Renouer. [Shunta]

La semaine finissait bientôt, et heureusement. Isako n'attendait qu'une seule chose, que parvienne le soir, pour sortir de ce carcan règlementaire et conventionnel. La jeune Nippone comptait les heures et faisaient le point sur les moments qui restaient avant de sortir enfin du lycée. Il restait encore la pause de Midi à faire passer, après cela, le cours d'Algèbre, le cours d'Anglais, et enfin, le cours d'Histoire, puis délivrance.
Le problème du moment maintenant. Occuper la pause de Midi. C'était toujours un problème pour Isako, qui était toujours toute seule dans ces moments. Le début de l'année était pourtant bien entamé, mais rien à faire, elle n'arrivait pas à nouer. Alors elle passait son temps en errant dans les couloirs, bien souvent, sans trop savoir où elle allait, et se rappelant rarement des endroits où elle avait mit les pieds.

Le hasard de ses pas la conduisit jusqu'à la salle de danse. Isako avait pratiqué le ballet, pendant des années, mais avait arrêté par la force des choses. C'est peut-être pour cette raison qu'elle se sentit vibrer au fur et à mesure qu'elle pénétrait dans la salle et qu'elle s'avançait vers le miroir.
La jeune brune s'arrêta devant le miroir, et se regarda sous toutes les coutûres. Méconnaissable dans son uniforme de l'école, les cheveux au naturel, et bien tirés, proprement. Son air triste ne venait pas embellir le tableau. Elle détacha le regard de cette image insupportable et posa son sac à terre.
Elle regarda tout autour d'elle. Et si elle osait ? Elle sortit son Ipod et choisit une douce musique, enleva ses souliers et commença les entrechats. Elle se sentit alors incroyablement légère, et se lâcha dans des mouvements plus forts, se pensant seule. Elle était douée, bien que n'ayant plus pratiqué pendant deux ans, elle avait gardé des bons restes, et avait toujours une bonne technique. Elle se surprit alors à sourire.

Elle arrêta alors, rougie par l'effort, mais rougissant encore plus quand elle se rendit compte qu'il y avait un autre reflet, en plus du sien, dans le grand miroir.

Shunta s’ennuyait vraiment pendant ces cours… C’en était des plus ennuyants et barbants… Il n’y avait strictement rien d’intéressant, mais quand on dit rien d’intéressant, c’est vraiment le cas ! Deux heures de littérature… Shunta lisait l’extrait qui était à étudier et écrivit tout de même les questions. Il n’eut aucune envie des les faire mais lorsqu’il entendit le professeur dire qu’il ramasserait les copies à la fin de l’heure, il décida de travailler finalement. Ce fut ensuite des maths… Bon…

Midi sonna enfin… Shunta s’étira, baillant sans gêne. Il se leva de sa table et prit son bentô. Il commençait à errer dans les couloirs, sans trop savoir où il allait réellement, il se promenait juste. Puis, alors qu’il passait devant une salle, il entendit un peu de musique. Curieux et attiré par ce bruit, il regarda la porte et vit qu’elle était entrouverte. Il la poussa un peu et regarda à l’intérieur. Il y avait une jeune fille qui était en train de danser.

Il s’appuya contre la porte et la regarda. Elle était douée, c’était le cas de le dire… Shunta restait immobile, sans faire de bruit, pour ne pas la déconcentrer. Il n’aimait pas la danse, mais il trouvait tout de même un intérêt à la regarder. Alors il ne bougeait pas et ne disait rien. Il diminuait même le volume de sa respiration pour ne pas du tout mettre de bruits parasites…

Lorsque la musique s’arrêta, il vit que la jeune fille regardait dans le miroir. Shunta y regarda lui aussi et vit son reflet. Il n’était pas très visible mais il était là quand même ! Alors, il se mit à applaudir doucement, comme si le bruit de ses mains risquait de briser la magie de ce moment. Quand la lycéenne se retourna vers lui, il eut un sourire. Il se détacha du mur et alla s’asseoir sur une table.

Tu danses bien… Même si j’y connais rien.

Etant installé, il regarda la demoiselle, toujours son léger sourire aux lèvres. Il la regardait un peu, mais discrètement… Hum. Plutôt mignonne, mais elle semblait plus jeune que Shunta. Elle n’était pas une troisième année, mais elle semblait trop jeune pour être également une deuxième année. Alors, elle devait être en première année. Mais il n’en était pas sûr. Il la regardait dans les yeux, tranquillement.

Isako tressauta aux applaudissements de l'étudiant, tant elle ne s'y était pas attendue. La jeune fille ne s'était plus produite devant des gens depuis deux ans et avait une idée très diminuée de son talent. Elle éteignit son baladeur, dont les haut-parleurs commençaient à diffuser un nouveau morceau de musique, tandis qu'il alla s'installer sur une table. Elle le regarda, un peu sur la défensive, sans rien dire, puis il la complimenta. Sa bonne éducation lui inspira alors le réflexe de le remercier, même si l'image d'elle qu'elle voulait construire se voulait froide et hermétique.

- Arigatô. Dit-elle en se penchant légèrement en avant.

Et elle se présenta ensuite.

- Takeda Isako. Je suis en 1ère année.

Il ne faisait pas de doutes que l'étudiant devant elle était beaucoup plus vieux. Il était bien plus grand qu'elle, avait les traits plus durs de ceux qui deviennent des hommes, et sa voix était mûre. Il devait sans doute être en 2ème, voir même, en 3ème année, auquel cas, il aurait deux ans de plus qu'elle.
Il lui vint à l'esprit qu'il s'était rendue dans cette salle de danse pour quelque-chose, si ce n'était pas pour la regarder danser, de base. Il devait y avoir des choses à faire, et bien qu'Isako avait envie de rester encore un peu, tant elle s'était trouvée légère en effectuant ces pas.

- Ano ... Vous avez sans doute des choses à faire ici. Je dois quitter la salle ? Demanda t-elle, bien qu'au fond d'elle, elle ne le souhaitait pas partir. Et pourquoi pas faire connaissance, si jamais il restait et qu'il la retenait.

