Un nouvel ami (PV Akiiro Shunsuke )

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Quoi de plus naturel que de vouloir partir à la chasse aux connaissances ? Dit comme ça, c’est certain que ça ne donne pas vraiment envie. Mais ce rituel est, pour Toshio, un instant particulièrement exceptionnel où le choix de l’individu compte plus que tout le reste. Alors, au moment où la cloche sonna pour interrompre les cours et donner le temps de la récréation, il se devait d’être l’un des premiers à se trouver dans les couloirs. En s’adossant contre un pilier, il pouvait avoir une vue d’ensemble, ce qui l’aiderait à déterminer la personne en question. Un par un, il observa les élèves sortir des classes, dans un brouhaha quelque peu désagréable pour la majorité des gens, mais tout à fait délectable pour ce passionné de sociabilité. Toujours à la recherche de son nouvel ami, son regard ne cessait d’aller et venir parmi ses camarades, trouvant tantôt une crête colorée d’un rouge vif, tantôt des cheveux plaqués violemment contre des oreilles. Ce qui importait, ce n’était pas tant la façon dont il pouvait s’habiller, mais l’attitude qu’il adoptait. Au lieu de se concentrer sur la foule qui se pressait dans le couloir, le jeune homme s’attarda quelques secondes sur quelqu’un qu’il n’avait jamais croisé. Celui-ci semblait plutôt à l’écart du groupe, apparemment plongé dans une lecture des plus intéressantes. Sans en connaître la raison, une envie le poussa à se diriger vers cet individu pour lui parler.

" Salut. "

Une entrée en matière trop ordinaire, soit. Mais qui avait eu pour effet de faire relever la tête de son interlocuteur vers lui. Toshio eut un sourire léger, simple et profondément sincère. Il venait de trouver celui qui allait devenir son ami. Se sentant apaisé, il se pencha lentement, les mains dans les poches, pour essayer de voir la couverture de ce bouquin. Il rencontra à nouveau le regard du lecteur et annonça.

" Tu as l’air complètement absorbé. J’imagine qu’il doit être vraiment intéressant… "

Un clignement de paupière. C’était déjà pas si mal. Mais il pouvait faire mieux.

" Je suis Toshio Oka, de la 3-A. Tu es nouveau ici ? "

Pourvu qu’il n’obtienne pas un signe de tête…où ce serait bien plus difficile qu’il ne l’aurait pensé. Et puis, pourquoi son choix s’était arrêté sur celui qui se trouvait précisément seul ? Peut-être qu’il ne voulait pas être dérangé ? Qu’il refusait de faire partie d’une bande ou de rencontrer d’autres élèves ? Il aurait pu prendre n’importe quel autre élève. Une appréhension naissante se faisait sentir et il avait du mal à garder cette petite banane accrochée sur ses lèvres. Se replonger dans ses lectures serait le coup de grâce. Toshio espérait qu’il en serait autrement.

Pour ses premiers jours dans ce lycée, le jeune professeur savait déjà comment il voulait procédé pour se rendre compte de comment allaient être ses futurs élèves. Pour cela, il avait une bonne idée : se faire passé pour un nouveau. Car selon, se fondre ainsi dans la foule des étudiants allait très certainement le faire rencontrer des jeunes. Il c’était habillé normalement, une chemise blanche et un pantalon en soir noir, et son fidèle chapeau noir. Akiiro avait prit également avec lui un livre, qu’il avait certes déjà lu mais qui le passionnait réellement. Le meilleur endroit qu’il avait alors trouvé pour mettre son plan à exécution n’était autre que les couloirs. Marchant donc dans cette direction, il regarda sa montre : ça allait bientôt être la fin des cours et donc la pause : parfait !

Arrivé donc dans un long couloir pour le moment pratiquement vide, il s’adossa à un mur, ouvrit son livre, et commença tranquillement sa lecture. Néanmoins, quelques minutes plus tard, la sonnerie retentie. Un mince sourire s’afficha sur son visage. Puis, tout alla très vite. Beaucoup d’élèves sortirent en même temps de différentes salles, en parlant ou riant. Une très bonne ambiance se dégagea alors. Ne bougea pas, Akiiro sentit néanmoins bien certains regards étonnés sur lui. Continuant toujours de lire, il sentit soudain une présence venir vers lui.

