[TERMINE] Un kidnapping original - Sayako

C’est sans se presser qu’Ichiro avait entrainer Sayako à l’extérieur du bâtiment, sous les regards interloqués de certains élèves qui devaient se demander ce qui était en train de se passer, vu qu’il tenait la jeune femme par le poignet, le visage sévère, comme s’il venait réellement de la kidnapper, de plus, voir Ichiro avec une fille n’était pas chose courante, ce qui devait avoir attisé la curiosité de ses camarades de classe qu’il avait croisé au passage. Ils arrivèrent finallement dans la cours, l’air frais emplissant les poumons du rouquin qui ne fut pas mécontent d’avoir quitter l’infirmerie et son odeur médicale. Le soleil était au rendez-vous, bien que l’air reste tout de même frais, normal pour un mois de décembre. Relâchant son emprise sur Sayako, Ichiro s’avança un peu, se retrouvant ainsi devant elle.

« Kidnapping réussi » Fit-il en restant de dos à la nippone, alors qu’il s’étira de tout son long, baillant en même temps, cela va de soi.

Il se mit alors à avancer, se doutant qu’elle le suivrait, et c’est en direction de la pelouse qu’il marchait, cherchant à s’adosser au premier arbre qu’il trouverai, et c’est ce qu’il fit, contre le tronc de ce cerisier vierge de toute fleur. S’y appuyant, il croisa ses bras, portant alors son regard sur sa camarade.

« L’air est agréable, tu ne trouves pas ? »

Mh, avouons que parfois, Ichiro peut sortir des phrases simples et d’une banalité déroutante, mais il faut surtout savoir qu’il est avant tout un garçon très simple, pouvant apprécier les choses futiles et sans la moindre importance, ce qui au final, ne le rend pas plus étrange qu’un autre.

« Tu aimes l’hiver ? »

Enchaina t-il, un réel ton de curiosité dans la voix. Il ne connaissait strictement rien d’elle au fond, alors se contenter de questions banales pour ensavoir un peu plus à son sujet ne faisait de mal à personne, d’autant plus qu’il n’y avait pas la moindre indiscrétion, et que par conséquent, il ne risquait pas de la gêner, sachant qu’elle n’est pas du genre à se dévoiler sur beaucoup de choses.

« Je crois même que certains élèves ont vraiment cru que tu allais m’enlever. »

La boutade était lancée avec le sourire, même si certains avait du croire à quelque chose de louche, évidemment, il y en avait toujours à Sakurai pour croire ce genre de choses, ou pour propager des rumeurs en tout genre, fondées ou infondées. Mais Sayako s’en fichait un peu, maintenant, surtout à cet instant. Alors elle suivait Ichiro jusqu’à la pelouse, l’observant un instant dans cette position en penchant la tête sur le côté comme si elle était en train de réfléchir avant de se planter devant lui, marchant un peu de long en large, le nez en l’air puis en le regardant, adorable, calme.

« Oui… Si ça refroidit un peu, on aura peut-être de la neige! »

La manière dont elle l’avait dit était presque enfantine, presque. Sayako n’était plus vraiment une enfant, mais elle adorait toujours autant la neige. Elle finit par poser son sac à côté d’Ichiro, pour ne pas qu’on s’en aille avec ses cours et le polaroïd qui était dedans, gardant le réflex numérique dans la main. Puis sa question tomba, et elle eut un nouveau grande sourire doux. Les questions aussi simples ne la gênaient pas, au contraire, cela lui permettrait d’en retourner quelques unes au jeune homme pour pouvoir apprendre des choses sur lui, si jamais il acceptait de se livrer ne serait-ce qu’un peu, en surface…

« Oui. Beaucoup de gens trouvent que c’est une saison triste… Mais le froid n’a rien de triste. »

Sa réflexion aurait pu paraître bizarre, mais elle était certaine que ce n’était pas là-dessus qu’Ichiro la jugerait. Elle le regarda à nouveau, observant la scène qu’ils formaient, lui et l’arbre sans fleur.