La jeunette avait pourtant remis ses chaussures et avait ramassé son sac, comme si elle était prête à partir, bien qu'il n'en fût rien.

Elle le remerciait, comme toute personne bien éduquée. Shunta ne fit rien du tout… Et maintenant, voilà qu’elle se présentait… Donc, il avait raison en pensant qu’elle était en première année. Mais selon les formes de politesse, il fallait qu’il se présent également ! Hum… Oui, pourquoi pas…

Shunta Kagawa. 3^ème année.

Voilà ! Les présentations étaient faites. Il ne leur fallait rien de plus. D’ailleurs, que pourraient-ils se dire d’autre ? Rien… Hum ? Elle pensait qu’il était venu car il voulait utiliser la salle ? Que devait-il en penser ? Qu’il avait une tête de danseur ? Ou pas ? Peu importe… Il ne voulait pas de la salle… Il était juste venu comme ça… Rien de plus, rien de moins.

J’ai entendu de la musique, et comme je suis assez curieux…. La suite est simple à comprendre.

A moins qu’elle ne soit pas intelligente… Mais même quelqu’un de complètement stupide comprendrait qu’il était venu ici juste parce qu’il avait entendu de la musique et avait été très intrigué. C’était tout. Elle remettait ses chaussures et reprenait toutes ses affaires. Shunta se mit à sourire un peu et descendit de la table.

Reste si t’en as envie. Moi, je n’ai rien à faire ici.

Il commença à marcher vers la sortie, puis se retourna et s’appuya le dos contre le mur. Il regardait Isako d’un air pratiquement indifférent… Même s’il ne l’était pas. Juste qu’il n’avait aucune expression sur son visage…

Je peux partir, si tu veux.

Si elle le désirait et s’il la gênait, il partirait. Il n’avait pas envie d’imposer sa présence aux gens aujourd’hui… Pas très en forme ? Peut-être…

Comme elle l'avait pensé, il était bien plus âgé qu'elle, de deux ans, puisqu'il était en troisième année. Il devait alors avoir une foule de choses à faire, bien plus intéressantes que de discuter avec une fille de 1ère année, incapable d'aligner trois mots sans se mettre à bafouiller.
Isako se sentit sotte d'avoir pu suggérer qu'il avait des choses à faire ... dans une salle de danse ! A moins qu'il ne la pratique lui-même, mais au vu de son attitude, et de son appréciation sur sa prestation, qui avait été loin d'être parfaite, étant donné le fait qu'elle ne pratiquait plus depuis un bout de temps déjà, . Il ne s'y connaissait visiblement pas. Il était entré juste par curiosité, parce qu'il avait entendu de la musique, et il était resté pour la regarder. Isako eut un petit rire, qui eût pour principal effet de la détendre.

Elle s'assit alors par terre, et regarda le plafond en souriant.

- Oui, je vais rester, parce que je me sens vraiment bien ici.

L'ambiance de la salle lui rappelait des souvenirs. Des bons souvenirs, un temps où tout allait encore bien, et où elle b'avait pas de questions à se poser.
Il lui proposa de partir.

- Non ! Enfin, je veux dire ... Kagawa-San ... restez si vous en avez envie ... ça ne me dérange pas. C'est juste que je n'ai pas l'habitude d'être avec des gens. Je suis plutôt seule d'habitude. Ca ne me dérange pas de faire la connaissance de quelqu'un ... enfin, si ça vous dit, bien-sûr.

Isako rassembla ses jambes autour d'elle. C'est vrai, pour une fois, se retrouver avec quelqu'un ne serait pas forcément désagréable.

Arf mais c’est pas vrai ! Pourquoi les gens ont-ils cette fâcheuse manie de vouvoyer ceux qui ont pratiquement le même âge qu’eux ? C’est pas croyable ça… Shunta laissa la porte comme elle était et se tourna pour fixer la jeune Isako. Il s’appuya contre le mur, soupirant de désespoir. Il s’approcha d’elle et se mit juste devant elle. La fixant droit dans les yeux, il lui dit d’un ton très sérieux :

Je reste… si tu arrêtes de me vouvoyer.

Il en avait assez d’être vouvoyer ! Bon, sauf quand ça s’imposait… Mais là ça ne s’imposait pas ! Ils n’avaient que deux ans de différence. Y’avait-il donc vraiment nécessité de se vouvoyer ? Pas pour Shunta. Il retourna s’asseoir sur une table et soupira un grand coup. Enfin, il respirait plus qu’il ne soupirait en réalité.

Regardant autour de lui, il observait entre autres les moindres recoins de cet endroit. Il n’était jamais venu ici, et de toute façon, c’était bien normal. En quoi aurait-il besoin ou envie de venir ici ? Excellente question ! Sauf qu’à cette question il n’y avait pas de réponse si ce n’était : pas besoin d’être ici. Aucun intérêt même…

Shunta leva les yeux vers la demoiselle qui était devant lui. Un drôle de silence s’était installé entre eux deux… Et ce n’était pas comme ça qu’on faisait connaissance ! Sauf qu’on aurait dit qu’aucun d’eux n’était sociable… Enfin, pas tellement en tout cas. Shunta s’étira de tout son long puis décida de parler :

Tu fais de la danse depuis longtemps ?

Banal… Basique même et sans réel intérêt… Mais c’est ainsi qu’on débute une conversation de toute façon ! Ils trouveront bien mieux à se dire au fil du temps… Elle lui répondait et Shunta décida de dire quelque chose sur lui, lui aussi. Il leva les yeux vers le plafon, juste parce qu’il en avait envie et non pas parce qu’il y avait quelque chose qui s’y était logé, style une araignée ou un chewing-gum…

Aïkido. Moi je fais de ça. Je pratique aussi le kendô…

D’ailleurs, c’était pour cela qu’il s’était choisi d’entrer dans un club. S’il n’y avait pas eu celui-ci, il ne se serait inscrit nulle part…

Isako acquiesça. Vouvoyer, c'était surtout pour la forme ... On le lui avait toujours appris ainsi, et respectueuse de la politesse, ne voulant offenser personne, surtout dans un pays aussi aseptisé et conventionné que le leur, elle commençait ainsi, quand la personne en face d'elle lui inspirait du respect. Car il lui était déjà arrivé de tutoyer et provoquer des gens bien plus âgées qu'elle quand ils l'avaient embêtée, lui avaient mal parlé, ou tout simplement quand elle était mal lunée. Car s'il y avait bien quelque-chose de pénible avec Isako, c'était de voir à quel point elle pouvait changer d'opinion, de point de vue, de façon d'être et de faire, en très peu de temps.

