à son départ, il considérait que c’était des mots qu’il devait garder que pour eux. Comme un espèce de code secret. Le révéler à d’autres lui ferait perdre de son sens. Mais bon, à quinze ans on est stupide, fallait pas chercher! XD

Oui, moins précise. Mais bon, Peipei aussi avait sa fierté, juste rester sous le choc et faire « Wouha, tu m’as trop manqué » c’était pas possible non plus. Ou du moins, pas ici, devant la vieille secrétaire. Junpei avait toujours été plus réservé à Sakurai, sans trop savoir pourquoi, hormis lorsqu’il était avec les GB. Peut-être que le procéder finirait par être le même avec Miho, comme il la connaissait depuis aussi longtemps que ces meilleurs amis. Mais pour l’instant, il était un peu… intimidé? Peut-être, mais ce n’était qu’une vague impression dû au malaise de se retrouver à nouveau face à elle, alors qu’il n’y était pas du tout préparé.

-C’est pas ce que je voulais dire, andouille.

Elle était toujours aussi douée pour le faire grincher apparemment. C’était d’autant plus étrange qu’il avait l’impression de remonter trois ans en arrière. Comme si elle n’était jamais partie. C’était un point peut-être un peu effrayant, voir traumatisant pour Mayuko « THE parano » Junpei.

-M’enfin je m’en fou, c’est toi que ça regarde après tout!

Oh le menteur! Oh le râleur! ((Oh la rime XD)) Mais encore une fois, habitude. Avec Miho c’était comme ça même lorsqu’ils étaient ensembles. Lui, il râlait, elle, elle le faisait râler. Il râlait encore plus, elle sortait la bouille kawaii qui tue. Il ne pouvait résister et elle avait gagné… Donc, il râlait pour la forme là, puisqu’en vrai, savoir pourquoi elle était de retour l’intriguait au plus haut point.

Et il avait refusé le rôle du larbin e primaire pour une seule bonne raison. Le larbin de Miho? Pas question!! Et puis quoi encore? Il n’était pas un disciple de Miho et surtout pas en primaire. En primaire, il y avait le Christ et l’Antéchrist, bha il y avait Junpei et Miho. C’était pareil! XD
Bref, il fallait également souligné qu’il n’était pas larbin à proprement dit non plus hein! Ça faisait simplement parti de ses responsabilités de déléguer et de vice-président. La brunette devait le savoir pourtant que Peipei avait toujours été impliqué dans les trucs scolaires. Et alors qu’elle lui tirait la langue, Jun n’eut qu’une réaction à ce qu’elle venait de dire soit une tête de : =____=

-Si tu fais hihi, je t’arrache la tête, ça te va comme réponse?

**Violent Junpei-chou. Du calme, respire par les trous de nez.** Conscience avait raison, mais on l’a déjà dit, Miho était douée pour le faire râler. La violence allait de soi. XD Mais bon, ce n’était pas comme s’il pouvait vraiment lui faire quelque chose. À la limite la virer à l’envers et la pendre par les pieds dans la cage d’escalier pour lui foutre la trouille, mais c’était rien d’énorme. Il l’avait déjà fait une fois, quand elle avait trouvé moyen de ne pas croire en la force musculaire du ténébreux.

Voyant que la secrétaire commençait à s’impatienter du fait qu’ils perdaient leur temps la au lieu de faire ce qu’ils devaient faire, soit visiter les lieux, Junpei inclina la tête pour s’excuser et arracha son emploie du temps des mains de Miho pour y jeter un œil. Elle était en 2-B… Aie… C’était la classe de Kana ça…

-Bon aller, amène-toi punaise, qu’on fasse ce pourquoi je rate mon cours d’histoire.

Et sans attendre, il se mit en route pour sortir de l’administration et rejoindre le hall.

Aux Etats Unis, on passait des journées amusantes. On pouvait faire sans aucun doute plus de choses qu'ici au Japon sans être regardé avec un regard réprobateur. Dire qu'elle avait déprimé là bas, ce serait mentir. Elle avait de très bons souvenirs, et sans aucun doute beaucoup avec Yuki. Elle s'était fait des amis rapidement, avait retrouvé des marques. Mais jamais... jamais elle n'avait été capable d'oublier celui qu'elle considérait comme un crétin plus jeune. Elle passait de bonnes journées. Mais elle n'avait pas la personne à qui elle piquait des goûters. C'est ce qu'elle avait pensé. Alors, elle avait voulu revenir. Elle était partie comme ça, sans plus d'explications.
En apparence, elle n'avait aucune raison de partir. Les affaires de ses parents allaient pour le mieux. Elle avait des amis, elle semblait s'amuser. Et pourtant, aujourd'hui elle se retrouvait là sans être tout à fait sûre de ce qu'elle faisait.

Les gens changeaient... peut être qu'elle détesterait le nouveau Junpei. Mais au bout de quelques minutes... elle avait eut l'impression de revivre une scène d'avant son départ. Elle avait l'air à l'aise, parfaitement dans la peau de la cool Miho en ce moment. Mais des millions de pensées se bousculaient dans sa tête. Parmis elles, elle pouvait trouver des réponses aux questions qu'elle se posait avant de se décider à revenir au Japon.
Il était sans doute trop tôt pour le faire de manière certaine. Et ça lui avait amené de nouvelles questions. La vie de Junpei aujourd'hui... elle en ignorait tout. Elle ignorait si elle y avait sa place, même en tant que simple piqueuse de goûters.

Elle pouvait l'avouer, au moins en pensées. Elle l'avait toujours trouvé mignon en mode grincheux ! Ce n'était sans doute pas une excuse pour le taquiner, mais c'était beaucoup trop tentant pour qu'une personne comme elle se retienne.
Alors, quand il lui avait répondu, elle avait d'abord sourit, visiblement fière d'elle.
Heeeeeeey, comment ça il s'en fichait ?! Mais il voulait mourir ou quoi ? Il était sensé la questionner encore, lui tirer les vers du nez ! Apprendre le fin mot de l'histoire ! Montrer au moins quelque chose qui pouvait prouver qu'il était content de la revoir !
Comment ça elle n'était jamais contente ? Il y a quelques secondes, elle souhaitait qu'il arrête les questions gênantes, et maintenant... elle aurait voulu qu'il continue ? Miho avait un sérieux problème de raisonnement. Son sourire avait été remplacé par des sourcils froncés et un:

"Parfaitement ! Je fais ce que je veux, et c'est pas le guide du coin qui pourra me dire le contraire ! Pfff, et moi qui pensait avoir le droit à des larmes en tant qu'ancienne emmerdeuse numéro un !"

Et non elle n'était pas vexée ! Elle s'en fichait ! Elle était juste un peu... contrariée x_x.
Et encore plus de l'être ! Pour la peine, elle le ferait râler encore plus parce qu'elle était diabolique et qu'elle n'avait pas eut le droit à des retrouvailles façon drama. C'était lui qui était resté au Japon ! Il aurait du en regarder pour se cultiver et savoir quoi faire quand elle reviendrait ! Ce garçon avait laissé tomber l'idée de se cultiver sur autre chose que le plan de son lycée ou quoi ? Elle était sûr que s'il voulait être larbin, c'était juste pour être le premier larbin du monde vu qu'en temps normal ils étaient tous moches et que lui il était... ouais bon, elle n'allait pas lui faire un compliment non plus !

En même temps, il avait le profil du parfait étudiant depuis un bon moment. Elle, elle préférait être la rebelle trop classe ^o^. Seul problème dans sa vie, elle avait le gros défaut d'être mignonne quand elle le voulait bien. Mais ça resterait un secret pour les personnes ne la connaissant pas assez pour être qualifiée de "proches" par la demoiselle. Assez rare d'ailleurs.
S'il faisait hihi, il lui arrachait la tête ? Voyons, qu'est-ce qu'une fille comme Miho pouvait répondre à ça ? Evidemment, ça ne serait pas autre chose que:

"Aaaaah, j'ai trop peur... hihi ^o^"

L'accompagnant d'une moue adorablement innocente, elle avait savouré sa provocation intérieurement. Elle n'était pas normale pour penser que ce genre de scènes lui avait manqué ? La nostalgie était son pire ennemi en ce moment.
Est-ce que c'était bien la peine de réfléchir alors qu'il était là ? Elle avait voulu le revoir. Elle le revoyait. Elle était d'accord avec les hommes qui disaient que les filles étaient trop compliquées ! Mais le sexe fort avait trop d'avantages, et les femmes avaient tous les inconvénients.
Tournant des yeux étonnés vers la secrétaire, juste parce qu'elle était une emmerdeuse qui trouvait que c'était plutôt sympa d'ennuyer une secrétaire, elle lui avait fait un petit coucou dans un "à bientôt". Puis, elle s'était retournée avec un air angélique vers Junpei, comme si de rien était.

Ouais, bah si elle était une punaise. Il était... un énorme frelon ! C'était le truc le plus grand auquel elle avait pu penser sur le moment dans la catégorie insecte.
Hochant la tête, elle l'avait néanmoins suivit sans... broncher O__O. Le fait qu'elle ne dise rien, c'était presque flippant, ça préparait un mauvais coup... c'était...

"Hum, architecture de la fin du XIXème siècle, les voutes sont faites à l'image de la Vierge Marie je suppose ? Quoi ? Je suis sûre que t'es trop nul en guide ! Tu sais, le genre de visites où on s'endort et où on tente de repérer des chaises pour faire un petit somme ^o^. Je veux seulement te donner un coup de main Jun-pei-chan !"

Quoi ? Il n'avait qu'à pas dire qu'il s'en fichait è__é. Et puis, fallait bien reprendre les bonnes vieilles habitudes ^o^

Junpei? Changer? Oui… probable. Il était plus mature, encore plus sérieux dans ses études, impliqué de partout dans l’école. Mais ça, ce n’était que des changements de surface. Son tempérament n’avait pas vraiment changé lui. Logique, ironique, râleur, paranoïaque et totalement délire avec Masao… Ça il l’était avant et le serait toujours. Qu’une personne change drastiquement, Junpei n’y croyait pas trop en fait. On ne pouvait pas renier totalement ce qu’on était. L’évolution était normale, dû aux expériences qu’on fait en vieillissant, mais le caractère lui, ne change jamais réellement au fond. Sinon, il est brimé. Voilà la théorie du ténébreux au sujet du changement! XD

Et si en plus ils en revenaient au tac au tac d’antan, c’était peut-être parce que justement ils n’avaient pas vraiment changé. Ce qui avait changé c’était leur situation personnelle à chacun, mais de là à dire que psychologiquement ils n’avaient plus rien à voir avec ce qu’ils étaient avant… Ça Junpei n’y croyait pas trop. Et dans les changements de la vie de Junpei, venait en tête de liste Kana. Pas qu’il allait sauter sur Miho juste parce qu’elle était de retour, tout de même, mais Jun avait tout de même un mal aise de ce côté. Comment réagirait Miho en apprenant qu’il avait une petite amie? Comment Kana réagirait en apprenant la venue de Miho et tout ce qu’elle était pour Junpei? Elle n’était pas qu’une ex petite amie, mais sa première petite amie. Une fille qu’il connaissait depuis des lustres. C’était avec elle qu’il avait expérimenté les choses. La première fois qu’il se baladait en tenant la main d’une fille. La première sortie en amoureux. Le premier baiser… C’était avec Miho qu’il avait vécu tout ça. Déjà qu’entre lui et Kana, c’était devenu froid à cause d’une fille, même si Jun ne la connaissait pas tant que ça la coréenne et qu’il n’avait fait que « l’escorter » une journée dans Tokyo pour rendre service à son père, alors si en plus elle en venait à savoir ça… Et elle le saurait, forcément. Junpei n’était pas salop, ni menteur. Il ne pourrait pas juste dire que Miho était une amie d’enfance. De toute façon, ça paraîtrait bien assez vite que ces deux-là se connaissaient trop bien pour n’avoir été que des amis.

-Faut pas pousser non plus hein. Numéro un, mais titre partagé avec Noriko!

Toujours râler et encore râler. Bref, il ne pouvait juste lui accorder simplement la première place, ça serait trop facile et indigne de leur relation de tac au tac quasi légendaire, il fallait qu’il lui fiche la honte d’être à égalité avec sa petite soeur! Qu’elle soit contrariée si elle voulait était un peu le dernier des soucis de Junpei pour le moment. Il ne réfléchissait pas vraiment à ce qu’il disait. Son instinct parlait pour lui. En fait, il avait toujours été plutôt impulsif avec Miho, un truc tout à fait inexplicable puisque pour tout le reste, Jun est un type assez réfléchi. Elle avait toujours eu cette facilité à réveiller sa spontanéité, tout comme son côté râleur. Peut-être que les deux allaient de paire, qui sait, mais peu importe.

Et elle osa le dire le « hihi ». Remarquez, il aurait pu y parier toute la fortune dont il allait hériter. Miho qui ne lui répondait pas, ça serait comme un rassemblement de Golden Boys sans des débileries et une scène du MaJun. Totalement impossible! Il plissa les yeux, ayant l’air de dire « Tu l’auras voulu ma petite! » et en un éclair, il lui entoura le cou d’un de ses bras, faisant mine de tirer vers le haut pour faire sauter sa tête comme un bouchon de champagne. Il est évident ici que Peipei n’a pas réfléchi une seule seconde avant d’agir, ne? En effet, le côté calme et réfléchit de Junpei venait de se faire lessiver par son impulsivité caractéristique de lorsqu’il se trouvait en compagnie de Miho. C’était un peu comme avec les GB, en particulier Ma-chan, avec qui il était tellement à l’aise qu’il se laissait aller à tout et n’importe quoi.

Sauf que là, c’était un peu… déplacé? Oui sans doute un peu. Voir beaucoup. En moins de dix minutes après le choc de retrouver Miho, voilà que Baka-Junpei était collé dans son dos à jouer celui qui pouvait lui dévisser la tête de sur les épaules. **Pas fort Peipei** Et le ténébreux sembla réaliser ce qu’il faisait avec un temps de retard. Quelques instants après l’avoir attrapée par le cou, le jeune homme stoppa net de bouger, comme s’il venait d’être paralyser. **Baka** Pour le coup, oui, sa conscience pouvait bien le traiter de crétin, il l’avait amplement mérité.
Il secoua la tête, comme pour se filer une gifle mentale avant de se détacher de la demoiselle tout aussi brusquement qu’il s’était approché. Il resta encore quelques secondes inerte, sans trop savoir quoi faire, pour finalement s’excuser auprès de la secrétaire et de filer avec l’emploi du temps de Miho…

Il savait que la brunette le suivait, silencieuse. Ça aurait dû lui mettre la puce à l’oreille, il aurait dû craindre au minimum la fin du monde, mais Junpei, également silencieux, se concentrait sur sa route vers les casiers comme pour prévenir un nouvel élan d’impulsivité. Ça lui était venu tout seul. Il s’était conduit comme mille fois il l’avait déjà fait cette année-là, avant qu’elle ne parte, alors qu’ils étaient ensemble. Il était vraiment crétin! Pourquoi avait-il fait ça? Le retour de Miho ne signifiait qu’une chose : qu’elle était de retour. Il ne fallait rien précipité crétin de ténébreux à la noix!!! **Dire que là, c’est même pas moi qui cause…** En effet, Jun avait cette faculté de se parler à lui-même, il n’avait pas besoin de sa conscience pour un compte rendu de ses faits et gestes ainsi que de leur critique. Il pouvait très bien y arriver tout seul, tout comme il arrivait très bien à se traiter de baka sans son aide.

Il écouta le début de ce que la petite brunette racontait d’une oreille distraite, les mots prenant de plus en plus de sens au fur et à mesure qu’elle parlait, du moins si sens il y avait. Bref, encore une fois elle le mettait au défi ou quoi? Pour le coup, il avait envi de la choper comme une poche de patate et de lui faire faire la visite la tête en bas. Ça aurait le bien d’être original, ne? Mais cette fois-ci le ténébreux fit preuve de self-control, il en avait déjà trop fait.

-Je peux aussi t’enfermer dans ton casier et m’éviter la visite. Maigrichonne comme tu es, je devrais avoir aucun mal à te faire entrer là-dans.

**Ça c’est bas Junpei-chou. Et puis tu adorais le fait qu’elle soit petite! Ça n’a sûrement pas changé.** =___= La conscience était-elle contre lui ou avec lui? Parce que sur ce coup, elle était plutôt contre lui. Oui, Junpei avait toujours trouvé que sa petite taille, donnait un certain charme à Miho, ça renforçait son air kawaii qui traînait en permanence sur sa bouille, mais tout de même, fichue conscience!!, tu n’étais pas obligée de le lui rappeler aussi peu subtilement! >.<

Elle se revoyait encore lui lancer des regards mauvais dans la cour de récréation afin de se faufiler dans sa classe pour mettre des punaises sur sa chaise. Elle revoyait bon nombre de scènes comme celle ci. Monter dans la voiture de ses parents et lui tirer la langue quand les autres ne voyaient pas pour ensuite dire à ses parents que Junpei était un parano. Ou encore cette fois où elle l'avait menacé de lui raser les cheveux ou de mettre plein d'encre sur ses affaires.
Et puis, elle revoyait aussi la première fois où ils avaient voulu sortir ensemble. Elle était également capable de dire le nom du premier film qu'ils étaient allés voir ensemble ou encore sa date de naissance, heure incluse, son groupe sanguin et d'autres détails dans ce genre. Elle n'avait tout simplement rien oublier et si elle devait passer un examen sur ce sujet, elle pensait avoir la note maximale.
Quand elle était aux Etats Unis, elle avait pensé à chacun de ces instants comme un précieux souvenir et s'était surprise à regarder de vieilles photos. Mais elle le savait, elle avait toujours été comme ça. Incapable de se détacher des gens ou d'oublier tout simplement des moments pour aller de l'avant. C'était difficile de rentrer dans la vie de Miho, mais c'était encore plus difficile d'en sortir quand on était une personne si importante pour elle.

Elle avait eut de la chance. Elle avait rencontré Yuki là bas, une Yuki qu'elle avait ramené avec elle dans sa valise. Elle avait dit à son amie qu'elle retournait au Japon sans lui demander de l'accompagner... elle l'avait peut être pensé tout bas. Quand celle ci avait proposé de venir avec elle, elle avait accepté sans se poser de questions. Parce que Yuki était une personne qui ne devait pas sortir de sa vie.
Qu'elle aille au Japon, en Espagne, ou au Groenland, elle voulait avoir une Yuki dans ses bagages. Elle ne lui avait rien dit, elle ne l'avait pas remercié, elle s'était contentée de le penser très fort. De toute manière, ces deux là parvenaient toujours à se comprendre. Peut être avaient elles l'option télépathie dans leur amitié, allez savoir. Ce qui était certain, c'est que depuis le jour où elles s'étaient rencontrées, elles avaient pris en quelque sorte la décision de ne plus se quitter.
Partir une fois avait suffit à Miho. Laisser une personne importante derrière elle, ce n'était pas dans ses cordes. Oui, elle était ridiculement touchante, mais elle tuerait la première personne qui oserait le dire à voix haute !

Partager la première place avec Noriko ? Pauvre Junpei, il était encerclé. Mais au moins, sa soeur semblait avoir veillé à l'embêter après son départ ! Aaaah, elle voulait bien l'adopter ou lui offrir un voyage où elle voudrait !
Mais en ce qui concernait la première place, elle préfèrait ne pas la partager ! Elle préférait la voir comme sa disciple que comme son égale. Etre une emmerdeuse, c'était sa spécialité. Le cerveau de Junpei avait du rester trop longtemps au soleil è__é. Fronçant les sourcils d'abord, elle avait finit par claquer des doigts comme pour signifier qu'elle avait trouvé une idée:

"Je sais ! T'as du oublier en trois ans ! Alors va falloir que je te rafraichisse la mémoire pour que tu te souviennes qui est la numéro un !"