« Un instant, ne bouge pas s’il te plait. »

Sayako se recula de plusieurs mètres et s’agenouilla dans l’herbe, tenant son appareil photo devant son minois et prenant quelques clichés rapidement avant de revenir vers lui, d’un pas léger presque sautillant, un air ravi sur le visage. Elle lui montra la photographie sur le petit écran. Sayako ne s‘en doutait pas vraiment, mais elle avait un talent pour la photo. Elle aimait ça, mais de là à se rendre compte de la beauté de ses clichés… Sur celui-ci, Ichiro semblait ressortir comme une fleur au milieu d‘un désert, sous cet arbre…

« Tu fais un parfait modèle tu sais. Ca ne te gêne pas que je t’ai photographié au moins? »

Sayako savait que certaines personnes détestaient cela… Pourtant elle avait dit cela avec un sourire mais elle était très sérieuse. Son appareil à la main, elle revint devant lui, semblant apaisée, satisfaite d’avoir pu faire une photo d’Ichiro.

« Et quelle est ta saison préférée, Ichiro? »

Il faut dire que cette escapade de l’infirmerie était des plus originale, surtout que l’impression donnée par un Ichiro qui tirait de force (mais en douceur) Sayako jusqu’à l’extérieur devait attirer la curiosité de plus d’un élève, mais comme bien souvent, le nippon n’avait rien remarqué, ne cherchant pas vraiment à savoir ce que les autres pouvaient en penser. A présent adossé à son arbre, le jeune homme pouvait profiter pleinement du moment, jetant un bref regard à son bras, qui ne semblait pas décider à cesser de le démanger, n’étant pas douillet, il ne pouvait cependant pas ignore la douleur, qui s’estomperai bien vite, fort heureusement.

La questionnant sur le temps, on ne pouvait pas affirmer qu’il était très doué pour lancer la conversation, pourtant, il savait très bien ce qu’il disait, et si pour certain ces questions pouvaient paraitre trop banale, il se doutait que pour Sayako, elles étaient les plus intéressantes, et qu’elle comprendrait très bien qu’il faisait ça dans le but de ne pas s’imicer trop dans sa vie. Arf, la neige. On l’aura compris, le rouquin n’aime pas vraiment le froid, et la neige ne fait pas vraiment partit de ce qu’il apprécie, mais il ne grimaca pas pour autant, écoutant entièrement Sayako parler. Il faisait malheureusement partit de ces personnes qui trouvaient l’hiver triste, ça devait surement venir du fait qu’il n’était pas vraiment enchanté, en cette période de l’année.

Ichiro fut surpris lorsque la jeune femme lui demanda de rester immobile, alors qu’elle reculait de quelques pas, objectif braqué sur lui. Il n’eut pas le temps d’objecter –ce qu’il n’aurai pas fait- qu’elle revint à lui, lui présentant les clichés qu’elle venait de prendre de lui. Il les regarda, pas vraiment appréciateur de se regarder ainsi, mais il sourit tout de même.

« Il y a surement meilleur model que moi, je ne suis pas du genre à prendre la pose… »

C’était surtout une espèce de gêne d’être complimenté, mais il ne parut pas gêné le moins du monde, en reprenant.

« Pas du tout, si ça te fais plaisir. Alors comme ça, tu te passionnes pour la photographie ? »

Il avait aussi remarqué qu’elle ne se débrouillait pas mal du tout, il n’y avait qu’à voir la façon avec laquelle elle avait réussi à rendre ce cliché si lumineux et professionnel.

« L’été. Je suis de ceux qui trouve l’hiver triste, j’aime la chaleur »

Termina t-il en un air pensif, levant la tête vers le ciel en direction du soleil, alors que ses yeux se plissèrent sous l’intensité de la luminosité de l’astre.

« Ne bouge pas »

Le nippon sortit alors son cellulaire de sa poche, le mettant en mode ‘photo’, puis il visa Sayako, jusqu’à obtenir une photo d’elle.

« Histoire que ce soit équitable » Finit-il en lui adressant un clin d’œil, refermant le portable qu’il rangea dans sa poche, satisfait à son tour.