- D'accord.

Elle se serait excusée, mais constatant que le jeune homme n'était pas du genre à se faire vouvoyer, il devrait tout aussi trouver des excuses pour avoir fait cela un peu stupides, et finirait sans doute par être agacé, alors elle ne le fît pas.

Aussi peu sociables l'un que l'autre, ils ne trouvaient pas beaucoup de sujets de conversation. De toutes façons, il ne sert à rien de se parler si on a rien à se dire, mais bien souvent, cela est défini plus tard. La jeune fille répondit à sa question en hésitant légèrement.

- Oui. Depuis que je suis petite ... en fait, je ne sais pas exactement. Je n'avais d'ailleurs pas dansé depuis deux ans.

Tandis qu'elle parlait, il leva les yeux. Elle les leva aussi. Il y avait quelque-chose là-haut ? Sa voix la fît redescendre sur terre.

- Aïkido ? Kendô ? Tu es quelqu'un de très sportif alors, et tu dois avoir un esprit fort !

Elle savait qu'au Kendô, comme à l'Aïkido, tout était une question de concentration. Elle avait dû s'y essayer une ou deux fois, lors des cours de sport du lycée sans grand succès ... Son esprit tergiversait en permanence.

- Je ne suis pas très bonne aux arts martiaux ... mais j'ai toujours trouvé cela très impressionnant. Ca fait longtemps ? Tu as déjà gagné des prix ?

Elle avait arrêté mais commencer jeune… Ok ! Mais bon, pour Shunta, ce n’était qu’une information de plus et rien d’autre. Et c’est là qu’elle se mit à débiter toutes sortes de choses quant aux arts martiaux. Elle avait envie d’en faire ? Alors pourquoi ne s’y était-elle pas mise ? C’était à la portée de tout le monde, selon Shunta. Il poussa un long soupir pour répondre à la jeune fille.

Il suffit de se concentrer c’est tout. C’est comme la danse non ? Enfin, dans le sens où tu dois être concentré… Mais non. Je n’ai jamais gagné de prix… Parce que je n’en ai pas fait en club ou en compétition.

Shunta n’avait pas apprit dans un club… Il avait eu un maître. Quelqu’un qui avait un dojo… Shunta n’avait jamais été très sociable et ne le serait pas avant très longtemps ! D’ailleurs, pourrait-il l’être un jour ? Bonne question… Qui avait pour 75% de chances d’avoir pour réponse « non ». La sociabilité chez Shunta, c’est comme un karatéka habillé en tutu rose ! Oui bon… Drôle de comparaison mais vous voyez le tableau ?

Il s’étira grandement, à s’en faire craquer les os. Oui, il s’étirait souvent… Mais c’était lorsqu’il s’ennuyait. Des gens ont d’autres tics pour montrer qu’ils s’ennuient… Celui de Shunta, c’était de s’étirer. Il regardait tout autour de lui… Que pourrait-il bien faire pour éviter de sombrer dans l’ennui ? Isako aussi semblait se demander ce qu’elle pourrait bien faire. Shunta la regarda puis lança d’une voix amusée :

Tu es aussi sociable et bavarde que moi on dirait…

Il se mit à rire doucement. C’était ce qu’il pensait… Mais bon, que voulez-vous ! C’était certain qu’ils allaient trouver autant de choses à ce dire qu’on pouvait remplir une piscine avec la pluie qui tombait en plein désert ! Comparaison encore bizarre, mais on comprend…

Isako n'était pas tout à fait d'accord avec Shunta.

- Non, parce qu'en danse il faut laisser aller son corps au rythme des émotions que la musique nous procure ... Enfin ... on s'en fiche.

Elle avait laissé échappé cela, elle se doutait bien que son avis importait peu au jeune homme ... surtout qu'il ne pratiquait pas la danse alors ... qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire ? Et puis elle se tut. Elle détestait parler pour ne rien dire. Elle n'était pas comme ça.
Sa remarque pour le coup la fît rire. Un mignon petit rire d'enfant.

- Oui. Je ... Je n'aime pas beaucoup parler. D'ailleurs, je n'ai jamais rien à dire de très intéressant.

Et elle se tut de nouveau. La jeunette avait bien le sentiment qu'il s'ennuyait profondément avec elle ... et bien qu'elle n'était pas très à l'aise en société, elle n'avait qu'une crainte au fond, c'était que les gens perçoivent une mauvaise image d'elle.
Elle se leva alors et lui fît face.

- Montre-moi ! Dit-elle avec un sourire.

Elle avait très envie de voir quelqu'un de vraiment doué dans les arts martiaux en pleine action, puisque c'était quelque-chose qu'elle avait toujours admiré, puisque c'était quelque-chose qui l'avait toujours fasciné. Son Manga préféré était Kenshin le Wagabond, un expert de Kendô ... Bon, il n'était pas son préféré au départ, mais celui de son frère. Elle se l'était approprié un peu plus tard ... On fait des choses un peu étrange et injustifiées quand on perd quelqu'un de cher. Et parce que Tohru, son défunt jumeau pratiquait ces arts avec passion, elle s'y intéressait et se maudissait de ne pas y arriver.

- Apprend-moi deux ou trois prises ... s'il te plaît ...

C'était très important pour elle, et elle espérait qu'il accepterait, et qu'en plus, ça lui ferait plaisir.

