Calmant énervant / Kai

Pour une raison inconnue aux yeux des élèves de la 3°B, leur professeur d’Anglais était absent. Cependant, il avait laissé une évaluation, qui ne comptait pas pour la moyenne, c’était uniquement pour savoir leur niveau, qui les occuperait un peu. Mais qu’il était gentil ce type =_= Il n’était pas là, mais ils allaient quand même devoir se casser le cervelet ! Surtout pour Masao qui était le plus nul de sa classe dans cette matière. Pourtant, il faisait des efforts mais cette langue… Non, il n’y arrivait pas.

Le surveillant chargeait bah de leur surveillance, distribua les copies puis s’assit au bureau, les laissant se débrouiller. Au début le silence régna, le temps de remplir la feuille puis des chuchotements se firent entendre puis carrément à voix haute.
Pauvre rouquin qui lui était toujours sur son évaluation ç_ç Ils pourraient au moins avoir pitié de lui et se faire un tout petit peu, non ? Et bah négatif, ils s’en fichaient ç_ç

Le pion apostropha alors Ozaki Kai qui parlait beaucoup trop fort à son gout et lui demanda purement et simplement de baisser d’un ton, tout en lui rappelant qu’il avait une heure de colle le soir même…
Là… Le type venait d’afficher un élève au tempérament loin d’être calme, devant toute sa classe. Franchement, n’importe quel mec au sang chaud répondrait au surveillant, non ?

- Ita...

Le Président tourna la tête vers Kai et attendit donc une réaction de sa part… s’étant déjà préparé à intervenir au cas où ça déborderait.

La poisse! Voilà quelques minutes, Kai manquait exploser de joie en apprenant que leur prof d'Anglais n'était pas là et le voilà de nouveau scotcher sur une chaise dans leur maudite salle de classe. Mais qu'avait-il fait pour mériter ça?! -____- Il pensait pouvoir se défouler sur un terrain de sport pendant une heure mais au lieu de ça, il se retrouve avec un devoir d'Anglais sur les bras et un surveillant dans le dos qui n'avait pas l'air commode du tout. Décidemment ce n'était vraiment pas une bonne journée. Pas qu'il était spécialement nul en Anglais, d'ailleurs il aimait pratiquer cette langue à ses heures perdues, mais il avait ét terriblement déçu et frustré de ne pouvoir s'enfuir de sa classe, d'où sa mauvaise humeur et son énervement surdisproportionné. En réalité, quiconque le connaissait un peu, dont les membres de sa classe, savait que dans ces cas-là, il était une véritable bombe à retardement, qui peut exploser à tout moment...

Après avoir passé une demi-minute sur le devoir, Kai n'en pouvait déjà plus, si bien qu'il chercha quelqu'un avec qui discuterpour passer le temps. Il ne tarda pas à trouver des interlocuteurs réceptifs à ses paroles de pauvre petit garçon frustré XD(il adorait jouer la comédie dans ces cas-là pour attirer l'attention), tout en lançant ses fameux sourires auxquels peu de gens savaient résister. Mais malheureusement pour lui, ses démonstrations d'énervement et de "je-ne-sais-pas-me-tenir-assis-plus-d'une-heure" ne semblaient pas plaire à tout le monde et encore moins à leur bourreau du moment, alias le surveillant qui regardait déjà Kai d'un mauvais oeil depuis le début. Il faut dire que Kai et lui s'étaient déjà rencontrés la veille: Kai l'avait fait courir dans tout le bahut pour le rattrapper, tout ça à cause d'une misérable cigarette que le jeune homme avait eu la mauvaise (ou la bonne selon lui) de fumer dans les toilettes. Ok, c'était peut-être pas très discret mais ça, Kai n'y pouvait rien, il était comme ça et c'était tout. Autant dire que ce fameux surveillant avait plus d'une dent contre lui...

Lorsque la voix désagréable du pion parvint aux oreilles du jeune Ozaki, ce dernier perdit son sourire aussi vite qu'il l'avait fait appraitre et dans ses yeux s'allumèrent une lueur bien connue: celle de quelqu'un qui était sur le point d'évacuer toute la tension accumulée et qui était prêt à tout pour se sortir de cette classe qu'il voyait comme une cage. En clair, il était un peu comme un chien enragé dont on ne peut prévoir le comportement...
Bien entendu, si le pion avait seulement demandé de baisser le ton, peut-être aurait-il réussi à se maitriser. Mais il s'est trouvé qu'il lui rappela non sans un sourire mauvais et hypocrite qu'il avait une colle le soir même! Alors là c'était le pompom!