L’un était le froid, alors que l’autre était le chaud. Peut-être était-ce pour cela qu’ils s’entendaient, parce que sur certains points il se ressemblaient, alors que sur d’autres, ils se complétaient plus qu’autre chose. C’était là un bon départ pour cette relation naissante. Mais au fond, cet attrait pour le froid et l’hiver n’était apparu que peu de temps auparavant, alors … Vraiment beaucoup de choses avaient changé , beaucoup. D’un côté, ce n’était pas étonnant. Selon le psychiatre qui avait suivi Sayako, elle avait cherché à se détruire, non pas à attirer l’attention de sa mère. Se détruire comme si elle était coupable, à petit feu, pour correspondre peut-être aussi un peu à ce que sa mère attendait… L’équilibre encore un peu instable retrouvé, Sayako n’aimait plus vraiment la chaleur, ou du moins elle s’en accommodait. Par contre, l’hiver, elle adorait… La neige, le gèle, les grande prairies blanches… Le printemps aussi, elle aimait beaucoup le printemps et ses couleurs. L’automne aussi avait de belles couleurs, mais ce n’était pas la même chose, ce n’était pas aussi vivant…

Sayako s’éloigna pour prendre cette photo spontanée d’Ichiro. Elle en avait eu soudainement envie et quand elle revint vers lui, il assura qu’il y avait meilleur modèle. Peut-être…

« Mais ce qui est bien, c’est que tu ne prends pas la pose… Tu es très naturel, c’est ce qui donne une belle photo… »

C’était peut-être pour cela qu’elle aimait tant la photographie, car elle pouvait attraper le naturel des gens plus que leurs manières et leurs simagrées… Surtout lorsqu’il s’agissait de photo prises sur le vif, comme celle qui venait d’être faite. La réponse d’Ichiro la fit sourire. Tant mieux s’il acceptait de se laisser prendre en photo, elle pourrait en faire d’autre pour son book. Elle était certaine que le jeune homme risquait de faire grande impression. Puis elle eut un petit sourire gênée mais adorable à sa question. Il était le premier à qui elle allait parler de son projet.

« Oui…Je veux être photographe professionnel… Mais c’est encore un secret. Et toi? Que veux-tu faire? Tu veux continuer dans le basket ou faire autre chose? »

Oui la jeune fille se souvenait de ce qu’il lui avait dit le jour de leur rencontre. Sayako n’était pas du genre à oublier ce qu’on lui confiait, et puis elle appréciait Ichiro, alors elle risquait de se souvenir de beaucoup de choses à son sujet. Elle l’écouta, lorsqu’il parla de la chaleur et eut un instant un air pensif, avant de sembler réjouie, comme si elle venait de trouver quelque chose.

« Si tu veux, tu apprendras à me faire aimer l’été, et j’essaierai de te faire apprécier l’hiver. »

Son sourire fut doux avant qu’elle ne le voit sortir son cellulaire. Non, elle ne bougea pas. Elle n’aimait pas trop être prise en photo mais elle lui adressa ce même sourire doux lorsque le cellulaire figea l’instant puis elle partit d’un rire franc quand il parla d’équité. Celle la, on ne lui avait jamais faite. D’un bond léger elle se hissa sur le banc de pierre à côté de l’arbre, pour être plus grande qu’Ichiro, faisant un peu l’aller retour dessus avant de s’arrêter sur l’extrémité la plus proche d’Ichiro. Elle leva le visage vers le ciel, quelques instants, prenant un peu le soleil avant de rebaisser le visage vers le jeune homme. Enfin, elle ajouta, avec un sourire en coin :

« Tu vas faire une photo à chaque fois que j’en prendrai une de toi? Ca risque de faire beaucoup tu sais… »

Elle se pencha légèrement pour prendre entre ses doigts une méche de cheveux d'Ichiro, l'observant un instant avant de la relâcher et de lancer, sur un ton, sans le vouloir, un peu enfantin, comme si cela pouvait expliquer ces photos alors que non :

« Et puis c'est vraiment beau comme couleur...»

En fait, Ichiro ne se faisait pas souvent prendre en photo, voilà pourquoi ça ne le dérangeait pas plus que ça, capturer chaque moment, il n’y pensais pas, tout simplement. Déjà petit, ses parents ne le prenaient pas souvent en photo, ils étaient plutôt du genre à se prendre entre eux, ou encore à demain à leur fils de les photographier, et comme lui ne réclamait pas, ils ne leur venaient pas à l’idée de capturer son visage angélique. Il était tout de même curieux, et peut-être heureux, d’un côté, que Sayako l’ai photographier, mais il n’irai pas le crier sur tous les toits, se contentant à nouveau de faire comme si c’était normal. Son naturel rendait bien ? Il le savait, oh non pas qu’il soit du genre vantard, mais on le lui avait déjà dit, un jour, alors qu’il jouait au basket, une bonne chose, si plus tard il souhaitait devenir joueur professionnel, il y en aurai, des photos de lui s’il venait à être célèbre, mais on en est pas encore là.