Apparemment, il n’avait pas eu tort. Isako était aussi associable que lui… Il se mit à sourire, se retenant presque de rire. Mais ce qu’elle dit le fit sortir de son amusement. Elle voulait qu’il lui apprenne quelques prises ? Bof, et bien… Pourquoi pas après tout ?

Mais bon… Ca devait être pour de l’aïkido… Ca ne pouvait pas être pour le kendô étant donné que ce sport-là se pratiquait avec une sorte de sabre… Pour Shunta, il le pratiquait pas le kendô avec un vrai sabre ou un bâton de bois mais… avec une barre de fer ! Oui bon… On ne détaillera pas plus ce petit détail…

Shunta descendit de sa table et s’approcha de la jeune fille. Il resta juste devant elle et fit comme s’il lui donnait un coup de poing, sur le buste. Il arrêta son poing à quelques millimètres et la regarda.

Chudan Tsuki … C’est le nom de cette attaque. C’est basique et tu n’as pas besoin d’être costaud pour réussir à faire mal à ton adversaire.

Il s’éloigna un peu d’elle et la regarda dans les yeux. Lui restait totalement neutre… Non pas qu’il s’ennuyait mais juste qu’il avait fait ce qu’elle lui avait demandé. Cependant, elle ne semblait pas satisfaite, vu qu’elle lui demande de lui montrer une autre prise. Shunta haussa un sourcil. Elle avait envie de se battre ou quoi cette jeune fille ?

Après un petit sourire, car amusé par ce désir que Isako avait d’apprendre quelques prises d’aïkido, il remit ses deux pieds complètement à terre. Comme il était grand, il était juste assis sur la table et ses pieds touchaient le sol… Il la regarda en se grattant un peu la tête… Que pourrait-il bien lui apprendre maintenant ? Quelque chose de simple… Qui était facile à retenir et à exécuter… Hum ! Ah ! Il avait trouvé…

Avec le tranchant de sa main, il donna un coup sur le côté de la tête de la jeune fille. Enfin… Il ne la frappa pas vraiment étant donné qu’il arrêta sa main à deux millimètres du visage d’Isako. Shunta la regardait en souriant…

Ca, ça s’appelle Yokomen Uchi…

Il reprit une position normale, des plus neutres. Mëme les mains dans les poches. Mais il continuait toujours de fixer la demoiselle.

Pourquoi tu veux apprendre des techniques d’aïkido ?

HJ : DSL, pas très long é_è

Isako le regarda descendre de la table. Comme il n'avait rien dit, elle ne s'attendait pas à ce qu'il se plante devant elle, et que, sans prévenir, il lui fasse une prise. Elle poussa un cri de surprise, s'attendant à recevoir un coup dans le ventre, mais en maître maîtrisant ses coups, il se retint et ne la toucha même pas. Le coeur d'Isako battait la chamade. Il lui expliqua que cette prise s'appelait Chudan Tsuki, et qu'elle n'avait pas besoin d'avoir de la force pour la pratiquer. La jeune fille hocha la tête et s'en répéta le nom, pour elle. Puis elle le regarda avec insistance. Il abattit sa main sur elle et la regarda en souriant.

- Yokomen Uchi ?

Ensuite, il la regarda de nouveau, se demandant pourquoi elle voulait apprendre ces prises d'Aïkido. Isako haussa les épaules. C'est vrai ... au fond, elles ne lui serviraient peut-être jamais ... alors quel intérêt ? Et ce n'était pas cela qui ferait revenir Torhu.

- Et bien, quelqu'un que j'appréciais beaucoup pratiquait ces sports. Mais nous nous sommes séparés et je ne peux plus être avec lui maintenant. En fait, je me dit que si je m'intéresse aux choses qu'il faisait, ça me permet d'aller mieux, et de sentir sa présence, et je me souviens de lui.

En fait ce n'était pas vrai, ça n'allait pas mieux, et ça n'irait sans doutes jamais mieux tant qu'elle ne tournerait pas la page, tant qu'elle entretiendrait cette relation impossible avec un défunt. Dure est la perte d'un frère jumeau. On ne peut oublier, on s'habitue, c'est tout.

Elle lui expliquait pourquoi… Donc, c’était une sorte de méthode pour se souvenir, pour garder un lien avec une personne qu’elle aimait plus que tout et dont elle était maintenant séparée ? Apparemment… Shunta ne fit rien, il ne bougea même pas un sourcil… Il savait ce que c’était… Il faisait aussi quelque chose comme ça, sauf que ce n’était pas à travers un sport mais à travers des objets.

Instinctivement, Shunta porta sa main à la croix en argent qu’il avait au tour du cou et la serra. Une croix catholique, alors qu’il n’était pas chrétien. Etrange non ? Non quand on savait l’histoire de Shunta. Ce que c’était ? L’un des cadeaux de sa sœur jumelle dont il était maintenant séparé par des centaines de kilomètres, si ce n’était pas des milliers… Shunta remit sa main sur la table, après avoir eu une pensée pour sa jumelle.

Ok.

Juste un « ok » pour dire qu’il avait compris et qu’il n’avait pas besoin d’en entendre plus. Sauf si elle, elle voulait parler. Mais il se disait que peut-être cette fille avait eu à peu près les mêmes réactions que Shunta quant à pratiquer un sport… Mais bon !

Pourquoi tu as commencé la danse ?

Et lui ? Pourquoi lui avait commencé les arts martiaux ? Si elle lui posait cette question, il ne faudra pas trop détailler… S’il se mettait à trop parler, il finirait peut-être par dévoiler son crime… Ce qu’il ne voulait pas. Ce secret, il désirait le garder pour lui et pour lui seul… Ne jamais en parler à personne, pour ne plus avoir à en souffrir intérieurement. Même si cette souffrance ne partirait pas… La souffrance d’un crime qu’on ne regrette pas.