Il l'aurait cherché ! S'il avait besoin d'une preuve sur sa supériorité, ça ne la dérangeait pas de lui donner en l'enquiquinant toute une journée sans lui laisser de répit ! Mais le coller après être partie pendant trois années, ce n'était peut être pas une bonne idée, ça l'ennuierait peut être et... stop ! Ce n'était pas le but justement ? Si... mais pas dans ce cas de figure. Si elle n'avait pas été l'ex petite amie, ça n'aurait pas posé de problèmes. De même que si elle était revenue plus tôt.
Mais là... il sortait peut être avec dix filles en même temps et si elles voyaient Miho, elles le largueraient... c'était pas une bonne raison pour le coller ça è__é ? Ok, Junpei n'était pas le genre à sortir avec dix filles en même temps. Du moins avant. Et elle était sûre que ça n'avait pas changé. Mais il y en avait peut être une. Si elle devait voter, elle préférait qu'il passer ses journées entières à des activités de larbin.
Quoi ? Heeey, il devait être studieux et serviable ! C'était important pour son avenir ! Elle se souciait simplement de son avenir.

Il y avait des tas de questions qu'elle avait envie de lui poser. Si elle n'avait pas une stupide fierté, elle l'aurait sans doute déjà fait. Mais l'élèment dominant chez elle faisait qu'elle se retenait encore et toujours. Quand elle était avec lui, il faisait partie de ses personnes à qui elle disait plus de choses. Un jour, sans avoir peur, elle avait pu lui dire ses sentiments. Maintenant, elle se retrouvait nouvelle dans ce lycée où il était étudiant guide et elle préfèrait ne pas lui demander ce qu'elle aurait eut envie de lui demander. Elle préfèrait ne pas lui dire pourquoi elle était venue. Pourtant, cette scène n'avait rien de différent d'une scène sortie de leur passé.
Absolument rien de différent dans l'apparence du moins. Si on enlevait les trois années de séparation, il n'y avait alors plus rien de différent.

La preuve, elle se retrouvait à imaginer que sa tête allait sauter comme un bouchon de champagne. Elle avait réagit comme elle l'aurait fait avant, il en avait fait de même. Les habitudes ne se perdaient jamais visiblement. A moitié en riant, à moitié en criant, elle avait lancé quelque chose comme "je suis 18ème dan de karaté, fais gaffe !". Encore une fois, elle s'était sentie revenir dans le passé. C'était agréable, mais aussi déstabilisant que le présent revenait aussi rapidement. Il s'était arrêté avant de sortir silencieusement. C'est là que la différence se faisait voir. Il y en avait bien une entre aujourd'hui et hier.
Elle l'avait suivit, elle n'avait rien dit et n'avait pas posé de question. C'était comme ça, elle était partie. Elle devait s'attendre à ne pas pouvoir tout comprendre et à ne pouvoir répondre à ses questions que par des "ça fait trois ans".

Et ils étaient repartis aussi simplement. Elle était d'ailleurs repartie rapidement pour commencer sa visite, en faisait comme si rien était. Une petite différence avec le passé, et quelques secondes plus tard, ça redevenait comme avant parce qu'elle était toujours une emmerdeuse de première catégorie. Un sourire sur les lèvres, elle s'était donc lancée dans sa visite grandiose selon elle jusqu'à ce qu'il la coupe pour parler de l'enfermer dans son casier. Il n'oserait pas ! Sinon elle montait une armée et sa première action sera de leur demander de l'enfermer dans le sien ! D'accord, lui, il n'y entrerait pas. Mais en pliant bien, on pouvait avoir un résultat è__é.
Accélérant le pas pour se retrouver à côté de lui, elle avait tourné la tête vers lui pour le regarder avec un petit sourire malin au coin des lèvres:

"Premièrement, j'ai au moins grandis d'un centimètre ! Ou de 0,5 cm ! Et puis j'ai les muscles de l'incroyable Hulk minimum ! Je te mets par terre en moins de deux secondes !
Deuxièmement, si tu fais ça, je porte plainte à l'organisation des guides larbins de Tokyo !"

Normalement, elle lui aurait donné un petit coup d'épaule pour plaisanter. Mais après la scène de tout à l'heure, elle était simplement restée à marcher à ses côtés avant de se remettre à regarder les alentours.
Elle avait beau se la jouer depuis tout à l'heure, elle n'était toujours pas si à l'aise que ça. Avec les battements de son coeur, elle risquait de faire une attaque ou de réveiller n'importe qui s'il se mettait à battre encore plus vite. S'arrêtant brusquement dans le couloir, elle avait montré le carrelage sur le sol du doigt pour lancer:

"Regarde Junpei-chan ! Une dalle datant de l'ère gothique ! Regarde cette marque et la manière dont les motifs se rejoignent délicatement ! C'est absolument magnifique !"

Relevant les yeux vers lui, elle avait ajouté:

"Dis, t'es vraiment pas terrible comme guide ! T'es pas sensé m'expliquer des trucs tout en me donnant une bonne impression du bâtiment pour que je reste et que je fasse de la pub ! J'espère que les autres larbins sont meilleurs que toi :P"

C’était vrai que pour le coup, c’était vraiment un moment nostalgique. Miho n’était pas la seule à revoir leur évolution commune. Jun qui oubliait rarement les choses, n’avait aucun mal à se rappeler tout ça. La première fois qu’elle avait accusé sa mère de voler son père. La première fois qu’elle lui avait chipé sa bouffe. La première fois qu’ils s’étaient carrément donnés en spectacle devant toute la classe. Le premier plan de vengeance. La première retenue due aux débordements de leur guéguerre. Le premier faux pacte de paix. Le premier regard où Junpei réalisait qu’elle était belle. La première fois où il pensait qu’elle était adorable dans son genre. La première fois où ils passèrent une journée ensemble à s’amuser. Le premier pas qu’il fit en lui prenant la main. Le premier baiser. La première fois qu’ils s’affichèrent ensemble. Le premier rendez-vous… L’annonce de son départ. Leur première fois… Junpei avait expérimenté tant de chose avec Miho, qu’il était bien difficile d’oublier tout ça, ne?

Et maintenant, alors que la chose ne lui avait pas effleuré l’esprit depuis si longtemps, elle se trouvait devant lui. Elle semblait à la fois si accessible et tellement intouchable. Junpei en était encore tout retourné. Elle était là, devant lui. Tendre la main, il aurait pu la toucher. Mais il y avait une barrière invisible qui l’empêchait de le faire. Trois ans, c’est long. Un petit quelque chose qui n’était pas là avant venait de s’installer. La retenue. Avec elle, il n’en avait jamais eu. Et pourtant aujourd’hui, il ne faisait que ça. Se retenir de lui poser les questions qui lui brûlaient la langue. Se retenir de la soulever de terre et de la serrer contre lui tant il était content de la revoir. Se retenir d’être trop naturel. Se retenir d’être… bien. Être bien avec elle, il le sentait comme une trahison à Kana qui ignorait tout de l’existence de cette fille. Pour le cerveau de Peipei, c’était compliqué. Il aimait, Kana, évidemment, sans quoi il ne sortirait pas avec elle, mais rien n’avait été réellement terminé avec Miho. Leur histoire avait été interrompue et non finie.

Il y avait de quoi se choper un mal de crâne ici… il fallait absolument que Junpei en parle à Masao, son psychologue attitré. Mais encore là, lui dire « Hey Ma-chan! Devine!! Miho-chan est de retour au japon!!! » Junpei voyait la réaction d’ici. Son rouquin préféré allait lui éclater de rire à la gueule et ne le croirait pas. Et Peipei n’avait pas besoin que son Kokoro se moque de lui alors que lui-même avait dû mal à savoir s’il était en train de rêver. Ça aurait pu. Comme ça, pouff après des années, on repense à Miho. Mais visiblement, tout ce qui se passait était bien réel.

Sa sœur? En effet, elle avait bien veillé à entretenir le côté râleur de son frangin, il n’y avait aucun doute. Qu’elle attende de savoir la meilleure la petite Miho. Noriko sortait avec Naoki. **frisson de dégoût** Junpei avait failli mourir d’un infarctus quand elle le lui avait appris et il ne s’y faisait toujours pas. Sa sœur et un de ses meilleurs amis… Yeuh!!!

-On verra. T’as peut-être ramolli avec le temps!

Il était fou. Inconsciemment, il devait être fou. On ne met pas au défi Nakamaru Miho d’être emmerdeuse. C’était la même chose que de creuser sa propre tombe. Mais peut-être était-ce simplement une façon de s’assurer que maintenant qu’elle était revenue, ils pourraient se voir. C’était risqué, voir même suicidaire, mais Jun ne pouvait ignorer le fait que maintenant qu’elle était là, à portée, il ne pouvait pas la laisser en dehors de sa vie jusqu’à à cause de malaises et d’incertitudes. Elle avait trop compté pour lui et il pouvait dire qu’elle comptait beaucoup encore aujourd’hui. Elle si elle devait jouer le rôle de l’emmerdeuse professionnelle, ça serait mieux que rien du tout.

Réaction trop impulsive que de lui serrer le cou pour mettre en œuvre sa menace. Malgré la retenue qu’il s’imposait depuis le début, le réflexe avait été plus fort et imprévisible. Après tout ce temps, Junpei ne s’attendait pas vraiment à réagir au quart de tour comme ça. De faire comme si ces trois ans n’avaient pas existé. Et le fait qu’il agisse sans se contrôler le rendait légèrement en colère contre lui-même. Il avait un très bon self-control, il savait se retenir de tout. Et pouf, parce que c’était Miho, ce contrôle avait disparu comme par enchantement. Il avait toujours détesté ce côté d’elle. Le fait qu’elle arrive à lui faire faire ce qu’elle voulait parce qu’il réagissait toujours de manière impulsive avec elle.

Il allait lui répondre que malgré son soit disant karaté, Jun était quand même bien plus balaise, mais ce fut à ce moment qu’il se stoppa net. Mais Peipei que fais-tu? Dix minutes et quelques mots en l’air, ce n’était pas suffisant pour agir ainsi, reprends-toi! Il s’était donc détaché et ne savait plus quoi dire pour rompre le petit silence gênant qu’il avait lui-même créé.
Il s’était donc mis en route pour les casiers, laissant la demoiselle babiller. Elle semblait très fière d’avoir pris un centimètre et Peipei ne pouvait la laisser ainsi. Nha, bien sûr, même il y avait un petit signal lumineux qui flashait dans sa tête lui disant « attention danger!! » il fallait qu’il en rajoute! =___=

-Le fait que j’en ai pris 15, rend ton centimètre légèrement superflu. Et me mettre à terre? Ahah! J’aimerais bien te voir essayer tien!

Le carrelage? Mais qu’est-ce qu’il s’en fichait du carrelage franchement. Peut-être que c’était une façon pour elle de faire abstraction de leurs retrouvailles, mais Jun ne causait jamais quand il voulait faire abstraction d’un truc. Pour le coup, il était tout le contraire de Miho. Si elle devenait un véritable moulin à parole, lui, il devenait muet comme une tombe!

-On m’a demandé de te faire visiter les lieux, pas de te les faire aimer. Nuance.

Et ceci dit, ils arrivèrent finalement aux casiers. Junpei lut le numéro inscrit sur l’emploi du temps qu’il avait toujours en main et entreprit de guider Miho jusqu’au casier qui serait le sien, chose qui ne dura que quelques instants.

-Voilà ton casier. Alors, tu veux te faire enfermer dedans ou pas?

Allez dis lui ! Dis lui que t'es contente de le revoir, ça va pas te tuer ! T'es pas obligée de lui dire qu'il t'as manqué, mais tu peux au moins lui dire que ça te fais plaisir de pouvoir de nouveau parler avec lui ! Ou dire quelque chose de gentil, soit quelque chose de vrai. C'est pas comme si t'allais mourir.
Dans le fond, elle en avait envie. Mais il en était hors de question è__é. Comment ça elle était complèxe ? N'importe quoi. C'était juste une question de... peu importe ! C'était une question de quelque chose et elle avait raison ! Et puis, si elle lui sortait ça, elle serait gênée et se sentirait terriblement conne !
Alors même si elle avait envie de lui faire un calin pour la simple et bonne raison qu'il lui avait manqué, elle ne le ferait pas. Et même si une petite voix lui disait que c'était stupide, elle préférait assomer la petite voix pour avoir la paix dans son mode "Miho l'emmerdeuse".
Le genre de choses qui ne lui posait pas de problèmes, lui posait désormais un problème. Pourquoi ? Parce que son crétin de père avait pensé que d'aller aux Etats Unis pour s'exporter était une bonne idée. Bon, dans le fond, son commerce avait marché, et dans ce sens, il avait eut raison. Mais ça l'avait pas du tout arrangé de son côté. C'était sans doute égoïste. Mais elle s'en foutait pas mal de la réussite dans l'entreprise dans ce genre de cas.
Son père avait pensé et pensait sans doute toujours que ce n'était qu'une amourette d'adolescents sans importance. Et voilà pourquoi elle avait du suivre.

Bien sûr, si elle n'avait pas suivit, elle n'aurait peut être pas rencontré Yuki. Mais Yuki serait venue, attirée par le destin ou une connerie dans le genre. Leur coup de foudre de l'amitié devait avoir lui. Ici ou aux Etats Unis !
Alors que pour Junpei.... La conséquence était qu'elle se sentait terriblement mal à l'aise. Et le fait de sentir avec certitude que le revoir après trois ans ne changeait absolument rien sur les sentiments qu'elle avait pour lui, bien au contraire... c'était le genre de trucs qui pouvait perturber.
Alors oui, pour réagir à cette situation, elle préférait parler, se la jouer chieuse et se donner un rôle au lieu de sembler troublée. C'était sa façon à elle de réagir. Ce n'était sans doute pas la meilleure manière, mais n'importe qui avait des chances de réagir de manière stupide à cette situation. Au moins, elle avait la classe quand elle le faisait è_é.

Hum, ramollir avec le temps ? Si elle avait changé dans le sens d'emmerdeuse... c'était uniquement en mieux ^o^. Elle était sans aucun doute devenue plus douée avec l'âge. Raison de plus pour montrer ses nouvelles compétences muahahaha. Un air malin sur le visage, elle l'avait fixé. Ce type était un maso et elle était la sadique avec un fouet... euh... peut être valait il mieux éviter ce genre de pensées étranges et en revenir à la vantardise. Sans aucun doute.
Secouant sa petite tête pour chasser des pensées qui n'avaient rien à faire là, elle était retournée à son air malin avant de soupirer comme si elle répétait quelque chose à un gosse pour la centième fois:

"Junpei, Junpei, Junpei, je sais pas quoi faire de toi mon garçon. Combien de fois je vais devoir te dire qu'avoir mal, ça n'a rien de bon ! T'as passé l'âge de jouer avec les bougies à Noël. Pffff."

Tournant des yeux dans le geste de la maîtresse blasée, elle s'était demandée comment elle avait fait pour se passer de l'embêter pendant tout ce temps ? Une chance qu'elle ne se soit pas suicidée. Une chance qu'il n'ait pas tourné les talons en la voyant tout à l'heure. S'il l'avait fait... même la grande Miho qu'elle était aurait eut du mal à faire semblant de s'en moquer.
Des personnes, elle pouvait en embêter pas mal, elle le faisait d'ailleurs. Mais la place qu'occupait Mayuko Junpei pour elle... elle ne pourrait jamais être occupée par quelqu'un d'autre.
Elle l'avait accepté. C'était comme ça et ça ne pourrait pas en être autrement même si elle faisait tous les efforts du monde. Le cas désespéré qu'elle était pourrait certainement avoir un rôle pathétique dans une série. Quelle chance ! Elle allait jouer dans un feuilleton débile que les pouffes regarderaient, ou les retraités ! Sa vie était absolument géniale ! Avec un peu de chance, l'inspecteur Derrick lui demanderait un autographe x__x. A moins qu'il ne soit déjà mort.

Maintenant qu'elle le revoyait, elle était sensée faire quoi ? Personne n'avait écrit de "Guide pour Miho Nakamaru" plus longuement nommé "Je suis sortie avec un type à 13 ans et je n'arrive pas à l'oublier. Que dois je faire ? Hihi". Et merde, le nom de son bouquin, c'était trop la honte ! Heureusement qu'il n'y en avait pas !
Mais cet égarement ne répondait en rien à la question. Elle ne savait toujours pas ce qu'elle était sensée faire. Le revoir, c'était fait, elle était à côté de lui. Mais ce n'était malheureusement pas si simple et maintenant, elle avouait ne plus savoir quoi faire à part l'enquiquiner comme elle avait l'habitude de le faire avant.

Ok... lui, il avait bien grandit. Malheureusement, il n'était pas grand et laid et elle ne connaissait pas le vaudou pour pouvoir l'enlaidir. Le problème était, que même moche Junpei serait toujours Junpei. L'avantage, c'est qu'elle aurait au moins la pensée de le trouver séduisant en moins x__x.
Mais là encore, ce n'était pas le moment de s'égarer. Elle était la vile Miho, la sorcière du film ou un truc dans ce goût là. Pas Miho au pays des merveilles.
Donc il avait grandit... elle n'avait pas grandit aussi.
Mais elle pouvait quand même le mettre à terre è__é. S'il continuait à la provoquer, elle allait finir par craquer sur la retenue et sauter sur son dos pour tenter de le faire tomber. Du calme Miho. Reste Miho. T'es pas besoin de lui prouver qu'il te domine physiquement... non ! Que tu le domines ! La taille n'avait rien à voir avec la force.
Comme si elle venait de comprendre quelque chose, elle avait poussé ce aaaaaaahhhh:

"Aaaaaaaah. Je comprends pourquoi maintenant ! A force de te cogner, ça doit pas trop aller bien là haut ^o^"

Abandonnant le carrelage pour relever les yeux vers lui et regarder sa tête comme si elle s'attendait à y voir tout plein de bosses, elle avait hoché la tête dans un "hum hum" médical.
Et puis, elle avait repris sa marche en direction des casiers dans un simple:

"Mouais. J'allais te dire que si tu fais ça, t'auras plus de clients. Mais en tant que larbin, tu te fais pas payer. Il devrait créer une association pour aider les grands. La vie est si cruelle :(".

*Muahahahahaha*. Aaaaaah, ce qu'elle pouvait aimer l'embêter ! Comme elle aimait tant d'autres choses inavouables à son sujet. Pourquoi la vie était aussi dure avec les gens de petite taille ? Elle aussi voulait une association.
Jetant simplement un rapide coup d'oeil à son casier, elle s'était tournée vers Junpei en levant un sourcil comme s'il venait de dire un truc trop stupide:

"Dis, si tu veux me tuer, autant m'emmener dans une cuisine pour que je meurs de rire !"

