Une belle histoire d'amitié [Yuki]

"Yuki-sama ? Yuki-sama ? Tu vas bien ? T'es toute pâle ? Tu vas vomir ? Tu devrais peut être pas le faire une deuxième fois. T'as déjà vomi trois fois après la première ! YUKIII-SAMAAAAAAAAA !"

Crier alors que Yuki se trouvait juste à côté d'elle n'était pas utile ? Bah... elle devenait vieille Yuki, elle était peut être sourde... parce que Miho avait trop crié depuis trois ans. Ouais, être amie avec Miho pouvait parfaitement rendre une personne sourde vu comment elle était grande gueule. Ainsi allait la vie. Mais en même temps, elle n'avait jamais forcé Yuki à être son amie. Dans ce monde, certaines personnes ne voyaient pas le danger. Pauvre Yuki-sama. Elle la respectait beaucoup ? Bah, elle adorait Yuki, mais elle ne la voyait pas comme son maître ou quelque chose dans le genre. En fait, c'était juste pour l'embêter un peu.
Peut être était il bon de préciser certaines choses avant de continuer. Yuki Hasegawa et Miho Nakamaru étaient amies depuis maintenant trois ans. Elles s'étaient rencontrées aux Etats Unis et avaient décidé d'être amoureuses, mais par amitié. Si, si, ce terme existait.
Elles avaient passé trois années ensemble avant de venir au Japon pour une raison mystérieuse... quel suspens insoutenable pour Yuki qui savait déjà tout !
Leur relation était bonne, même excellente. Miho considérait la demoiselle comme sa meilleure amie... et oui, elle lui criait quand même des Yuki-sama. Mais c'était Miho, et Miho était... euh Miho ? Quelque chose de compliquée. Il fallait juste retenir qu'elle aimait embêter son petit monde. Pas de jaloux, sa meilleure amie devait y avoir le droit.

Ce matin, les deux demoiselles avaient décidé de se rendre au parc d'attraction. Ou plutôt, Miho avait décidé d'aller chez Yuki à 4 heures du mat' pour la réveiller et l'entraîner ici, une heure plus tard. Pourquoi elle avait fait ça ? Parce que Yuki lui avait dit qu'elle voulait faire une énorme grasse matinée le samedi ! Elle se devait de sauver ses amis de la paresse muahahaha.
Elles étaient venues au parc un peu en avance... soit trois heures et demi avant l'ouverture. Evidemment, Miho avait pensé à apporter des tas de trucs qui font du bruit pour s'occuper pendant l'attente. Et evidemment, elle avait déclaré qu'elle pensait que le parc ouvrait plus tôt: odieux mensonge.
Passant son temps à jouer des jeux videos en poussant des cris quand elle voyait que Yuki risquait de s'endormir dans un sommeil agréable. Elle avait également écouté de la musique en chantant super fort, taper dans ses mains avant de lancer le jeu des devinettes et tant d'autres occupations que son amie n'avait pas manqué d'apprécier avec tant d'enthousiasme ! Qu'il était bon de faire plaisir à une amie.

Quand le parc avait finalement ouvert ses porte, elles étaient venues directement à cette attraction. Ou presque. Elle avait peut être insisté pour faire un détour dans une boutique pour acheter le masque d'un des personnages du parc à Yuki. Allez savoir pourquoi, celle ci avait refusé de le porter.
Haussant les épaules, elle avait donc choisit une attraction à sensation forte, tirant son amie avec elle. Même en étant arrivées tôt, elles trouvaient le moyen de faire la queue. Attendre sagement était la réaction à avoir. Mais attendre sagement sans embêter un peu Yuki-sama... ce n'était définitivement pas drôle. Et en plus, elle trouvait le moyen de réduire cette queue. Voilà pourquoi, elle avait pensé que faire croire que:

"Eurk... quand jrepense au vomi que t'as mis partout"

Oui, foutre la honte à Yuki semblait une bonne idée pour passer le temps. Tournant un grand sourire vers Yuki, ce sourire tout fier qui montrait très bien qu'elle était contente de la faire chier, elle lui avait tapoté l'épaule.
N'empêche que, son plan marchait, plusieurs personnes les avaient regardé avant de se mettre sur la pointe des pieds avant d'essayer de voir à quoi l'attraction ressemblait.
Hum, s'ils n'étaient pas convaincus, elle voulait bien faire davantage d'effort:

"Ah puis, évite de vomir de nouveau sur les gens en sortant ! Surtout que quand tu vomis, c'est pas du ptit vomi ! Mais t'en fais pas Yuki-sama, je vais m'occuper de toi !"

Se mettant sur la pointe des pieds, elle avait tenté de voir le bout de la fil, cachant le grand sourire malin qu'elle avait envie de laisser sortir. Sans grand étonnement, elle avait vu les personnes devant elle faire demi tour pour faire la file à contre sens. Les gens étaient si sensibles, elle ne parviendrait jamais à les comprendre.
C'est au moment où elle avait tourné les yeux vers Yuki pour lui faire un cool tout fière du pouce, qu'un gosse l'avait tiré par le bras pour dire:

"Dites Madame, c'est vraiment si horrible que ça ?"

"T'as pas entendu ? L'histoire de ce gosse. A peu près ton âge d'ailleurs ! Ils revissent mal ici, des vérifications baclées. Après ça, il y avait ses boyaux un peu partout, ainsi que du sang. Et le pire, c'est qu'on a mis trois heures à retrouver sa tête !"

Et le gosse était sortit du rang en courrant. Il n'avait qu'à pas faire le malin à vouloir y aller sans ses parents è_é.

Invité

- I hate you Miho Nakamaru. You’ll pay for that !

Voilà tout ce que Yuki Hasegawa avait trouvé à dire à sa meilleure amie. Oui. Cette personne qu’elle disait détester en anglais, en japonais et en toutes les langues possibles était bien celle pour laquelle elle était principalement venue au Japon. Et maintenant ? Il fallait la comprendre en même temps… Il était assez difficile d’énerver la jeune fille. Au fond, elle ne l’était pas vraiment. Sûrement plus amusée qu’autre chose. Et habituée aussi. Il y avait certaines choses qui ne changeraient jamais, qu’on soit dans un pays ou dans un autre. Tout dépendait des personnes. Yuki avait décidé de rester avec Miho, nettement plus amusante que ses parents et beaucoup plus attachés à elle qu’à n’importe qui d’autre. Elle en subissait les conséquences. Au bout de trois ans, elle avait largement eu le temps d’apprendre à s’en amuser plutôt qu’à rester là, toujours à s’énerver pour un oui ou pour un non. C’aurait été quelqu’un d’autre, il s’en serait sûrement pris plein la figure de la part de Yuki. Mais c’était sa meilleure amie. Ca suffisait comme prétexte.
Il faudrait tout de même qu’on lui explique une chose. Que Miho ait une énorme envie d’aller à un parc d’attraction, la jeune fille pouvait comprendre. Qu’elles doivent s’y rendre dès l’ouverture, là encore, ça rentrait dans ses capacités. Mais bizarrement, cette sortie imprévue était tombée pile le jour où elle avait affirmé vouloir faire une énorme grasse matinée. Chose bien naïve de sa part. Connaissant Miho, elle aurait probablement dû inventer quelque chose, comme quoi elle avait un rendez-vous important vers neuf heures et qu’elle ne devait absolument pas oublier de se réveiller. Sauf que les mensonges, même pour plaisanter, ça n’était pas son truc. C’était même très loin de l’être. Tant pis.
Elle qui ne se posait des questions que très rarement en avait une autre en tête. Où était l’utilité de venir sonner chez elle à quatre heures du matin quand le parc d’attraction ouvrait à neuf heures ? Il n’y en avait pas. Yuki ne s’était pas attardée longtemps là-dessus. Trop fatiguée pour ça d’abord. Et ensuite parce que la réponse était suffisamment évidente pour qu’elle étudie encore le pourquoi du comment.

La demoiselle avait donc été tirée du lit à quatre heures du matin, bénéficiant des délicates attentions de sa meilleure amie. Complètement dans les vapes, elle s’était préparée et avait mangé rapidement un petit-déjeuner. Résultat ? A cinq heures, elles quittaient son appartement. Sa tenue ? Quelque chose d’assez simple. Un slim gris, un T-shirt long et ample, manches trois quarts et dévoilant son épaule droite, elle avait enfilé les premières chaussures qui s’étaient proposées à elle. Soit des chaussures en tissu noir et au bout en cuir blanc, qui allaient s’accorder avec son sac. Pour finir, ses cheveux étaient relâchés. Comme d’habitude, sauf quand elle faisait du sport.
Trois heures trente. Elles avaient attendu trois heures trente avant que le parc d’attraction n’ouvre. Ce qu’elle avait fait ? Pendant un bon moment, Yuki avait comaté et lutté avec force contre le sommeil. Quoi qu’elle se serait volontiers laisser glisser dans les bras de Morphée. Là encore, on ne savait pas pourquoi, plusieurs bruits l’en avaient empêché. N’allons pas tourner nos soupçons vers Miho… Mais accusons-la plutôt avec certitude.
La suite ? Elle s’était allumée une cigarette, chose rarissime étant donné son état de sportive, et avait engagé une conversation avec sa clope. Lui demandant d’avoir le pouvoir de la faire se rendormir aussitôt, sans que rien ni personne ne puisse la réveiller. L’énergie que Miho mettait à la faire chier était, en elle-même, incroyable. Elle méritait le prix de la personne la plus patiente du monde.
Maintenant ? Elles en étaient à parler de vomi. Connaissant sa meilleure amie, elle avait très certainement l’intention de rendre la queue dans laquelle elles étaient moins longue. M’enfin y avait d’autres moyens que d’essayer de la faire passer pour un distributeur de vomi… Ce qui avait l’air de… Fonctionner ?

- Je crois que… Ouais. Si jamais l’envie de vomir me prend, fais-moi penser à me tourner tout le temps vers toi. Je mérite réparations et compensations pour ma grasse matinée gâchée.

Tout ça prononcé en anglais. Quoi ? Après tout, ça ne la dérangeait pas particulièrement que tout le monde pense qu’elle était réellement sensible aux manèges à sensations des parcs d’attractions. Et puisqu’il s’avérait que c’était un excellent moyen pour rendre la file d’attente moins longue, autant faire en sorte d’en profiter. N’allons pas non plus jusqu’à dire que ça ne la soûlait pas un minimum. Mais elle était habituée. Et même plus qu’habituée. Ce genre de scènes faisait partie de son quotidien. Mais elle n’en était pas blasée. Difficile de l’être en même temps quand on était avec Miho Nakamaru et qu’on découvrait de nouvelles manières de faire chier le monde tous les jours.
En tous les cas, même si elle donnait l’impression que ça ne la dérangeait pas, elle n’allait pas non plus participer. Au final, elle avait préféré regarder ailleurs, comme s’il ne s’agissait pas d’elle. Elle avait simplement marmonné à Miho, pour qu’il n’y ait qu’elle qui puisse l’entendre :

- Trop gentil de vouloir t’occuper de moi… Vraiment, tes petites attentions me touchent énormément… Dis-moi la vérité maintenant, je suis masochiste, c’est ça ? Je me fais pas de fausses idées ou un truc du genre ?