Alors comme ça, elle voulait faire de la photo son métier, son avenir ? Une passionée, voilà un bon point ! Souriant, il mima la fermeture éclaire sur sa bouche, preuve qu’il ne parlerai de ce « secret » à personne. Il fut toutefois surpris, et ravi à la fois qu’elle se souvienne qu’entre lui et le basket, c’était une grande histoire d’amour. Mais son secret à lui, il le gardait encore, il ne le dévoilerai pas, à personne jusqu’à ce que celui-ci s’accomplisse, s’il pouvait le mener jusque là.

« J’en sais trop rien, en fait, je ne regarde pas vraiment vers l’avant, mais j’ai probablement des obligations »

Un peu rêveur et à la fois sérieux dans sa phrase, reprendre l’affaire familiale le suivait, il n’en avait pas envie, mais pour l’instant, il y était forcé, son père ne le lâchait pas d’une semelle, au grand damne d’Ichiro.

« Hum ? » Fit-il en haussant les sourcils, une moue mignonne sur le visage.

« Pourquoi pas, si tu penses être capable de me faire changer d’avis sur la saison »

Termina t-il en détournant la tête, comme s’il savait ce défi impossible à réaliser pour Sayako. Et clic, photo de la miss prise, bwah, c’était ça de fait, il pouvait bien avoir un « souvenir » d’elle après tout xD. Il avait rapidement regarder le résultat, ne voulant pas faire celui qui s’attardait sur le visage adorable de la jeune femme, mais il aurai vite fait de s’y attarder, plus tard.

« Parce que tu as l’intention de faire un book sur moi ? »

Souriant sincèrement, il secoua la tête de dédain, avant de la suivre du regard, jusqu’à ce qu’elle s’approche de lui et effleure ses cheveux du bout des doigts. Ses yeux à peine écarquillés ne quittèrent pas ceux de Sayako, alors qu’il demeurai immobile, presque figé.

« Eh, ah ? Tu trouves ? »

Quelle réponse. Il ne sût pas du tout quoi dire d’autre, pas vraiment sensible aux compliments, bien qu’en cet instant, il ne sut dire dans quel état d’esprit il se trouvait, devant l’innocence flagrante de la jeune fille.

« Soooka, ca va être l’heure de reprendre les cours, tu vas en quoi ? »

Changement de sujet, à priori, Ichiro était comme gêné, ou plutôt, pas habitué à cette proximité avec une autre personne, d’où son soudain enthousiasme pour la reprise des cours, qui n’était qu’une façon de redonner cette habituelle image de lui, sa vraie personnalité en somme.

Cette habitude risquait de changer avec Sayako. Elle ne prenait pas tout le temps des photos, mais elle avait souvent son appareil sur elle, que ce soit sont réflex ou son polaroïd pour avoir des instantanés des personnes qu’elle appréciait. Elle avait une sorte d’album de polaroïds, avec quelques uns de ses anciens amis, certains membres de l’Institut… Dans sa chambre, même, il y avait des photos partout. Beaucoup qu’elle avait prise durant ses voyages. Là était l’avantage d’avoir des parents très riches… Elle avait pu découvrir de nouveaux endroits, et pour ça, elle leur était reconnaissante. Il y avait la grande muraille de Chine, des clichés de Paris et quelques uns de New York et d’autres villes du Nord… Il était rare que Sayako accompagne son père en voyage, mais de temps en temps elle s’était permis de le rejoindre pour quelques jours avant de rentrer. Mais depuis son séjour à l’Institut, ils ne se parlaient plus beaucoup, il n’avait pas réellement le temps d’être à la résidence. Tant pis, Sayako avait l’habitude à vrai dire.

Sayako lui avait confié un « secret », c’était surtout ses parents qui n’étaient pas encore au courant. A la réponse d’Ichiro elle eut l’air un instant pensive. Des obligations? Sans en être sûre, elle savait instinctivement de quoi il voulait parler. Une société à reprendre, un chemin familial… Du moins, elle s’en doutait, ce n’était pas très compliqué à comprendre. Elle lui adressa un sourire, mais ne préféra pas s’étendre sur le sujet, car elle ne sentait pas Ichiro prêt à en parler plus que cela. Puis elle observa sa moue mignonne avant qu’il ne détourne la tête, et a son tour elle eut un sourire mystérieux et amusé à la fois .