Si la petite voix de Miho lui commandait de parler, celle de Junpei lui ordonnait de se taire. Ne surtout rien dire de sous-entendu. Ne surtout faire aucune allusion à rien du tout. Son cœur battait d’une manière qu’il avait cru avoir oublié, mais il devait à tout prix se ressaisir. Miho était revenue, voulait seulement dire qu’elle était revenue. Rien d’autre. Il fallait que ça lui rentre bien profond dans le crâne. Les choses avaient évolués, on ne peut pas zapper trois ans juste pour faire comme si ce temps n’avait jamais eu lieu. Et Jun se surprenait de penser qu’il aurait bien aimé…

Non! Non! Et re non! Qu’est-ce qui lui prenait là? Être aussi impulsif, ce n’était pas lui. Aller, on fait comme si Ma-chan était là pour le dicter. On inspire. On expire. Calmement. On se détend. Zen… Bien, voilà. Maintenant on faisait face au problème de manière rationnelle s’il vous plait. Source du problème : retour de Miho. État du problème : retour de Miho = chamboulement total. Solution au problème : … … On inspire. On expire. Solution au problème : mourir? Oui, pour le coup le suicide était tentant. Non, ne soit pas plus crétin qu’il le faut. La mort sans ton rouquin, ça serait nul, alors ne meurt pas! **Sage idée.** Bref, comment faire face à Miho en faisant abstraction de tout ce qu’elle éveillait en lui? Pas facile ça. Il y avait tellement d’événements, d’habitudes, de souvenirs… Tout avait une signification ou presque. Junpei n’arrivait à rien, sinon à agir par pur réflexe.

Il lui fallait son psy. Gérer tout ça tout seul était totalement impossible pour Junpei. Pour tout ce qui concernait les sentiments, Jun avait toujours tendance à trop cogiter. Il ne voulait pas faire de faux pas. Il ne voulait pas blesser. Il ne voulait pas brusquer. Il ne voulait pas décevoir. Il ne voulait pas trahir… Bien des choses qu’il ne voulait pas, bien d’autres encore qu’il voulait. Ça faisait trop de choses en même temps dans sa petite tête et là, on faisait face à un court-circuit général. Tout était éteint. Limite s’il se retrouvait à baver par manque de réaction, ça serait tout à fait normal puisque son cerveau venait de faire une mini implosion.

Qu’elle ait ramolli, qu’il se soit endurci. Peu importe. Ce n’était qu’une façon de l’attirer. La garder. Lui donner une raison de revenir le voir. Juste pour l’embêter il s’en foutait. Mais il ne voulait pas la perdre à nouveau alors qu’elle venait de ressurgir dans sa vie. Qu’elle ait juste le rôle de l’amie casse-pieds, il s’en foutait. L’important était qu’il fallait qu’elle soit là. Kana pourrait en être jalouse, oui, mais Jun ne pouvait se priver d’une personne aussi importante que Miho l’était pour lui, uniquement pour rassurer le tempérament de sa petite amie. Sa dernière ex en date s’était amusée comme une folle à le manœuvrer comme une vulgaire pâte à modelé dès qu’elle avait compris qu’il avait beaucoup de mal à refuser quelque chose aux personnes qui lui étaient chères. Il s’était juré de ne plus faire la même erreur, de tenir à ce qu’il était et ce qu’il voulait. Alors donc, non, il ne se priverait pas d’une amie, pour le plaisir de sa petite amie.

Voilà une chose de bien pensée et bien résolue! Wouha, Ma-chan serait fière *o*, il y était arrivé tout seul! Cette décision maintenant prise, soit que Miho serait une amie jusqu’à preuve du contraire, le ténébreux se sentait un peu plus léger. Ils ré apprendraient à se côtoyer et puis ensuite, qui vivra verra. Il ne fallait rien précipiter, c’était le meilleur moyen pour causer un désastre.

-Fait gaffe, si tu essaies trop fort de mordre, tu pourrais te casser une dent.

Et philosophique par-dessus le marcher! Halala, Junpei vraiment, il faisait tout pour surmener son cerveau aujourd’hui! En même temps, un peu plus un peu moins… rendu là, pas grande différence, il fallait bien l’avouer. Le cerveau avait déjà implosé donc, de la philosophie à deux yens ne devraient pas trop empirer les choses.
Mais il fallait bien avouer, que ce jeu du plus fort, de celui qui aurait le dernier mot… ça lui avait manqué. Oui bon, c’était toujours comme ça avec Masao, mais ce n’était pas pareil! Le jeu prenait une autre forme avec Miho. Si avec Ma-chan d’être bouché ne lui faisait rien, avec Miho c’était tout le contraire. Il se sentait trop nul. Peut-être à cause de cette fierté qui avait toujours résidé entre eux. Le fait qu’il devait à tout prix se montrer plus fort… mieux. Oui mieux. Il fallait qu’il soit irréprochable avec Miho. Pour en être digne? Possible, mais Junpei n’était pas psychologue, cette hypothèse resterait donc en suspend.

Mais le fait qu’il soit content de retrouver cette petite chose qu’il n’avait partagée qu’avec elle, revenait à l’implosion de tout à l’heure. C’était stupide, mais il ne pouvait s’empêcher de revenir à Kana dès qu’une pensée était favorable à Miho. Vraiment trop con même! Qu’est-ce qui lui disait que Miho sentait, comme lui, que quelque chose n’était pas fini malgré tout ce temps? Peut-être qu’au fond elle se fichait bien de lui. Que le fait qu’il soit son « guide » tombait bien pour la seule raison qu’elle le connaissait déjà. Peut-être que ne jamais le revoir ne lui aurait fait ni chaud ni froid et que ces retrouvailles n’étaient que le fruit du hasard! Voilà un point dont il avait horreur. Peipei réfléchissait toujours trop! Il ne savait jamais quand s’arrêter, et là, alors qu’il se mettait à psychoter sur le fait que Miho l’avait peut-être oublié au fond, il aurait bien apprécié d’arriver à arrêter de penser!

Et toujours cette foutue retenue. Il n’arrivait pas à lui demander. Juste une question. Une seule. Toute simple. Soit : on est quoi maintenant? Ça lui réglerait bien de ses psychoses du moment. Qu’est-ce qu’ils étaient l’un pour l’autre. Question piège. Même Jun n’arrivait pas à y répondre même si la voix de la sagesse lui disait qu’ils étaient amis. Qu’ils DEVAIENT être amis. Après tout ce temps, ils ne pouvaient être qu’amis. C’était ce qu’il fallait lui dire… c’était ce qui enlèverait ce poids de sur les épaules du ténébreux. C’était la meilleure chose à faire. Mais pourquoi la meilleure chose était toujours celle que l’on ne voulait pas dire? Qu’on ne pouvait pas dire! Jun avait beau avoir les mots en têtes. « Ne Miho-chan, toi et moi, on est amis pas vrai? » Ils étaient là! Ils tournaient tranquillement, juste là, attendant d’être prononcés, mais rien ne se formulait dans sa bouche. Rien ne prenait de sens entre ses dents. Le type le plus brillant de sa génération, réduit au silence par une fille qui ne faisait rien… magnifique, ne?

-À force de me cogner? Miho-chan, t’arrive même pas à atteindre mon cou, alors ma tête… Ahah!

Encore une fois, trop michant le Junpei. Possible oui. Mais même excuse, toujours, il n’avait pas réfléchi. Il avait dit le premier truc qui lui passait par la tête.

-Hélas oui, je perds littéralement mon temps à te montrer la place.

Là c’était pas michant, mais bien méchant. À ne pas confondre. Ça lui arrivait parfois. Tiquer cruellement. Mais il se la jouait là. Il ne se foutait pas d’elle, ni du fait qu’elle se retrouve dans le même lycée que lui. Au contraire, mais cette joie de la revoir, mélanger au fait qu’il se retenait de le faire paraître, lui faisait dire des conneries.

-Oi! Tu sauras que je m’améliore quand même! Je me suis pas pété de cheville depuis la primaire!

Ouais, sans doute le pire des « Poisses Moments » by Mayuko Junpei. Mais ça, Miho le savait. Elle y était quand ça c’était produit. Et c’était de sa faute >.<
Elle l’avait mise au défi de monter chercher le joli vase à fleurs de sa mère qui était tout en haut d’une armoire, bien à l’abri des gamins comme eux. Peipei et son honneur n’avaient pus refuser. Sauf qu’étant dans une cuisine, bien entendu son niveau d’habilité venait de chuter de 120% et son empotement avait grimpé en flèche! Il était grimpé sur le comptoir de cuisine. Puis Miho lui avait passé un tabouret qu’il avait posé sur le comptoir parce qu’il lui manquait encore plusieurs centimètres. Et pafff!!! Il avait perdu l’équilibre, était chuté de son perchoir. Le vase avait été sauvé, Peipei n’avait pas eu le temps de s’en emparé, mais lui par contre… Il avait du marcher avec des béquilles les deux mois suivants =____=

Vers où ils allaient ? Elle était incapable de répondre. Miho était du genre à avoir l'air sûre d'elle, à toujours avoir réponse à tout. Mais parce que c'était Junpei et que ça changeait tout, elle était incapable de trouver une réponse pour une fois. Analyser la situation, la retourner dans sa tête plusieurs fois sous toutes les formes n'y changerait rien. Elle n'était pas du genre à réfléchir de toute manière, plutôt du genre à agir... en temps normal. Mais là, elle était bloquée sans savoir ni quoi faire ni quoi penser. Se lancer dans l'analyse, il n'y aurait aucune référence une fois qu'elle l'aurait terminé. Elle serait toujours aussi paumée et aurait le sentiment agaçante de ne pas être si sûre d'elle.
Une désagréable voix ne cessait de lui souffler de tout simplement se montrer franche et d'attendre les réponses à ses questions. Et elle ne le faisait pas par fierté ? Pas seulement. La vérité, c'était que la grande Miho Nakamaru avait peur de trouver les réponses à ses questions.
Elle ignorait ce qu'elle pourrait entendre, elle avait peur d'être blessée, elle qui se la jouait si confiante d'habitude. Elle aurait du détester Mayuko Junpei rien que pour lui faire cet effet là ! Mais, même en faisant une séance d'hypnose, ses sentiments ne changeraient pas.

Si elle était restée aux Etats Unis, elle aurait peut être finit par passer à autre chose en se disant que tout ça remontait à trop loin de toute manière. Non ? Qu'est-ce que ça pouvait bien faire ? Elle n'allait pas se mettre à regretter d'être venue. Le bon choix, elle l'avait fait, même s'il pouvait se révéler douloureux. L'envie de le revoir avait été plus forte que la peur et elle avait débarqué comme si elle n'était jamais partie et que ses trois ans n'étaient qu'un mauvais rêve. Comme si seulement... les trois ans étaient bien là.
Même si elle apprenait qu'il avait quelqu'un, qu'il l'avait oublié. Même en étant blessée, on pouvait lui poser la question si elle reviendrait toujours si elle avait su à l'avance. Elle répondrait oui. Ces trois années avaient été bien trop longues et elle ne voulait plus ne plus compter Junpei dans sa vie.
Petite voix arrête de dire qu'elle doit parler de ça au lieu de rester bêtement là à l'embêter ! Ou alors, montre toi un peu plus maligne et tente de la faire boire pour voir si ça y changera quelque chose. Ta technique actuelle ne sert pas à grande chose face à la têtue Miho qui ne change d'avis que lorsqu'elle l'a décidé. Plus bornée qu'elle, on ne trouvait probablement pas. Mais sans ce côté là, elle ne serait peut être pas là aujourd'hui à parler de nouveau à la personne importante pour elle.

Remarque, il lui restait toujours le lavage de cerveau. Mais alors, il faudrait s'assurer qu'elle ne recroise pas Junpei. Elle serait bien capable de revenir aux mêmes sentiments si toutefois le lavage de cerveau marchait. Et si elle l'acceptait. Ok, elle était peut être un peu maso à son tour pour ne pas vouloir l'oublier. Maso ou bizarre... voir les deux. Aujourd'hui, on faisait des trucs pour déterminer la personnalité, genre test d'écriture ou photo. Le type qui s'occuperait de son cas afficherait probablement son résultat pour montrer le cas qu'il avait rencontré un jour. Ou alors, il changerait de métier en pensant qu'il n'était pas bon, ne voulant pas croire aux résultats du test.
Génial, elle pouvait augmenter le chômage rien qu'en passant un test bidon. A noter si un jour elle voulait se venger de l'humanité pour X raisons.

C'était énervant cette complète confusion. Elle préférait ne rien dire, mais ce qu'elle retenait à l'intérieur était tellement fort qu'elle avait l'impression qu'elle pouvait le crier d'une seconde à l'autre. L'aimer toujours autant après trois ans, c'était normal ? Ou elle entrait dans la catégorie des gens bizarres comme la femme à barbe ou les gens qui avaient trois pieds ? Génial, elle allait devenir un monstre parce qu'elle était toujours amoureuse de son premier amour. Parce que le fait de le revoir ne faisait battre que son coeur encore plus vite. Une bombe. C'était ça. Si elle continuait, elle allait finir par faire exploser son nouveau lycée. La première place de ses actions dans sa carrière d'élève chieuse. Au moins, elle pourrait mourir en faisant une grande action. Si les élèves ne perdaient pas la vie avec elle, ils pourraient la remercier sur sa tombe de leur avoir offert des vacances.
Stop ! Elle était en train de parler comme si elle était une kamikaze. Elle ne voulait pas mourir. Elle voulait juste arrête de se saouler avec elle même. Elle était revenue, point final ! Redevenir la Miho qui ne se pose pas mille questions et ne plus penser à rien d'autres... si elle ne devait penser qu'à une chose en même temps, ça ne l'arrangeait pas. Vu que chose pouvait être remplacé par personne, et que personne pouvait l'être par Junpei.

Pour le coup, elle était d'accord avec lui. Elle risquait de se casser une dent, même plus qu'une dent ! Les risques du métier quand on était une Miho stupide. Elle allait devoir investir dans un dentier. Et elle le casserait lui aussi probablement. Puis les autres. Junpei avait la malédiction des cuisines, elle aurait la malédiction des dents. Comme quoi, ils faisaient vraiment la paire.

"Hey ! Même pour un simple guide d'école, t'es vraiment pas terrible ! T'es trop méchant ! T'es pas sensé être gentil avec moi ou quelque chose dans le genre ? Je sais pas, mettre à l'aise la nouvelle ou devenir mon esclave ?"

Le pointant d'un doigt accusateur, elle avait songé à lui offrir le diplome du plus mauvais guide de l'année. C'était beaucoup mieux que de céder à l'envie de lui sauter dans les bras tout simplement parce qu'il lui avait trop manqué pour qu'elle n'y songe pas depuis le début ! Mais elle serait calme, elle s'inscrirait à un cours de yoga puisqu'elle comptait bien rester ici ! Finalement, elle était en progrès. Si elle se mettait à réfléchir à ses actions, elle pouvait sans doute remercier Junpei pour provoquer un chamboulement dans sa pauvre petite tête.
Vous l'imaginez ? Lui sauter au cou avant de se reprendre pour tenter de se la jouer classe ? Et la fierté dans tout ça ?
Et l'envie de faire ce qu'elle avait réellement envie de faire ? Elle y avait déjà obéit en venant ici. Elle pouvait se calmer pendant un petit moment non ?
Mais faire comme si de rien n'était... ce n'était pas mieux. C'était le genre de choses qui mettait plus mal à l'aise qu'autre chose. Plus on le faisait, plus on se posait des questions, plus on avait peur.
Génial, un véritable cercle vicieux. Un jour, elle remerciait Junpei pour avoir croisé sa route.
Un jour, elle le remercierait vraiment pour être tout ce qu'il était pour elle.

"T'as un amoureux à l'école ?", "Non, les garçons c'est trop nul ! Ya qu'à regarder Mayuko pour comprendre è__é".
Dans le genre "je préfère finir ma vie sans amour parce que les garçons ça sert à rien !", on trouvait mieux. Entre la primaire et aujourd'hui, il y avait une nette différence. Voilà, à elle on pourrait lui donner le diplôme "d'amoureuse à vie". Junpei avait de la chance avec celui de guide déplorable è__é.
Elle s'était fait avoir sur la distribution des rôles ! Elle allait en toucher deux mots à la personne responsable et embaucherait un géant pour lui refaire le portrait.

Bon, si elle ne pouvait pas lui faire un calin, elle avait le droit de le frapper non ? Juste pour prouver qu'elle pouvait attendre sa tête è__é. Non mais oh, c'est qu'il la provoquait le petit Jun-chan. Elle le savait, elle aurait du le tuer pendant la sieste quand ils étaient petits ! On ne faisait jamais les bons choix quand on était enfant. Et ses parents ne l'avaient même pas conseillé ! Elle leur en voudrait toute sa vie pour ne pas lui avoir fournit d'arme à feux pour aller aux dortoirs !
Dans une expression contrariée, elle avait posé son sac dans un "très bien" qui sonnait comme un "finissons en".

"Toi et moi, dehors !
...
Merde ! Gomen Junpei-chan. Te faire dominer par une fille, ça va ruiner ta réputation. Vas y, pars en courrant. Je dirais pas à plus de dix personnes que t'as fuis, c'est promis ^o^.
AH AH AH !"

Ouais, elle aussi elle savait rire. Même si ces rires là étaient forcés juste pour l'embêter.
Perdre son temps. Dans le fond, c'était un peu douloureux, mais comme à chaque fois, elle préférait se la jouer.
Hochant la tête, elle lui avait tapoté l'épaule dans un:

"C'est clair. Il y a des excellents hôpitaux pour les personnes handicapées de nos jours tu sais. Si tu veux, on peut aller t'inscrire."

Il était trop cruel, elle allait vraiment le tuer un jour. Dire cette phrase... elle était repartie dans les éternelles questions. Le "je lui ai manqué ?" avait été remplacé par un "je lui ai manqué au moins un peu ?". Mais à quoi bon ? S'il avait finit par l'oublier, c'était normal certainement. Elle, elle était juste trop bizarre à penser toujours à lui.
Se concentrer, elle devait se concentrer pour ne pas partir là où elle ne voulait pas aller. Juste être Miho, au moins ne pas montrer la confusion qui régnait en elle.

"O__O, jte crois pas ! Ou alors, t'as du casser autre chose ! Vite ! Un hôpital ! Je crois que c'est la tête cette fois ci !"

Ce souvenir dans cette cuisine. Aujourd'hui, c'était amusant de s'en rappeler. Comme chaque souvenir qu'elle avait avec elle, elle le trouvait agréable, elle ne voulait pas l'oublier et le garder précieusement en elle.
Mais à cette époque, elle avait eut peur de se prendre le sermon de sa vie en rentrant à la maison. Même si le lendemain, elle s'était moquée de lui en racontant à tout le monde qu'elle lui avait fait ça lors d'un combat. Et quand tout le monde avait finit par croire à son histoire. Elle révèlait que ce pas doué était tout simplement tombé !
Combien de fois elle lui avait sortit pendant la récré: "Hey Mayuko, on fait la course ?". Juste pour l'embêter parce qu'il ne pouvait ni courir, ni jouer comme les autres enfants. Les béquilles en primaire, ce n'était marrant que pour qu'on nous porte le cartable ou s'amuser avec les premiers jours.

Pour le coup, on pouvait dire qu’ils étaient perdus de chez bien perdu! Et cons de chez très con aussi… Tous deux avec des questions pleins la tête, tous deux avec certaines appréhensions et un besoin de s’en parler pour mettre tout ça bien au clair et se sentir moins mal alaise et tous deux incapables d’aborder le sujet. Il le faudrait bien pourtant. Junpei devrait faire un homme de lui, choper Miho par les couettes ((ça faisait homme de préhistoire, mais bon, vive l’originalité!)), la traîner dans un coin et lui dire de but en blanc : « Miho il faut qu’on cause. » Ce n’était pas si dur dans un sens. Surtout pour le passage des couettes, il l’avait déjà fait en primaire… et ça lui était valu une sévère punition. Le ménage de toute sa classe et celle de la demoiselle. Tout ça à cause de ses fausses larmes de crocodiles. La sale petite manipulatrice. Tout le long de cette punition il avait visualisé sa tête en train d’exploser! Et il avait aussi préparé sa vengeance.