Là, un gamin avait questionné Miho sur la vérité de ses propos. Le pauvre… Il ne savait pas à qui il avait à faire, ça se voyait. Lâchant un soupir, la demoiselle avait préféré se retourner pour tenter de ne pas entendre la réponse de sa meilleure amie. Mais comme d’habitude, c’était inévitable. Et quand elle avait deviné que le petit avait taillé la route en piquant probablement un sprint, elle n’avait pas pu s’empêcher d’avoir un sourire amusé. Soyons clairs : elle n’était pas sadique. Ce qui n’empêchait pas de lui faire dire quand même :

- Pauvre gosse… T’es dure Miho. Le monde va souffrir quand tu vas le dominer. Incroyable, tu me réveilles à quatre heures du matin et je t’envoie des fleurs. Le Japon a un effet néfaste sur mon cerveau.

"KAKOIIIIII ! I love you !!!"

Ce n'était sans doute pas la réponse qu'on attendait. En tout cas, ce n'est pas ce qu'on dirait après une confession de haine. En temps normal. Mais il fallait oublier les choses qu'on ferait normalement quand il s'agissait de Miho et que son but principal dans la vie était d'être une emmerdeuse classe.
Un grand sourire sur les lèvres, elle avait détourné les yeux de son amie. Sans doute certains penseront que ce n'était pas bien d'embêter une amie, qu'elle risquait de la perdre et blabla. Mais il fallait comprendre que leur relation avait quelque chose de différent et que Yuki était une masochiste qui demandait chaque soir que Miho la frappe un peu plus fort. Ah cette Yuki, une sacrée cochonne ! Pauvre Miho qui était si innocente et si fragile et qui se voyait pervertir par une fille aussi manipulatrice que Yuki-sama. Alors, il était parfaitement normal qu'elle l'embête de "temps en temps" pour lui rendre la monnaie de sa pièce.
Yuki lui avait volé son innocence, elle lui volait sa tranquilité. Même si cette excuse n'était qu'un odieux mensonge inventé à des fins malhonnetes. Est-ce qu'elle avait une raison particulière pour avoir décidé de gâcher le samedi de son amie ? En temps normal, elle aurait pu répondre de nombreuses fois un simple "bah non". Mais aujourd'hui, les choses étaient nettement différentes. Depuis plusieurs jours. Depuis son retour pour être plus précise.
Elle avait simplement souhaité être avec sa meilleure amie, s'occuper à l'embêter, pour tenter de penser à autre chose qu'à un fameux jeune homme il y a plusieurs années.

De cette rencontre dans les couloirs de l'école, Miho n'avait toujours rien dit à Yuki. Elle avait préféré ne pas mentionner le fait qu'elle avait croisé Junpei et avait continué de jouer son emmerdeuse avec elle comme elle le faisait aujourd'hui. Elle ne pouvait pas dire qu'elle avait la forme, mais elle se bornait à faire comme chaque jour comme si de rien était.
Pourtant, Yuki était Yuki. Soit une personne qui comptait beaucoup pour elle et à qui elle pouvait tout dire. Têtue comme elle était, elle avait préféré la solution la réveiller à 4 heures du matin pour l'entraîner ici. Si elle était levée à cette heure là, c'était tout simplement parce que, de son côté, elle n'avait pas trouvé le sommeil.
Se mettant de nouveau sur la pointe des pieds pour regarder le bout de la fil une nouvelle fois, elle avait alors eut cette phrase qui ne pouvait venir que d'elle:

"Yuki-sama, jcrois qu'ils ont toujours pas nettoyé ton vomi !"

C'est à cet instant que deux nouvelles personnes avaient quitté la fille, avant que trois autres ne le fassent dans un air inquiet. La vie était dure pour les gens qui avaient décidé de venir dans ce parc le même jour qu'elle. Ils n'avaient pas appris qu'il ne fallait pas regarder les jours d'ouverture, mais les jours où elle venait. Pauvres ignorants.
Reposant ses pieds sur terre, elle avait lancé un air écoeuré à Yuki, comme si c'était la fille la plus écoeurante du monde. Lui vomir dessus ? Mais de maso, elle passait à scato. Et bien, Yuki ne s'arrangeait pas avec l'âge.
Posant une main sur la tête de son amie, elle lui avait tapoté le crâne. Ahlala, cette pauvre gosse empruntait un mauvais chemin. Chaque jour, elle la voyait sombrer un peu plus dans le gouffre. Quel malheur de voir sombrer un espoir de la jeune génération dans les vices de la vie ! Alcool, sexe, drogue,... qu'est-ce que Yuki n'avait pas fait sérieusement ?
Aaaaah, qu'est-ce qu'elle était classe ! Quelle chance elle avait de traîner avec une dépravée pareille:

"Tu sais que tu devrais te lancer dans le porno ! Tu ferais un malheur avec ce genre de réplique *.*"

Une petite moue satisfaite sur le visage, Miho avait fait mine de fouiller dans son sac pour y chercher quelque chose. Pestant un peu, elle avait finit par sortir son portable. Fouillant dans le répondeur pour chercher le profil de son amie, elle l'avait simplement renommé 3617Yuki-chan. Voilà ! Son amie avait désormais le droit de donner des rencontres chaudes. Il était bon d'être prévoyante. Si un jour Yuki devenait pauvre, elle aurait un avenir coquin. Et on dit merci qui ? Merci Mimi ^o^.
Rangeant son portable dans un petit air malin, elle avait levé le pouce en direction de son amie. C'était fait, elle venait de lancer sa carrière dans un geste symbolique dont le Japon se souviendrait.
Définitivement, Yuki était le genre de personne intelligente qui savait se comprendre elle même ! Yuki venait de faire un grand pas dans la voix de la guérison. Quand une personne avait un problème avec une drogue ou autre, le pas le plus difficile était de le reconnaître.
Son amie méritait une récompense.
Mettant ses mains en porte voix, elle avait alors lancé comme si elle n'avait pas donné assez de raisons à Yuki de mettre un masque aujourd'hui:

"S'il vous plait ! Est-ce que quelqu'un dans l'assitance aurait un fouet pour que je puisse fouetter mon amie ici présente ?"

Evidemment, personne n'avait répondu. A part des airs choqués ou outrés, elle n'avait pas reçu grand chose en guise de réponse. Certains s'étaient mis à dévisager Yuki, ce à quoi Miho avait répondu:

"Non, ne me remercie pas. Je ne fais pas ça pour la reconnaissance, juste pour venir en aide à une personne que j'aime."

Euh Miho... personne ne peut être sûr que ton amie a en fait envie de te remercier pour ta grande action du jour.
Peu importe !
S'avançant de quelques pas dans la file d'attente, elle avait fixé quelques secondes un groupe de gens devant elles. Hum... des lycéens, le profil typique de lèches cul. Voilà à quoi devait ressembler un vrai guide ! Dommage que Junpei ne soit pas là pour qu'elle puisse lui montrer comment il aurait du être s'il voulait devenir le larbin de service.
Ok -3 pour la capacité à ne pas penser à lui.
Merci Yuki-sama ! Voilà ce qu'elle avait pensé quand celle ci lui avait fait des compliments. D'abord, parce qu'elle acceptait les flâteries. Ensuite, parce qu'elle lui permettait de tenter de revenir à un sujet qui n'incluait pas d'homme au goûters volés.

"C'est pas le Japon. C'est juste ma grandeur qui devient de plus en plus éblouissante de jour en jour."

[Rouge= En anglais]

Invité

Dans le cas de Miho, pas besoin d’avoir des tendances psychopathes pour être pris d’une subite envie de meurtre. N’importe quel individu à peu près normal aurait déjà imaginé une dizaine de façons de lui faire fermer son orifice buccal. Ca n’était pas le cas de Yuki. Mais la demoiselle bénéficiait de longues années d’expérience qui lui avaient permis d’avoir une patience hors du commun. Certes, mais seulement pour sa meilleure amie. Si ça n’avait pas été elle, comme tout le monde, elle aurait probablement déjà tenté de lui arracher la langue. Elle n’était pas masochiste. Elle avait simplement eu un coup de cœur pour Miho Nakamaru à leur rencontre. C’aurait pu tomber sur n’importe qui. Même un serial killeur. Entre les deux, on pouvait se demander lequel était préférable… Sa meilleure amie incroyablement chieuse ou un tueur en série ?
En même temps, on pouvait dire que Miho était le genre de personnes à provoquer des suicides sans s’en rendre compte (dédicace : p). D’accord, l’idée était probablement poussée à l’extrême. Les caractères des deux amies étaient tellement différents qu’on pouvait dire qu’il s’agissait du jour et de la nuit. Et de tant d’autres opposés. Mais ils se complétaient. C’était sûrement pour ça que Yuki s’était mise à adorer Miho le plus inconsciemment du monde. Jusqu’à se rendre compte qu’elle était plus importante que beaucoup de personnes dans sa vie. Si ce n’était pas toutes. En même temps, on ne pouvait pas vraiment dire que Yuki Hasegawa avait beaucoup de liens qui lui tenaient réellement à cœur.
Pour la jeune Nakamaru, si la demoiselle confessait ne vouloir que son bonheur, ça ferait sûrement un peu cliché. Même si c’était un peu vrai. Elle n’ignorait pas du tout les vraies raisons du retour de son amie au Japon. Et elle désirait réellement qu’elle parviendrait à ses fins, parce que d’une certaine façon, Yuki considérait qu’elle le méritait. Même si bon nombre d’autres individus souhaiteraient plutôt qu’elle se foire complètement. Après tout, Miho savait autant se faire aimer que détester.
D’un autre côté, puisqu’aucune amitié ne pouvait être totalement parfaite, Hasegawa était forcée d’admettre qu’elle l’enviait un peu. Pas pour la personne qu’elle venait retrouver, mais plutôt ce qu’elle avait vécu. Même s’il était plutôt logique qu’elle n’y ait pas droit. Trop prise de tête selon elle.

A la déclaration d’amour quelque peu bruyante de Miho, la demoiselle avait esquissé un léger sourire tout en se massant doucement les tempes, fermant les yeux durant quelques secondes. Elle était à la fois agacée et incroyablement amusée. Mélange d’humeur auquel elle était familière, passant énormément de temps avec son amie depuis déjà trois ans.
Dans le fond, Yuki savait parfaitement bien que cette journée serait encore bonne. Et elle ne pouvait pas franchement se plaindre en parlant d’ennui. Elle ne serait tout simplement pas crédible. Parce que s’ennuyer avec Miho Nakamaru relevait de l’impossible. Sauf si la demoiselle avait décidé que le moment se déroulerait comme ça.
Ce qu’il y avait de bien avec elle, c’était que plus elle faisait chier quelqu’un, plus on pouvait être sûr qu’elle l’appréciait. Là-dessus, Yuki n’avait pas vraiment de quoi s’inquiéter. Elle le serait le jour où le véritable démon qu’elle était ne lui sortirait pas un de ces fameux « Yuki-sama ».
Toujours amusée, elle ne le fut qu’un peu plus quand Miho affirma en japonais qu’on ne devait toujours pas avoir nettoyé son soi-disant vomi. Au moins, on pouvait être sûr qu’elle le disait de manière suffisamment crédible pour que plusieurs personnes quittent la file d’attente. De nouveau, la jeune Hasegawa avança de quelques pas dans la file.

- Et pourquoi ça ne serait pas toi qui aurait vomi partout ? Parce que franchement, j’ai autant la tête d’une fille malade que toi !

Preuve qu’elle n’était plus trop agacée par l’attitude de sa meilleure amie ? Yuki avait un sourire sur le visage et venait tout juste de lui ébouriffer légèrement les cheveux. Geste qu’elle faisait rarement, plus par affection que pour tenter de la soûler comme elle-même le faisait… Tout le temps. Puis elle avait bâillé. Signe qu’elle était toujours extrêmement fatiguée.
Se mettant sur la pointe des pieds, elle avait pu voir que leur tour d’entrer dans le manège arriverait très bientôt. Eclatant de rire à la remarque de Miho, elle avait répondu simplement par un seul mot :

- Perverse.