Effectivement, un jeune homme vint lui parler. Le professeur redressa la tête, pour voir à qui il avait à faire. Il s’agissait d’un beau brun, apparemment de caractère joyeux et social. Le voyant essayer de regarder la couverture de son livre, il lui rendit son sourire. Puis, celui-ci se présenta. Toshio Oka…Nom a retenir ! Il lui demanda s’il était nouveau. Akiiro faillit alors exploser de rire : son plan marchait, il le prenait bel et bien pour un lycéen. Fermant son livre tout en gardant la page avec son doigt, il décida de lui répondre :

Enchanté ! Akiiro Shunsuke, et oui, je suis nouveau ici. Je viens d’arriver hier, et je pense que ce lycée va vite me plaire.

Il n’allait pas tout de suite lui dire qu’il était le nouveau professeur de moral et philosophie. Non, avant, il voulait faire plus connaissance avec lui. Plongeant alors son regard dans le sien, son visage, comme à son habitude, ne laissait rien paraître de se qu’il pensait. Néanmoins, un petit et doux sourire se dessinait sur ses lèvres.

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La banane qui avait du mal à se faire voir était à présent aussi grande que possible. Non seulement il s’était présenté mais donnait réellement l’impression d’être content que quelqu’un soit venu directement lui parler. Meilleur premier contact aurait été difficile et Toshio appréciait sa bonne humeur naissante. Pour l’instant, il ne se préoccupait pas du moment où il devrait trouver une faille, seuls leurs points communs comptaient, à commencer par une approche du lycée plaisante. Akiiro Shunsuke serait le nouvel ami de Toshio et il était bien décidé à en savoir beaucoup sur lui, sans être trop curieux mais posant les questions justes, permettant de lui faire entendre qu’il s’intéressait à ce nouvel arrivant au Sakurai Gakuen.

" En général, on s’y sent rapidement bien, peut-être même trop à l’aise pour en repartir ! ^^ C’est le problème de tous les étudiants. "

Le jeune homme s’installa alors à côté de lui, de manière à être adossé pour voir le flot d’élèves se déverser entre les différents couloirs. Aucun d’entre eux ne semblait triste ou mal dans sa peau. Tous ne souriaient pas, mais ils étaient comme des poissons dans l’eau. Par pure expérience, le jeune homme d’affaires savait qu’il y avait du faux, de l’hypocrisie et même du surjeu, un mélange des plus vils attributs pour frapper un grand coup sur la proie désignée. Tous les lycées avaient leurs mauvais côtés ou pseudos délinquants, mais le Sakurai Gakuen comprenait bien des spécimens. Certes, il était difficile de prouvait qu’un tel avait mal agi ou qu’un autre s’en prenait régulièrement à un élève plus jeune. Leur assurance ? Une place dans la société. Voilà pourquoi il ne fallait jamais se dévoiler complètement, mais garder une avance sur l’autre afin de ne pas être atteint.

Il tourna la tête vers Akiiro et fut intrigué par son haut de forme. Il se mit à rire, sans se moquer ni même avoir un mauvais jugement et dit pour toute explication.

" T’es un original, c’est ça ? Tu vas vite te faire des amis et peut-être même que tu piqueras la vedette aux Golden…J’ai hâte de voir leur tête ! "

Apparemment, cette perspective enchantait le jeune Toshio. L’idée d’une nouvelle concurrence ne serait certes pas fatale, mais elle attiserait la curiosité et Akiiro ne serait pas seul très longtemps. Il avait de l’allure et un côté décalé qui apportait une touche de changement. Enfin quelqu’un qui méritait qu’on s’y intéresse d’un peu plus près.