Mais bon, ces histoires de gamins étaient bien loin. Il fallait plutôt se concentrer sur ce sujet qu’il fallait aborder et avec lequel Junpei jouait au ping-pong dans son esprit. Sa conscience lui envoyait le truc en disant « Fait le Peipei aller!! » et lui le renvoyait en disant « NEVER!!! ». Bref, lutte acharnée entre Peipei et Peipei. On verra bien qui gagnerait! ((Moi je mise sur Peipei et vous? =p)) Enfin, la fight mentale battait son plein et Junpei résistait encore et toujours à l’envahisseur tel un gaulois, mais sans la potion magique. Fort le Peipei

Peut-être pas si fort que ça en fait… parce que pour pouvoir se battre à la fois contre sa conscience et contre Miho, là, il lui aurait fallu la fameuse potion. Pourquoi se battre contre Miho? Bha en fait il ne fallait pas vraiment qu’il se batte contre elle, mais plutôt contre son petit cœur. Il la regardait jouer sa fière, comme avant et là, comme avant justement, une petite pensée lui venait du genre : kawaii….
Mais il ne fallait pas. C’était mal de trouver une fille autre que sa copine kawaii. Oui c’était mal!! Et puis il suffisait d’une petite moue pour que ça recommence. Kawaii ^^. Non, non Peipei, stop!! Pas kawaii. Manipulatrice! Oui voilà, manipulatrice. Bref… ceci était un cercle vicieux et sans fin. Comme la partie de ping-pong mentale qui se jouait toujours.

Si elle était restée aux États-Unis? Eh bien Junpei n’aurait eu qu’un problème au lieu de deux. Soit de devoir à la fois gérer cette « crise » de jalousie que kana lui avait faite et ce retour très surprenant et totalement imprévu. Même si ça ne changeait pas ce qu’il ressentait pour Kana, ça le ramenait trois ans en arrière, avant que Miho ne parte. À ce moment, il était très amoureux d’elle, on ne pouvait le nier. Et ils ne s’étaient pas séparés parce que ça ne fonctionnait pas entre eux. Ils ne s’étaient même pas dits que c’était fini pour toujours en fait. C’était un simple Sayonara qui sonnait avec un petit fond de « en espérant te revoir… » Et c’était aujourd’hui qu’il la revoyait.

Certes, malgré un début difficile, il n’était pas resté là, les bras croisés à chialer sur son triste sort. Il s’était fait à l’absence de Miho même s’il ne l’avait jamais réellement acceptée. Voilà ce qui le chamboulait le plus en fait. Il ne l’avait jamais accepté. Être séparé d’elle de cette manière. Que ses parents n’y portent pas un peu plus attention. Qu’une histoire qui était à peine commencée soit ainsi interrompue… il n’avait pas pu abandonné, rejeter cette idée. Non… il n’avait pas pu. Peut-être aussi pour ça qu’il ne disait pas « je t’aime » aux autres filles. Il n’avait jamais dit à Miho « je ne t’aime plus ». Alors il ne pouvait pas dire à une autre qu’il l’aimait. Il pouvait le penser, mais pas le dire non. Le dire était comme une trahison. Il devait être cinglé à voir des trahisons dans tout, ne? XD

Aimer Miho? C’était la véritable réponse qu’il fallait avoir, non? En effet. Il aimait toujours Miho oui. Profondément. Mais la Miho de quatorze ans qu’il aimait toujours était-elle la même que la Miho de dix-sept ans qu’il avait en face de lui? Ça c’état la question sans réponse qui rendait l’obtention d’une réponse à « l’aimait-il? » impossible. Et mine de rien, Junpei sentait que dans toute cette histoire quelqu’un finirait par être blessé. Si Miho l’aimait et qu’elle n’était plus celle que lui aimait, elle serait blessée. Si lui l’aimait toujours et qu’elle ne l’aimait plus, il serait blessé. Si tous deux se retrouvaient vraiment comme trois ans au par avant… Junpei aurait un choix à faire. Un choix lourd de sens qui blesseraient l’une des deux brunettes qui hantaient son cœur. Le premier amour contre l’amour actuel. Le ténébreux en avait déjà un vertige alors que rien n’était encore joué. Comment choisir? Comment savoir lequel comptait le plus? Où était-il dit, voilà Junpei, c’est elle et pas l’autre. S’il venait qu’à devoir faire un choix, il n’était pas certain qu’il pourrait y arriver…

Et tout ça lui foutait un mal de crâne phénoménal! Il en avait les temps qui élançaient. C’était chiant tout ça, pourquoi Miho ne disait-elle pas de conneries là? Il avait beaucoup trop de temps pour penser même si en fait tout ceci ne durait que quelques instants à peine. Il fallait arrêter là. Ne plus penser. Miho était revenue. Il la connaissait depuis longtemps. Ils étaient amis. Ils avaient vécus des choses très spéciales, les premières fois ne se font qu’une fois dans la vie après tout, ensemble, certes, mais elle était une amie. Juste une amie de longue date. Une amie très chère qui était de retour. Il fallait qu’il s’en tienne à ce raisonnement avant de devenir totalement aliéné.

Elle se briserait une dent et Junpei finirait par se brûler à jouer avec le feu… Ils faisaient toujours aussi bien la paire en tout cas, en effet, c’était une certitude.

-Devenir ton esclave? Tu t’attends à quoi là? Que je te construise un hôtel de prières? Que je fasse un communiqué pour annoncer ton retour? Que je te suive comme ton ombre pour t’apporter de l’eau si jamais t’as soif? Que je te lasse tes chaussures? Que je rampe pour un oui pour un non? Que je proclame haut et fort mon amour pour la reine que tu es dans la cours à l’heure du dîner?

Et on s’arrête là…. **Baka** Eh oui… il ne pourrait jamais s’en sauver. Il fallait toujours qu’il en rajoute, qu’il empire, qu’il tourne le couteau dans la plaie. Surtout avec la dernière phrase. Proclamer son amour… certes, le truc était totalement ironique, du moins dans le ton et l’intention de départ. Mais remis dans son contexte, remis en situation ô combien complexe qui venait de prendre naissance depuis le premier instant où il avait posé ses yeux sur elle aujourd’hui, le truc portait à une grande gêne qu’était justement en train de ressentir Junpei. Les mots avaient totalement dépassé sa pensée et, maintenant, comment faire pour se rattraper?

-Hum, enfin… Roh c’est de ta faute tout ça!! Je l’ai fait mille fois cette foutue visite guidée, mais c’est la première fois que ça me semble tellement compliqué!!! Ta foutue faute oui! Je pensais pas que te revoir serait encore plus difficile que te regarder partir!

BOUM! Eh voilà. Après quinze minutes à se retenir, la bombe venait de sauter à la gueule de Miho. Le sujet était lancé. Elle était de retour et c’était un énorme chamboulement pour Junpei. Voilà qui était maintenant dit et su par la brunette. Il devait maintenant se préparer mentalement à entendre ce que elle ressentait face à cette même situation. Et il finirait aussi par lui parler de Kana. Il le fallait. Junpei était loin d’être un pourri. Jouer dans le dos des gens, jamais. Alors Miho saurait pour Kana et inversement. Dès que le sujet serait abordable, parce que lui lancer le truc là comme ça : « Au fait j’ai une copine depuis peu! », pas sûr que ça soit la meilleure façon de faire.

Lui et elle, dehors? Pourquoi? Pour qu’elle se fasse traîner dans la poussière? **Michant Peipei, on tape pas les filles voyons** Roh, mais il n’avait pas l’intention de lui taper dessus. De toute façon il n’avait pas besoin de ça pour lui faire manger une poigne de pelouse! =p Mais plutôt que d’empirer le truc puisqu’il avait déjà empirer bien des choses, Junpei se contenta de ressortir sa tête de : =____=. Se faire dominer par une fille? M’ouais, rêve jeune fille tant que tu peux. Ça par contre, il ne pouvait le laisser passer.

-As-tu seulement pu dominer une seule chose dans ta vie avant d’évoquer ça avec moi?

**Elle t’a dominé, toi, le jour où elle s’est ramenée avec un nouveau bikini l’été avant qu’elle ne parte!** Maudite conscience qui continuait d’être contre lui. Ce genre de domination ne faisait pas partie de ce qu’il voulait dire! Entre se faire terrasser dans une bagarre et saigner du nez parce qu’elle était trop jolie dans son nouveau bikini… Il y avait une forte nuance à faire!!!

Oui Junpei était fort cruel là. Et il sentait que ça n’avait pas laissé Miho indifférente. Il la connaissait par cœur. Ce léger soubresaut… elle avait dû être choquée de l’entendre dire une telle chose. Ce pourquoi il ne pouvait laisser le truc comme ça, il fallait qu’il s’explique, même si c’était un peu maladroitement.

-Je… gomen, c’est pas ce que je voulais dire… C’est cette situation, ça m’a scié les jambes… ‘Fin… Je suis content, Miho-chan, vraiment content de te revoir.

**Bon une bonne chose de faite!!** Oui, mine de rien, ça libérait un peu Junpei. Enfin il avait osé le dire! Bon, c’était de manière peu assurée et pas crié non plus, mais au moins c’était dit. Maintenant il avait l’esprit un brin plus tranquille, même si rien n’était encore réellement abordé.

-J’ai fait enflé le pied de Ma-chan, je me suis brûlé souvent, je me suis éclaté les orteils, je me suis pris des portes d’armoire en travers de la tête, mais non rien d’autre de cassé! Comme quoi tout est possible!

Ouais les béquilles =_____=
Elle avait été une sacrée emmerdeuse avec ça! Mais il fallait voir un bon côté à toutes choses dans la vie. Que pouvait bien être le point positif aux béquilles? Oo
Elle avait eu son lot de coup sur la tête la gamine durant ces deux mois.

S'il avait quelqu'un d'autre, est-ce qu'elle pourrait se contenter de rester là en tant qu'amie ? En temps normal, elle avait tendance à ne pas baisser les bras facilement et à s'entêter quand elle voulait quelque chose. Ici, ce qu'elle voulait c'était être avec Junpei. Pouvoir se dire qu'ils avaient perdu trois ans, mais que ce n'était pas si grave puisqu'aujourd'hui, ils étaient ensemble.
Mais ici, elle ne pouvait pas réellement faire sa mauvaise tête non ? S'il avait refait sa vie, elle devait l'accepter sans broncher parce qu'ils ne s'étaient pas vus pendant trois ans. Le laisser vivre sa vie et se la jouait grande amie comme si tout allait bien. Faire semblant de pouvoir reprendre sa vie alors qu'elle penserait toujours à lui. C'était sa seule solution de toute manière. Elle ne voulait plus partir, elle voulait restée ici même si c'était l'acte le plus maso qu'elle ait fait de toute sa vie.
Des belles paroles tout ça.... Mais elle n'était pas sûre d'en être capable. Au final, elle se comporterait peut être comme une sale égoïste et ferait tout pour le récupérer.

C'était la dernière des choses à faire. Elle devait accepter. Faire un gros effort sur elle même et se la fermer. Parce qu'elle avait de la fierté, elle dirait probablement qu'elle avait un petit ami aux Etats Unis elle aussi, un mensonge dans ce genre. Il se demanderait alors pourquoi elle était partie. Et elle répondrait qu'il comptait la rejoindre l'année prochaine et qu'ils se verraient de temps en temps en attendant.
Parce qu'elle avait de la fierté, et parce qu'elle le connaissait bien. Elle ne voulait pas devenir l'ex qu'il regarderait avec pitié en éprouvant des remords. Même si cette solution était définitivement celle qu'elle aimait le moins.
Pourquoi Yuki n'était pas un mec ! Elle aurait pu se faire passer pour son petit ami x__x. La vie était si cruelle avec elle quand elle pensait à un odieux mensonge.

Est-ce qu'elle lui en voudrait ? Probablement, elle avait mauvais caractère. Mais dans le fond, elle saurait qu'il n'avait rien à se repprocher. Ce serait elle l'idiote dans l'histoire, celle qui n'était pas capable d'oublier "l'amourette d'adolescents" dont parlait son père. De temps en temps, ce dernier se moquait en lançant que ce n'était pas si terrible les Etats Unis, et qu'elle avait finit par oublier Junpei. Ce qu'un père pouvait être parfois crétin. En fait, c'était simplement qu'il ne la connaissait pas si bien que Junpei ou Yuki. A cause de ça, ce serait bien difficile de mentir au guide qui se trouvait à ses côtés.

Le jour où son avion avait décollé, elle n'avait que 14 ans. A cet âge, on se disait des trucs genre: la distance ne changerait rien, on se retrouva. Mais dans son avion, elle avait déjà commencé à avoir peur. Elle savait très bien qu'en partant, elle risquait de ne jamais le revoir. C'était sans doute parce que, pour elle, leur histoire n'avait rien à voir avec une amourette d'adolescents. Elle l'avait toujours pris au sérieux. La grande Miho qu'elle était avait pleuré et avait eut beaucoup de mal à s'habituer à ce nouveau pays. S'il n'y avait pas eut Yuki, elle n'aurait sans doute fait aucun effort en se contentant de rembarrer les gens pour rester toute seule dans son coin. Par fierté, elle se souvenait s'être dit qu'elle ne se ferait aucun ami là bas ! Que les personnes à qui elle devait tenir, elles se trouvaient au Japon.
Elle s'était fait des amis, elle n'avait pas tenu cette promesse. Mais elle n'avait jamais ressentit ce qu'elle ressentait il y a trois ans ou encore aujourd'hui.

Certaines fois, elle avait pensé à lui écrire, prendre des nouvelles ou simplement lui dire qu'elle avait envie de le revoir. C'était sans doute une erreur de ne pas l'avoir fait. Mais quand on était Miho, on en faisait pas mal tout ça parce qu'on avait mauvais caractère.
Elle n'avait rien fait, rien envoyé. En revanche, quand son père parlait des Mayuko à table, elle écoutait toujours se donnant l'air de ne pas le faire. Rien que savoir ce que faisait Junpei lui avait manqué. Alors, elle s'était raccrochée aux nouvelles données de temps en temps par son père, à table.
Les jours avaient passé, et elle avait compris que son attitude n'était pas normale. Elle avait essayé de changer, de se faire à son nouveau pays en se disant que cette histoire était du passé. Avec sa mauvaise foi, elle avait pensé que puisqu'il ne lui donnait pas de nouvelles comme si elle en donnait elle même, elle devait oublier et repartir de zéro aux Etats Unis.

Alors, un autre lui avait pris la main, et elle avait pensé qu'elle préférait tenir celle de Junpei. Elle était allée au parc d'attraction avec un petit copain, et elle avait pensé qu'elle aurait voulu y aller avec Junpei. Voilà à quel point elle était un cas désespéré. La grande Miho qui se la jouait indépendante et fière... elle n'était pas capable de faire sortir une personne de sa vie.
Elle avait finit par faire avec. En se disant que ça finirait par lui passer jusqu'au jour où elle était retombée sur d'autres vielles photos. Elle avait compris qu'elle aurait toujours envie de le revoir. Elle était descendue et avait annoncé à ses parents qu'elle voulait rentrer au Japon ne donnant qu'une vague raison à propos d'études. Têtue, ils avaient finit par lui céder et elle avait pris l'avion en pensant simplement à le revoir.
Voilà comment l'impulsivité pouvait mener à la situation actuelle.

Il était sensé lui montrer sa nouvelle école, mais ils ne faisaient que se chercher comme deux gamins comme ils avaient pu le faire pendant des années. Elle aurait pu regarder son casier avec plus d'attention, poser au moins son sac dedans, faire quelque chose. Mais elle en revenait toujours à le regarder lui avant de lui envoyer une taquinerie.
Le résultat serait qu'elle se paumerait pendant toute l'année dans ce nouveau lycée... ce qui irait parfaitement avec son côté paumé actuel justement.
Elle avait d'abord sourit, pensant répondre un truc du genre "c'est exactement ce que je veux !", quand il aurait finit de parler. Mais il avait finit, et elle était restée silencieuse. Ok, ça c'était définitivement gênant ! Elle le remercierait un jour pour avoir détendu l'atmosphère de cette manière. Elle l'aurait bien applaudit ou fait quelque chose dans le genre. Mais là, tout de suite, elle ne voyait pas trop quoi répondre.
Un truc rien qu'à truc. Minute ! C'était à lui d'arranger la situation ! C'est lui qui avait merdé ! Il devait changer de sujet et...

"..."

Ce n'était pas exactement ce qu'elle appelait changer de sujet. C'était plutôt ce qu'elle appelait rentrer dans le vif du sujet. Ce gamin n'avait pas compris les grandes priorités d'une visite guidée comme celle ci.
D'accord, il fallait bien que l'un des deux le fasse un jour. Il était simplement moins stupide de le faire le premier. Mais elle aimait moins cette version du Junpei moins stupide qu'elle !
Elle avait finit par baisser les yeux. Si elle était dans un jeu vidéo, elle voyait parfaitement le "you loose !" au dessus de sa tête. Elle n'était pas blessée. Elle comprenait. Il n'avait pas voulu dire qu'il n'était pas content de la revoir. Elle le connaissait depuis assez longtemps pour intérpreter cette phrase.
Fuir le sujet était tentant. Mais maintenant qu'il était lancé, ça ne servirait à rien de l'esquiver.

"Gomen. Je comprends. C'est assez difficile pour moi aussi. Mais, je suis contente d'être revenue. Je pense que mon retour est plus facile que mon départ pour moi."

Un point pour l'honnêteté, moins un sur la fierté. Junpei paierait cher ce saccrifice une fois que l'ambiance serait moins lourde ! Elle allait vraiment tenter de l'enfermer dans son casier, même s'il était trop grand.
Pour lui, il y avait quelque chose de différent qu'elle ignorait. Revenir était moins difficile pour elle... sûrement parce qu'elle l'avait décidé, même si c'était de manière assez brusque.
Elle ne partirait que s'il lui demandait de le faire. Elle s'était promis en revenant de ne plus le laisser derrière elle. Qu'importe la nature de leur relation, elle voulait rester là et savoir ce qu'il faisait sans avoir à écouter discrètement une conversation à table où elle n'apprenait pas grand chose.

Heeeyyy ! Mais elle pouvait le dominer quand elle voulait è__é. Ok... peut être pas sur le plan physique, elle savait, elle allait comprendre à force. Quoique, il existait toujours des coups bas ^o^. Alors ça Miho, c'est vraiment vilain. Oui, mais c'était lui qui avait cherché ! Ou elle qui avait commencé. Bon, il était en tort, elle en était sûre !
Posant un doigt sur sa bouche dans un air réfléchi, elle avait tenté de faire une liste:

"Baaah... ya eut la fois où tu t'es fais punir parce que j'avais déclenché l'alarme incendie, le coup de la cuisine, le jour où j'ai mis du poil à gratter dans tes habits pendant la sieste, sans oublier la fois où j'ai coincé la porte des toilettes de l'école alors que tu voulais y aller. Je continue ou tu déclares forfait ?"

Bon... il avait peut être gagné d'autres fois è__é. Et d'autres fois quand ils étaient plus grands. Mais on était vraiment obligé de le préciser ? On pouvait tout simplement ignorer d'autres anecdotes pour ne prendre que celles qui l'arrangeaient. Donc le coup du bikini ^o^.
Elle n'était peut être pas bien grande, mais au moins, elle avait du style en manière de domination !