Puis, pendant un long moment, Yuki était restée silencieuse à la suite des paroles de sa meilleure amie. Hum… D’accord. Elle comprenait parfaitement le japonais, mais avait seulement quelques difficultés de temps en temps à trouver ses mots. Ce qui expliquait complètement qu’elle ait relevé les yeux au ciel. Une seule question : pourquoi ? Pourquoi fallait-il que son coup de cœur se soit porté sur elle ? Grande question. Qui resterait sans réponse probablement.
Soyons clairs sur un point : Yuki n’avait pas la moindre envie de se faire fouetter. Même par Miho. Pas de sa faute si cette dernière avait des tendances sadomasochistes. Son affection pour elle n’allait pas jusque-là et ne dépasserait jamais certaines limites. Limites qu’elle allait devoir exposer à son amie, pour le bien de leur relation.

- Oh mon Dieu…

Continuant de se masser les tempes, ses yeux sombres s’étaient poses sur Miho. Qu’elle ne s’inquiète pas, Yuki n’avait pas eu la moindre intention de la remercier ou quoi que ce soit d’autre. Finalement, peut-être que les tendances psychopathes allaient enfin naître chez elle. Peut-être qu’elle allait la tuer et finirait ses jours dans la tranquillité d’une prison. Ou peut-être pas. Sûrement pas d’ailleurs. Posant une main sur l’épaule de celle qui la torturait psychologiquement depuis trois ans, la demoiselle lui avait répondu un simple :

- Si tu veux vraiment m’aider, pour mon bien, ne me viens pas en aide.

Toujours ce léger sourire sur ses lèvres, Yuki avait soupiré avant d’avancer de nouveau dans la queue. Bientôt leur tour. Bientôt viendrait le moment où elle pourrait dormir pendant un peu moins de deux minutes dans ce fameux manège où elle était sensée avoir vomi plusieurs fois.
Temps de réflexion, puis nouvelle réponse :

- Moui… L’hypothèse du Japon me semble un peu plus probable. Sans vouloir te vexer bien entendu.

Oula non, n’allons pas penser que Yuki essayait de faire chier Miho. Ce serait un véritable suicide. Appelons cela de la pure et simple taquinerie amicale.

[rouge=anglais]

"Pfff, jte jure Yuki, la prochaine fois, me réveille pas à 4 heures du mat' ! T'es lourde avec tes plans !"

C'est en s'étirant et en poussant un énorme baillement que Miho avait osé prononcer cette phrase. Attendez une minute, c'était bien elle qui venait de dire ça ? Ce n'était pas une hallucination collective ou quelque chose dans ce goût là ? Bah fallait croire que non x__x. Pour avoir du culot, elle en avait. Sans doute un peu trop même.
Tournant sa tête vers Yuki, la demoiselle avait formé un bisou avec ses lèvres. Aaaah, qu'est-ce qu'elle pouvait l'aimer son amie ! Elle l'aimait tellement qu'elle ne pouvait pas passer une seule seconde sans l'embêter. Elle était en quelques sorte accro. Yuki était donc obligée de la supporter le restant de ses jours.
Allez, peut être qu'une fois dans la journée, elle la laisserait un peu en paix. Après tout, les autres aussi avaient le droit à leurs moments Miho. Et puis, Yuki avait le droit à des vacances. Ou alors, elle en avait besoin. C'était fou ce qu'elle avait une mine fatiguée. Aaah les jeunes, ils se couchaient tard et voilà le résultat ! Il fallait absolument qu'elle surveille le rythme de vie de son amie en passant une semaine, sept jours sur sept, dans son appartement.
Quelle grande idée elle venait de trouver ! Et non, ça ne l'arrangeait pas pour ne pas avoir l'air préoccupé ! Miho était invincible ! Miho... Miho en avait marre d'être stupide ! C'était décidé, pour son prochain anniversaire, elle commandait un lot de cerveaux jetables si on en faisait ! Dès qu'elle devenait trop stupide, elle le changeait. Le sien avait rendu l'âme depuis trop longtemps. Faut dire que Junpei avait le don pour faire griller son cerveau puisqu'il lui semblait que c'était depuis le jour où elle avait commencé à sortir avec lui qu'elle avait commencé à devenir pathétique !
Quel tricheur ! Faire griller le cerveau des gens, c'était de la triche è__é. Il n'avait pas le droit de la faire se sentir si pathétique.
Ou alors... elle n'avait pas le droit d'être aussi conne et de réagir de manière bizarre. Mouais... elle votait quand même pour la version un qui lui semblait plus réaliste. L'invincible Miho s'était trop moquée d'elle même pour aujourd'hui.

Donnant une grande claque sur son front comme si Yuki ne s'était pas trouvée à côté d'elle, elle s'était concentrée pour se souvenir que sa mission première était d'emmerder sa meilleure amie aujourd'hui. C'était le but de la journée ! Penser à autre chose ! Et pas revenir aux pensées qu'on ne veut pas avoir parce qu'on voulait penser à autre chose. Et merde, elle était définitivement stupide.
Dans un grand soupir, elle avait retiré sa main. Est-ce que les trucs de méditation marcheraient sur elle ? Ou alors, elle était définitivement condanmée à devenir une dépressive. Génial... elle qui voulait apprendre à jouer de la flûte traversière... son rêve était définitivement brisé.
Tournant les yeux vers son amie, elle avait haussé les épaules. Se justifiant d'un "c'est fou ce qu'il y a comme moustiques cette année", ou quelque chose dans ce goût là.
Elle esperait que cette attraction lui remettrait les idées en ordre, ou en désordre... ou, enfin un truc qui rendait moins idiote et moins "bah je viens en cours x__x". Oh mon Dieu, j'ai envie de lui dire mais je veux pas lui dire ! Ouais, tout à fait le genre de choses qu'elle trouvait conne chez elle. Mais elle ne voyait aucun rapport avec sa grande fierté è__é. Tout ça, c'était de la faute de Junpei qui n'avait pas été capable de se faire détester toute sa vie.

"Bah parce que j'ai pas envie d'être Super Vomi. J'allais quand même pas choisir le rôle le plus pourri ! Je préfère être la grande méchante qui fait souffrir Super Vomi !"

Ahahahahaha, ça c'était la meilleure des réponses ! Pauvre Yuki qui n'y était pour rien dans sa stupidité, obligée de la supporter pendant trois années. Rien que pour ça, elle trouvait que son amie avait de la classe ! Yuki était indestructible à sa manière. C'était une dure à cuire ! C'est sans doute pour cette raison que Miho lui avait donné cette grande tape qui voulait être un geste d'homme viril dans le dos de son amie.
Mouais... c'était sans doute pour ça. Ou alors, parce qu'elle avait pensé qu'elle allait se mettre à tousser, ou qu'elle avait quelque chose de coincé dans la gorge.
Elle ? Perverse ? Mais c'était une accusation parfaitement fausse:

"Ah non, je suis plutôt une Sainte moi ^o^. Ne rejette pas tes penchants douteux sur moi !"

Et comme si elle en avait pas fait assez:

"Mais Yuki, arrête de me toucher les fesses ! Je t'ai déjà dis que je n'étais pas de ce bord là ! Tes avances commencent à passer pour du harcèlement tu sais !"

Aaaaah, comment occuper une fille d'attente ! Miho, Yuki, porter l'attention sur Yuki, et le tour était joué. Dans un air malin, elle avait regardé les différentes personnes qui fixaient Yuki à présent. C'était sûr, sa place auprès d'elle dans l'attraction n'allait pas lui être volé. Personne ne voudrait s'asseoir à côté de son amie, une perverse qui vomit partout ! Et avec un peu de chance, elles auraient même un wagon pour elles toutes seules. Enfin, pour ça, il fallait que Yuki participe un peu plus. Mais celle ci ne semblait pas être du genre très coopérative. Tsss. On n'était jamais mieux servis que par soi même.
Et ne pas lui venir en aide... ce serait une catastrophe pour Yuki. Sa vie serait un véritable échec. Et puis, elle finirait par ressentir le manque de sa Miho. Mais puisqu'à ce moment précis, ça l'arrangeait.

"Ok, jte laisse passer pour Super Vomi la perverse ! Jvoulais dire que je plaisantais, mais puisque tu veux pas de mon aide !"

Un tirage de langue plus tard, elles arrivaient enfin devant l'attraction. Amusée de voir que certaines personnes n'osaient pas poser leurs mains et s'occupaient à regarder aux alentours comme pour voir si Yuki avait vraiment été malade, elle avait ajouté un clin d'oeil à son amie.
Peut être que c'était à cause du Japon, mais en attendant, elles avaient fait moins de file d'attente grâce à elle. Il fallait rendre à Miho ce qui était à Miho. Montrant deux doigts quand on leur avait demandé combien de personnes, Miho avait pris la main de son amie pour l'entraîner avec elle.
Ouais... Yuki pouvait fuir pendant que Miho faisait l'attraction.
Une fois installée, elle avait simplement lancé:

"T'as pris un sac plastique ?"

[rouge=anglais]

Invité

C’était définitif. Miho avait beaucoup trop de culot. Pourquoi ? Affirmer qu’elle s’était faite réveiller par Yuki à quatre heures du matin était légèrement abusé. Tout d’abord, ce rôle de chieuse n’allait pas du tout avec la jeune Hasegawa. Ensuite ? Dans l’histoire, elle était la victime, pas la criminelle.
Ce qui expliquait le regard assassin qu’elle avait posé sur sa meilleure amie. Pendant de longues, très longues secondes, la demoiselle était restée silencieuse. Elle préférait ne rien dire. Tout se lisait dans son regard franchement expressif. Si Miho ne comprenait pas, elle irait… Nulle part. Parce qu’il fallait l’admettre, si elle avait un don incroyable pour l’agacer, Yuki ne pouvait pas se sentir aussi bien ailleurs qu’en sa présence. D’accord. Peut-être serait-il temps d’accepter son côté masochiste. Côté masochiste qui avait pris peu à peu le dessus sur sa personnalité sans qu’elle ne s’en rende compte. Ce qu’elle ferait pour s’en débarrasser ? Rien. Parce que ça voudrait dire aussi se débarrasser de Miho, et elle n’en avait bizarrement pas la moindre envie. Définitivement, Yuki avait un problème au cerveau.
On aurait pu croire qu’elle allait enfin se décider à prendre la parole. Mais non. Elle n’en fit rien, lâchant à la place un autre soupir. Le combientième aujourd’hui ? Pas la peine de les compter. Il y en avait beaucoup trop. Suffisamment trop pour qu’une personne normale soit désespérée. Pas elle. Elle avait l’habitude, si on pouvait nommer les choses ainsi.
Trois ans. Ca faisait trois ans qu’elle avait rencontré Miho et qu’elle avait pris inconsciemment la décision qu’elles seraient meilleures amies. Allez savoir pourquoi, Yuki l’avait trouvée exceptionnelle. Sûrement parce qu’elle l’était après tout. Son quotidien avait été bouleversé par cette quantité d’énergie chieuse qu’elle se recevait toujours de manière différente depuis leur rencontre. Son amie lui en avait fait voir des vertes et des pas mûres. Alors qu’avant, elle avait vécu franchement tranquillement. Elle continuait même de le faire lorsqu’elle n’était pas avec Nakamaru la terrible. Et elle continuerait toujours de le faire, parce qu’elle était comme ça. Elle avait eu ses amis à New York. Les mêmes que depuis qu’on l’avait inscrite à une école.