Il leva les yeux vers elle, la regardant droit dans les yeux. Isako ne semblait pas tellement dans son assiette. C’était assez bizarre mais bon. Peut-être se trompait-il ? Personne n’est à l’abri d’une erreur de toute façon…

Isako fût ravie qu'il ne cherche pas à en savoir plus, car elle n'aimait pas beaucoup parler de Torhu. En fin de compte, personne ne savait qu'elle avait eu un frère jumeau qui avait été emporté par la maladie, mis à part Takamasa Tanaka, son meilleur (et sans doute le seul) ami. Ce n'était pas un sujet qu'elle aimait évoqué, parce que quand elle en parlait ouvertement, elle ne pouvait pas s'empêcher de se mettre à pleurer, tandis que si elle n'y faisait qu'allusion, sans parler de mort, elle se sentait seulement nostalgique. C'était étrange. Elle remarqua évidemment que Shunta portait une main à un collier, mais elle n'y fît pas plus attention que cela, et ne remarqua pas l'objet religieux. Il lui demanda alors pourquoi elle avait commencé la danse. Elle ne s'en souvenait pas beaucoup, et en plus, ce n'était pas une histoire très palpitante.

- Ho, j'étais petite. Au début, ce devait être pour être avec mes copines, je pense. Comme n'importe-qu'elle petite fille. Je l'ai pratiqué pendant 10 ans, et au fil des années, j'y ai pris goût. J'ai gagné quelques prix locaux ... pas grand chose.
Et elle n'avait pas l'air fier en le disant.

- Mais c'était suffisant pour être motivée. Puis j'ai arrêté, il y a deux ans. Je n'avais plus envie.

Bien qu'en réalité, elle avait arrêté tout ce qu'elle faisait dès lors qu'elle avait su que Torhu ne ressortirait pas de l'hopital, passant son temps à ses côtés.

- Ano ... ce n'est pas une histoire très intéressante. Elle doit l'être encore plus, la tienne.

Il l’écoutait… Il ne disait rien, juste écoutant sans broncher. Elle avait commencé depuis plus longtemps que lui son sport. Lui, il l’avait commencé il y avait moins de dix ans. Elle avait fini… Et elle disait que son histoire à lui était plus intéressante que la sienne. Oh, pour sûr ! Si on aimait les crimes odieux et répugnants…

Mon histoire n’est pas plus intéressante que la tienne.

Shunta descendit de la table sur laquelle il était assis depuis un petit bout de temps. Il alla vers la fenêtre, gardant ses mains dans poches. Regardant au dehors, il vit que le ciel s’assombrissait. Il allait pleuvoir apparemment… Poussant un soupir, il se lança dans son récit.

Moi je l’ai commencé il y je ne sais plus combien de temps exactement. Je crois que ça fait huit ans… La seule chose dont je suis sûr, c’est pourquoi j’ai commencé. Pour ma sœur jumelle. Quand on était en deuxième année de collège, des filles de sa classe, de notre classe, la martyrisaient. Elle a été victime de l’ijime. C’était pour la protéger que j’ai apprit à me battre…

Pas plus à dire… Il ne fallait pas aller plus loin dans l’histoire. Rester au collège. Se tournant vers Isako, il s’appuya contre le mur, souriant légèrement. Voilà, elle savait. La jeune fille connaissait maintenant la raison de Shunta pour avoir voulu apprendre à se battre. Il s’avança lentement vers elle, mais il n’était pas menaçant. Pourquoi le serait-il d’ailleurs ? Il posa sa main sur la tête de la demoiselle, de manière amicale. Il faisait toujours cela…

S’étirant, il entendit du bruit dehors. Des élèves courraient dans le couloir. Shunta sortit de la salle et regarda dehors. Pourquoi se ruaient-ils tous dehors ? C’était plutôt étrange, non ? Il se tourna vers Isako et l’entraîna avec lui, en la tenant gentiment par la main. Si elle ne voulait pas, elle pourrait toujours l’enlever, lui ça ne le dérangerait pas.

On va voir ce qui se passe ?

Lui était curieux… Il voulait savoir ce qui poussait les élèves à courir pour se ruer dans le cour extérieure. Qu’est-ce qui se passait… ?

HJ : Désolée, je ne savais vraiment pas quoi répondre.

L'histoire de Shunta était bien plus intéressante que la sienne. Il avait commencé par solidarité, par amour pour sa soeur. Pour punir ceux et celles qui la martyrisaient. Isako trouvait que c'était un sentiment très louable. Surtout que le garçon paraissait si dur ... Bien sûr, elle percevait encore autre chose qu'il ne voulait pas lui dire, mais elle le laissa avec ses secrets, c'était sûrement très intéressant, mais ça ne la regardait pas. Il avait ses secrets, et elle avait les siens aussi ... ça s'arrêtait là.

Il s'avança vers elle et posa sa main sur sa tête, amicalement. Isako lui sourit, mais elle sursauta au remue-ménage dehors. Elle vit pleins d'élèves passer devant la porte, se précipitant au dehors. Rien ne disait ce qui se passait.
Il la tira par la main, jusque dans le couloir. Pas de fumée, pas de flammes. A priori, il n'y avait pas le feu. Quel danger pouvait-il y avoir alors ? Il lui proposa d'aller voir ce qui se passait.

- D'accord.

Elle lui suivit à travers les couloirs, mais ils ne progressaient pas toujours facilement, car ils allaient vraiment à contre-sens par rapport aux élèves. Ils ne se lâchaient pas, de peur de se perdre. Ils se demandaient tous les deux ce qui pouvait bien se passer, et étaient trop curieux pour avoir peur. Bien qu'Isako s'avoua plus tard qu'elle était rassurée qu'il soit là.
La jeune fille lui tint la main jusqu'à ce que le bâtiment soit vide Puis elle lui lâcha la main.

- Je me demande ce qui se passe ... ça couine !!!

Elle poussa la porte de la salle de musique. Par la ventilation sortaient des dizaines de rongeurs.

- Il y a pleins de souris ici !!!!!

[no problemo^^]

Qu’est-ce que… Il y avait un drôle de bruit… Comme une sorte de couinement. Ca ressemblait un peu aux trucs pour animaux de compagnie… Ces petits jouets qui couinent quand on les presse. C’était le même bruit, à peu de choses près. Isako ouvrit une porte, et des souris sortirent la pièce.