Voilà ! C'était exactement pour ça qu'elle disait qu'il appartenait à la catégorie à laquelle elle avait du mal à mentir. Et ça ne l'arrangeait pas tout le temps.
Relevant les yeux, elle les avait tourné quelques secondes plus tard vers son casier. Elle n'était pas gênée ! Elle aimait juste beaucoup son casier x__x.
Et elle avait beau beaucoup aimé son casier, qu'il le lui dise... ça lui faisait plaisir. Hochant la tête, elle avait finit par dire comme si elle parlait à son casier:

"Moi aussi..."

1,2,3, DIS LE:

"TU M'AS MANQUE... Junpei..."

Yaaaaaah, son casier s'appelait Junpei. Non... ce n'était pas ça... Yaaaaaah, elle l'avait dit ! Et bah, elle était aussi nulle que Junpei pour rendre une atmosphère moins gênante. Mais au moins, elle était parvenue à dire quelque chose qu'elle avait réellement envie de dire.
Bon... elle n'était pas obligée de le crier x__x. Mais c'était une stratégie pour le rendre sourd. Ou alors c'était le stress. Un truc qui se traduisait par: je l'ai trop retenu, c'est sortit tout seul. Génial.
Merci Masao d'avoir été la victime de la malédiction cuisine de Junpei pour l'aider à se reprendre ! Elle lui paierait des cours de guide pour qu'il soit le meilleur du lycée et qu'il obtienne le diplôme d'or du guide !
Rien cassé... mais tout ça... et il disait avoir fait des progrès:

"Dis, tu veux quand même pas que je te félicite ? Ou alors, tu tentes vraiment d'essayer de me faire mourir de rire ?"

N'empêche que s'il ne se cassait plus rien, il n'était plus armé ! Les béquilles une fois, ça lui avait suffit pour comprendre que ce n'était pas si drôle. Des armes redoutables ces choses là !

Junpei avait simplement explosé oui. Il fallait s’y attendre. Il était comme une théière sur le feu. Quand la pression était trop forte, pouf! Oui bon, les théière n’explosaient pas, mais c’était que pur expliquer le principe. Le feu de Junpei était cette constante fuite du sujet. Là, il venait de trop en accumuler. Tout simplement. Il n’avait pas pu se retenir, même si après coup, le fait de se sentir un peu plus léger n’arrangeait absolument rien.

Le fait de lui avoir dit qu’elle le troublait par son retour ne changerait pas le fait que leur relation restait indécise. Ça ne changeait pas non plus l’existence de sa petite amie. Mais au moins ça aurait un point positif s’il arrivait à savoir ce qu’il était maintenant pour elle. Le ténébreux osait croire être encore important, mais il n’était pas certain que cet espoir soit fondé. Si ça se trouvait, elle n’était là que part hasard…

Et puis pourquoi voulait-il croire qu’elle était peut-être là pour le revoir? Junpei était heureux. Il avait encore son ma-chan. Il avait une petite amie adorable, malgré ce froid qui résidait entre eux en ce moment. Il avait les G-Boys. Il avait tout ce qu’il lui fallait! Ne?... Vous lui auriez posé la question tout juste la veille qu’il aurait assuré que oui, avec un grand sourire enchanté. Mais là… Là tout était perturbé par Miho. Le fait qu’elle soit là, qu’il la voit, qu’il puisse la toucher si l’envie lui prenait… On lui reposerait la question qu’il manquerait quelque chose. Il manquerait Miho. C’était certain comme le soleil se levait tous les matins.

Mais il se sentait toujours aussi coupable envers Kana. Et coupable aussi envers Miho de ne rien lui dire à propos de Kana. Junpei ne serait jamais un bon menteur, ça, c’était un fait établi. Il ne pouvait rien cacher aux gens qui lui étaient chers. Mais il avait une certaine appréhension. Il avait peur de la blesser. Après tout ce temps séparer d’elle, la dernière chose qu’il voulait était de lui faire du mal peu importe la manière.

Mais bon, il avait fait le premier pas. Il devait maintenant attendre et voir sa réaction face à ce qu’il venait de dire. Son retour le perturbait. Et elle??
Mais bien sûr que le retour était plus facile pour elle. Elle, elle savait qu’elle revenait! Junpei, lui, venait d’y faire face sans la moindre préparation! Elle disait être contente d’être revenue. Était-ce de revenir au japon? Ou de revenir et le revoir? Il y avait une certaine nuance à faire ici et Junpei était quelque peu hâtif de connaître la distinction.

Le ténébreux ne trouva rien de mieux à faire que d’hocher de la tête comme pour approuver ce qu’elle venait de dire ou simplement souligner qu’il l’avait écouté. Il ne savait pas trop quoi faire maintenant que le pas avait été franchi. Certes c’était un début, mais il y avait encore des choses à aborder. Dès choses encore plus imposantes de par leur nature. Si Miho avait été mal à l’aise d’aborder le simplement fait que Junpei était perturbé de la revoir aussi brusquement, alors il faudrait trouver un endroit où s’asseoir pour la suite!

Le dominer? Réellement ? Pff, tout ça n’était que des plaisanteries de gamins que Junpei avait laissé faire voilà tout! Ça n’avait rien à voir avec de la domination en plus. C’était des coups bas pour la plupart!

-Tout ça ne sont que de viles manipulations! Moi je te parle de vraie domination, pas de petites tricheries de gamine en mal d’attention!

Muhaha et toc!
Junpei, déclarer forfait? Aussi improbable que de dire que le soleil était bleu. Aussi bien dire que jamais Junpei ne s’avouerait vaincu dans cette éternelle guéguerre de deux gosses qui ne cherchaient qu’à attirer l’attention de l’autre.

Et encore une fois, il fallait qu’il perde le contrôle et aille plus loin que ce qu’il aurait voulu dire. Peut-être était-ce une bonne chose au fond. Grace à ce côté trop impulsif du ténébreux, ils arrivaient à aborder les sujets délicats. Car sans ça, nos deux têtes de mules auraient pu tourner autour du pot encore toute une décade!

Bref, il avait enfin avoué qu’il était heureux de la revoir. Et il sentait qu’il venait de la troubler puisqu’elle détourna automatiquement son regard pour le poser sur son casier. Le fait qu’il ne puisse voir son visage lui posait un problème de taille. Il ne pouvait dire si elle était heureuse de cette confidence ou non.

Mais il finit par entendre un petit « moi aussi » suivit d’un énorme « tu m’as manqué ». Ah bha ce n’était pas trop tôt! Après les pertes de contrôles de Peipei, c’était enfin le tour de Miho. Bien bien, au moins maintenant il se sentait moins crétin puisqu’elle se retrouvait dans le même cas que lui. Excellent!

Et du fait de savoir qu’elle partageait son sentiment, qu’elle aussi elle étai heureuse de le voir, Jun ne put retenir un sourire. Vous savez, ce sourire que Masao décrivait comme un sourire trop étincelant qui faisait frissonner? Exactement celui-là, soit le sourire mode « happy day! » de Junpei.

Le féliciter? =____=

-Hey, un peu de compassion pour le maudit quand même! Avoir la malédiction des cuisines, c’est vraiment pas un truc facile à vivre vous saurez mademoiselle.

Le voilà qui jouait sa victime. Normal en même temps, dès qu’il s’agissait de ces foutues cuisines, Peipei était une pauvre victime, c’était tout simplement inévitable!

[Dsl pour la longueur =__= Je sais que c'est pas "si" court que ça, mais bon, entre mon envie de rep et le fait que je sois totalement morte, voilà le compromis XD <333]

Plusieurs fois, elle avait imaginé le revoir. Des fois, c'était au hasard d'une rue aux Etats Unis. D'autres fois, elle avait imaginé son retour. Pendant trois ans, elle n'avait jamais cessé d'espérer un jour le revoir. Pour ça aussi, elle devait être têtue. Elle était incapable de le laisser tranquille. Pauvre Junpei qui l'avait déjà enduré pendant toute ces années. Aujourd'hui, elle semblait déterminer à lui faire supporter sa présence de nouveau ! Elle voulait le regarder et pouvoir lui dire "A demain". Lui dire au revoir une fois lui avait suffit pour ne plus vouloir que prononcer des mots qui voudraient dire qu'ils se reverraient bientôt.
Si elle ne l'avait pas croisé par hasard aujourd'hui au lieu de tomber sur un larbin, elle aurait probablement cédé dans la semaine pour aller le voir sans prévenir. Oui, c'était injuste d'être la seule au courrant ^o^.
Mais même en étant prévenue à l'avance de son côté, elle ne savait pas trop ce qu'elle aurait trouvé à dire. Sans doute les mêmes petites taquineries qu'elle avait dit jusqu'ici. Lui dire qu'elle était ici pour lui, qu'elle l'aimait toujours et que oui elle était effectivement stupide, elle avait peur d'entendre une réponse qui la blesserait. Bien qu'elle veuille savoir, ou tout simplement lui dire ce qu'elle ressentait. Elle avait perdu tout courage dès qu'elle l'avait vu aujourd'hui. A croire que l'amour ne donnait pas des aîles dans ce cas là.
Elle avait peut être une maladie rare. Peut être qu'aimer toujours son premier amour pouvait provoquer la mort. Au rythme où son coeur allait, elle voulait bien le croire. Et si demain on lui disait qu'elle allait mourir si elle ne passait pas à autre chose, elle se résignerait à écrire son testament tellement son cas était désespéré.

Tournant les yeux vers son casier, elle avait semblé réfléchir quelques minutes après que Junpei ait hoché la tête.
Cette visite était inutile. Il était beaucoup trop nul comme guide de toute manière. Apprendre à se répérer dans ce lycée, c'était le cadet de ses soucis. Le sujet délicat était lancé, le continuer était une bonne idée même si elle n'était pas sûre d'être capable de répondre franchement aux questions qu'il pourrait lui poser. Dire des bêtises du genre "bah je viens en cours", plutôt que "Je veux me réveiller le matin et me dire que je te verrais.", c'était tout à fait dans son genre.
D'un autre côté, c'était Junpei... et ce prénom avait suffit plusieurs fois à faire des entorses à son mauvais caractère. Il avait pouvoir sur elle que d'autres n'avaient pas tout simplement parce qu'il était celui qui avait une place si particulière. Il n'avait pas besoin d'autres choses.
Se penchant pour ramasser son sac, elle s'était redressée et l'avait regardé quelques secondes avec hésitation.

"Tu sais quoi ? T'es un trop mauvais guide ! Laisse tomber la visite ! Si tu sèches les cours, fais le au moins sans avoir une image de larbin ! Et puis, on a des trucs plus importants à se dire que l'histoire d'un casier ou d'une dalle !"

Ah non, pas la grosse boule au ventre ! Elle était l'invincible Miho, pas une trouillarde qui se mettait à stresser. Du calme Miho, tu n'es pas obligé de tout lui dire non plus.... Ok, ce n'était pas une réaction pleine de courage.
Ecoute la petite voix, ecoute la petite voix, celle qui vient avec l'âge et qu'il faut suivre. Hum, la petite voix lui disait de ne rien dire et de se la fermer. Elle avait sans doute perdu le droit de parler le jour où elle avait pris l'avion au lieu de proposer une fugue au Mexique.
En revanche, si elle écoutait son coeur, ses envies, elle ne partait pas du tout dans la sagesse. Peu importe ce qu'elle dirait.

Des petites tricheries de gamine... heeey, même pas vrai ! Ou peut être une fois... ou deux... mais pas beaucoup en tout cas ! Bon, il y avait bien eut cette fois où il avait une dent qui bougeait et qu'elle s'était gentimment proposé pour l'aider à l'arracher comme sa grand mère le lui avait pris avec le coup de la porte.
Le faire stresser en lui disant que ça lui avait fait trop mal et qu'il ne valait mieux pas le faire. Partir, et en sortant... claquer la porte x_x. Mais on avait tous quelques moments d'égarements dans la vie !
Et puis, elle n'avait aucun problème de mal d'attention ! Grrr, elle allait vraiment finir par lui sauter sur le dos pour se venger ! Du calme Miho, sois forte

"Je ne vois pas du tout de quoi tu veux parler è__é. Et puis, je préfère le mal d'attention à la voix assez aigue pour entrer dans une chorale !"

Quoi ? Tous les garçons muaient ok.
Nul... il la déconcentrait...

"La prochaine fois, c'est un fil à chaque dent que jte mettrais è_é."

Voilà, il valait mieux choisir un douloureux souvenir plutôt qu'une généralité. Mal d'attention.. elle lui en foutrait des mals d'intention tiens x__x.
Si ça continuait, ils allaient pouvoir retourner en primaire. C'était ça de ne pas évoluer.

Parce qu'elle le regardait, parce qu'il était en train de sourire, elle avait simplement sourit. La situation avait beau ne pas être idéale du point de vue détente. Elle était quand même contente. Parce qu'elle était sûre qu'il n'avait pas menti pour lui faire plaisir, elle savait au moins qu'il ne l'avait pas complètement oublié, qu'il était content de la revoir. C'était suffisant pour lui donner l'envie de sourire au lieu de chercher une nouvelle vacherie à lui sortir.
Oui, ces deux là étaient trop bizarres. Capable de se chercher avant de se sourire la seconde d'après. Mais il y avait bien longtemps que ça ne l'étonnait plus. Elle n'était même pas sûre que ça l'ait étonné un jour. C'était juste normal et elle ne s'était jamais posée de questions de filles du genre: est-ce que ça veut dire qu'il m'agace plus que je l'aime.
Elle n'avait jamais douté.

Elle admettait que sa malédiction ne devait pas être de tout repos. Il fallait le voir à l'oeuvre dans une cuisine pour comprendre. S'il ne devait pas mourir d'une mort naturelle, ce serait probablement dans un accident de cuisine. Au moins, on savait les lieux qu'il devait bannir pour sa survie. Mais comme tout malédiction, on était forcemment attiré dedans. C'était sans doute encore plus dur que les malédictions des films japonais.
Affichant une petite moue de compassion un peu moqueuse, elle avait répondu:

"Pauvre Jun-chan ! Quel tragique destin ! Tu veux que je devienne ton esclave pour que la vie te semble plus agréable ?
Hum, si tu veux, je peux aussi pleurer !"

[Don't worry Pépé <3. Et puis dur pour mon cerveau aussi de se concentrer ce soir]

Junpei aurait pu… il aurait pu durant les vacances, faire sa valise et décider de partir pour les USA. Aller à New York, trouver Miho. Ce n’était pas les moyens qui manquaient ni la façon de la retrouver puisque son père à elle et sa mère à lui gardaient contact pour les affaires. Mais si au début, c’était ses parents qui s’opposaient en disant qu’il était trop jeune pour partir tout seul, par la suite ce fut sa propre peur qui le bloquait dans son geste. Après un an, après deux ans… comment réagirait-elle s’il se ramenait en disant « coucou chérie, je suis rentré!!! »
Pas fort pas fort. M’enfin, c’était un peu ce que Miho faisait en ce moment, mais vous le savez déjà, Junpei était reconnu pour trop réfléchir dans les moments où il ne le devrait pas. Comme pile poil là, alors qu’il avait une envie folle de la serrer contre lui, juste pour s’assurer que ce n’était pas un rêve, sauf qu’il ne faisait rien, pensant tout de suite aux conséquences d’un tel geste sur la situation. Sur eux. Sur Kana… Décidément, le fait de revoir Miho le faisait se sentir très mal à l’aise sur ce plan-là. Il fallait l’avouer, ça n’avait pas été terminé avec Miho et la revoir aujourd’hui lui rappelait tous ces sentiments qu’il avait enfouis en lui pour essayer de supprimer ce manque qu’il avait d’elle.

C’était vraiment difficile oui. Ils savaient tous deux qu’ils devaient en arriver à un « Et maintenant? », mais ils ne voulaient pas. Du côté de Junpei, c’était simple. Toutes les réponses le plongeraient dans un terrible choix entre deux filles excessivement différentes qui pourtant avaient un point en commun : elles plaisaient au jeune homme. Saurait-il faire le bon choix? Saurait-il seulement faire un choix! Juste ça, il n’en était pas certain et recourir au bon vieux pile ou face lors d’un dilemme… pas certain que ce soit approprié dans le cas qui nous occupe.

Une visite peut-être inutile, mais pendant qu’ils la feraient, Jun voyait là une occasion unique de profiter de ces retrouvailles. Il voulait savoir tellement de choses. Si son intégration aux USA avait été difficile. Comment c’était de vivre en Amérique? Les gens qu’elle y avait rencontrés. Qu’est-ce qu’elle avait fait durant tout ce temps? Mais surtout, pourquoi était-elle revenue?

-Je n’ai jamais abordé, l’histoire de la dalle, c’est toi qui l’as fait!

Et toc, dans les dents petite Miho! Elle venait encore de se mettre toute seule dans le pétrin. D’accord, on pouvait admettre que Junpei était doué pour rappeler leurs erreurs aux gens, mais bon, Jun ne serait pas Jun s’il n’était pas un casse-pieds dans ce genre là!
Mais à l’idée de vraiment aborder le sujet de but en blanc, à la simple pensée que maintenant il lui suffisait de lui poser les questions pour connaître les réponses, le cœur de Junpei s’emballa légèrement. Avait-elle trouvé quelqu’un de plus important que lui aux USA? Elle était peut-être de passage durant quelques mois pour rendre visite à sa famille restée ici. Genre sa grand-mère! Un brin de jalousie s’empara du ténébreux alors qu’il imaginait un américain resté sagement aux États-unis et qui attendait sagement le retour de SA Miho. Oui la sienne. Depuis tout gosse il disait qu’elle était SON pot de colle, SON emmerdeuse attitrée. Puis elle avait été SA première petite amie… Elle était sa Miho, ça ne changerait jamais et à l’idée que quelqu’un ait pu prendre sa place auprès d’elle, il avait envie de taper dans un mur.

**Mais toi tu as bien Kana!** Oui, encore une fois, la conscience visait dans le mille, mais ce genre de réactions ne se contrôlait pas. Il avait toujours été légèrement possessif. Miho appartenait à la même catégorie que Masao. Celle où l’on entre, mais d’où on ne sort pas. Il y aurait toujours une place pour elle dans le cœur de Junpei, c’était inévitable.

-C’était comment New York??

Voilà, commençons par du simple. Mieux valait préparer doucement le terrain que de sauter directement à la partie sérieuse qui déboucherait automatiquement sur ce qui serait difficile à aborder.

Oui, des tricheries de gamine! Attendre qu’il soit endormi pour le coup du poil à gratter, ce n’était pas un truc que Junpei qualifiait de très brave jeune fille! Et puis dès qu’il avait fait le rapprochement avec son petit sourire diabolique, elle avait pris ses jambes à son cou la petite! Elle avait toujours plus ou moins agit de façon vile et fourbe, elle ne pouvait que s’en prendre à elle-même que ce reproche lui tombe dessus aujourd’hui. Et puis, ce n’était qu’une question de jours maintenant pour qu’elle recommence avec ses plans de trouillarde, il aurait pu y parier sa chemise!
Oh god! Sa vie allait redevenir un enfer. =____=
Déjà qu’il devait se battre aux repas contre Keiji, il faudrait en plus qu’il affronte Miho. Étrangement, des punaises allaient revenir sur sa chaise, son étui à lunette disparaîtrait comme par enchantement, son coffre à stylos se retrouverait bourré d’encre de manière toute à fait inexplicable… Finalement, l’absence de Miho était le bon temps!!
**Faudrait savoir hein…** Oui bon, un point pour la miss, ça aurait le charme d’être plus stimulant… Mais c’était le seul point qu’il pouvait lui accorder en tout bien tout honneur.

-Elle n’est pas restée aigu si longtemps ma voix alors arrête de la ramener avec ça, sinon je te jure que tu vas y aller dans le casier ma belle!