Ils avaient passé pas mal de bons moments ensemble, mais ce n’était que ça. Pas de choses qui sortaient de l’ordinaire. Ils faisaient un peu comme tout le monde et s’étaient confortés dans le stéréotype de la jeunesse dorée. Génial. Ca ne l’avait pas particulièrement dérangée. Mais à partir d’un certain moment, elle avait préféré être avec Miho. Dès son arrivée à New York en fait.
Peut-être que d’un autre côté, le fait de croiser une nouvelle Japonaise et la retrouver dans sa classe avait aidé à ce qu’elles créent ce lien. Peut-être que c’était cette rencontre qui lui avait fait prendre conscience qu’elle voulait renouer avec ses racines et que définitivement, vivre avec ses parents, elle n’en pouvait plus. Peut-être, oui. Ou peut-être pas. Peut-être qu’elle n’avait pas eu besoin tant que ça de l’aide de Miho pour se rendre compte que sa vie la faisait chier. D’un autre côté, elle n’avait pas envie de changer. Elle considérait être plutôt bien. Sympathiser facilement avec des personnes inconnues n’était pas donné à tous. Si elle n’avait pas envie de se prendre la tête, ça n’était pas un problème en soi. D’ailleurs, elle devrait probablement arrêter de le faire maintenant. Faire une réflexion sur sa vie jusqu’ici, ça n’était pas son genre du tout. Elle n’était pas le style de personnes à apprécier particulièrement ça. C’était inutile. Sans le moindre intérêt. Quant au fait que la jeune Nakamaru se soit frappé le front, il n’y avait aucune explication à donner à cela. Elle avait probablement dû faire une sorte de surchauffe au niveau du cerveau.
Parler de vomi, ça c’était un sujet intéressant ! Okay, on repassera. Au moins, preuve était faite qu’elle pouvait discuter d’absolument tout avec Miho.

- Ouais c’est bizarre, moi non plus j’ai pas envie d’avoir le rôle le plus pourri, ça nous fait un point commun. T’aurais pu le donner à quelqu’un devant nous ou derrière nous, histoire que je sois pas mêlée à des trucs dégueu, faut le dire.

Bizarrement, quand elle se remettait à parler à sa meilleure amie, Yuki revenait à zéro. Sans énervement, sans rien. Ou au moins avec un peu d’amusement. Qu’elle avait mis dans sa voix. Malgré toutes les fois où Nakamaru avait pu la soûler, elle n’avait jamais failli péter un câble. Et elle n’avait jamais cessé de la considérer comme la personne la plus proche d’elle. Bon, le moment mignon était terminé. Ca non plus, ça ne lui allait pas. Elle se connaissait suffisamment bien pour le dire. On ne l’imaginait sûrement pas débarquer avec des vêtements incroyablement choux à jouer les petites filles adorables et niaises. Surtout que la niaiserie… Etait quelque chose qu’elle n’appréciait pas trop chez les autres.
Miho avait affirmé qu’elle était une sainte, et Yuki ne s’était pas empêchée d’éclater de rire. Rire qui se calma légèrement lorsqu’elle finit par affirmer en japonais quelque chose que la jeune fille comprit parfaitement. Ah ? Elle voulait faire ça ? Ok, autant se prendre au jeu. Et puisque de toute façon, elle ne pourrait plus passer pour quelqu’un de sain de corps et d’esprit ici, elle ne voyait plus trop pourquoi elle devait s’en priver. Ce serait déjà moins chiant, et voir les têtes des personnes choquées autour d’elle ne pourrait que lui rappeler quelques souvenirs qu’elles s’étaient faits à New York. Dans d’autres situations.

- C’est où tu veux quand tu veux honey…

Faisant un clin d’œil à Miho, Yuki avait ensuite relevé la tête pour dégager la mèche de cheveux qui lui était retombée devant les yeux. Non, elle ne ferait pas attention aux personnes qui s’étaient tournées vers elle, toujours aussi choquées. Et histoire d’insister un peu plus, elle avait fini par prendre sa meilleure amie par les épaules, dans un grand sourire.

- Menteuse. Je veux pas de ton aide quand même.

Et les voilà à présent s’installant dans l’attraction. Calant son sac sous ses pieds, Yuki avait haussé les épaules à la question de Miho. De toute façon, dans ce genre de manège, le sac plastique ne servait à rien vu le nombre de loopings et de vrilles. Dans quelques secondes, elles allaient partir. Et enfin, juste avant que cette dernière ne démarre, la jeune fille avait fermé les yeux, fermement décidée à profiter de ces deux minutes où elle pourrait reposer ses pupilles :

- Bonne nuit.

Et l’attraction commença.

¤¤¤L'après attraction¤¤¤

"Yuki... t'es pas drôle ! T'as pas le droit de tenter de dormir pendant que moi j'essaie de te divertir."

Poussant un gros soupir, Miho était descendue de l'attraction, qui, au lieu de réveiller son amie, lui avait visiblement permis de se reposer un peu de la terrible Nakamaru. Voilà, elle avait relaché sa vigilence quelques secondes, et Yuki avait pu avoir la paix. Quand on était une chieuse, il fallait l'être à plein temps. Dépassant un groupe de personnes qui avaient quitté l'attraction tout à l'heure, elle n'avait pas prêté attention à leurs visages étonnés. Evidemment, Yuki venait de le faire et elle n'avait pas l'air d'avoir envie de vomir. Mais qu'est-ce qu'elle y pouvait si les gens étaient trop naïfs et qu'elle avait choisit le club de théâtre, une fois de plus, cette année.
Tendant la main, elle n'avait même pas attendu une seconde avant de prendre celle de son amie d'elle même. Et oui, Miho avait mauvais caractère, mais Miho laissait souvent apparaître son côté mignon la plupart du temps sans le vouloir. Comme là. Elle se trouvait avec Yuki... alors elle avait simplement envie de lui prendre la main comme une amie le ferait.
Si les gens venaient à apprendre que la grande Nakamaru pouvait se laisser aller parfois... que se passerait il ? Aucune chance qu'elle ne laisse du répit aux autres è__é. Il fallait qu'elle refasse sa réputation au Japon maintenant qu'elle était rentrée. Les japonais avaient eut des vacances de trois ans, ils n'allaient quand même pas se plaindre !

Et puis, quand Miho était préoccupée par quelque chose, elle agissait de manière mignonne sans y penser réellement. Tout simplement parce qu'elle avait besoin que Yuki reste près d'elle.
Se frayant un chemin dans la foule de gens à l'entrée de l'attraction, elle en avait bousculé certains qui tentaient de voir la tête qu'ils avaient sur les photos.
Elle, elle ne voulait rien savoir ! Si c'était pour voir que Yuki était à moitié en train de dormir, elle préférait passer son chemin plutôt que voir le résultat de sa faute d'inattention.
Un peu plus tôt, Yuki lui avait fait des avances. Elle n'en n'était pas choquée. Elle savait qu'elle avait un charme irrésistible, alors une hétéro pouvait bien en pincer pour elle ^o^. Quel dommage que Miho ne puisse satisfaire tout le monde ! Elle serait obligée de briser le coeur de sa meilleure amie parce que le sien était déjà pris et qu'elle préférait déprimer toute sa vie. Dites aux gens que l'amour était quelque chose de génial, je vous jure !
Aimer Junpei... ok, c'était génial. Mais ça ne voulait pas dire pour autant que vous éviterez les obstacles et que votre crétin de père ne décidera pas d'aller vivre aux Etats Unis.
Un cas désespéré tout simplement. Si elle y revenait toutes les minutes, la journée spécial "pensons à autre chose" était parfaitement inutile.
Un énorme soupir plus tard, Miho avait baissé les yeux dans un:

"ça suffit j'en ai marre..."

...

"Yuki, faisons l'amour !"

Ahahahaha, elle devenait de plus en plus drôle de jour en jour x__x.
Et puis comme si faire ou dire ce truc allait lui sortir sa maladie Junpei de la tête. Certaines personnes auraient sans doute pensé qu'elle allait finalement passer aux aveux avec son amie. Mais sortir une grosse connerie lui ressemblait davantage. Même si cette grosse connerie ne lui était d'aucune aide.
Courage ! Tu peux le faire Miho ! Il te suffit juste d'oublier que tu n'es pas parvenu à dormir cette nuit et que tu as pensé à appeler Junpei au moins cinq fois pour en parler. Oui, une fois que tu aurais oublié ça, tous tes problèmes sont résolus.
Si on retire le fait que tu es toujours amoureuse de ton premier amour que tu n'avais pas revu depuis trois ans et d'autres détails dans le genre.
Heeey, finalement, ce n'était pas si terrible... d'accord... bon, il fallait une attraction qui fasse si peur qu'elle ne pourrait plus dormir pour ça:

"Yuki, on va faire la maison hanté ! Et on va la faire tout de suite !"

Et voilà comment elle en était venue à entraîner son amie vers la maison hanté d'un pas précipité. Non, ce genre de choses ne pouvait pas attendre. De toute manière, elle n'était pas du genre patiente. Encore une fois, elle avait bousculé pas mal de monde sur son passage, entraînant Yuki avec elle comme s'il s'agissait d'un enlèvement. Mais la prison, elle préférait éviter. En prison, on avait trop de temps pour penser.
Dépassant tout le monde dans la file d'attente, elle n'avait du répondre aux accusations que par des "la ferme", et peut être un "F.B.I., je transporte une dangereuse criminelle !". Bon, elle n'avait pas la tête de l'emploi. Mais Yuki avait tout à fait la tête de celle qui avait tué trois gosses et leur mère dans leur baignoire ! De toute manière, vu le regard qu'elle lançait, elle se servirait de Yuki comme une arme si on tentait de l'arrêter et:

"Hey toi là ! Le comique ! Ton attraction elle fait peur ?"

"Hein ?"

"Ya intérêt, sinon on revient te frapper à la sortie, entre Yuki ! Pas le temps è_é."

Invité

- Question : on pourrait pas faire une attraction qui durerait environ… Deux heures ? Ou plus, ça me dérange pas si c’est plus.

Poussant un soupir, Yuki était sortie de celle qu’elles venaient tout juste de finir. Les deux minutes qui s’étaient écoulées ? Elle avait fermé les yeux. Seulement fermé les yeux. Disons que ce n’était pas franchement le genre où on pouvait s’endormir. Surtout quand on mangeait quasiment les cheveux de la personne devant soi dès qu’il y avait une pente et qu’on avait les oreilles attaquées par toutes sortes de cris aigus. Ces derniers ne visant apparemment qu’à faire exploser ses tympans. Alors que Miho ne s’inquiète pas. Ca n’était pas de sa faute, mais sa baisse de chieuse attitude qui s’était faite ressentir durant ces deux minutes avait été largement rattrapée par la hausse de toutes les personnes faisant l’attraction avec elles. Et le respect du sommeil, personne ne connaissait ? Non, elle ne poserait pas la question à sa meilleure amie. La réponse lui semblait évidente, venant d’une personne qui n’avait pas hésité à venir chez elle à quatre heures du matin.
Mais Yuki était loin d’être stupide. En général, si Miho faisait ça, il n’y avait pas trente six façons de l’interpréter. Et vu la situation actuelle, elle pouvait deviner que la demoiselle n’avait pas réussi à dormir. Sûrement tracassée par quelque chose. Elle n’irait pas la harceler pour savoir quoi. Elle ne lui ferait pas cracher le morceau. Hasegawa n’était pas comme ça. Forcer les gens était inutile. C’avait peut-être un rapport avec le fait qu’elle n’aimait pas particulièrement qu’on pleure sur son épaule, mais en même temps, pour ses amis… Et plus particulièrement pour celle-ci, elle assumerait son rôle. Là encore, pas forcément de la meilleure façon qui soit. Elle n’était pas douée pour ça, Miho ne l’ignorait pas. Trouver les mots justes n’était pas toujours son point fort. Elle resterait sincère, comme à son habitude, et dirait ce qui lui passerait par la tête. Ca avait son effet. Une certaine importance. Ca suffisait dans ce genre de cas, non ?
Nakamaru lui avait pris la main. Hasegawa ne l’avait pas retirée. C’était un simple geste, mais venant de la part de sa meilleure amie, elle se doutait bien qu’elle pouvait interpréter ça comme une sorte de recherche de réconfort. Elles étaient là, dans un parc d’attraction, en train de s’amuser. Sa meilleure amie était beaucoup plus chieuse que d’habitude. Elle voulait un peu d’affection. Il ne fallait pas être un géni pour comprendre que quelque chose clochait.