Il n’aurait put imaginer un meilleur premier contact avec un des étudiants de ce lycée. Effectivement, ce jeune homme semblait vraiment être remplit de joie de vivre, souriant et agréable à vivre. Il était tout simplement ravi. Ce qui lui plaisait surtout chez lui, c’était qu’il avait une certaine assurance et qu’il n’hésitait pas à faire le premier pas vers les autres. Car Akiiro lui, n’était pas comme ça, bien au contraire. Même, ce lycéen était intriguant et donnait vraiment envie d’en savoir plus sur lui. L’entendant alors parler à nouveau, le jeune professeur croisa ses bras et l’écouta tout en le regardant.

Puis, lorsque Toshio vint s’installer à côté de lui sur le mur, le nippon ne put s’empêcher de le regarder, d’observer son visage. Il lui faisait penser à un jeune homme d’affaire. D’ailleurs, ce nom de famille, Oka, ne lui était pas étranger. Sûrement avait-il raison dans son raisonnement ! Mais bon, pour lui, ce n’était d’un petit détail. Les yeux du lycéen passèrent d’élèves en élèves. Il ne semblait pas chercher quelqu’un, mais juste les observer, comme s’ils l’intriguaient. C’était plutôt amusant à voir.

L’entendant cette fois rire, Akiiro le regarda étonné. Le jeune homme reprit à nouveau la parole, pour lui faire une remarque plutôt étrange. Les Golden Boys…Il fut ravi que son futur élève lança, sans faire exprès, ce sujet, car il comptait le prendre comme exemple lors de son premier cours. Adossant alors sa tête contre le mur, son sourire s’agrandit un peu, mais son visage lui ne dévoilait toujours rien. Il lui répondit, d’une voix douce, sans jugements ou autre :

Ce genre de chose ne m’intéresse pas. Car, après tout, à par un ‘titre’ donné par on ne sait qui, ne sont-ils pas comme nous ? Ils n’ont rien de plus que nous avons. Juste parce qu’on leur donne un ‘titre’, de suite, ils sont idolâtrés, et deviennent presque des dieux. Pour moi, ils sont comme les autres, ils n’ont rien de plus particulier.

Bon, c’était vrai qu’il y était allé un peu fort tout de même. Mais Akiiro était ainsi, franc et direct. Bien sur, il ne jugeait pas ces six garçons, loin de là cette idée ! Il trouvait juste cela stupide… M’enfin, sa vision des choses est toujours un peu différente de celles des autres. Fermant un instant les yeux, il put constater qu’il y avait de moins en moins de monde dans le couloir, ce qui n’était pas plus mal…

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Le jeune homme écouta attentivement la réponse que lui donna le nouvel élève, particulièrement intéressé par son jugement, ou devrais-je dire par ce qu’il savait ou non des histoires du Sakurai Gakuen. Ainsi, il put constater qu’il n’était pas inconnu aux pratiques des lycéens concernant les Golden Boys & Girls. Il venait d’énoncer son point de vue de manière assez précise, faisant savoir qu’il n’allait pas s’investir, préférant être à distance de ces coutumes. Toshio acquiesçait, trouvant très juste cette réflexion à leur sujet. Après tout, personne ne savait exactement qui avait eu l’idée un jour de les nommer comme tel…peut-être s’étaient-ils autoproclamés Golden ? Ils avaient un deuxième point commun, soit rester en dehors de l’attitude de plus grand nombre, à savoir les respecter plus que les autres, les craindre ou se plier à leurs règles et volontés.

" Je n’ai jamais eu l’occasion de les approcher plus que cela et l’envie d’aller vers eux ne s’est pas fait ressentir. Ils ne sont pas si intouchables que ce que l’on pourrait croire. "

Il se détacha du mur, reprenant sa place initiale, face à Akiiro. Le fait qu’un bon nombre d’élèves soit déjà reparti laissait plus d’espace et Toshio appréciait prendre ses aises au cours d’une conversation. Bien qu’il soit généralement connu pour être quelqu’un de pausé, calme et serein, il avait cependant quelques mauvaises habitudes comme de devoir être expansif en parlant, trouvant qu’il arrivait mieux à se faire comprendre ou pour mettre les gens en confiance grâce à sa facilité à s’exprimer face aux autres. Curieux, la pensée du lycéen le faisait réfléchir et il voulait en savoir davantage.