En plus elle était super grave sa voix maintenant, alors c’était bon elle pouvait changer de disque hein. Et tellement il était fixé sur la partie qui concernait sa voix maintenant mature, Jun n’avait même pas remarqué qu’il avait tout naturellement employé le « ma belle » pour la désigner. Tout naturellement parce qu’il en avait l’habitude… avant…

Il avait sourit. Elle avait sourit en retour. Un petit silence s’était installé. Pas si gênant sur le début. Jun en profitait simplement. Le sourire de Miho était une chose qu’il avait longtemps prié pour revoir et voilà que c’était fait, enfin.
Non, leur attitude n’avait rien d’étrange. Ils se comprenaient simplement. Peu importe ce qui se passait, ils arrivaient à se comprendre. Ce n’était pas comme avec Masao où un simple regard suffisait. Avec Miho, Junpei réagissait à l’instinct. Comme s’il avait été conçu pour lui répondre comme il le fallait en toutes circonstances. Mais bon, ça c’était absurde. On ne naissait pas pour accompagner quelqu’un d’autre tout de même!
Et le silence qui s’étirait commençait à trop durer justement. Ce pourquoi, Jun finit par émettre un petit toussotement, comme si c’était la raison de son silence jusqu’ici avant de le briser.

-Tu voudrais voir un truc en particulier? N’importe quoi, question que j’ai l’air de faire mon boulot si jamais on nous croise.

Ouais imaginez Peipei prit en train de faire du zelle! La rumeur qu’il était en train de draguer ferait le tour de l’école avant l’heure du déjeuné. Même si ça, Miho ne le savait pas. Elle ne savait pas non plus qu’elle serait sans doute connue dans deux jours pour être une grande amie de Junpei qui était revenue des USA. Le ténébreux ne savait pas comment, mais apparemment, il y avait toujours du monde pour trouver les réponses aux questions générales. Et l’une d’elle, bientôt, serait « c’est qui cette petite brune avec Mayuko qui a l’air de trop bien le connaître? ».

Ouais, cette malédiction lui en faisait voir de toutes les couleurs! Mais bon, mine de rien, après dix-huit ans, on s’y fait un peu. Les coups sur les orteils font mal, mais après, point positif : se faire écraser le pied au foot n’est pas si douloureux que ça! Et il avait une bonne raison pour être dispensé de cuisiner! Il pouvait même demander à se faire servir sans qu’on le traite de paresseux quand l’envie lui prenait de ne plus bouger.

-Si tu pleures, je ne te connais plus, tu es prévenue. J’ai une réputation à tenir moi!

Ouais, y’a une marge, foutre la honte à Peipei dès le premier jour, franchement… Un peu de tenue jeune fille!
Elle rigolerait sans doute au sujet de sa réputation et même s’il l’avait abordé de manière peu sérieuse, c’était on ne peut plus vrai. Il avait vraiment une réputation à tenir même si elle ne le savait pas encore. M’enfin, elle devait se douter que comme lorsqu’ils étaient plus jeune, Junpei était populaire, mais à ce point-là? Pas certain qu’elle le réalise vraiment, du moins pour le moment.

Maintenant, la visite nulle d'un lycée... ça lui semblait tellement mieux. Mais il était trop tard pour faire marche arrière. Et ce sujet, il fallait bien qu'il l'aborde un jour ou l'autre. Elle aurait simplement souhaité ne pas avoir autant peur de le faire. Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle même. C'est elle qui revenait brusquement comme si de rien n'était. Elle devait s'y attendre, Junpei était peut être parvenu à la faire sortir de sa vie en trois ans. Si c'était le cas, elle n'aurait plus qu'à se la jouer avant de rentrer chez elle pour se la jouer dépressive devant une série complètement bidon.
Elle ne téléphonerait probablement pas à Yuki. Elle garderait le chocolat et la déprime pour elle toute seule jusqu'à ce que ce soit trop dur de ne pas en parler à quelqu'un, comme d'habitude. Pour ça, Yuki était réellement la bonne amie. Patiente, elle attendait toujours que Miho fasse le premier pas pour parler. Elle était toujours là pour l'écouter et elle connaissait assez bien son amie pour savoir qu'elle était une sacrée tête de mûle quand il s'agissait de parler de sujet plus douloureux.
Un jour, brusquement, l'envie lui prendrait de parler, et Yuki serait là dans les cinq minutes qui suivraient. Comme Miho le ferait pour Yuki si les choses tournaient mal pour elle. Dans sa valise, elle avait amené une américaine formidable et sa stupidité. Comme quoi, il y avait encore de l'espoir !

Si Junpei était parvenu à recommencer... est-ce qu'elle en serait capable aussi ? Ou est-ce qu'elle devrait rester la pathétique Miho x__x ? Le problème dans tout ça, c'est qu'elle ne serait probablement determinée à l'oublier. Elle et son obsession des personnes chères... c'était quelque chose !
Heureusement, pour compenser ce côté mignon, elle avait sa grande gueule légendaire x__x.

S'il n'y avait que ça.
Levant un sourcil en dévisageant Junpei, elle avait regardé le sol comme si elle ne voyait pas où il venait en dire. Ok, c'était elle qui en avait parlé à la base. Mais il fallait bien trouver un sujet de conversation moins gênant. Finalement, elle avait l'intelligence ^o^. D'accord, ce n'était peut être pas le moment de se vanter. Mais elle préférait le faire plutôt que d'en venir à une question essentielle qui lui apporterait peut être une réponse assez douloureuse.
Relevant les yeux vers lui, elle avait dit d'un ton moqueur:

"Aaaah... cette dalle ! Excuse moi, comme j'ai vu que tu jouais le larbin, j'ai essayé d'avoir l'air gentil en trouvant un sujet de larbin. J'essaie de m'adapter ^o^"

A dire vrai, elle était du genre à être possessive comme Junpei. Simplement... après trois ans, elle se sentait obligée d'accepter la potentielle petite amie de Junpei. Parce qu'elle était partie, et parce qu'elle revenait. Accepter... à certaines conditions. Elle se donnait le droit de la maudir, de la fusiller du regard et de teindre ses cheveux en rose. Non, c'était mal ! Après, Junpei lui ferait la tête ! Mouais... et aussi parce que l'autre n'y était pour rien x__x. Mais elle n'avait pas envie d'être un ange non plus !
Elle pouvait très bien la prendre en photos pour s'entraîner aux flêchettes sur l'image. C'est vrai, dans une grande maison, fallait bien se trouver des occupations.
Hum, penser à ce qu'elle pourrait bien faire dans ce cas là... un peu précipité, un peu maso. Elle avait tout le temps de se torturer avec ça s'il existait bien une remplaçante à sa place. Pour l'instant, c'était le moment du stress, de la petite boule au ventre et du coeur qui bat trop vite. Voilà, à chaque heure sa période.
Aaaah, pourquoi les choses ne pouvaient elles pas être plus simples. Du genre: on se retrouve comme hier, pas de gêne, juste nous deux et le reste on s'en fout. Parce que ça sonnait trop vieille chanson et que les chansons n'étaient que de la publicité mensongère !

New York.... New York, elle ne pouvait pas dire que c'était nul. Elle avait rencontré des gens et surtout Yuki. Mais le grand problème de New York, c'est qu'il n'y avait pas de Mayuko Junpei là bas. Le grand problème de New York, c'est qu'on ne pouvait pas marcher quelques minutes et se retrouver devant lui pour passer l'après midi avec lui. Voilà ce qui n'allait pas à New York. A New York, elle ne pouvait pas parler de dalle avec Junpei, elle ne pouvait pas le prendre par la main ou l'encourager pendant une perte de "chieuse attitude".
Pour elle, voilà comment pouvait se résumer ses trois années.

"C'était... assez bien. Assez bien pour que je reste, mais pas assez pour que je revienne là. New York... c'était pas Tokyo. Des cours, des amis, une vie normale... mais ce n'était pas Tokyo."

Sans le quitter des yeux, elle avait fait son propre résumé codé de New York. Elle ne savait pas si la télépathie marchait, mais elle savait que la fierté marchait toujours chez elle. Imaginez un peu le: "Je voulais te revoir" qui trouve en réponse un "J'aime quelqu'un d'autre". Pas génial pour retomber sur ses pieds niveau fierté. Plus aucuns mensonges n'étaient crédibles.

"Mon père est plutôt content. Il est resté là bas. Je suis venue avec ma mère, mais elle repart la semaine prochaine.
Et toi ? C'était comment Tokyo ?"

Tout ce dont elle était sûre, c'est qu'il avait du passer une grande partie de son temps avec Masao. Les deux inséparables. D'ailleurs, il ne devait pas être bien loin aujourd'hui encore. Elle les voyait mal se quitter. Partir pour New York en sachant qu'il y avait toujours Masao, ça avait un côté rassurant. Et puis, elle avait pu imaginer les deux plusieurs fois ensemble. Il y avait au moins une chose dans sa vie dont elle était sûre, ça ne pouvait pas avoir changé.
Mais pour une autre place. Elle se l'était peut être fait piquer par une inconnue venue de nul part. Est-ce que Yuki lui proposerait son aide pour la tuer ? Hum, Yuki pouvait avoir un passé douteux en y réfléchissant. Avec sa classe naturelle, elle avait peut être travaillé pour la mafia.

Un sourire malin sur les lèvres, elle avait semblé réfléchir quelques secondes. D'accord, il n'y avait pas besoin de réfléchir sur ça, il était évident que sa voix était plus grave. Il avait une voix d'homme, pas de choriste. Mais entendre revenir les anciennes habitudes... ça lui faisait plaisir. Au moins, il y avait certaines choses auxquelles elle avait toujours le droit. Peut être que ce n'était pas voulu, peut être n'avait il pas remarqué. Mais l'entendre, ça la faisait revenir à d'autres souvenirs.

"Tu oserais pas. Après, tu serais en pleurs de plus avoir la grande Miho Nakamaru ^o^. Et puis, t'as pas à avoir honte, les choristes ont des vies... interessantes !"

Mouais. Avec la voix grave qu'il avait maintenant, elle doutait qu'ils puissent y chanter à moins d'être placé avec les voix graves. Junpei avait tout de l'homme... malheureusement. Il avait du pas mal plaire aux filles pendants ces trois années. Elle aurait nettement préféré qu'il devienne moche jusqu'à son retour, ça lui aurait évité d'avoir ce genre de pensées maintenant. Il n'avait pas le droit d'être beau quand elle n'était pas là è__é. Pourquoi elle ne l'avait pas forcé à faire de la chirurgie esthétique avant de partir histoire de préparer son retour ? On pensait toujours aux bonnes idées après.

C'était assez pertubant. De pouvoir le regarder, de pouvoir lui sourire, mais de ne pas pouvoir se jeter dans ses bras pour la simple et bonne raison qu'elle en mourrait d'envie. Parce qu'elle était revenue, parce qu'il lui avait manqué et que désormais elle pouvait le faire. Alors qu'elle en avait tellement rêvé, elle ne pouvait même pas le faire, elle n'osait même pas le faire. Tout cette situation était trop étrange. Junpei était le meilleur pour penser à briser ce silence. Au moins, ça l'empêcherait de penser à des choses irréalisables pour l'instant ou même pour plus tard.
Mmmh, avoir l'air de faire son boulot. On risquait vraiment de lui repprocher quelque chose ? Ou alors il voulait absolument avoir l'air du studieux larbin ? C'était... gênant de discuter avec elle ? Miho, arrête de te poser des questions et choisis simplement le premier lieu auquel tu penses ! Pars pas dans un dialogue non seulement stupide, mais en plus gênant:

"Si t'as peur de perdre ton rôle de larbin Monsieur le larbin du mois, choisis l'endroit où tu croiseras personne ! T'as jamais appris à sécher un cours toi hein ?"

Voulant sans aucun doute se moquer un peu de lui, elle avait regardé à droite et à gauche avant d'ouvrir la bouche dans une expression effrayée. Non... il n'y avait personne... mais Junpei le penserait peut être muahahaha. Quoi ? On pouvait s'amuser même quand la situation était assez lourde non ? ça n'avait jamais tué personne de détendre un peu l'atmosphère plutôt que de choisir la voix "t'as peur que ta copine te vois ?".
Remarque... cette voix aurait sans doute repondu à pas mal de ses questions. Trop tard pour y penser. Elle avait choisit le côté larbin de la force. Connaissant Junpei, il le lui dirait quand il aurait envie de lui dire de toute manière. Tout comme elle le lui dirait quand elle aurait envie de lui dire. Ils avaient tous les deux leurs petits caractères, c'était scientifiquement prouvé.

Heeeee ! C'était méchant comme menace, il voulait la faire vraiment pleurer ou quoi ? Adoptant une mine contrariée, elle avait croisé les bras après lui avoir tiré la langue comme une gamine de primaire. Elle voulait un diplôme pour parvenir à plaisanter en toute situation ! Elle était peut être stupide, mais au moins elle avait cette capacité sympa.
Réputation ? Se mettant à rire, elle avait finit par secouer la tête dans des "Junpei... Junpei... Junpei".
Ok, elle avouait, il avait toujours été populaire, et ça n'avait pas pu changer, mais de là à le reconnaître:

"Tsss, arrête Jun, c'est moi qui risque ma réputation à traîner avec un larbin ! Ok... je suis nouvelle, mais la première impression est importante !"

Oui bon, elle pouvait dire ça parce qu'elle ignorait quelques détails. Mais elle n'avait pas la science infuse !
"Pourquoi je suis tombée sur le larbin de service ?", elle aurait pu sans doute rajouter cette phrase. Mais elle aurait été trop tenté de rajouter qu'elle était contente de l'avoir croisé. Les pulsions gentilles, ça ne se contrôlait pas parfois

Peut-être que la visite nulle d’un lycée semblait plus attirant, mais d’un autre côté, il faudrait bien qu’ils abordent le sujet un jour ou l’autre. Ou du moins qu’ils commencent à l’aborder… Bref, mieux valait faire comme avec les pansements. Les retirer lentement faisait un mal de chien. Alors, tactique la plus réussit et la moins douloureuse, la rapidité! Il fallait en parler tout de suite, maintenant, pour éviter de se prendre la tête avec ça encore des jours et des jours. Déjà que Peipei se prenait la tête, alors imaginez-le dans cette même situation pendant plusieurs jours! C’était la mort assurée, on ne pouvait même pas espérer le contraire.

Jun lui, n’avait jamais eu de problème à parler de ses noires pensées ou du moins avec une seule et unique personne, soit Masao. Avec les autres il était beaucoup plus fermer, mais un simple « aller crache mon gros » de la part de son rouquin et la langue de Junpei se déliait d’elle-même. Il avait causé de ses ennuis avec Kana devant sa sœur! Juste parce que Masao lui avait dit de parler, alors sa prouve à quel point le rouquin était bienfaisant pour le ténébreux, tel un calment pharmaceutique, mais sans être drogué… bref oubliez la comparaison…
Mais si Yuki laissait Miho parler d’elle-même, faudrait que la brune se ré habitue à Junpei! Lui, quand on ne voulait pas lui parler, il était chiant, mais alors… très très chiant! Mais ça, elle le savait déjà. =p

Si Jun avait recommencé? Oui et non. Oui dans la mesure où il sortait avec Kana et où il avait eu quelques autres petites amies. Non dans la mesure où le retour de Miho le ramenait en arrière, là où ses sentiments très forts pour elle n’étaient pas endormis, cachés en lui parce qu’il ne pouvait plus les exprimer. Il avait dû enfouir tout ça en lui avec le départ de Miho. Ses sentiments avaient fini par dormir tranquillement, lui donnant l’impression d’être passé à autre chose, mais maintenant qu’elle était là, devant lui avec ce même sourire, il avait la preuve qu’il n’était peut-être pas autant passé à autre chose comme il le croyait. Il avait simplement fait sans. Mais quand on peut faire avec, pourquoi faire sans? Parce qu’aujourd’hui, la possibilité était là…

Eh oui, c’était elle qui avait abordé la dalle et il pouvait même sentir que c’était justement pour ne pas aborder le reste. Malgré tout ce temps qu’avait duré leur séparation, Junpei la connaissait encore trop bien. C’était à se demander si elle avait un tant soit peu changé…

-Tu vas arrêter avec ça? Je suis pas un larbin! Le larbin, c’est celui qui se propose pour le faire, pas celui à qui on demande gentiment parce qu’il n’y a personne d’autre et que ça fait partie de ses responsabilités.

Elle venait encore d’arriver à le faire râler. Inévitable ou presque, il fallait bien l’avouer. Mais d’un autre côté, se faire traiter de larbin alors qu’on était l’un des six types les plus populaires de tout le collège… C’était un peu vexant, ne?

Mais bien sûr que Junpei lui parlerait de Kana. Il n’avait pas l’intention de lui laisser le découvrir toute seule. Il le lui dirait, dès qu’ils aborderaient le sujet « Et puis quoi de neuf dans la vie! » Il n’avait jamais rien caché à Miho ((exception faite de qui avait écrabouillé son gâteau d’anniversaire pour ses neuf ans, mais ça ne comptait pas, Peipei n’avait pas fait exprès, il était dans une cuisine!!)) et ça ne serait pas aujourd’hui que ça commencerait, même s’il avait quelques appréhension à lui parler de sa petite amie.

L’ultimatum était lancé. Junpei avait posé une question. Bon… pas LA question, mais c’était une entrée en scène, non? Après le New York venait le reste après tout.
New York n’était pas Tokyo? Oui c’était certain, toutes les villes étaient différentes, mais Jun sentait qu’elle ne parlait pas de la ville en tant que telle. Elle y vivait, mais sans plus. Fallait-il en conclure qu’elle ne s’y sentait pas chez-elle? Qu’il lui manquait quelque chose là-bas pour y être mieux qu’ici? Et s’il lui manquait quelque chose, ou plutôt quelqu’un puisqu’on parlait de gens, impossible qu’il lui manque un simple objet avec la famille qu’elle avait, ici, c’était qui? Junpei avait assez de cran pour oser croire qu’il s’agissait de lui, mais si c’était vraiment le cas…
Son cœur manqua un battement. Et si c’était ça? Et si c’était vraiment ça?... Et de la manière où elle poursuivait, ses parents restaient donc à New York. Elle était la seule à revenir à Tokyo. C’était forcément parce qu’il y avait quelque chose ici, qu’elle ne pouvait avoir ailleurs. Lui? **T’emballe pas avant d’en être sûr!!** Oui, conscience avait encore une fois raison. Il ne fallait pas imaginer un tas de truc avec aussi peu d’information. Mais sa tête ne marchait jamais correctement avec Miho, sans doute pour ça que son cœur battait un peu plus vite.

-Tokyo? C’est sûr qu’y’a des trucs qui se sont passés…

On y était, les nouveautés dans la vie de Junpei. Ces choses qu’elle ne connaissait pas. Commençons par du simple, il fallait y aller en gradation.

-Je suis à la présidence du conseil étudiant, vice-président en fait c’est Masao le président.

Jusqu’ici, normal. Le duo de choc à la présidence, rien d’extravagant pour le moment.

-Keiji a été nommé délégué de sa classe par vote populaire… c’est à se demander pourquoi.

Ouais, pourquoi élire en délégué le type qui en foutait le moins de la classe? Jun ne comprendrait jamais, mais bon, ça devait être dû au phénomène « Golden Boys ».

-Hiroki sort avec une fille depuis la rentrée. Une deuxième année, de ta classe je crois, mais je suis pas sûr, Sato Kaoru. Nao, lui, c’est avec… yeurk j’arrive pas à croire que je le dis mais bon… Il sort avec ma sœur

Élément sans doute le plus dégoûtant de tout ce qu’il venait de dire. Naoki avec sa petite sœur. Il en avait encore des arrêts cardiaques quand il y pensait. Décidément, c’était un truc qu’il n’arrivait pas à avaler!