Alors, tout naturellement, sans montrer qu’elle avait deviné, mais sans le cacher non plus, Yuki avait prise Miho par les épaules. Elles avaient continué de marcher, simplement comme ça. Elle n’avait pas envie de se montrer insistante. D’en devenir même chiante. Ca n’était pas son rôle de toute façon dans leurs relation. Dans le fond, elle voyait peut-être aussi Miho comme sa petite sœur, ou au moins quelqu’un à protéger. Elle n’aimait pas les responsabilités, mais elle ne pouvait pas se sentir autrement que responsable de la demoiselle. Oui, elles avaient le même âge, mais ça n’était pas du tout le cas au niveau du mental. Si on donnait toujours plus à Yuki, ça n’était pas vraiment pour rien.
Elles avaient continué de marcher. Hasegawa était restée silencieuse, sans être spécialement perdue dans ses pensées. Mais si sa meilleure amie l’était, elle n’avait pas envie de la perturber. Elle n’avait pas fait attention aux photos que les clients du parc regardaient. A vrai dire, elle s’en moquait… Au moins un peu.
Là, elle avait baissé la tête vers Miho. Miho qui venait tout juste de prononcer quelques mots. Un air interrogateur sur le visage, les lèvres de Yuki s’étaient étirées en un sourire à la fois amusé et exaspéré. Mais elle connaissait suffisamment bien la jeune Nakamaru pour savoir qu’elle ne parlait pas d’elle si facilement. Pour le coup, la demoiselle lui avait ébouriffé les cheveux, geste affectueux qu’elle avait l’impression de répéter souvent en ce moment. Elle était trop gentille avec sa « gosse ». Enfin… Apparemment, cette dernière était en état de demande affective. Sinon, elle ne lui aurait pas demandé de faire l’amour, question de logique ! Passons là-dessus. Yuki avait simplement répondu :

- On le fera quand je serai en forme, promis.

Un clin d’œil plus tard, Yuki avait mis sa main devant la bouche alors qu’elle bâillait. Définitivement, se lever à quatre heures du matin n’était pas génial pour elle. Elle avait besoin de son minimum de sommeil. D’autant plus que la veille, elle avait pratiqué pas mal d’athlétisme. Nouvelle dans le club et tout… C’était suffisant pour prétexter le besoin d’une grasse matinée.
Concernant le délire bizarre qu’elles avaient toutes les deux, sachons qu’il était tout à fait normal. Il n’était pas rare de les voir toutes les deux se balancer ce genre de répliques à deux balles. Elles étaient tout simplement comme ça. Entre elles deux, il n’y avait pas de tabous. Aucuns sujets interdits. C’était un peu sur ça que se basait leur relation de toute façon.
Maisons hantée ? D’accord. Yuki avait déjà un sourire amusé sur les lèvres, pressentant déjà ce qui allait se passer à l’intérieur. Ne prenant pas la peine de s’excuser lorsqu’elles avaient toutes les deux dépassées toutes les personnes faisant la queue, elles étaient enfin arrivées devant l’entrée. Là, Miho avait presque agressé celui qui était en charge de l’accueil. Peu importait de toutes façons. Haussant les épaules, elle avait écouté son amie et était entrée. Commençant à avancer, elle avait vu plusieurs ombres inquiétantes se dessiner autour des deux jeunes filles. Puis un squelette plus ou moins réaliste s’était dressé devant elle. On avait pu entendre des cris de la part de plusieurs Japonaises. Quant à elle :

- Okay… Et c’est à ce moment-là où je suis sensée avoir peur, c’est ça ?

Fronçant les sourcils en regardant le squelette reculer devant elle, Yuki avait lâché un soupir. Ce qu’elle ne ferait pas pour le plaisir de sa meilleure amie ! La regardant, elle avait mis ses mains dans les poches de son pantalon, signe qu’elle était parfaitement à l’aise. Pas flippée du tout.

- Surtout, tu me dis quand je dois crier d’accord ? Je risque de pas vraiment savoir quand le faire sinon… Et faut bien que je te fasse un minimum plaisir.

Définitivement, pour le cas Nakamaru Miho, Hasegawa Yuki était beaucoup trop gentille et généreuse.

"Yuki... un jour, je t'arracherais la tête et je la donnerais en pâture en requin !"

Il fallait toujours avertir d'un meurtre. D'accord, on faisait plus de prison quand c'était prémédité. Mais Yuki était une amie et elle méritait d'être préparée à sa mort prochaine. Elle devait avoir le temps d'écrire son testament et de dire adieu aux gens qu'elle aimait après tout. Aaaah, Miho était la bontée incarnée !
Lançant un regard noir à son amie, elle avait pensé à barrer dans sa tête toutes les attractions pour les amoureux du genre croisière paisible ! Yuki ne devait pas trop rêver ! Elle ne ferait que des choses qui l'empêcheraient de dormir ! C'était décidé è__é.
Détournant les yeux de son amie, Yuki l'avait entouré d'un bras... féminin. On ne pouvait pas tout avoir quand on cherchait du réconfort ! Ok... sans se la jouer mauvais caractère... l'envie de lui dire un "merci" s'était brusquement fait sentir.
Mais quelle idée de dire merci alors qu'elle était en train de se la jouer vaillante Miho ? Non, elle devait se contenter de le penser très fort même si elle avait l'air grillée. Ne cherchez pas, ces deux là savaient communiquer sans parole !
C'est donc sans commentaires qu'elle avait profité du réconfort que Yuki tentait de lui apporter. C'est vrai, elle n'était pas douée pour ce genre de choses.... Mais c'était Yuki, et même si ce n'était pas brillant, elle avait besoin de sa manière de remonter le moral.

"Hey calme ta joie ! Tu peux m'avoir qu'en rêve ! Alors arrête de fantasmer sur moi à voix haute !"

Et puis, elles étaient entrées dans la fameuse maison hantée. Vous savez, cette maison où tous les japonais criaient comme des malades alors que d'autres ne trouvaient pas ça si terrible.
Est-ce que les trois années au Japon de Miho allaient lui permettre de tenir le coup ? En fait, quand elle y était entrée, c'était pour trouver une raison de ne pas dormir autre que Junpei Mayuko. Mais dès qu'elle avait fait les premiers pas à l'intérieur, elle avait été pris d'un gros doute... est-ce que c'était réellement une bonne idée d'y aller avec Yuki qui ne faisait pas de boxe ?
Tournant un regard sceptique vers Yuki qui se la jouait même pas peur, elle l'avait maudit intérieurement pour avoir tant de confidence dans un tel lieu.
La réaction de Miho dans cette maison hantée ? Bah... comment dire, comme d'habitude, elle avait voulu se la jouer dans un "Pfff, même pas peur.", ou encore en hochant la tête quand Yuki avait dit ne pas avoir peur.... Alors qu'en fait... mais pourquoi était elle entrée dans cette maison hantée ! Hein pourquoi ? Et pourquoi Yuki n'avait pas peur ! Elle était une créature de ce lieu ou quoi è__é ?
Elle la détestait pour pouvoir rester classe dans une situation pareille alors qu'elle mourrait d'envie de crier:

"Oh pitié... c'est vraiment nul ! Non mais t'as vu ça Yuki ? Vraiment... et ils pensent pouvoir nous faire peur avec ça ? Nan mais... WAAAAAAAAH !"

Sadako-sama !
Brusquement, alors qu'elle était en train d'avancer dégageant toute la confidence qu'elle était capable de dégager, Sadako était passée devant elle. Et c'était ce moment là que Miho avait choisit pour courir vers Yuki et lui sauter au cou !
C'était quoi son problème à Sadako ?
D'accord, vous voulez savoir un secret. En réalité... Miho avait une trouille énorme de tout ce qui était maison hantée ! Oui, l'invincible Miho avait peur de ce genre de trucs ! Alors... aller dans une maison hantée, c'était vraiment l'idée la plus conne de toute sa vie quand elle savait qu'elle n'était pas capable de les supporter plus d'une minute x__x.
Relachant un peu le cou de son amie, elle l'avait regardé... et... pourquoi elle n'avait toujours pas peur ! S'éloignant alors d'elle, elle avait pointé un doigt accusateur vers elle:

"C'EST LA QUE TU DOIS CRIER ! YUKI ! TU DOIS CRIER ! MAIS FAIS QUELQUE CHOSE MERDE !"

Bah quoi ? Pourquoi Miho devait être la seule à avoir honte ?
Pourquoi Miho venait de reprendre son bras dans un sursaut après avoir entendu un bruit derrière elle. Et surtout, pourquoi elle se collait à elle comme une gosse terrifiée ? C'était dans des moments qu'on celui ci, qu'on pouvait voir que Miho Nakamaru n'était pas aussi forte que ça. Qu'il lui arrivait d'avoir peur et qu'elle s'abandonnait alors complètement à des bouilles mignonnes.
Serrant le bras de Yuki dans ses deux mains, elle avait visiblement décidé de ne plus avancer du tout.
Le seul truc positif dans tout ça, c'est qu'elle n'avait pas pensé à Junpei pendant une minute. Une minute avant que cette petite scène lui refasse penser à cette fois où ils avaient été voir un film d'horreur. Le souvenir de trop sans doute. Alors que pendant une minute, elle avait été capable de penser à autre chose, tout ça lui revenait brutalement et lui faisait prendre conscience que la majeure partie des choses qu'elle vivait la ramenait à Junpei. Parce que ses souvenirs les plus importants et les plus précieux se trouvaient avec lui, elle avait eut alors ce retour de la réalité.
Faire semblant, ce n'était vraiment pas malin. Quand les émotions revenaient d'un coup, on se sentait encore plus déprimée qu'avant.
Relâchant le bras de son amie, elle avait avancé de quelques pas sans rien dire, comme si elle se décidait à continuer l'attraction malgré sa peur bleue. C'était une journée pour essayer de ne pas penser à Junpei, mais depuis le début, elle ne faisait que ça.

"Si t'es fatiguée, on devrait peut être rentrer."