" Mais tous les élèves en rêve de ce titre. Peut-être qu’il ne signifie rien en dehors de l’établissement, mais entre ces murs, il permet d’accéder à une place. C’est une sorte de but à atteindre, quelque chose qu’on désire même inconsciemment et y parvenir, c’est gagner l’estime des autres. "

Il se tut, regardant les derniers lycéens passer ça et là, recherchant les livres du prochain cours ou griffonnant rapidement un mot avant de le mettre dans sa poche. Akiiro et lui étaient invisibles, figés dans le temps à l’état de statue. Ce n’était pas plus mal finalement, puisqu’ils avaient le pouvoir de transformer la vie des autres en une histoire rocambolesque, pleine d’aventures et de danger. Toshio adorait ce genre de sentiment et s’amusait beaucoup à redéfinir la vie d’autrui, en l’occurrence celle des Golden.

En venant ici dans ce lycée, ou plutôt, en l’ayant choisit
plus qu’un autre, le jeune professeur avait eut une idée dans la tête. Oui, il
ne l ‘avait pas choisit au hasard. Ce Qui l’avait décidé ? Et bien, tout
simplement cette histoire de Golden Boys & Girls. Il voulait vraiment voir
si les rumeurs étaient vraies, et à quoi ressemblaient ces douze jeunes gens.
Il voulait aussi comprendre pourquoi des lycéens admiraient tant des inconnus,
avec qui ils ne parleront sûrement jamais. Des de ses amis qualifiaient ces
étudiants de groupies. Et ce surnom faisait toujours rire Akiiro. Pour le
moment, il avait déjà entendu bien sur plusieurs fois prononcer leurs
pseudonymes, mais jamais il ne les avait vu, enfin, pour le moment ! Car
il comptait bien les rencontrés !

Le jeune Oka se remit donc à lui parler, répondant à ses
paroles. Tout en l’écoutant, le nippon ne pouvait s’empêcher de sourire.
Pourquoi ? Car ce lycéen était vraiment très intéressant, et il aimait
beaucoup sa perception des choses. Puis, le voyant se remettre devant lui, se
sentant certainement plus à l’aise ainsi, il plongea ses yeux dans ceux de son
futur élève. Celui-ci d’ailleurs, continua à parler, expliquant la vision des
choses par ses camarades. Passionnant. Vraiment…Pensaient-ils vraiment tous
cela ? Qu’avec juste le surnom de Golden, tout pouvait alors devenir si
simple ? Akiiro se retint de rire. Tout cela, lui, il trouvait ça stupide.
Même lorsqu’il était à leur place au lycée, il n’avait jamais idolâtré un
groupe d’autres jeune, pour une raison ou pour une autre…M’enfin…

Il ouvrit alors la bouche pour lui répondre, mais fut couper
en entendant des pas venir vers lui. Tournant donc la tête, il vit soudain la
jeune secrétaire courir dans sa direction. Il soupira : elle allait très
certainement tout gâcher…Car oui, elle allait à coup sûr l’appeler ‘sensei’,
comme les autres professeurs. Ne se décollant pas néanmoins du mur, il la
regarda s’arrêter à côté d’eux, essoufflée :

-Sensei…C’était juste pour vous dire qu’il faudra passer au
secrétariat pour avoir vos horaires de cours et autres.
-Merci beaucoup ! C’est bien ce que je comptais faire
de toute façon.
-Bien, alors je vous laisse, à plus tard…

Celle-ci repartit, Akiiro baissa la tête. Il se demandait comment le
lycéen allait prendre cette nouvelle. Allait-il l’engueuler, ou contraire en
rire ? Il verrait bien…Se décollant enfin du mur, il s’étira doucement,
tel un chaton, un fin sourire se dessinant alors sur son visage.