Shunta se précipita devant la porte pour voir ce qu’il se passait. Des rongeurs sortaient en masse de la ventilation ! C’était lputôt impressionnant ! Comment étaient-ils arrivés là ? Des souris à Sakurai Gakuen… Ca allait faire du bruit ça ! On allait en parler pendant plusieurs jours… Mais bon ! Shunta haussa les sourcils, un petit sourire aux lèvres. Pour lui, c’était plutôt comique. Mais toute bonne chose a une fin.

Des professeurs arrivèrent en trombe pour vouloir sans doute enfermer les rongeurs dans la salle de musique, en attendant d’appeler un exterminateur ou quelqu’un dans le genre… Shunta profita qu’ils étaient encore loin. Il se baissa et attrapa une souris, qu’il cacha dans son sac. Il n’avait pas trop envie qu’on les tue ces petites bêtes… La souris qu’il attrapa avait été juste à côté de sa chaussure, et avait sembler le regarder lorsqu’il s’était pencher pour le prendre. Shunta avait envie de l’adopter…

Les professeurs arrivèrent juste au moment où Shunta fermait son sac. Ils dispersèrent les élèves en leur disant de partir. Tous durent partirent, et Isako et Shunta retournèrent dans les couloirs. Peut-être allaient-ils vers la salle de danse ? Lui, ça ne le dérangerait pas… Lorsqu’ils furent bien loin, il prit son sac et sortit la souris, il garda dans sa main pour éviter qu’elle ne s’échappe.

Je crois que je vais l’appeler Mickey.

Pas très original… Mais bon ! Shunta n’avait jamais eu suffisamment d’imagination pour donner des noms. La souris sortit de la main et commençait à se promener sur le bras de son nouveau propriétaire. Shunta souriait, amusé… Cette souris était toute blanche, avec des yeux noirs. Il ne manquerait plus de compagnie maintenant !

Isako regarda les rongeurs courir, affolés, dans tous les sens. Elle était partagé entre le dégoût ... et le dégoût. Les souris se faufilaient entre leurs pieds, et elle avait peur d'en écraser une, tant elles étaient petites et nombreuses. La Nipponne se tenait sur la pointe des pieds.

*Je me demande ce qu'elles font ici. C'est un peu dégoûtant.*

Ils ne bougeaient pas. Tout d'un coup, Shunta se pencha pour ramasser quelque-chose tandis que les Professeurs arrivaient tous en troupeau. Ils leur crièrent dessus pour qu'ils s'en aillent. Isako attrapa alors Shunta et l'attira alors dans une salle non loin. Les pouics pouics des souris étaient encore audibles, mais Isako devinait qu'elles n'avaient plus une espérance de vie très longue. Elle se tenait dans l'encadrement de la porte, sciée, quand les premiers professeurs attrapaient les souris à l'épuisette et commençaient à les étouffer dans des sacs.

- Je crois que je vais l'appeler Mickey.

Isako se retourna pour voir une petite souris courir sur le bras de son camarade. Elles paraissait moins dégoutante que les autres, sûrement parce qu'elle était toute seule à se promener sur Shunta et puis elle n'avait pas les yeux rouges comme les souris de laboratoire. Cela arracha quelques larmes à Isako, qui se retourna, pour de nouveau regarder vers la salle de Théâtre.

- Toutes les autres vont mourir.

Ils n'y pouvaient rien. Comment faire entendre qu'elle voulait que toutes les souris vivent ? C'était injuste. C'était injuste ce carnage, comme la mort de Torhu était injuste.
Elle se pencha alors et attrapa toutes les souris qui parvenaient à eux, et toutes celles que ses doigts pouvaient saisir. Les petites souris couinaient. Isako réussi à en attraper 5 au total. Mais ce n'était rien par rapport aux dizaines de souris qui s'étaient faite attraper par les profs.

Gomen... C'est pas très long...

Isako avait raison… Les autres souris qui avaient été capturées allaient mourir. Que dommage pour ces pauvres rongeurs… Shunta continuait de regarder la souris qui était très calme. Elle s’était sans doute habituée à son nouveau maître, et peut-être qu’elle avait senti qu’il ne lui ferait pas de mal. C’était plutôt la deuxième possibilité pour lui…

Soudain, il vit que des souris avaient échappé à la capture. La jeune fille se penchait pour attraper des souris, et Shunta en fit de même. Il avait des plus grandes mains, alors il en attrapa le double d’elle. Mais elles se débattaient ces petites bêtes… Avec leurs petites griffes… Elles ne mordaient pas au moins… C’était déjà ça.

Faut les mettre dehors.

Shunta ouvrit la fenêtre. Par chance, ils étaient au premier étage. Alors ils pouvaient très bien mettre les rongeurs dehors, sans craindre de leur faire du mal. Shunta décida de s’en charger et se pencha pour que les souris aient le moins possible à sauter. Il s’occupa également des souris qu’Isako avait capturées. Les petites bêtes courraient partout, et finirent par disparaître dans la nature. Voilà une bonne chose de faite !

Il ferma la fenêtre et se tourna vers la jeune fille. Il eut un faible sourire, en voyant la petite souris en train de la regarder. L’amour, l’amour… Non ! Sans rire… Sauf que Shunta ne peut jamais s’empêcher de faire l’idiot alors… Il ne pu résister :

Je crois que Mickey est in love…

Il se mordit la lèvre pour se retenir de rire. C’était à se poser la question avec cet animal ! Il ne bougeait plus et fixait Isako. Mais bon… A son avis, elle devait plutôt avoir des biscuits sur elle, ou bien sentir le biscuit… Parce qu’une souris amoureuse d’un humain… Moyen !

Isako en attrapait autant qu'elle le pouvait, mais les souris affolées filaient entre ses doigts. Shunta fît de même afin de l'aider. Isako réussit à en attraper 5, mais Shunta en avait bien une dizaine. Ce n'était pas tout. Qu'allaient-ils en faire maintenant ? Shunta lui dit alors qu'il fallait les mettre dehors. Il ouvrit la fenêtre et mit celles qu'il avait dans ses mains dehors, exceptée celle qu'il avait ramassé par terre. Il prit celles d'Isako et les fît filer également. Isako les regarda, revigorée.