Invité

Magnifique témoignage d’amour ! Voilà ce que n’importe qui n’aurait pas pensé en entendant la terrible réplique de l’encore plus terrible Miho Nakamaru. Yuki n’avait esquissé qu’un sourire amusé. Au moins, son amie la prévenait. Elle aurait largement le temps de voir le coup venir. Si demain, elle frappait aux portes du paradis plutôt qu’à celle de sa salle de classe, elle ne s’étonnerait pas. Quelqu’un l’aurait tuée durant la nuit, et elle ne se demanderait pas non plus qui avait bien pu faire le coup.
Leur amitié ? Ca se résumait à ce genre de choses. Pendant que l’une passait tout son temps à faire chier l’autre et l’entraîner dans des endroits où elle n’avait pas l’habitude d’aller, la seconde essayait de garder sa nature calme et posée tout en tentant de prendre soin de la première. Chose qui, croyez-le, était extrêmement difficile. Arriver à faire ça ? Une sorte de miracles. Il fallait que Yuki s’interroge sur le fait qu’elle n’ait pas encore atterri à l’asile. Peut-être avait-elle un mental à toute épreuve ? Pour le coup, il faudrait qu’elle le cache. La demoiselle n’avait pas la moindre intention de devenir agent secret ou quoi que ce soit d’autre.
Quelques-uns de ses neurones avaient grillé. Il suffisait qu’elle s’attarde un peu sur sa dernière pensée pour le savoir. Ce qui expliquait donc qu’elle ait posé une nouvelle fois ses yeux sur Miho. Elle n’était pas sans savoir que la principale cause de son risque de devenir de plus en plus débile de jour en jour était cette dernière. Si elle pouvait l’éviter ? D’accord. Mais il faudrait impérativement que le moyen soit autre que de couper les ponts avec elle. Soyons clairs : Yuki en était incapable. Elle était beaucoup trop attachée à sa meilleure amie. Dire qu’elle était la personne qui comptait le plus à ses yeux aujourd’hui n’était pas une blague. Elle le savait, c’était tout. Hasegawa pouvait vivre sans ses parents comme elle considérait l’avoir fait depuis toujours. Elle pouvait très bien se sentir sans ses amis de New York. Elle pouvait s’intégrer partout. Mais pas sans Miho. Pourquoi l’aurait-elle suivie jusqu’ici dans le cas contraire ? Retrouver ses racines. Oui. C’était vrai. Mais sans sa meilleure amie, l’idée ne lui aurait pas même effleuré l’esprit.
Alors maintenant, elle la tenait par l’épaule, faisant comme si elle n’avait pas remarqué la menace de mort qui planait au-dessus de sa tête. Dans une heure ou deux, les choses seraient différentes. Elles auraient probablement toutes les deux oublié cette phrase, prononcée parmi tant d’autres. D’autant plus que ça n’était pas la première fois que Yuki risquait sa vie selon Miho.
Légèrement taquine, Yuki avait de nouveau légèrement baissé la tête vers sa meilleure amie pour répondre à sa seconde prise de parole.

- Je te rappelle quand même que c’est toi qui as laissé tes pulsions s’exprimer en disant quelque chose comme : faisons l’amour !

La maison hantée. Attraction qui ne faisait pas franchement peur. Sauf aux personnes réellement sensibles ou même complètement froussardes. Pourtant, elle avait un léger pressentiment vis-à-vis de Miho. En même temps, c’était compréhensible. Elle connaissait trop bien sa meilleure amie pour ne pas l’avoir.
Non. Franchement, Yuki n’avait pas peur. Voir les petits courir un peu partout parce qu’ils étaient réellement effrayés, elle comprenait. Elle trouvait même ça assez marrant. Sans côté sadique. Entendre des filles crier à en perdre la voix, la jeune Américaine avait tendance à penser que c’était légèrement excessif. Pas suffisamment pour que ça l’énerve. Elle avait des choses plus importantes sur lesquelles elle devait s’attarder. Comme par exemple Miho. Miho qui n’allait pas bien mais qui faisait semblant de l’être, parce que justement, c’était Miho. Elle ne lisait pas dans les pensées et n’était pas dotée d’une clairvoyance à toute épreuve. Il suffisait juste de bien connaître la jeune Nakamaru. C’était son cas.
Elle l’avait tout de même écoutée parler, les yeux posés sur elle et un sourire en coin. Et puis… Voilà. Ce à quoi elle s’était attendue venait tout juste de se produire : sa meilleure amie avait crié à son tour. Parce qu’une réplique de Sadako lui était passée sous le nez. Yuki l’avait suivie du regard.
Puis elle avait manqué de tomber, parce que Miho lui avait sauté dessus. En fin de compte, elle avait simplement reculé de quelques pas. Elle ? Effrayée ? Pas le moins du monde. Alors non, toujours pas.

- Rassure-moi, Miho… Tu sais quand même bien que ça n’existe pas hein ? Ou j’ai toute ton éducation à refaire ?

Ce qui allait lui prendre énormément de temps. Regardant de nouveau Sadako, elle n’avait pas seulement sursauté lorsque quelque chose d’assez étrange avait surgit devant elle. Quelques secondes plus tard, Hasegawa lâcha un énorme soupir. Elle n’avait pas peur, elle avait envie de dormir. Et c’était peut-être parce que cette envie était réellement énorme qu’elle ne ressentait pas la moindre petite frayeur. Son être entier était tourné vers une seule pensée : dodo.
Mais au final, celui-ci changea de direction pour choisir le côté « Miho » de son cerveau. Pendant un bon moment, elle l’avait regardée, sans la quitter des yeux. Il fallait définitivement ne pas être doué pour ne pas voir qu’elle n’allait pas bien. Qu’elle allait tout sauf bien. Et Yuki était suffisamment intelligente pour supposer que c’avait au moins un petit lien avec la raison du retour de sa meilleure amie au Japon. Les affaires de cœur… C’était terrible. Tout le monde le savait, personne n’y échappait. Enfin si, elle. Ce qui était une chose plutôt positive d’ailleurs. Pas d’embrouilles, rien.
Elle n’avait pas cherché à reprendre son bras quand sa meilleure amie s’était légèrement éloignée. Elle ne pouvait plus voir son visage, étant derrière elle. Ca ne changeait pas grand-chose. Le moment où elles allaient parler sérieusement était arrivé. Yuki allait devoir assumer son rôle d’amie du mieux qu’elle le pouvait.
Alors elle s’était avancée vers Nakamaru pour la rejoindre. Une nouvelle fois, elle avait entouré ses épaules de son bras fin. Ca n’était probablement pas le meilleur des réconforts, mais il ne fallait pas trop lui en demander pour ça.

- Je te préviens Miho Nakamaru, tant que tu tires cette tête de trois mètres de long au moins, on ne rentre pas. C’est décidé, et mon état de fatigue n’y changera rien. Alors maintenant, on va continuer à faire cette foutue attraction qui ne fait peur à personne et on va discuter de choses débiles. Ou pas. C’est comme tu le sens.

Voilà. Elle avait fait sa part. Et elle s’attendait déjà à devoir en rajouter des couches dans les minutes à venir…

"ça va... vraiment. C'est juste que je suis un peu fatiguée...."

Elle n'avait pas pris la peine de répondre à tout le reste. Elle qui aimait tellement avoir le dernier mot, elle avait gardé le silence pendant un moment. Le genre de choses que Miho Nakamaru ne ferait jamais même menacée de mort. Elle avait toujours la langue bien pendue, aimait taquiner ses amis et emmerder les autres. Mais il était rare qu'elle soit du genre silencieuse. Elle avait toujours quelque chose à dire. Alors, ne rien dire, ne pas faire comme si elle n'avait réellement pas parler de faire l'amour ou comme si elle n'avait pas peur et était confiante... c'était une Miho qu'on ne voyait que rarement.
Elle supposait qu'elle arrivait à sa limite pour répondre de manière aussi calme. Depuis qu'elle avait revu Junpei, elle avait fait semblant. Elle n'en n'avait pas parlé à Yuki et avait fait comme si de rien n'était. Mais même pendant tout ce temps, elle n'était pas convaincue d'avoir pu être crédible aux yeux de sa meilleure amie. Parce que, même en se forçant de son mieux, quelque chose dans son attitude avait changé.
Elle plaisantait toujours et trouvait toujours le moyen de tester le calme légendaire de son amie. Mais il lui arrivait d'être absente sans vraiment le contrôler. Pendant quelques jours, elle n'avait répondu que vaguement à quelques phrases de Yuki... ou pas du tout. Elle avait des moments où elle semblait être ailleurs, et pendant ces moments là, elle avait le visage d'une fille déprimée qui, à force de vouloir trop en faire, allait finir par craquer.
A ce moment là, elle voulait que Yuki soit là.

Elle avait sa fierté, elle voulait toujours cacher ces choses là. Mais, pour une fois, elle ne voulait pas être toute seule quand elle finirait par ne plus être capable d'être la Miho de tous les jours. C'était sans doute parce que c'était Yuki. Parce qu'à cette Yuki, un jour, malgré sa fierté et son mauvais caractère, elle avait avoué qu'elle n'avait jamais eu d'amie comme elle, une amie qu'elle considérait comme une grande soeur et qu'elle respectait énormément. Parce que ce jour là, elle lui avait demandé si c'était possible qu'elles restent toujours ensemble simplement parce qu'elle voulait toujours la voir devant ou derrière elle.
A présent, cette personne importante se trouvait derrière elle. Elle était bien là. Ce n'était pas un rêve, et elle n'allait pas partir. Qu'elle fasse semblant ou qu'elle finisse par laisser tomber, elle serait là pour l'épauler. Peut être qu'elle ne trouverait jamais les mots, mais elle avait l'impression que Yuki pouvait comprendre à quel point elle avait sa place dans sa vie.

"Et puis cette attraction est trop nulle... j'ai même pas peur. Je veux pas que t'abuses de moi dans le noir !"

Ce bras qu'elle avait toujours pu sentir pendant ces trois années quand elle avait eut besoin de le sentir, il s'était à nouveau posé sur ses épaules.
C'était ridicule. Elle le savait, elle n'en pouvait déjà plus. Elle ne dormait plus, elle ne faisait rien d'autres que de repenser à des vieux souvenirs et même quand elle faisait des efforts pour penser à autres choses, les vieux souvenirs finissaient toujours par la rattraper.
Elle avait du le murmurer ce "j'en peux plus" avant de se laisser tomber sur les genoux. Elle s'était déjà trop forcée. C'était stupide. Si elle avait besoin que quelqu'un la console, qu'une amie comme Miho la prenne dans ses bras. Pourquoi se forcer pour ne pas avoir ce réconfort ? Par fierté... parce qu'elle voulait toujours tenir sur ses deux jambes. Mais c'est qui qui était sur les genoux à présent sinon elle ?
Elle supposait que c'était bon... de laisser tomber de temps en temps. Parce qu'il y avait Yuki, elle pouvait oublier un peu d'être la Miho de tous les jours pour finalement reconnaître que ça n'allait pas. A ce rythme là, elle finirait par craquer pour un oui ou pour un non si elle n'admettait pas qu'elle avait besoin de se reposer un peu sur quelqu'un.

Il était trop tard, elle ne pouvait plus rien y faire.
C'était venu d'un coup. Elle s'était mise à pleurer, et finalement, elle n'avait pas si honte que ça. Elle se sentait stupide, mais pas de pleurer devant Yuki. C'était juste toute cette histoire. Elle avait voulu revoir celui qu'elle avait toujours aimé au bout de trois ans... et elle partait d'un coup sans se préparer à rien. Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle même. Quel genre de filles pouvait débarquer comme ça, brusquement, après avoir quitté une vie pendant trois ans et esperer faire simplement comme avant. Depuis quand elle était cette fille naïve ? Est-ce qu'elle était normal de toujours aimer le même gamin de primaire après tout ce temps ? De se mettre à pleurer parce qu'il avait eut une réaction plus normal ? Se mettre à pleurer parce qu'elle savait qu'il lui manquerait toujours même si elle pouvait le croiser au détour d'un couloir du lycée maintenant ?
Posant ses mains sur ses yeux, elle avait sanglotté, des paroles sans fil, juste ce qu'il lui passait par la tête, ce qu'elle avait sur le coeur:

"Je suis si stupide Yuki.... Tu le penses aussi non ? Je ne dois pas être normale... ce n'était peut être pas une bonne idée. Débarquer comme ça, des souvenirs plein la tête mais sans avoir réfléchit...."