*Non, mais il se prend pour qui celui-là! Voilà qu'il m'affiche devant les autres! T'inquiètes mon gars, je ne compte pas laisser passer ça...*

Bouillonnant de rage, Kai serra les poings, premier indice de son état de haute excitation. Le pion reprit soudain la parole, tout en ne lachant pas Kai du regard:

"Vous devriez tous reprendre le travail! A moins que vous ne vouliez tourner mal, comme certains..."

La fin de sa phrase avait beau être moins audible que le reste, ce fut la seule chose que Kai entendit. Alors qu'il devenait rouge de rage, il se leva d'un bond, fermement décidé à faire payer le pion en question.
D'un pas lourd, il vint se planter devant le surveillant et dit d'un air mauvais:

"On t'a pas sonné OK! Alors va voir ailleurs, tant que tu le peux encore!"

Le surveillant ne se démonta pas et répliqua en moins d'une seconde:

"Qu'est-ce qu'il y a Ozaki? Tu veux une autre heure de colle, c'est ça?"

Cette fois, il n'en pouvait plus: Kai prit le pion par le col et le plaqua contre le mur violemment. Même si le pion avait la frousse, lui ne risquait pas grand chose dans ce combat, contrairement à Kai, qui, lui, pouvait être viré... Mais qu'est-ce que vous voulez, Kai est comme ça.

Ah ça, bien d’accord, c’était la poisse. Masao se faisait une joie de ne pas avoir cours d’Anglais =_= Malheureusement, leur gentil proprof ayant peur que ses élèves ne s’ennuient, leur fila une évaluation à faire, génial =_= Merci monsieur le professeur >_>

Le rouquin se mit donc au travail, se creusant la cervelle pour essayer de trouver les mots/phrases justes. Ce qui n’était pas évident pour lui : Malgré tous ses efforts, cette langue restait une inconnue totale pour lui. Il était bon en Français et en Coréen ça suffisait ! Il avait même des notions de Chinois et d’Espagnol alors tant pis pour Shakespeare ! Il prendrait un traducteur =_=

Tous le monde rempli rapidement la copie distribuée, enfin tous, c’était une façon de parler. Des voix commencèrent à se faire entendre, puis à parler comme si tous avaient terminés. Pauvre rouquin, voilà comment le Délégué était remercié : On l’empêchait de se concentrer è_é

Le surveillant osa faire une remarque à Kai… Ho ho… Enfin, si encore il lui avait seulement demandé de baisser le volume de sa voix ça aurait pu passer. Après tout, c’était vrai qu’il parlait fort ç_ç Mais il afficha l’adolescent devant tout le monde en lui rappelant qu’il avait une retenue le soir même ! Erreur fatale…

Le Sucre de canne tourna la tête vers Ozaki, remarquant immédiatement ses poings serrés… La bombe à retardement avait le doigt sur le déclencheur, attention… Et le débile de pion osa appuyer dessus en osant rouvrir sa gueule. Non mais, il y en a qui ne savait pas se taire ici ! Alors que Masao allait pour parler, histoire de calmer la situation, le sportif vint se planter pile devant le surveillant et lui ordonnant de partir sous la menace. Chose qui ne démonta nullement le pion, qui devait avoir des envies de suicide, parce que ce dernier demanda s’il ne voulait pas une autre retenue.

Cela fini d’énervé Kai qui empoigna le col de la chemise du pion et le plaqua contre le mur avec force. Le comédien se leva immédiatement et vint poser sa main sur celle qui tenait le col. Il essaya de capturer le regard de son camarade dans le sien et lui parla fermement mais calmement :

- Lâche-le. C’est un surveillant, même s’il t’a cherché, tu ne dois pas lui lever la main dessus. Quand à vous, apprenez donc à ne pas énerver un élève connu pour avoir un tempérament en dent de scie.

Qu’il ose répondre à Tanaka pour voir… N’empêche, le fils du maire avait fait exprès de reprendre le pion de cette façon, pour ne pas que Kai se sente la victime, qu’il ne soit pas le seul à se faire disputer. Il y avait des erreurs des deux côtés n’est-ce pas ? Alors autant les mettre à peu près, d’égal à égal…

Masao se mit en mode alerte dès que le surveillant apostropha Kai pour l’afficher devant toute la classe. La réaction ne se fit pas attendre, et s’envenima quand le pion osa en rajouter une couche, se faisant maintenant plaqué contre le mur, une main tenant le col de sa chemise.
Le roux intervint immédiatement, posant sa main sur celle d’Ozaki puis essaya de capter son regard, chose qu’il n’arriva pas à faire. Le footballeur savait très bien que s’il le soutenait, il serait obligé de laisser tomber.