« On verra bien. »

Phrase commune qui a cette instant avait plus un air de mystère qu’autre chose à cet instant. Puis Ichiro parla d’un book sur lui et la jeune fille eut un rire léger et une petite moue adorable.

« Je n’avais pas pensé à cela, mais attention, tu risquerais de prendre les photos en horreur à force. »

Ichiro l’avait laissé faire sa photo, alors Sayako aussi avait accepté la petite photo prise par le cellulaire, elle avait même sourit. Finalement, Sayako s’était hissé sur le banc de pierre à côté, son mètre soixante étant bien rehaussé maintenant . Son geste avait été instinctif, elle aimait beaucoup la couleur des cheveux d’Ichiro, alors elle lui avait avoué sans gêne. Lorsque les yeux du grand roux se posèrent dans les siens elle ne cilla pas, elle n’était pas gênée et elle lui sourit même. Pourtant elle saisit la gêne d’Ichiro, dans sa réponse et dans son air légèrement étonné.

« Oui. Et puis ça te va bien. »

A croire qu’elle le faisait exprès, mais non, c’était à nouveau de la sincérité et ça ne la gênait pas d’avouer ce qui était beau chez quelqu’un, ou si la personne elle-même était belle. Après tout, elle était habituée à le faire lorsqu’elle trouvait des modèles réellement époustouflant, elle leur faisait savoir ce qu’elle aimait chez eux. Mais Sayako se redressa lorsqu’Ichiro sembla retrouver son enthousiasme à propos des cours et eut un légèrement sourire en coin. Elle s’éloigna, marchant sur le banc avec légèreté pour se placer de l’autre côté, lui tournant légèrement le dos pour regarder le lycée et les quelques élèves qui s’agitaient. Elle leva son appareil, fit une photo et le replaça autour de son cou.

« Hm… Histoire, et toi? »

A nouveau elle se tourna vers lui, mains derrière le dos , sourire aux lèvres. Elle n’avait pas fait état de son entrain soudain pour ne pas le gêner à nouveau . Sayako n’avait aucune envie qu’Ichiro se sente mal à l’aise en sa présence.

S’il devait servir de modèle à Sayako, il ne refuserai certainement pas, surtout si elle le photographiait aussi naturellement, aucun problème ne se poserai, du moment qu’elle ne lui demandait pas de prendre telle ou telle pause qui le rendrait ridicule. C’était un moment relativement calme et apaisant qu’ils étaient en train de passer, la pause allait bientôt prendre fin et chacun retournerai de son côté, en cours, bon, la bonne chose, c’est qu’il ne restait que deux heures de cours avant la fin, ça ne serai donc pas très long. Il savait qu’elle ne le questionnerai pas plus sur son avenir, et il la gratifia d’un doux sourire après son « on verra bien », elle devait avoir compris, inutile donc de s’étaler là-dessus.

« On prend le pari ? »

Qu’elle essaye de lui faire avoir en horreur les photos, Ichiro était certain de ne pas craquer, du moins, trop de certitude tue la certitude, mais dans ce cas là, sa certitude était fondée, puisque Ichiro n’est pas du genre à lançer un défi sans être certain de le remporter.

Cet instant calme se transforma un petit peu en gêne, enfin, ce n’était pas de la gêne à proprement parler, disons que c’était plus compliqué, le fait que Sayako le complimente ainsi sur ses cheveux, certes ce n’était pas grand-chose, mais c’était beaucoup à la fois, pour Ichiro tout du moins, voilà pourquoi il changea de sujet, tout naturellement, ne voulant pas non plus s’éterniser là-dessus. On aurai pu le prendre pour un type pudique et appeuré par la proximité, mais ce n’était pas du tout le cas, c’était autre chose pour lui, l’envie de ne pas s’attacher peut-être, qui sait. Mais qu’elle ne s’inquiête pas, il n’était en rien mal à l’aise en sa présence, bien au contraire.

« Physique » Et le roulement d’yeux signifiait bien qu’il n’aimait pas la matière.

Un « dring » indiqua la reprise des cours, baillant à nouveau, Ichiro reposa son regard sur Sayako, le sourire doux toujours présent.