Invité

- Miho ?

Evidemment. Il avait fallu que ce moment arrive. Et en même temps, s’il n’était pas enfin venu, Yuki se serait probablement inquiétée. Plus que maintenant. Là ? Elle avait simplement appelé son amie. Elle n’avait pas besoin de poser explicitement la question. Les réponses allaient venir bientôt. Miho n’allait pas bien. Ca n’était pas le cas depuis ce matin. Et depuis sûrement avant aussi. Depuis qu’elles étaient revenues au Japon, elles n’avaient pas passé tant de temps que ça ensemble. Elles avaient emménagé chacune de leur côté. Yuki avait réglé quelques petits problèmes vis-à-vis de sa famille, acceptant que ses parents lui mettent sur le dos quelqu’un « de confiance » pour ne plus avoir à les supporter. Il suffisait simplement qu’elle passe un coup de fil chaque jour pour qu’on la laisse tranquille.
Alors non. Elles n’avaient pas pu discuter tant que ça. D’autant plus qu’elles n’étaient plus dans la même classe. Ca n’était pas comme à New York. Maintenant, à l’école, elles n’avaient que les pauses de midi pour se retrouver. Le reste du temps, elles parlaient avec d’autres personnes. Non, elles n’éprouvaient pas le besoin d’être toujours ensemble vingt quatre heures sur vingt quatre pour avoir la certitude qu’elles étaient meilleures amies. En cas de soucis, elles pouvaient s’appeler. Yuki savait bien que s’il fallait compter sur quelqu’un, ce quelqu’un serait Nakamaru Miho. Alors si elle-même n’était pas douée pour ça, il fallait bien qu’elle fasse des efforts, non ? Et des efforts… Elle n’était pour le moment capable d’en faire que pour cette personne qu’elle avait rencontrée trois ans plus tôt à New York.
Lui dire que ça allait, qu’elle était juste un peu fatiguée… Elle ne pouvait pas franchement croire qu’il n’y avait que ça. Il existait forcément autre chose. Et vues les raisons pour lesquelles Miho avait décidé de son retour au Japon, il ne pouvait y avoir aucun doute sur le fait qu’elles avaient forcément un rapport avec son état actuel.
Si Miho ne voulait pas en parler, Yuki n’insisterait pas. Elle n’allait pas faire ça. La forcer à tout déballer n’était pas son genre. Elle pensait plutôt qu’il fallait laisser les autres venir. Relâcher la pression, c’était ce qu’il y avait de mieux. Mais tout dépendait des cas.
Elle n’avait toujours pas quitté Miho des yeux, un air légèrement inquiet sur le visage. Sa meilleure amie le sentirait. C’était le meilleur moment pour elle de se confier à la jeune Hasegawa. Tout dépendait d’elle. Elle pouvait attendre. Quand sa protégée n’aurait plus la force de tenir toute seule, elle pouvait être sûre que son amie serait là. Qu’elle le serait toujours. Même si elle avait tort. C’était comme ça quand Yuki Hasegawa décidait que vous deviez compter parmi les personnes les plus importantes pour elle.

Elle n’avait rien dit. Pas même protesté lorsque Miho avait décrété que l’attraction était pourrie. Au moins, elle pouvait être sûre que dans n’importe quelle situation, sa meilleure amie aurait toujours un minimum de sens de l’humour. Ca n’était pas non plus ce qu’il y avait de plus rassurant. Si elle cherchait à éviter les choses de cette façon, elles risquaient d’y passer un bon moment. Ca ne la dérangeait pas. Elle avait plusieurs priorités dans sa vie. La plus importante concernait une certaine Nakamaru.
Elle l’avait tenue par les épaules. Pendant juste quelques secondes.
Parce qu’ensuite, elle avait entendu ce murmure. Qui disait qu’elle n’en pouvait plus. Et Miho s’était laissée tomber à genoux sur le sol.
La jeune fille ne s’était pas attendue à ça. En même temps qu’elle avait senti ses épaules quitter la protection de son bras, Hasegawa avait tourné la tête vers elle. Elle avait baissé son regard. Avait soupiré. Elle ne savait pas quoi faire. Comme d’habitude, elle allait improviser pour sortir les paroles les moins réconfortantes du monde. Celles que personne n’avait envie d’entendre. C’était son truc à elle. Sa marque de fabrique.
Ou elle ne se rendait tout simplement pas compte qu’elle devait faire partie des seules à pouvoir relever sa meilleure amie. Cette dernière s’était mise à pleurer. Tout le monde les regardait. Et alors ? Yuki s’en moquait. S’il fallait que ça se produise ici, alors d’accord. Ce serait ici. Alors, lentement, elle s’était assise par terre, en tailleurs, face à Miho. Elle l’avait regardée un moment. La prendre dans ses bras maintenant ? Non. Yuki n’était pas du genre psychologue ou incroyablement douée en ce qui concernait les personnes. Mais elle préférait que son amie se reprenne beaucoup plus grâce à elle-même qu’à l’aide qu’Hasegawa pouvait lui apporter. Elle ne risquait pas de heurter la fierté de Miho. Et en même temps, elle lui montrait tout le respect qu’elle avait pour elle. Alors pendant plusieurs secondes, elle l’avait regardée simplement.
Sa meilleure amie avait parlé. Yuki avait gardé le silence encore un peu. Et finalement… Elle avait parlé. En japonais. Parce qu’il était possible que la langue maternelle de Miho la rassure un peu plus que l’Anglais après tout.

- Non, tu n’es pas stupide. Non, tu n’es pas normale. Mais c’est comme ça. Tu es Miho Nakamaru. T’as tes défauts et tes qualités. On en a tous et tu sais quoi ? Je suis la dernière personne au monde qui puisse vouloir que tu changes. Tu peux pas dire que c’était une mauvaise idée de revenir. Ca fait que quelques jours qu’on est là. Si ça se trouve, dans un mois, tu te réveilleras en te disant que c’était juste un mauvais rêve. Et tu viendras me faire chier à une heure normale, pas à quatre heures du mat.

Une nouvelle fois, elle avait regardé son amie. Et puis elle avait cédé, parce qu’elle n’était pas insensible au point de ne pas vouloir l’entourer un peu de réconfort d’un autre genre que des paroles. Elle s’était décalée, s’était placée à côté d’elle et avait de nouveau entouré les épaules de Miho de son bras. Ca n’était rien. Mais elle ne voyait pas ce qu’elle pouvait faire d’autre. Les secondes s’étaient écoulées lentement. Elle avait attendu que sa meilleure amie se calme. Elle n’avait pas envie de la brusquer ou quoi que ce soit. Mais puisque le moment des confidences était arrivé, lui demander ce qu’il s’était passé n’était plus vraiment considéré comme déplacé aux yeux de Yuki.

- Dis-moi tout.

Miho n'avait pas bougé. Alors que son amie s'était mise en face d'elle, elle était simplement restée par terre, à pleurer.Elle n'avait pas le courage de se relever, de faire quelque chose pour avoir l'air d'aller mieux. Finalement, elle aussi elle le voulait ce réconfort, comme les autres qui ne passaient pas leur temps à faire les malins pour qui tout va bien. Et si elle n'avait pas l'air de la Miho qui fait chier tout le monde, tant pis. C'était Yuki, alors ça irait pour cette fois.
Elles avaient le même âge, avait été dans la même classe aux Etats Unis et pourtant, Yuki se comportait toujours comme si c'était la plus vieille. Souvent, elle l'embetait avec ça en disant qu'elle essayait simplement d'avoir la classe. En fait, elle avait toujours admiré son côté calme et mature. Yuki, c'était la personne sur laquelle on pouvait compter, du moins sur laquelle elle pouvait compter. Depuis bien longtemps, elle avait cessé de la voir comme une simple amie. Elle ignorait si leur relation avait été comme ça dès le début, mais pour elle qui était fille unique, Yuki était un peu la grande soeur qui pouvait vous remettre dans le droit chemin quand ça n'allait pas, qu'on pouvait faire chier à n'importe quelle heure. Ce genre de choses.
L'une des deux personnes avec qui faire semblant était stupide. Heureusement, elle pensait à la faire chier tous les jours pour ça. Sa vengeance était déjà toute trouvée.
Enfouissant davantage son visage dans ses mains comme si cacher ses larmes était encore utile, elle n'avait rien dit. Sa grande fierté lui disait de se relever, le reste lui disait de poser sa tête sur l'épaule de son amie. Ce n'était pas grave, ça arrivait à tout le monde, même à l'invincib le Nakamaru. Simplement pour quelqu'un qui voulait se la jouer "ça ne fait rien qu'il ait une copine", on avait connu de meilleures interpretations. Heureusement, il y avait assez de bonté dans le monde pour lui permettre de tenir l'autre jour face à Junpei.

Un mauvais rêve... comment tout ceci ne pouvait devenir qu'un mauvais rêve avec le temps ? L'èpoque Junpei-Miho était terninée non ? Oui il l'avait embrassé et elle y avait pensé des millions de fois. Mais si tout ça n'était pas terminé... il serait resté non ?
Elle n'en savait rien. Elle préférait ne pas y penser. Elle avait déjà esperé pendant trois ans, il était temps pour elle d'arrêter de voir les choses comme des simples rêves, baiser ou non. Elle n'avait pas envie de ressentir une nouvelle fois ce qu'elle avait ressentir quand elle avait su qu'il avait quelqu'un désormais. Alors se dire que plus tard, elle verrait tout ça comme un mauvais rêve, elle préférait se l'interdire. Même si c'était rassurant sur le moment.
Combien de fois s'était elle dit que tout pourrait peut être reprendre comme avait jusqu'à être déçue ? Quel que soit le chiffre, c'était suffisant.

"J'aurais bien aimé Yuki... mais il est temps que je me mette un peu de plomb dans la cervelle. Tu peux pas toujours être derrière moi. Désolée... je vais encore probablement venir un peu à 4 heures du mat."

Le bras de Yuki s'était posée de nouveau sur ses épaules et le silence s'était de nouveau installée. Des gens avaient beau passé, elle n'y faisait pas attention. Même si elles passaient pour deux imbéciles par terre. Sans doute certains devaient se dire que l'attraction était trop dure pour elles ou quelque chose dans le genre. Normalement, elle même devrait être en train de crier en manquant d'arracher le bras de Yuki à chaque chose terrifiante. C'est de cette manière que l'attraction aurait du se passer si ça avait été un samedi normal.
Au lieu d'être la japonaise qui criait dans ce genre d'endroit, elle était celle étrange qui choisissait un moment pareil pour craquer.
Quelques secondes qprès que le bras de Yuki se soit posée sur ses épaules, elle s'était laissée aller. Se tournant vers son amie, ses mains avaient enfin quitté son visage pour venir entourer le coup de Yuki. Pleurer sur l'épaule d'une amie, voilà le samedi qui l'attendait malgré elle. Se serrant contre elle, Miho avait gardé le silence de nombreuses minutes sans répondre à son amie.
Redressant son menton pour le poser sur l'épaule de Yuki, elle avait finit par sortir les premiers mots qui lui venaient:

"J'ai plus ma place Yuki. Je voulais le revoir, je l'ai re vu... mais je n'ai plus ma place...."