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Le fait qu’il prête une oreille attentive à ses réflexions incita Toshio à en dire davantage. Même s’il n’aimait guère se révéler ou dire ses pensées véritables, surtout à quelqu’un qu’il ne connaissait pas, ce nouvel ami avait quelque chose de rassurant qui le poussait à continuer. Il semblait réellement intéressé par ses idées et le jeune homme d’affaires avait hâte de connaître ses propres réflexions. Au moment où celui-ci allait les lui confier, ils furent interrompus par la secrétaire de l’établissement qui s’adressa directement à Akiiro, sans prendre la peine d’accorder un regard au jeune Oka. Ce dernier s’inclina légèrement avant d’écouter ce qu’elle avait à lui dire. Il cligna des paupières et crut entendre quelque chose de faux dans son discours. Lorsqu’elle les laissa pour retourner à son bureau, il fronça des sourcils en la suivant du regard et la montra avec son pouce droit, retrouvant le sourire du nouvel arrivant.

" J’ai bien compris ? Elle t’a appelé sensei ? "

Le jeune homme ne lui répondit pas, se contentant de sourire en s’étirant. Et s’il n’était pas élève…mais prof ?! Quoi ? Non…impossible. D’habitude, ils ne sont pas aussi jeunes et s’habillent différemment. Alors pourquoi ne l’avait-il pas repris ? Parce que ça ne se fait pas, voilà tout…arrête de te faire des idées Toshio ! Mais si !!! J’te dis qu’elle l’a appelé sensei et il n’a pas bronché. Il cherchait réellement une réponse dans le regard d’Akiiro mais celui-ci semblait bien trop amusé par la situation pour lui répondre quoique ce soit. L’énervement n’était pas sa spécialité et il ne voyait pas l’intérêt de manifester son mécontentement de la sorte. En réalité, le sentiment qu’il l’animait n’avait rien à voir avec la colère ou l’amusement, c’était plutôt de la déception. En apprenant son statut de prof, Toshio pouvait dire adieu à cette nouvelle relation amicale et il en était profondément triste. Il aurait été parfait comme nouvel ami et ça gâchait tout. La mine déçue, le jeune homme s’inclina respectueusement face à son nouveau professeur et dit, d’un ton de calimero.

" Veuillez m’excuser pour ce malentendu. "

Et sans adresser un regard, il tourna les talons, reprenant sa route d’une démarche mollassonne et morose. Pour une fois qu’il avait trouvé quelqu’un avec qui échanger des idées, il avait fallu que ce soit un prof. Le destin…ce sacré farceur avait un drôle d’humour ces temps-ci !

Lui aussi ne pouvait alors ressentir que de la déception. Pourquoi ? Car il savait très bien que son statut de professeur allait lui donner des contraires. Comme par exemple celle qui allait à présent se dérouler, c’est-à-dire avoir une relation d’amitié avec le jeune Oka. Certes, ils pouvaient devenir amis, mais il savait pertinemment que ce ne serait qu’à petite dose, et qu’il ne fallait pas qu’ils s’affichent de trop. Et ça, ça lui faisait beaucoup de peine. Car finalement, Akiiro c’était plutôt attaché à ce lycéen qui l’intéressait beaucoup. Lui ne voulait pas le décevoir, et pourtant, il avait une petite idée de la réaction qu’il allait avoir…

Posant alors son regard sur celui-ci, il vit avec amusement que le fait que la secrétaire l’ait appelé sensei l’avait totalement perturbé. Toshio semblait vraiment étonné, et ne pas y croire. D’ailleurs, il lui demanda même son approbation. Mais notre jeune professeur ne lui répondit pas. Il détourna même ses yeux pour poser alors son regard à l’extérieur, sur la cour qu’il pouvait apercevoir de la fenêtre. En réalité, il s’en voulait de lui avoir mentit depuis le début. Car il se doutait bien que celui-ci avait très certainement dut se faire des idées à son sujet…

Il fut alors surprit lorsqu’il vit son futur élève s’incliner devant lui, comme le font les étudiants avec leurs professeurs. Cette situation le perturba un peu, et Akiiro ne savait plus trop comment réagir. Il sentait bien dans la voix du garçon qu’il l’avait blessé. Et ça, il détestait ! Il voulut alors s’excuser, mais fut coupé par Toshio qui se tournait pour ensuite partir, tristement. Instinctivement, presque pas réflexe même, il le rattrapa en l’attrapant par l’épaule.