Le Président lui demanda de lâcher le surveillant, qu’il n’avait pas à le frapper. Il disputa également l’adulte en lui disant qu’il devrait apprendre à se tenir devant un adolescent dont on savait qu’il avait un caractère difficile. Ce n’était pas à Kai de se mettre au niveau des « Grands » mais à eux de se baisser. Pff, que croyait-il ce gars ? Que le rouquin lui donnerait totalement raison ? Qu’il rêve, d’ailleurs, vu l’attitude qu’il avait prise, qu’il prépare sa lettre de démission… Mais nous nous occuperons de lui plus tard.
Pour le moment, il fallait à tout prix calmer la boule de nerfs sur patte, si en prime on pouvait éviter que ce ne soit le fils du maire qui se la prenne en pleine poire hein XD

Pendant tout le temps qu’il fallut au sportif pour lâcher la pression et le col de la chemise qu’il empoignait, le comédien ne retira à aucun moment sa main de la sienne, cherchant toujours à capter son regard et en adoptant une aura zen, apaisante. Allez, on continu d’envoyer des bonnes ondes à Kai \o/
Voilà, il venait de le lâcher, maintenant on respire, inspire, expire, inspire, expire et on se calme…

Ozaki lui adressa alors la parole, lui disant que si le pion lui disait encore quelque chose, il ne fracasserait, enfin cela c’était sous-entendu, même lui ne pourrait pas l’arrêter. Sa voix était essoufflée, tendue et menaçante. Rare, effectivement, était les personnes qui osaient parler de cette façon au Délégué. Cependant, le comédien savait très bien que l’élève se battait intérieurement pour ne pas en mettre une au surveillant…

Malheureusement, ce con n’avait pas compris la leçon et osa ouvrir la bouche :

- Quel manque d’éducation. Parler ainsi au fils du Maire, quelle honte. Attend que j’en parle au Principal de ton comportement !

Le Sucre de canne se plaça automatiquement devant le pion qui avait décidément très envie de se suicider aujourd’hui, pour dire une chose pareille, alors que le footballeur n’était loin d’être calmé… Il venait de jeter de l’eau sur de l’huile brûlante. Le rouquin espérait qu’en se mettant devant le futur ex-surveillant, cela empêcherait Kai de le frapper…

- Mais fermez-là vous ! Kai, calme toi, il va être viré pour le comportement qu’il vient d’avoir, ce n’est pas une attitude respectable que de provoquer ainsi un élève. S’il te plait, tu m’écoutes et tu te calmes… On… On va sortir de la classe hein ? On va prendre l’air tout les deux, ça t’apaisera, d’accord ?

Surtout pas de bagarre, les coups allaient penchés en la défaveur de l’élève qui n’était à Sakurai que depuis quelques mois seulement… Il ne fallait pas qu’il lève la main sur quelqu’un faisant parti de la Vie Scolaire. En d’autres termes : Masao voulait protéger Kai d’une exclusion qu’il aurait certainement s’il en venait aux mains.

Après la bombe à retardement, Kai devenait une véritable mine sur laquelle le surveillant venait de marcher. Il ne lui suffisait plus alors qu’à relever le pied pour le voir exploser à un point tel qu’il était sur qu’il ne pourra en sortir indemne… Luttant contre des instincts qui faisaient son caractère, le Sportif tentait vainement de retrouver une respiration à peu près normale, fermant les yeux un moment. Presque inconsciemment il s’était rapproché de Masao, recherchant sa présence apaisante, mais aussi parce qu’il savait que le Rouquin saurait sûrement le contrôler en cas de dérapages non voulus. Après tout, il lui avait déjà évité beaucoup d’ennuis, alors pourquoi ce serait différent cette fois-ci ? Quelque part, Kai se rassurait lui-même en pensant ce genre de choses : Pourquoi s’en faire quand on sait que quelqu’un est là pour réparer les dégâts… Enfin il n’était pas toujours là et dans ces cas-là, c’est à l’ombre d’une cellule de dégrisement la plupart du temps qu’il regrette ses actions. Mais peu importe, pour l’instant, il ne pensait qu’à une chose : un punching-ball. Quelque chose sur quoi se défouler, quoi ! Et on ne peut pas dire que dans une salle de classe, il y a ce genre de choses… Il allait tenter de demander à Masao s’il voulait bien l’accompagner dehors, mais c’est ce moment précis que choisit le pion pour la ramener une fois de plus…