« On se croisera peut-être à la sortie des cours, ja ne »

Un petit signe de main, avant de se mettre à marcher en direction du bâtiment, l’étudiant se mélangeant alors à quelques élèves qui entraient également. Il ne perdit pas son air détendu, et se passa une main négligante dans les cheveux, à l’endroit même où Sayako avait porté sa main, quelques instants auparavant. Un geste anodin pour Ichiro, qui n’était pas rien pourtant.

Sayako n’était pas du genre à s’étendre sur les sujets qui dérangeait les gens, elle n’était pas une fouineuse, ou trop curieuse au point de vouloir savoir tout ce que les gens tentaient de cacher. C’est pour cela qu’elle ne s’enfonça pas plus avant dans le sujet. Et puis d’un côté, elle avait compris alors pourquoi s’étendre, cela aurait été absolument déplacé. L’éducation de Sayako avait été marquée par ce mot, « déplacé ». Telle ou telle chose n’était pas à faire, alors que cela tenait du protocole… La haute société n’était pas si aisée à vivre lorsque l’on souhaite s’émanciper de tous les codes ridicules qui vous emprisonnent chaque jour… Du moins, c’était ainsi que Sayako l’avait ressenti à un moment. Aujourd’hui, elle s’en fichait, elle respectait ce qu’il y avait à respecter, le reste… Elle n’était pas je-m’en-foutiste, non, c’était autre chose, une sorte d’indifférence acquise avec l’expérience, voila.
Lorsqu’Ichiro parla de pari, elle eut un sourire amusé et hocha la tête avec une sorte de sérieux amusant.

« D’accord… Pour une fois, je n’espère pas trop gagner. »

A défaut d’être mauvaise joueuse, il pouvait arriver à Sayako d’être mauvaise perdante, mais pas trop tout de même. Cette histoire de pari la fit rire, vraiment. Puis l’instant changea, et bien sûr la jeune femme s’en rendit compte. Elle ne regretta rien par contre, elle avait agit de manière un peu impulsive certes, mais elle n’avait rien fait pour blesser le jeune homme, et elle était à peu prés sûre de ne pas l’avoir fait, à moins qu’il ne cache vraiment très bien ce genre d’irritation.

Elle laissa pourtant changer de sujet, gardant ses yeux posés sagement sur son visage, un air un peu indéchiffrable sur le sien. Elle n’était pas toujours facile à comprendre où cerner, comme dans ces moments là, ces moments où elle se laissait aller à être instinctive. A nouveau, Sayako ne revint pas la dessus, regardant quelques instants le ciel avant de réfléchir à quel cours elle pouvait avoir à cette heure. Elle était parfois un peu tête en l’air, et le cours d’histoire n’était pas forcément son favoris… Mais quand Ichiro assura qu’il avait physique, elle eut un rire léger devant sa tête mais elle n’ajouta rien, tout simplement parce qu’elle n’aimait parler pour ne rien dire, et le changement de sujet d’Ichiro l’avait légèrement laissé perplexe. Bien sûr, elle se demandait si elle avait fait quelque chose qu’il ne fallait pas, mais elle n’oserait pourtant pas lui demander. Puis la sonnerie retentit, coupant court à ses réflexions et elle hocha la tête quand leurs yeux se croisèrent.

« Hai, jaa ne. »

Sayako le regarda s’éloigner sans bouger tout de suite.

Elle prit entre ses mains son appareil photo et regarda la photo qu’elle avait faite, ainsi que la seconde du ciel, puis à nouveau celle d’Ichiro, sans savoir vraiment pourquoi puis elle rangea l’appareil dans son sac, le replaçant sur son épaule pour retourner en cours, l’ayant regardé passer une main dans ses cheveux, là où elle-même avait remarqué que cette couleur était vraiment belle. Avec un soupire, elle retourna dans le grand bâtiment où rapidement quelques élèves de sa classe lui sautèrent dessus pour lui demander ce qu’il s’était passé avec « Ichiro san ». Sayako haussa un sourcil étonné et les regarda. Bien sûr, il s’agissait de jeunes filles qui n’étaient pas insensibles au charme magnétique du roux. Rapidement Sayako leur affirma qu’ils ne faisaient que discuter car ils se connaissaient depuis quelques temps et elle les sema, se dépêchant de se rendre en cours d’Histoire.

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