Il ne parla pas tout de suite, baissant juste la tête, et ne retirant pas sa main de l’épaule du lycéen. Il se savait pas trop comment s’exprimer, de peur qu’il ne se fasse jeter. Soupirant, il se lança tout de même :

Je suis désolé Toshio…J’aurais dut te le dire avant. Mais je me suis fais passer pour un élève pour mieux me mélanger à la foule et me faire ainsi une idée de l’ambiance de ce lycée…Ne m’en veut pas…

Il marqua alors une pause…Il essaya de trouver la meilleure façon de tourner ce qu’il voulait à présent exprimer. Préférant le faire naturellement, il reprit :

Je ne veux pas que tu me regarde tel un professeur, mais comme tu me considérait jusqu’à maintenant. Je sais bien que mon statut m’oblige à garder des distances avec toi, mais devenons quand même amis, j’en ai vraiment envie !

Retirant finalement sa main, Akiiro recula d’un pas et regarda alors le lycéen, doucement. Allait-il accepter, ou le rejeter ? Il espérait vraiment qu’il allait accepté. Ce jeune homme était trop intéressant pour finir sur une situation comme celle-ci.

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En décidant d’abandonner aussi facilement, rejetant tout espoir de s’adresser à nouveau à lui d’égal à égal, une pointe de mécontentement vis-à-vis de sa propre personne se fit ressentir. Il connaissait assez bien les élèves de ce lycée pour les avoir observé, tâchant ainsi d’en connaître davantage sur leur mode de vie, leurs relations, leurs aspirations…alors pourquoi l’avait-il pris pour un des leur ? A présent, il devait bien se moquer de lui et colporterait peut-être cette situation burlesque aux autres professeurs du lycée. Quel minable faisait-il ! Incapable de reprendre le contrôle, la seule réaction qu’il avait choisie consistait à fuir. Une nouvelle fois. Comme si désormais il n’était plus capable de faire autre chose. L’idée de devoir chercher un nouveau prétendant au poste d’ami ne le branchait plus autant, cette première expérience étant si décevante et dure à encaisser. Mais alors qu’il croyait devoir terminer sa journée en marmonnant des insultes à son égard, à peine perceptibles, il sentit une main se poser sur son épaule et vit en relevant la tête son nouveau professeur. Il s’arrêta, préférant éviter son regard sans pour autant refuser ses explications. Après tout, il n’avait pas à se sentir coupable de quoique ce soit, c’était plutôt à lui dé réagir ainsi.

Il écouta attentivement les excuses de son professeur et se sentit encore plus mal. Quel être indigne il faisait maintenant ! Il ne pouvait lui en vouloir ! N’était-ce pas lui qui était venu le trouver en premier, qui avait abordé un semblant de conversation ? Il était le seul fautif et ne voulait pas qu’il se sente aussi regrettable. Il ouvrit la bouche pour rétorquer mais Akiiro avait visiblement quelque chose à ajouter, ce qui remit à plus tard les reproches de Toshio. Le jeune homme l’écouta encore, lui demandant de ne pas le considérer comme un professeur mais bien comme il avait l’intention de le faire : en tant qu’ami. La dernière phrase qu’il prononça changea littéralement le jeune Oka qui afficha un léger sourire en rencontrant le regard de son nouveau prof-ami. Il aquieça d’un signe de tête et répondit.

" Si tu veux qu’on soit ami, il ne faut pas t’excuser : c’est un signe de faiblesse qu’aussi bien un prof qu’un ami ne doit pas avoir, surtout lorsqu’il n’a rien fait de mal. Je suis le seul à blâmer dans l’histoire…un lycéen seul en train de lire pendant les interclasses avec tout ce bruit, ce n’est pas plausible ! ^^ "

Il sourit de toutes ses dents et tendit une main vers Akiiro. Peu importe ce qui allait se passer dans le futur, s’ils devaient se parler ainsi seulement dans les couloirs ou en dehors de l’établissement, ils seraient de vrais amis et le petit génie de la finance ferait tout pour que ça marche, bien décidé à mettre en pratique sa sociabilité pour instaurer un véritable lien entre eux.

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