- Partez petites souris. Vite !

Elle détourna le regard de la fenêtre une fois sûre que les souris soient toutes cachés dans les jardins de Sakuraï. Shunta ferma alors la fenêtre et la regarda. Il paraissait amusé. Isako ne comprenait pas pourquoi. Avait-elle dit une bêtise ? Mais elle ne tergiversa pas trop longtemps dans sa tête parce qu'il se dépêcha de lui dire pourquoi.

- Je crois que Mickey est in Love.

- Ne ???

Isako rit un peu aussi. Pas mal, d'arracher un rire à Isako. Peu de gens pouvaient s'en vanter. Elle tendt son doigts vers la petite bête qui le renifla, et la gratouilla entre les oreilles. Elle sortit un biscuit de sa poche et le lui donna. La souris se jeta dessus et n'en fît qu'une bouchée. Comment une petite souris pouvait avaler un morceau de gâteau aussi gros qu'elle ? Isako fondit littéralement.

- Kawaï !!!

Du coup, elle lui en redonna un deuxième, mais rangea les autres, il ne fallait pas rendre la souris de Shunta malade. C'est dingue comme la possession d'un petit être peut réconforter ... Et ce qui réconfortait Isako c'était d'avoir pu aider quelques souris à s'échapper et à ne pas tomber dans les filets des Professeurs et des exterminateurs.

- C'est génial ! On a sauvé des vies aujourd'hui !!!

Même si c'était pas grand-chose, elle était contente.

- Cette petite souris t'es reconnaissante si ça se trouve.

Isako retrouvait un peu de sa candeur qui la rendait craquante mais aussi ridicule.

Shunta la regardait les yeux ronds. Elle était complètement heureuse de voir la souris la fixer. Elle était plutôt contente qu’elle soit « tombée amoureuse ». C’était assez comique et drôle comme situation, et donc Shunta se mit à sourire. C’était vraiment drôle… Il restait à sa place et regarda ce petit spectacle de la table sur laquelle il était assis.

Elle lui était reconnaissante ? Shunta haussa les épaules. Qui sait ? Peut-être que oui, peut-être que non. Il regarda la souris qui s’était à présent tourné vers lui. Il la regardait dans les yeux, un peu comme s’il voulait lire ce qu’elle pensait… Sauf que c’est un rongeur, et jusqu’à preuve du contraire, Shunta ne parle pas le « scouik ». Oui… Il l’appelait comme ça le langage des souris…

Hum… Faudra que j’apprenne le scouik alors.

Shunta se mit à sourire et s’étira. Il entendit quelqu’un s’approcher et il descendit immédiatement de la tbale pour aller prendre Mickey dans sa main, pour le cacher. C’était un professeur. Il leur demanda ce qu’ils faisaient là et s’ils n’avaient pas vu des souris. Shunta gardait Mickey caché dans sa main et fit non de la tête.

Il n’y a pas de souris ici, monsieur.

Le professeur les crut et partit. Tant mieux… Shunta attendit que le bruit des pas s’évanouissent pour sortir Mickey qu’il avait mit dans sa poche arrière de son pantalon. Il était sauvé… Shunta le regarda. La souris semblait comprendre ce qu’il se passait étant donné qu’elle tremblotait. Il lui caressa doucement le dos, pour la rassurer.

Les animaux sont intelligents…

Elle tendit un doigt vers la petite bête et la gratta entre les oreilles. La souris avait l'air d'apprécier, en tous cas, elle était plutôt docile pour une souris sauvage. Quoique, vu sa couleur, elle devait être une souris de laboratoire. Les souris sauvages sont toutes de couleur agouti, une souris blanche comme celle-ci ne survivrait pas longtemps dans la nature. Cette réflexion lui rappela les autres souris qu'ils avaient mises dehors, mais elle essaya de les chasser de ses pensées, car sa réflexion en amenait une autre. Elle fût interrompue dans le filon de ses pensées.

- Le ... scouik ?

Ceci la fît sourire. Pas le scouik, il entendait le langage des souris. Elle se mit à imaginer Shunta au milieux de centaines de rongeurs, en train de couiner comme une souris.

Un professeur arriva. Isako regarda par terre, comme à son habitude, à chaque fois qu'un professeur s'approchait d'elle. Elle n'aimait pas les adultes en règle générale. Elle qui était plutôt bonne élève à la mort de Torhu, avait vraiment fini par faire n'importe quoi. Ne travaillant plus, et se concentrant d'avantages sur ses bêtises potentiellement réalisables que sur ses devoirs.
Mais toujours, ses professeurs lui trouvaient des excuses. Elle ne supportait pas cette hypocrisie ambiante des adultes, qui leur permet de décider qui est méritant, excusable, et qui ne l'est pas.
Elle pourrait même parier que certains professeurs ne connaissent pas le son de sa voix.

Elle laissa Shunta le congédier, puis releva la tête, regardant le dos du professeur s'éloigner, comme s'il était un demeuré.
La souris tremblait comme une feuille.

- Oui. Ils ressentent le danger.

Isako sourit un peu diaboliquement.

- Tu sais, à mon avis, ces souris ne sont pas arrivées toutes seules. Tu vois, moi je pense que c'est une farce. A l'évidence, ce ne sont pas des souris sauvages. Ne ?

Shunta continuait ce qu’il faisait, c’est-à-dire, caresser le dos de cette petite souris blanche aux yeux marrons qui ne cessait de trembler de peur. Il écoutait en même temps la jeune fille parler, sans pour autant s’arrêter dans son entreprise, rassurer le petit animal. Restant ainsi, il répondit à Isako :

Non. Elles n’ont pas l’air sauvages…

Il décida de se pencher sur la question et examina un peu plus cette mignonne petite bête. Il lui regarda les pattes. Les doigts étaient bien roses, et il n’y avait aucune trace de terre. De plus, les griffes étaient nettes, bien propres, et plutôt longues, ce qui signifiaient qu’elle ne grattait pas partout ou tout le temps, contrairement aux souris sauvages. Aussi, son poil blanc était tout doux et propre. Beaucoup trop pour une souris sauvage. Quant à ses yeux, ils étaient eux aussi propres, il n’y avait pas de saleté autour.