-Akira reste Akira… il grinche, il marmonne ou alors il dit rien du tout.

Et maintenant qu’il avait fait le tour de ses amis, il manquait lui pas vrai? Ouais… aller Junpei, fait un homme de toi! Dit-lui!!

-Moi j’ai été nommé capitaine de l’équipe de foot cette année… Et puis je fréquente une fille depuis peu…

Voilà. C’était fait. Quoi qu’au moment de le dire, il n’avait pas pu trouvé la force de la regarder dans les yeux. Il avait détourné les siens, les posant sur la première chose à porté soit une poubelle. Magnifique d’ailleurs!
Gardons le fait qu’ils étaient en froid pour le moment. Ça ne ferait que compliquer les choses un peu plus de tenter d’expliquer pourquoi Kana lui en voulait.

M’ouais… Junpei n’était pas trop convaincu que les choristes avaient une vie si intéressante. Surtout à côté de ce qui l’attendait. Être choriste serait plat et morne, déjà avec la vie que Jun menait.

-Tu veux parier?

Il ne fallait pas mettre Peipei au défi, elle le savait pourtant!
Et elle la ramenait encore avec le larbin =___=. Ça commençait à le tanner là. Il n’était pas larbin. Seulement bon élève, c’est tout. Mais c’est vrai qu’elle ignorait encore que monsieur le ténébreux était en tête du classement de Sakurai. Et comme Sakurai était en tête du classement des écoles… Junpei était en tête du classement tout court.

-Je sèche pas les cours. Mais je sais où aller par contre, amène-toi!

Et sans réfléchir à ce qu’il faisait, il l’attrapa par le bras avant de se mettre en route vers la salle de repos attitrée, voir même privée, des Golden Boys. Personne n’y allait appart eux ou leurs très proches amis. Tandis qu’il la conduisait vers les escaliers, puisque la salle se situait au deuxième étage, sa main glissa tranquillement le long du bras de la jeune fille, terminant sa course sur sa main. Encore un simple réflexe, mais qui n’avait plus trop sa place maintenant qu’il lui avait dit qu’il avait une petite amie. Mais ça, il ne le réalisait pas vraiment. Pour ce faire, il aurait fallu qu’il réalise qu’il lui tenait la main.

Elle, risquer sa réputation avec lui?? Junpei eut un petit rire moqueur qu’il ne put retenir. Elle n’avait vraiment aucune idée de l’image qu’il avait ici. Mais faisons durer le suspense. Si elle ne l’apprenait pas par elle-même, ce n’était pas drôle. Quoi que la taquiner un peu n’était pas de refus, voir obligatoire.

-C’est plutôt si on te voit avec moi que ta réputation est faite!

Arrivant au second étage, le jeune homme longea le couloir jusqu’au bout où se trouvait la salle de repos. Naturellement, comme c’était heure de cours, il n’y avait absolument personne. Alors il poussa la porte et entra…

Elle se souvenait quand ils étaient en primaire. Son père allait parfois chez Junpei le week end, ou inversement, Junpei venait chez elle. C'était la corvée du week end, mais elle venait quand même. Sans doute pour l'embêter en dehors de l'école. Quand il était malade et qu'il ne venait pas à l'école, elle s'ennuyait. Alors, elle avait hâte d'aller le voir un week end pour rattraper les minutes où elle n'avait pas pu l'embêter.
Quand elle allait chez lui, son père lui disait de rester avec Junpei en lui faisant promettre d'être sage et de ne pas le mettre dans l'embarras. Mais dès qu'il avait le dos tourné, elle cherchait une idée pour contrarier Junpei.
Elle avait beau crier à qui voulait bien l'entendre qu'elle le détestait, dans le fond, il lui aurait manqué un peu si elle était partie plus jeune. C'est vrai. Qui aurait elle embêté la semaine et de temps en temps le week end ?
Pourtant, il l'agaçait réellement à cette époque là. Mais il y avait pensé des millions de fois sans pouvoir comprendre. Il appartenait à son entourage, c'était celui qu'elle préférait embêter et il parvenait à la mettre en colère assez souvent alors que d'habitude, les autres se taisaient et obéissaient quand elle disait quelque chose.
Oui, c'était peut être parce qu'il avait été différent, ça avait été beaucoup plus amusant de l'ennuyer.

Et les choses avaient changé et il ne lui avait plus manqué pour les mêmes raisons quand elle était partie.
Est-ce que c'était parce qu'il était capable d'être le pire casse pieds quand il voulait savoir quelque chose qu'elle finissait toujours par passer aux aveux ? Elle n'en savait trop rien. C'était juste comme ça. Elle finissait simplement par lui dire quand quelque chose n'allait pas il y a trois ans. Si Yuki avait de la patience, et Junpei de l'impatience, elle ne détestait pas le second pour ça pour autant. Après lui avoir parlé, ça allait mieux.
Et puis, c'était Junpei... tout était différent avec lui, et tout le serait encore demain. Elle réagissait de manière différente.
En même temps, les mensonges ne marchaient pas avec lui. Et il était assez doué du côté chiant pour qu'elle finisse par parler. Et il avait beau l'avoir agacé parfois... elle avait toujours trouvé un moyen de penser à lui aux Etats Unis. Simplement parce qu'un objet lui avait pensé à un souvenir ou des choses dans son genre.
Alors, un jour, elle avait finit par dire à Yuki que son cas était désespéré, qu'elle voulait le revoir, même s'il valait mieux y réfléchir et que c'était peut être une erreur.

Levant un sourcil, elle l'avait regardé, assez sceptique. Quoi ? Oui, elle aimait toujours autant l'emmerder ! Et alors ? Même dans dix ans, elle aimerait toujours autant ça ! C'était juste, des réflèxes de l'enfance ^o^

"C'est quoi la différence ? Ya différentes catégories de larbins ? Waaah, mais c'est un métier super vaste O__O."

Muahahahaha. Un air hautement merdeux sur le visage, elle avait tapé dans les mains pour féliciter le grand Junpei pour son brillant avenir. Même s'il était loin d'être un larbin et qu'elle le voyait plus à la tête de larbins que parmis eux s'il fallait choisir.
D'un autre côté, elle ne pouvait pas se limiter par réalisme. Sinon, où allait son avenir de chieuse du monde ?

Elle se sentait un peu nerveuse... juste un peu, presque pas... vraiment pas grand chose sur l'échelle de la nervosité. Juste le coeur qui bat trop vite, la boule au ventre, la gorge sèche, et peut être l'envie de tripoter ses doigts... mais sinon, tout allait bien, elle était parfaitement zen ! Elle était en parfaite condition pour entendre les nouvelles venues de chez Junpei. Elle avait dit les siennes... ce n'était pas très développé... elle l'admettait. Mais elle avait tout le temps pour parler de ce qu'elle avait fait là bas dans les détails. Ce qu'elle venait de dire, c'était le plus important... il n'était pas là bas.
D'accord, ce n'était pas réellement ce qu'elle avait dit, c'était plus codé... mais elle faisait avec les moyens du bord ! Elle protégait les meubles, et tous les trucs préventifs qu'on faisait en cas de catastrophe naturelle. Dans quelques secondes, il pouvait bien y en avoir une, elle devait se préparer....
Rester là d'abord et ne pas faire demi-tour, et avoir un sourire à toute épreuve !
Elle se sentait prête ! Elle était... parfaitement... pas prête x_x. Tant pis, elle ne le serait jamais si elle attendait de toute manière. Elle ne serait jamais détendue, et elle n'allait pas crier un "STOP, je dois aller faire du yoga avant", alors qu'il avait déjà commencé à parler.

Conseil d'étudiant... d'accord, il avait réellement une certaine réputation. Et ça ne l'étonnait pas du tout que Masao l'ait suivi là dedans. Masao devrait d'ailleurs devenir maître du monde un jour. Aaaah Keiji, enfin quelqu'un qui avait compris le principe même de la vie: dominer sans rien faire ! Un emmerdeur ! Bref, quelqu'un qu'elle aimait bien x_x. Hiroki... une copine dans sa classe ? Elle avait toujours dit qu'il pourrait finir avec une Sainte... mais peut être y avait il une none dans sa classe. Le type gentil par excellence.
Et là... pause de quelques secondes. Naoki avec Noriko ? Une chaise... il lui fallait une chaise. Stop ! Naoki était le meilleur ! Il avait trouvé LE moyen de faire chier Junpei. Evidemment, c'était un mec, c'était beaucoup plus facile pour lui de sortir avec Noriko x_x. Et enfin Akira... c'était Akira, ouais. Dans 100 ans, Akira serait toujours... Akira.

Jusque là, les nouvelles avaient été assez amusantes. En fait, savoir ce que devenait les autres, ça lui faisait plaisir. Mais la dernière nouvelle, elle la trouvait nettement moins agréable à entendre. En fait, elle l'aurait probablement qualifié du mot "douloureux", si elle avait du n'en choisir qu'un seul parmis la longue liste qu'elle avait en tête. Il avait dit qu'il était capitaine de l'équipe de foot, ce qui ne l'étonnait pas... mais la suite de la phrase.
Elle ne savait pas trop combien de temps elle était restée silencieuse. En fait, c'était comme si elle avait perdu une complète notion du temps. Il ne l'avait pas lancé d'un ton enchanté. Mais... il y avait quelqu'un. A sa place, il y avait quelqu'un... et ça avait suffit à lui faire oublier pendant quelques secondes qu'elle devait avoir une réaction décontractée comme si ce n'était pas grave. Elle se l'était dit pourtant, qu'elle ferait ça dans ce cas là. Mais elle n'imaginait pas que ce serait si facile pour elle qui arrivait à garder le contrôle la plupart du temps.
Elle ne savait pas du tout à quoi elle ressemblait actuellement. Elle savait juste que... c'était douloureux.

"Ouais, Masao t'es supérieur, c'est indéniable :P. Aaaah Keiji kakoiiiiii, tu devrais te prosterner à ses pieds tu sais è__é.
Kaoru quelque chose dans ma classe... mmmh... on va peut être enfin trouver une double vie au parfait Hiroki ! Et c'est là que je vais devoir le dire... gloire à Naoki ! Jvais devoir lui payer quelque chose pour le remercier ^o^.
Et puis tu sais pour Akira, tu pourrais faire des efforts. T'as pas compris que c'était sa manière de communiquer les grognements. Nan mais quel ami tu fais ? Pfff"

Dis quelque chose d'autre... juste un truc... avec un air assuré:

"Waaaah, t'es un tombeur maintenant ! La pauvre... elle sait pas ce qu'elle va traverser."

Bonne ou mauvais réplique... elle n'avait pas du tout eut l'impression de l'avoir cet air assuré. Elle avait plutôt l'impression de ne pas avoir l'air convaincue. Est-ce que c'était parce que Junpei comprenait toujours ? Ok, là ce côté de lui, c'était gênant.
Plutôt se rabattre sur le coup du casier... ça valait mieux, c'était certain:

"Arrête de faire des paris que tu vas perdre tout ça parce que t'es un gosse de riche ! ça a rien de courageux mais en plus tu te ridiculises parce que je gagne à chaque fois !"

Le mode chieur, elle connaissait maintenant. Dans le fond, elle était ailleurs. Maintenant qu'elle savait... elle était définitivement ailleurs. Et l'endroit où elle se trouvait actuellement ne l'amusait pas du tout... bien au contraire. Elle aurait souhaité être partout ailleurs plutôt que dans ses pensées là.
Un peu à l'ouest, elle n'avait pas répondu au séchage de cours, elle n'avait peut être pas entendu vu l'air surpris qu'elle afficha quand il lui pris les bras. Parce qu'il se trouvait devant, elle l'avait regardé en se laissant entraîner.
Alors, c'était terminé.... Parce qu'elle avait voulu revenir, c'était terminé l'époque où elle se disait que c'était Junpei. Maintenant, c'était celui d'une autre et elle ne savait pas réellement si elle n'aurait pas plutôt voulu faire semblant encore quelques temps. Elle n'était pas en colère. Elle aurait pu, elle se sentait juste de plus en plus déprimée au fur et à mesure qu'elle ne parvenait plus à lutter contre ses pensées.
Elle l'avait perdu. Mais où était donc passée la Miho combattive ? Determinée et tout le reste ? Elle n'en savait rien. C'était juste comme ça, elle devait comprendre et se la fermer. Elle n'avait juste pas la force de protester.

La main de Junpei était venue dans la sienne, et elle avait baissé les yeux vers celle ci. C'était sans doute la dernière fois qu'elle pouvait la tenir. Alors tant pis si cette pensée était douloureuse. Parce que c'était la dernière fois, elle préférait avoir mal et pouvoir la tenir quelques secondes que de s'écarter. Ce n'était plus sa main... et ça ne l'était plus depuis trois ans. Il était temps qu'elle comprenne que pour lui, les choses avaient du se terminer à son départ. C'était de sa faute. Elle était trop naïve. Elle s'attachait trop aux gens pour que ça ne lui retombe pas dessus un jour ou l'autre.
Elle avait voulu savoir ce qu'il devenait. C'était fait. Elle avait juste besoin d'un peu de temps. Avalant sa salive avec difficulté, elle avait inspiré et exprimé discrètement. Se calmer. Elle se le repetait depuis le début, mais c'était le moment pour le faire.
Sa réputation était faîtes si on la voyait avec... c'était quoi cette salle O__O. Les profs n'avaient jamais une salle de repos aussi cool ! Et Junpei n'oserait jamais aller dans une salle de prof s'il voulait devenir larbin.
Regardant à droite et à gauche, elle avait finit par lancer:

"C'est quoi ? Sakurai n'a plus les moyens et veut ouvrir un café pour faire rentrer de l'argent ?"

Ok, elle savait que ce n'était pas ça x__x, mais c'était le seul truc qui lui était venu sur le moment. Et pour l'état de son cerveau, c'était plutôt pas mal.

Pour Junpei, sans Miho, les jours étaient… moins chaotiques? Du moins à ce qui attrayait à la petite enfance. En grandissant, les jours où Miho n’étaient pas là, Junpei les trouvait plus tranquille. Puis, plus ennuyant. Et finalement il avait l’impression qu’il manquait quelque chose d’important, tout simplement.
Il fallait s’y attendre d’un autre côté. Avoir été témoin de l’évolution de leur relation et il était facile d’en déduire l’apothéose. Ils avaient été présents dans la vie de l’autre depuis près de quinze ans. Même si au début, ils ne pouvaient rien faire d’autre que s’entre-tuer, dès que la guerre perdit de son importance pour devenir un simple jeu, c’était fait. Reconnaître par ce fait qu’on pouvait apprécier l’autre menait directement à ce qu’ils avaient connu trois ans plus tôt. Mais qu’ils soient séparés de cette manière, ça par contre, personne n’aurait pu le prévoir…

Jun pensait simplement que tout le monde était comme lui! XD Tant qu’il ne se confiait pas à son Kokoro, c’était mal de crâne assuré. Le rouquin l’empêchait de trop cogiter pour rien et surtout il contrôlait la paranoïa chronique du ténébreux. Alors donc, quand il sentait qu’on lui cachait quelque chose, Junpei insistait toujours jusqu’à satisfaction.
Certes, c’était un métier dangereux. Il avait déjà reçu des trucs à la gueule pour avoir trop insisté, mais il ne fallait pas chercher… Akira était fou! XD

-Non, mais tu vas la fermer??

=____=
Différentes catégories de larbins. Et puis quoi encore? Elle ne pouvait pas juste arrêter de parler de larbins? Jun ne pensait pas appartenir à cette classe sociale scolaire. Nha, il faisait parti des sportifs beaux gosses populaires et supers bons étudiants! Certes, cette classe avait un long titre pour un seul membre soit Junpei lui-même, mais bon… il faudrait juste réviser un peu le titre et puis ce serait bon!
Et devant l’air qu’elle lui lançait, Junpei était aux prises avec deux sentiments. Le premier : lui sauter à la gorge ou alors la soulever de terre pour la balancer dans une poubelle. Le deuxième : kawaii!! … M’oui bon, le deuxième n’était pas vraiment un sentiment, plutôt son opinion sur sa bouille, mais bon il n’y pouvait rien si elle était mignonne avec cette expression sur le visage! **Si, tu pourrais ne pas regarder au moins!** Trop dur. =___= Avoir Miho à côté de lui et ne pas la regarder. Non, ça il ne pouvait pas, même avec tous les efforts du monde. Pas juste parce qu’elle était mignonne, mais bien parce que c’était Miho, tout simplement.

Il fallait te rassurer Miho-chan, Junpei n’était pas plus en possession de ses moyens. En fait, déblatérer sur ses amis avant d’aborder son petit lui-même, n’avait été que la seule façon qu’il avait trouvé pour prendre sur lui et le dire sans cachette ou sous-entendu.
En fait, sans trop savoir pourquoi, maintenant qu’il savait qu’elle n’avait personne de son côté, le fait de lui dire qu’il avait une petite amie le faisait se sentir comme un salop. Celui qui n’avait pas su attendre son retour même si jamais il n’avait été mentionné qu’elle pourrait revenir un jour et ils ne s’étaient rien promis non plus. Mais malgré ça, il ne pouvait s’empêcher de se sentir mal. Il avait toujours des sentiments pour elle, son cœur qui allait plus vite en était la preuve, mais en même temps, passer tout ce temps à attendre sans savoir qu’elle reviendrait… il n’y avait que les cinglés pour faire ça!
Mais il préférait encore se sentir salop que de lui mentir. Ça non il ne le pouvait tout simplement pas et puis elle le sentirait s’il venait qu’à mentir. Mentir n’était déjà pas top, mais savoir qu’on se ferait prendre avant même de penser à sortir un mensonge… pas fort, pas fort. Il n’avait donc pas pu la regarder en face au moment de le lui annoncer. Ainsi, il n’avait pas vu ses yeux sous le coup de la déception. Il n’avait pas non plus vu comme il avait été difficile pour elle d’accuser le coup. Mais il l’avait senti. Il la connaissait trop bien pour savoir que ce petit moment de silence était dû au choc.

-Masao a surtout plus le don de la politique que moi! Le jour où je me prosternerai devant Keiji, les poules auront des dents! Pour Hiroki je sais pas, le nom de sa copine c’est tout ce que je sais, je ne la connais pas en fait. Et si tu pouvais éviter de la ramener avec Nao ça serait très apprécié. Et même si Akira a fait du grognement une langue officielle, ça ne veut pas dire qu’il a arrêté pour autant.

Et toc! Nha mais il fallait toujours qu’elle en rajoute celle-là! Et puis Junpei devait en rajouter aussi. Alors si elle en rajoutait encore par-dessus, il le ferait aussi et… bon vous avez compris le principe, tout ça pour dire qu’on en était pas sorti!

Et pour la suite Junpei eut un petit rire, légèrement forcé. Ça lui faisait bizarre d’entendre Miho plaisanter sur sa petite amie. Surtout avec ce ton. On aurait dit qu’elle s’obligeait à le faire. Jun n’aimait pas ça. Peut-être pour ça qu’il se sentait pousser à préciser le fait suivant :

-Je crois qu’elle commence à le savoir. Elle me fait la gueule depuis plusieurs jours. J’avais dû annuler une sortie pour faire un truc pour mon père…

Le genre de choses auquel on n’échappait pas en tant que petite amie de Mayuko Junpei, Miho le savait très bien. Même à quinze ans, Jun avait déjà certains trucs à faire pour rendre service à son père ou sa mère. À l’époque il ne disait non, ça n’avait pas changé aujourd’hui. La chose qui avait changé était la nature des services et le fait que son père lui faisait prendre de plus en plus de responsabilités dans ses affaires, question de bien préparer son héritier à prendre la relève!
Miho comprenait ça, elle, son père aussi était dans le commerce, elle savait ce qu’impliquait ce genre de vie. Mais pas Kana. Kana ne voyait là juste une chose. Jun avait « trouvé une excuse » pour ne pas venir. Ce qui était totalement faux. Entre escorter une fille qu’il ne connaissait pas durant une journée ou la passer avec sa copine. Le dilemme n’était pas bien compliqué!