Vraiment une idiote avec la tête dans les nuages ou quelque chose dans le genre. Mais... le revoir lui avait aussi fait plaisir... le revoir, c'était se dire que son coeur battait toujours aussi vite et qu'il n'avait qu'à sourire pour qu'elle soit contente.
Enfouissant de nouveau sa tète, elle avait ajouté un stupide:

"T'as vraiment un accent pourri..."

Comme si ça pouvait chasser les autres idées.... Comme si une moauerie débile pouvait lui faire oublier ce qu'elle ressentait....

Invité

Dans des moments comme ça, il arrivait que la plus compréhensible et la plus réconfortante des personnes ne trouve rien à dire. Yuki n’était aucune des deux. Et pourtant, elle n’échappait pas à la règle. Devant elle, il y avait sa meilleure amie qui était en train de pleurer. Miho Nakamaru. Celle qu’on n’aurait jamais pu imaginer faire ce genre de choses. Celle qui faisait chier tout le monde, qui donnait le sourire à n’importe qui malgré son caractère horrible. C’était elle. Qui était en train de se relâcher. De se reposer sur Yuki. Yuki qui était son amie. Qui était supposée pouvoir être suffisamment forte pour tenir pour elles deux pendant un petit moment. C’était le cas ?
Elle n’aurait pas la prétention de dire oui. Que ça l’était sûrement. Et alors ? Elle voulait bien essayer. Elle était là pour ça, avait toujours été là pour ça et, d’une certaine manière, s’y était attendue sans s’en rendre compte. Ce genre de choses qui arrivaient quand on connaissait encore mieux une personne que ce que l’on imaginait. Tout devenait tout de suite plus instinctif.
Alors voilà. Voilà où elles en étaient avec leur retour au Japon. Elles se retrouvaient toutes les deux au milieu d’une attraction pas le moins du monde effrayante. Assises par terre. L’une pleurait et l’autre la réconfortait. Alors, était-ce une si bonne idée que ça de revenir au Japon ? De son côté, elle ne devait certainement pas être bonne ou mauvaise. De celui de Miho… Au moins… Elle savait. Mais fallait-il réellement qu’elle ait eu besoin de retourner à Tokyo pour prendre conscience de la réalité ? De toute façon, qu’est-ce qu’elle était, cette fameuse réalité ?
Elle ne savait pas ce qu’il s’était passé. Yuki n’était pas dans leurs têtes. Elle ne connaissait pas leurs pensées ou leurs sentiments. On pouvait dire ce qu’on voulait, elle n’arriverait probablement pas à comprendre non plus Miho. Alors qu’elle était proche d’elle. Incroyablement proche d’elle. Leur amitié était plus forte et plus importante que tout ce qu’elle avait connu jusque-là. Paradoxalement, Nakamaru serait peut-être la dernière personne qu’elle comprendrait entièrement. Elles étaient trop différentes.
Le fait qu’elle n’arrive pas à trouver les mots, à avoir la gorge nouée… Peut-être que Yuki pouvait l’expliquer par cette raison. Elles n’avaient que trop peu de points communs.

Elle était dans ses bras maintenant. En train de pleurer. Et il fallait qu’elle fasse quelque chose. N’importe quoi. Elle n’était pas sûre d’elle. Jamais dans ces cas-là. Mais du moment qu’elle agissait, Miho saurait que Yuki était toujours là. Elle n’avait normalement pas besoin de réfléchir pour ça.
Et effectivement… Non. Instinctivement, sa main était allée caresser lentement les cheveux de la demoiselle. Nakamaru était sa petite sœur. Alors c’était normal.
Ses paroles, elle les avait entendues. Pendant plusieurs secondes, elle avait gardé le silence. Pour aider Miho à se calmer un peu. Il fallait bien se montrer un minimum paisible. Elle ne savait pas encore de quoi il s’agissait réellement. Mais il n’y avait plus énormément de doutes possibles à avoir. L’histoire ? Elle la connaissait. Dans sa totalité. Miho Nakamaru et Junpei Mayuko avaient été ensemble et amoureux avant que la demoiselle ne doive quitter le Japon pour les Etats-Unis. Pendant ces trois années où elle était partie, sa meilleure amie avait eu ses pensées beaucoup trop souvent tournées vers lui. Et Yuki… S’était un peu attendue à ça, sans pour autant l’espérer.
Aujourd’hui, elle pouvait deviner que leurs retrouvailles avaient fait prendre conscience de ce qui se produisait souvent dans ces cas-là. Elle ne le méritait pas. Etait même très loin de le mériter. Mais malheureusement, les choses se déroulaient souvent comme ça.

- Sois pas bête, ça me dérange pas d’être toujours derrière toi. J’te préviens, pas de plomb dans la cervelle au sens propre du terme. Pour c’qui est du reste… Je vais devoir laisser la porte de chez moi ouverte tous les soirs, histoire que tu puisses venir me voir à quatre heures du matin… Tu connaîs mon petit déjeuner préféré non ?

Tout en parlant, Yuki avait continué de lui caresser les cheveux. Le ton qu’elle avait utilisé était doux, elle n’avait pas parlé fort. En ce moment ? Elle avait l’impression d’être plus importante qu’une meilleure amie ou qu’une confidente. Elle était vraiment sa sœur. Celle qui devrait prendre soin d’elle. Jusqu’à ce qu’elle ne veuille plus que Hasegawa le fasse.
Ce matin, à quatre heures du matin, elle ne s’était pas attendue à ça. Elle ne s’était pas non plus attendue à ça quand elles avaient attendu pendant des heures l’ouverture du parc. Ni durant la queue de l’attraction précédente. Elle avait seulement pressenti que quelque chose n’allait pas. Pas qu’elle aurait ce rôle là ici et maintenant.
Plus sa place ? Yuki avait soupiré. Pas de ce soupir lassé que l’on pouvait entendre en général. Celui qui montrait malgré elle qu’elle ne pourrait pas s’empêcher de s’inquiéter pour Miho pendant encore un bon moment. Elle ne l’avait jamais vue craquer comme ça. Elle ne s’était jamais attendue à voir ça. Pourtant… C’était bien Miho Nakamaru qu’elle tenait dans ses bras. Et c’étaient bien ses larmes qu’elle sentait contre elle.

- T’auras toujours ta place quelque part, dis pas de conneries. Miho, ce sont des choses qui arrivent. Tu le mérites pas, mais personne le mérite. Ca sert à rien c’que j’dis, c’est les phrases basiques et inutiles, mais… T’as encore pleins de choses qui sont à toi et qui te lâcheront pas.

C’était un peu une leçon de morale. Oui, mais en même temps, Yuki ne voyait pas ce qu’elle aurait pu dire d’autre. Et là…
Elle avait éclaté de rire. Peut-être parce qu’elle était un peu stressée et pas suffisamment dans son élément naturel, mais entendre Miho affirmer qu’elle avait un accent de merde… Ca lui suffisait comme excuse pour rire un peu.

- Va dire ça à ma prof de Japonais attitrée. Une certaine Miho Nakamaru.

C'était de sa faute tout ça. Si elle ne s'attachait pas autant aux gens, si elle parvenait à les laisser partir comme une personne normale aurait du le faire, elle ne serait pas dans cet état là aujourd'hui. Mais... elle pensait quand même qu'il y avait quelque chose. Elle aurait du arrêter d'avoir ce genre de pensées après avoir revu Junpei, mais elle ne parvenait pas à se mettre dans la tête qu'elle devait oublier ce qu'elle avait toujours pensé. Que même si elle avait été une fille qui pouvait facilement oublier les gens, elle ne l'aurait pas oublié. C'était le genre de pensées niaises d'un grand amour non ? Définitivement, il fallait qu'elle se fasse soigner. Il devait bien exister une thérapie pour oublier Junpei ? Ou elle était trop un cas désespéré pour être capable de croire ce genre de choses ?
Quand arreterait elle enfin de se faire du mal en restant convaincue de tout ça ? Elle enviait un peu Yuki qui pouvait rester calme. Yuki et son côté mature. Si elle avait été Yuki, elle aurait été capable de se sortir de n'importe quelle situation non ? Yuki avait toujours l'air si forte, elle n'était pas douée pour conseiller les gens mais elle l'admirait quand même. Si elle avait été une gosse de primaire, elle aurait probablement dit le: "Quand je serais grande, je voudrais être comme Yuki !"
Tenant toujours son amie par le cou, elle ne s'était pas arrêtée de pleurer. Elle sentait qu'elle ne serait pas capable de s'arrêter pendant un momemt. Tout ça, ça ne lui ressemblait pas. Elle n'était pas du genre à se lamenter sur son sort, à se poser des questions sans être capable de faire quelque chose.
Qu'est- ce qu'elle aurait fait en temps normal ? Dire quelque chose comme "Je m'en fiche, et je vais lui prouver !", rire en toute situation pour lui montrer. Elle aurait peut être aussi tenté de le récupérer, l'air de rien parce qu'elle avait sa fierté.
Alors pourquoi elle n'était pas capable de plus que de se lamenter dans les bras d'une amie.

Yuki avait beau ne pas être douée pour les paroles réconfortantes, rien que le fait de pouvoir pleurer dans ses bras... c'était déjà pas mal. Elle était sans doute retombée en enfance pour vouloir rester là un long moment à se faire réconforter, à se faire simplement caresser les cheveux. Face à Yuki, elle devait probablement n'être qu'une enfant. A toujours l'embêter comme une gamine ou à lui proposer d'aller s'amuser quelque part plutôt que d'aller en cours.
Elle avait mauvais caractère et pourtant Yuki ne s'en plaignait jamais, elle la suivait même jusqu'au Japon. Mais si c'était à refaire, elle voulait encore qu'elle la suive. Simplement parce qu'avoir Yuki dans le coin, ça lui était devenu indispensable.
Sans redresser la tête, elle l'avait hoché. Comme si elle était du genre à préparer le petit déjeuner pour lui faire plaisir. Elle se voyait plus lui balancer de l'eau en prétextant avoir voulu qu'elle soit bien reveillée tout au long de sa journée. Ce serait sans doute plus rassurant que de la voir débarquer avec un plateau toute gentille.

"Tu sais que tes blagues sont pas drôles quand tu veux me remonter le moral ? T'en fais pas si t'oublies, je trouverais bien un moyen de rentrer quand même. Puisque ça te gêne pas, tu vas m'avoir sur le dos pendant un moment."

Oui, une Miho en pleurs qui essayait quand même de se moquer de Yuki, ça pouvait faire bizarre. Au moins, on ne pourrait pas lui piquer sa place d'emmerdeuse de première catégorie.
Toujours sa place quelque part... sans doute. Mais elle était têtue... et la place qu'elle avait pour Junpei, c'était celle là qu'elle voulait. Rien ne serait plus pareil. Elle pourrait lui parler, plaisanter avec lui, mais il y avait tellement de choses qui allaient lui manquer....
Des choses à elle, elle le savait aussi mais c'était comme si plus rien ne lui allait sans Junpei... c'était idiot non ? Elle aurait du faire la fière Miho... elle était comme ça normalement.

"Je m'en fiche du reste sans ça...
...
Tu sais Yuki, t'es vraiment pas douée pour remonter le moral, on se croierait dans un drama niais. Mais... merci."

Parce que Yuki n'avait pas l'air à l'aise dans ce domaine, elle avait ressentit le besoin de rajouter ça. S'eloignant enfin de l'épaule de son amie, elle avait finit par se relever. Rester ici, c'était idiot. L'idée de venir là était idiote de toute manière. Elle voulait simplement rentrer avec Yuki. Alors même si elle pleurait toujours, elle s'était essuyée les joues et avait tendu sa main à Yuki:

"Rentrons, j'ai des cours de rattrapages à te donner."

>Terminé<