Oui… C’est une souris de labo.

Aucune souris sauvage ne pouvait être aussi impeccable ! Ou alors, c’était qu’elle connaissait le mot « douche » ou « bain ». Ce qui semblait impossible. Car alors, elle ne devrait plus bouger pendant de longs moments afin d’être sèche sans avoir le moindre morceau de terre sur le poil. Shunta se disait qu’on devait les avoir amenées ici, délibérément, pour faire une farce. Ou alors, c’était qu’on les avait laissé s’échapper du laboratoire de science, que ce soit délibéré ou non aussi.

Peut-être c’est une farce, un acte d’héroïsme pour sauver des souris d’une dissection, ou bien alors c’est un oubli.

Parmi les trois, l’oubli n’était pas tellement à prendre en compte, vu qu’ils avaient trouvé les souris dans un conduit d’aération. La personne qui les avait sur lui ou elle, avait voulu les cacher… Les deux premières hypothèses étaient donc les plus plausibles. Pour savoir entre la première ou la deuxième, il suffirait de se renseigner auprès des professeurs ou autre, s’il y avait une dissection sur souris qui avait été prévue et annoncée aux élèves ce jour-ci.

Shunta voulait mener sa petite enquête. Pourquoi ? Parce qu’il aimait bien résoudre les énigmes… Mettre son esprit déductif à l’épreuve… Shunta adorait les défis et autres choses dans ce goût-là. Et même si cette fois, ça semblait très facile, car la moitié avait déjà été résolue, il voulait savoir. Remettant Mickey dans son sac pour la protéger, il se tourna vers Isako.

Je te dirais lorsque je saurais le fin mot de l’histoire.

Il se disait qu’elle était en droit de savoir après tout… Non ?

Isako regarda Shunta faire. La souris le laissait faire sans couiner. Visiblement, elle était habituée à être manipulée, comment aurait-pu t-elle être sauvage ?
Il confirma ses soupçons de toutes façons, en lui affirmant que Mickey était bien une souris de laboratoire.
Shunta lui dit que ce devait-être soit une farce, soit un oubli, soit quelqu'un qui voulait les sauver de la dissection ... La dissection ! Jamais une bonne chose à faire que de la donner à Isako. Un professeur s'y était essayé une fois. Isako avait posé son scalpel et ses écarteurs, ainsi que ses épingles, et avait croisé les bras, refusant d'épingler et de charcuter cette pauvre bête, même si elle était déjà morte. Le professeur l'avait tenue 3 heures après le cours pour lui faire du chantage, afin qu'elle dissèque cette souris blanche, Isako ne l'avait pas fait. Au final, comme le lycée allait fermer, il l'avait laissée partir avec une punition, qu'elle avait faite, et qu'elle avait même fait signer par ses parents. C'était bien la première fois qu'ils la félicitaient alors qu'elle ramenait une punition d'ailleurs. Sa mère était si fière qu'elle fît des frites ce soir là et toute la famille mangea devant la télé. Ce qui n'arrivait jamais bien sûr, le niveau de vie d'Isako étant relativement élevé, on mangeait autour d'une grande table, en silence, en regardant dans son assiette de préférence. S'ils avaient mangé des frites avec les doigts alors ce soir-là, c'était bien parce qu'elle l'avait demandé. Ses parents étaient habitué à ses extravagances, et ils avaient ri tous ensemble ce soir-là.

La jeune japonaise regardait son interlocuteur réfléchir. Il lui dit qu'il lui dirait quand il saurait le fin mot de l'histoire. Voulait-il faire l'enquête ? Isako voulait le faire avec lui. Elle allait lui dire quand soudain, la sonnerie retentit. Il était l'heure d'aller en classe.

- Arigatô Kaga ... Shunta. Dit-elle en s'inclinant vite fait.

- J'ai été ravie de passer ce midi avec vous.

Il réfléchissait… Comment pourrait-il mener son enquête en douceur, sans éveiller le moindre soupçon ? Hum… Excellente question… Il fallait y penser et y réfléchir plutôt deux fois qu’une ! Il ne s’agirait pas qu’un découvre ce qu’il cherchait ! Sinon, ce serait la fin des haricots comme on dit ! Bref ! Trêve de plaisanteries… Shunta fut sorti de sa rêverie de menage d’en quête par la petite voix d’Isako. Elle failli l’appeler par son nom de famille, et Shunta posa sa main sur la tête de la jeune fille lorsqu’elle eut terminé de parler.

Pareil pour moi, Isako-chan. Ah ! Ne m’appelle pas par mon nom de famille ok ? On se connait bien maintenant, pour avoir sauver des souris ensemble, non ?

Avec un sourire amusé et chaleureux… Il plaisantait, pour la détendre car elle semblait un peu perturbée par quelque chose. Allez savoir quoi… Il n’avait pas envie de lui demander… Déjà parce qu’il n’aurait pas le temps d’écouter ce qu’elle aurait à dire, et deuxièmement parce qu’ils n’étaient pas assez proches pour se mêler de ses affaires.

Frottant doucement les cheveux de la jeune fille, pour na pas lui faire mal, Shunta continuait de sourire d’un air amical. Puis, il cacha la souris dans son sac, pour éviter qu’on ne la voie… Pas de mission de sauvetage où on la ferait partir en fumée avec une simple idiotie ! Se tournant vers la jeune fille, il continua de lui adresser ce sourire amical, mais un faible sourire. Il n’allait pas rire aux éclats ou faire un sourire avec toutes ses dents non plus !

Peut-être qu’on se reverra, miss.

Avec un petit salut de la main et un « Jaa ne ! », Shunta s’en alla, direction les cours.

[Fin du topic]

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