-Je ne perds pas quand tu ne triches pas!

Mauvaise foi? Peut-être que oui, peut-être que non. =p

Et pendant que la demoiselle se perdait dans ses pensées, Junpei se perdait un peu dans les siennes aussi. Ce demandant s’il avait bien fait de lui dire tout de suite pour Kana. Elle ne savait pas encore son nom, mais bon, elle savait maintenant son existence. Elle savait que Junpei avait quelqu’un. Qu’il n’était pas « disponible ». Ça lui expliquait aussi la réserve qu’il avait eu après avoir fait mine de lui arracher la tête. Et puis il aurait aimé savoir comme elle prenait la nouvelle. Si elle s’en foutait, c’était explicite. Tout comme si elle était heureuse, ou alors totalement le contraire…

Il en était venu à lui tenir la main, tout naturellement, sans le réaliser. Comme si ce n’était pas la dernière fois. Comme l’un de ces jours banales d’il y avait trois ans avant qu’il ne sache pour son départ imminent.
Il l’avait donc conduit à la salle de repos, salle privée des Golden Boys, carrément. Il y avait là tout ce dont un étudiant pouvait rêver et il entra dans la pièce comme s’il entrait chez-lui, se dirigeant vers le distributeur de boisson tout en attrapant un livre de sciences qui se trouvait sur la table de billard. Sciences avancées que même la 3-A n’avait pas? À coup sûr, c’était un oubli d’Akira.

Gardant le bouquin, il était au distributeur quand Miho fit son petit commentaire. Ah vii, encore un truc qu’il n’avait pas pensé lui dire tant c’était normal pour lui.

-Bienvenue dans la casa des Golden Boys! Profite, peu de gens peuvent s’en vanter.

Il voyait déjà d’ici la question à 10 000 yen soit : « Les Gold quoi??! ».
Frappant à trois reprises à un endroit précis du distributeur, celui-ci cracha gentiment une cannette de jus de fruit. Pas que Junpei était pauvre, il avait simplement pas de monnaie sur lui et tous les GB connaissaient le point faible de la machine pour l’avoir créé eux-mêmes =p

-T’as soif??

Fit-il en ouvrant sa propre cannette en attendant une réponse.

Si son père avait été là, il lui aurait probablement dit qu'il avait raison, qu'elle aurait du l'écouter, que ce n'était qu'une petite amourette. S'il avait su qu'elle revenait à Tokyo pour Junpei, il lui aurait probablement défendu, parce que c'était une mauvaise idée et qu'elle devait se concentrer sur ses études au lieu de faire sa mauvaise tête. Des trucs de ce genre qui n'auraient fait que l'énerver. Ne pas lui dire, c'était de loin la meilleure solution. Et puis, son père pensait depuis un moment qu'elle était parvenu à se sortir le fils Mayuko de la tête. Elle ne risquait pas grand chose à être ici de ce côté là.
Il n'avait jamais rien compris. Et si ça l'avait agacé, elle pouvait comprendre. Quand elle était partie, elle n'avait que quatorze ans. On n'imaginait pas qu'elle puisse encore en être amoureuse aujourd'hui si on n'avait pas compris qu'à l'époque, ça avait toujours été quelque chose de sérieux pour elle. C'était dans cette relation qu'elle trouvait ses meilleures souvenirs auxquels elle pensait toujours à des killomètres de là. Quand un cours était peu intéressant et qu'on pouvait regarder par une fenêtre pour s'évader par exemple.

Posant un doigt sur sa bouche dans une moue réfléchie, elle avait regardé Junpei. Elle arrivait toujours à le contrarier aussi bien, elle n'avait pas perdu la main avec lui ^o^. Elle le connaissait encore assez bien pour savoir comment l'embêter. Le connaître toujours... c'était une consolation. Elle ne revenait pas pour retrouver quelqu'un dont elle ne comprendrait plus rien. Pour l'instant, elle avait l'impression que rien n'avait changé de ce côté là. Il avait grandit, mais il était toujours le Junpei qu'elle avait connu.

"Mmmh, ça dépend. T'es très enervé ? J'arrête pas avant... lar-bin ^o^"

Elle n'avait pas envie, ou elle ne pouvait tout simplement pas arrêter. Si elle le faisait, qu'est-ce qui l'aiderait à sauver les apparences ? Elle pouvait changer de sujet pour le taquiner, mais elle n'arrêterait pas. C'était tout ce qu'elle pouvait trouver de mieux pour ne pas laisser apparaître les émotions qu'elle tentait de contenir. C'était sans doute pathétique de ne rien trouver de mieux, mais elle pouvait tenir le coup parce qu'elle était une sacrée emmerdeuse. Parce qu'elle avait un mauvais caractère, elle pouvait essayer de faire semblant au lieu de partir en courrant ou de se mettre à pleurer comme une gamine.
Pour se récompenser de tant d'efforts ce soir, elle mangerait un énorme pot de glace devant la télé et ne ferait rien d'autres, même demain elle ne ferait rien, et encore le lendemain. Elle ne pouvait pas non ? C'était exactement le genre d'attitude suspecte qui eveillait les soupçons des proches. Alors, juste ce soir avant d'essayer de redevenir invincible. Tout ce qu'elle demandait, c'était ne pas croiser Junpei avec sa petite amie. Elle n'avait pas besoin de temps pour être prête, elle ne pourrait pas les voir ensemble, ni demain, ni dans trois semaines. C'était le seul petit signe de faiblesse qu'elle ne voulait pas lâcher sous prétexte d'avoir envie de faire comme si tout allait bien

Ils avaient tous leur petite vie à présent. Elle les enviait un peu, ils avaient pu le voir tous les jours et pouvaient encore faire partie de la vie de Junpei. Elle... elle n'y avait peut être plus sa place et elle revenait comme un boulet de canon ou quelque chose dans ce genre là.
En trois ans, il s'était passé des choses, c'était normal. Ils avaient du s'amuser, Junpei avait du penser qu'il allait tuer Naoki un jour ou l'autre et elle esperait que celui ci avait préparé son testament juste au cas où Jun déciderait de passer à l'attaque. Ou engager un tueur en série, quelque chose dans le genre.
La prochaine fois qu'elle décidait de revenir au bout de trois ans, elle appelerait. D'accord, elle démarrait toujours au quart de tour et ne le ferait donc probablement pas. C'était juste que là... elle se sentait idiote d'être venue comme ça.

"Excuse pour ne pas avoir le titre du sub-larbin :P. Je vais fonder un fan club pour idôlatrer Masao, ça va m'occuper pendant mon temps libre ! Tu pourras être trésorier si tu veux.
Aaaah, pardon Keiji, je te promets que je vais le dresser et il apprendra à respecter ta grandeur ! Peut être qu'elle va dans l'église du coin, on devrait se renseigner !
Mmmh, j'ai pas envie ^o^. Parce que je sais que ça te fait chier et que Naoki est la révélation de ces trois années ! Je devrais lui proposer de devenir son agent. Hum, t'es vraiment vilain ! Quand je pense que c'est moi qui ai du t'apprendre à lire et à écrire ! A l'époque Akira était beaucoup plus évolué que toi !"

Et oui, c'était réellement sans fin ! Pour leur entourage, ça devait être lassant ou amusant de les voir toujours comme ça il y a trois ans.
Il fallait toujours qu'ils se battent pour avoir le dernier mot. Une conversation pouvait durer assez longtemps, très longtemps... il valait mieux ne pas y assister sans avoir amener des provisions et de quoi s'occuper.

Parler de sa petite amie... c'était définitivement trop étrange pour elle. Plus de forcer à avoir l'air de l'amie qui en parle avec lui que d'en parler tout court d'ailleurs. Et alors ? Qu'est-ce qu'elle pouvait bien dire ? Rien, elle ne pouvait absolument rien dire. Tout ce qu'elle pouvait faire de mieux et de plus intelligent, c'était ce qu'elle était en train de faire non ? Assez... elle en avait assez de se poser des questions. Réagir comme elle l'aurait fait d'habitude. Mais oublier les incessantes questions.

"T'en fais pas ! Te connaissant, t'as du prévoir une file d'attente au cas où !"

Ok... stupide, la prochaine fois, elle reviendrait aux questions si c'était pour sortir des conneries qui étaient loin d'être exactes quand on connaissait Junpei.
Se mordant la lèvre, elle avait ajouté:

"Gomen... je voulais dire... je ne sais pas... j'aurais du dire comme... ça va aller... je pense."

Aaaaaahhhhhhhhhhhh, voilà ce qu'elle avait envie de dire. Juste crier plutôt que d'ouvrir la bouche pour sortir des trucs stupides. Mais le "ça va aller"... elle savait que c'était l'attitude à avoir maintenant qu'elle n'avait plus la place qu'elle avait avant. C'était juste que... c'était trop bizarre....
De toute manière, elle ne la connaissait même pas. Si ça se trouve, c'était un genre de dragon qui ne laissait rien faire à Junpei ou un truc dans le genre. Ou du moins, une fille qui n'avait pas appris à gérer l'attente.
C'est vrai, pour ça, elle avait toujours compris. En général, elle avait toujours compris Junpei, ce morveux qu'elle détestait tellement en primaire jusqu'à Junpei avant son départ. Ils avaient l'avantage de se connaître depuis longtemps ou de se ressembler sur quelques points.
Mais pour ce qui était d'entrer dans le rôle de la conseillère en couple... elle n'y arrivait pas. En même temps, elle n'avait jamais imaginé en être capable. Alors quoi ? Qu'est-ce qu'elle était supposée faire maintenant ?

"Mmmh, finalement, tu viens d'avouer que tu perdais presque toujours alors ! C'est bien, le premier pas vers la guérison, c'est l'acceptation !"

Hochant la tête à la manière d'un psy, elle avait ignoré la voix qui lui disait que ce n'était pas tout à fait réaliste. C'était le genre de voix qu'il valait mieux ignorer quand on était Miho de toute manière.
"Miho ! C'est vrai que tu sors avec Mayuko ? Je vous ai vu vous tenir la main l'autre jour !". Et elle se revoyait hocher la tête avant de dire que ce n'était pas la nouvelle du siècle, comme s'ils ne s'étaient pas fait la guerre pendant des années avant ça.
La main qu'elle tenait à présent, elle avait trop peur de la serrer par peur qu'il s'en rende compte et qu'il la retire. Elle savait bien qu'il allait finir par la lâcher, mais au moins le temps du trajet, elle voulait la garder dans la sienne comme si elle n'était jamais partie. C'était idiot de vivre encore dans ses rêves après avoir entendu la réalité. Mais elle se moquait d'avoir le diplôme de "baka du mois".

Et puis, elle avait regardé cette salle des Gold truc. Dans un air etonné, elle avait observé Junpei et son petit manège avec le distributeur. Stop. S'il avait l'habitude de son truc, c'était... c'était leur salle O__O. Depuis quand les étudiants avaient le droit à un truc aussi cool en dehors des dramas ?
Observant tout autour d'elle, revenant toujours à Junpei, elle avait finit par le sortir, tant pis:

"Les Gold quoi ?"

Distributeur... Gold... Salle... ok, les trois mots s'emboitaient mais... Junpei était obligé de faire comme si c'était une évidence è__é. Il se vengeait pour le coup du larbin ! Et bah elle se vengerait... dès que son cerveau se serait remis en marche x__x
Hôchant la tête à sa question, elle s'était dirigée vers le baby pour se mettre à faire tourner un bonhomme de celui ci, l'air pensive. Des choses en trois ans... il avait réellement du s'en passer pas mal.
Et maintenant qu'elle était revenue... elle était complètement paumée, ou juste déprimée. C'était idiot... c'était ce qui arrivait quand on était stupide. C'était normal, Junpei avait eut la réaction normale.

Junpei sentait qu’il y avait quelque chose… Même si depuis le début il y avait cette retenue, là il y avait quelque chose en plus du côté de Miho. L’existence de Kana? Possible, voir assurément. Le ténébreux la connaissait trop bien. Son attitude avait changé depuis la mention de sa petite amie. Imperceptible pour les gens, mais tellement visible pour Junpei, il la connaissait par cœur. Ce brin d’hésitation avant de lancer ses bêtises, elle n’était pas comme ça. Elle n’aurait pas été comme ça si apprendre ce fait ne lui avait rien fait ou si ça lui avait fait plaisir. Alors il fallait déduire que du point de vue de Miho, ce n’était pas une bonne chose.

La même idée revenait alors tourmenter l’esprit de Junpei. Et si? Ça pouvait être possible non? Si lui, après tout ce temps, était certain de toujours ressentir la même chose, il pouvait en être de même pour Miho, non? Mais si seulement elle était revenue quelques semaines plus tôt. Si seulement elle était revenue avant qu’il n’embrasse Kana ce jour-là. Les choses auraient été beaucoup plus simples pour le ténébreux. Avait-il seulement le droit de rejeter Kana simplement parce que Miho était revenu? Non, il ne pouvait pas faire ça! C’était totalement immonde, jamais la morale du jeune homme n’autoriserait pareille chose. Mais pouvait-il réprimer à nouveau ses sentiments pour Miho? Il avait eu tant de peine à les enfouir en lui pour les oublier, il n’était pas certain de pouvoir y arriver une seconde fois.

Maintenant qu’elle était devant lui, il voulait retourner à ses choses qui arrivaient si fréquemment. Il voulait aller manger au restaurant avec elle. L’amener au cinéma. Juste se promener en ville toute une journée pour faire ces choses impulsives qu’on faisait dans ces moments là. La surprendre au détour d’un couloir de l’école parce qu’elle était trop occupé à parler avec une amie. L’appeler en catastrophe d’un karaoké pour réclamer sa présence au rassemblement. La porter sur son dos à trois heures du matin juste parce qu’elle faisait sa gamine et affirmait qu’elle était trop fatiguée pour faire un pas de plus. Arriver à la maison et se rendre compte qu’elle était vraiment tombée de fatigue. Se réveiller le matin et la voir dormir à côté de lui. Sourire en la voyant ouvrir les yeux. Se moquer d’elle parce qu’elle s’était endormie… Il avait envie de revivre tous ces moments qui parsemaient ses souvenirs avec elle.

Et cette petite moue qu’elle faisait après l’avoir une fois de plus fait râler… elle était tout simplement adorable. C’était peut-être pour ça qu’il prenait si facilement au jeu. Il avait beau grincher autant qu’il le voulait, elle trouverait toujours un moyen d’en sourire.
Et le ténébreux plissa les yeux, l’ombre de la naissance d’un sourire amusé planant sur ses lèvres. C’était impossible pour lui de lui en vouloir indéfiniment.

-Je suis à un pouce de te faire voir le monde la tête en bas!

Malgré la menace, il savait qu’elle continuerait. Ce n’était pas comme si c’était vraiment problématique en fait. Elle l’énervait, il la pendait par les pieds. Une simple roue qui tourne. À la longue, on s’habituait à cette espèce de routine qui avait manqué au ténébreux. Les journées étaient moins drôles s’il n’entendait pas « Pose-moi crétin avant de m’échapper!! ».

-Un fan club pour Masao? Oo N’importe quoi!! Rien ne me fera respecter Kei’ en tant que déléguer! Si tu veux enquêter sur cette fille, ça sera sans moi et si tu parles encore de ce sale petit rat de Nao tu vas vraiment y aller dans le casier! C’est quoi cette histoire? N’inverse pas les rôles, je n’ai jamais eu besoin de ton aide pour lire et écrire!! Jamais!!!

Nha, mais oh! Il y avait des limites quand même. Comme si Junpei avait besoin d’aide pour apprendre les trucs. Pffff.
Mais en revenir à cet éternel tac au tac, c’était bon. Ça prouvait qu’il y avait toujours une certaine complicité entre eux. Même si cette complicité toujours existante était la malédiction de Junpei, la chose qui lui causerait ses cogitations futures, il le sentait, il était tout de même content de la retrouver. C’était un signe que ce pan de sa vie n’était pas mort comme il l’avait cru quand il avait regardé cette même fille disparaître dans un avion qui l’avait séparé d’elle durant trois ans.

Le ténébreux ne pu s’empêcher de lui jeter un regard noir lorsqu’elle évoqua la vile d’attente. Miho était très bien placée pour savoir que Junpei n’était pas de ce genre-là. Et elle sembla réaliser sa bourde par après. La voir s’empêtrer dans ses mots faisait regretter à Junpei sa réaction. Il n’aimait pas la voir mal à l’aise comme ça. Il préférait de loin la voir sourire et plaisanter.

-Oubli, c’est pas grave… Je… J’ai fait ce que j’avais à faire pour ça, alors si elle m’en veut encore, tant pis c’est tout.

De sages paroles qu’il se forçait de suivre à la lettre depuis des jours. Junpei n’avait jamais supporté les disputes de ce genre. Il fallait toujours qu’il en fasse des tonnes pour rattraper ce qui n’était pas de sa faute et ça lui avait apporté bien des ennuis l’an dernier. Ce pourquoi, cette fois-ci, il s’obligeait à ne rien faire d’autre que s’excuser. Si elle ne pouvait pas accepter ses excuses, il fallait faire une croix sur le reste, voilà tout.
C’était décidément très étrange de parler de ça avec Miho. Il ne l’avait pas retrouvée depuis une heure qu’il parlait de ses problèmes de couple. Non vraiment, il ne s’y faisait pas. Ce pourquoi il décida plutôt de ne plus en parler. Le sujet Kana serait à bannir avec Miho voilà tout!

-Et toi tu viens d’avouer que tu trichais presque toujours!

Un sourire en coin poussa aux lèvres du ténébreux. Si ça c’était pas des aveux! Muhaha! Toutes ces fois où elle avait dit « Mais non t’es juste mauvais perdant » ça lui revenait à la gueule maintenant, héhé!

Arrivé à la salle de repos, ce ne fut qu’à ce moment là que Junpei avait réalisé qu’il tenait sa main dans la sienne. Mais pour ne pas créer de situation de mal aise, ils en avaient déjà suffisamment eu comme ça, le jeune homme lâcha sa main de manière le plus naturel possible question de jouer celui qui ne s’était aperçu de rien.

-C’est une mocheté de nom que les étudiants nous on donné. Les Golden Boys. Je sais pas d’où ça vient, mais c’est nous. Keiji, Masao, Akira, Hiro’, Nao’ et moi… Comment dire… Tu as devant toi un des six types les plus populaires du bahut!

Il tendit un sourire, comme s’il faisait de la pub pour le groupe avant de se pencher pour prendre sa canette et l’ouvrir. Miho hocha de la tête à sa question et le hérisson répéta l’opération avant de se diriger vers un canapé. Il posa le livre d’Akira sur la petite table près du fauteuil qu’il avait pour habitude de prendre, avant d’aller s’asseoir sur un canapé, tendant sa canette à Miho restée debout.
Elle semblait perdue. Perdue pour tout un tas de truc et Jun ne savait pas trop quoi dire ou quoi faire pour que ça change. En fait c’était normal. Après trois ans un tas de choses étaient changées. Et Junpei espérait que ce ne soit pas qu’à cause de Kana, uniquement, qu’elle avait cette attitude…