Plus effrayant encore que sa nervosité, Kai s’immobilisa. Il n’y avait que deux phénomènes capable de lui faire faire arrêt sur image de ce genre : soit il était malade, soit il était dans un état d’énervement tel que sa rage devenait froide, dure, sans pitié. Devinez dans quel cas on se trouve. En réalité, en temps normal, l’immobilité représente pour lui la tristesse, l’angoisse et surtout la mort. Dans ce cas présent, son immobilité signifiait que toute sa rage se concentrait en un point à partir duquel il pourrait la faire sortir. Se retournant machinalement, il releva la tête lentement et lança un regard froid et noir au surveillant, affichant une mine concentrée, tendue et dénuée de tout sourire, de toute trace de vie. Il en était à un point où on n’avait pas besoin de réfléchir pour savoir ce qui le libèrerait. S’avançant vers le pion en question, fermement déterminé à lui foutre son poing en pleine tête, il s’arrêta net devant Masao qui s’était placé entre eux…

*Ah non alors, cette fois, il est allé trop loin ! Désolé Masao-san, mais là je ne peux vraiment pas te suivre…*

Sans même prendre le temps d’écouter la fin de la phrase du pauvre Masao qui tentait tant bien que mal de calmer un Kai en pleine crise de furie, ce dernier écarta le Rouquin pour ainsi dire plutôt brutalement, même s’il se contrôla assez pour ne pas l’envoyer valser à l’autre bout de la pièce. De toute manière, il n’était même pas capable de savoir à qui il avait affaire et c’était le dernier de ses soucis d’avoir ainsi bousculé le fils du maire. Peut-être (et même surement) regretterait-il de ne pas avoir écouté son comparse et de ne pas l’avoir suivi dehors…

« Tu veux vraiment que je te butes, HEIN ? » Dit-il d’un air mauvais au surveillant, qui, à présent, venait peut-être de comprendre pourquoi Masao l’avait incité à ne rien rajouter…

Son poing serré et ses muscles tendus à l’extrême, Kai fit face au surveillant certes plus grand que lui mais qui ne faisait pas le poids question musculature. Sans prévenir, tel un élastique, Kai lança l’un de ses poings en pleine face du pauvre surveillant qui n’avait rien vu venir, l’envoyant pour le coup un mètre plus loin à terre. Le nez certainement broyé et qui pissait le sang, l’éclopé regarda d’un air terrifié l’élève, qui, lui, tentait tant bien que mal de se contrôler, même si l’envie d’écraser cet énergumène comme une mouche lui disait beaucoup.XD Son rythme cardiaque avait de nouveau augmenté et sa respiration était de plus en plus rapide, comme lors de toutes ses expériences à sensations fortes. Au fond, c’était cet état de fébrilité et de force qu’il aimait. C’était comme s’il pouvait sentir cette énergie que lui procurait l’adrénaline…
Comme arrêté par son action, Kai semblait incertain de la suite, partagé entre l’envie de s’enfuir loin d’ici et celle de finir le sale boulot… Sa main ensanglantée tremblait toute seule, il se sentait fiévreux et effrayé par ce qu’il venait de faire et surtout, surtout il sentait le regard désapprobateur de Masao…

Masao avait activé ses reflexes pour qu’au moindre mouvement brusque de Kai, il puisse réagir rapidement. Il avait réussi à le faire lâcher le surveillant et maintenant, malgré les paroles menaçantes qu’il lui avait sorti, après tout, il en avait l’habitude avec ce type maintenant, il voulu l’apaiser.
Malheureusement, le pion, qui avait surement des envies suicidaire, venait tout simplement d’ouvrir à nouveau sa grande gueule et provoqua à nouveau l’élève au caractère aux dents de scie. Le rouquin se plaça immédiatement devant lui, espérant qu’ainsi, le footballeur n’abaisserait pas son poing. Il n’eu même pas le temps de finir de parler que Kai le poussa assez brutalement sur le côté. Le Délégué se retrouva presque expédié contre le mur, fallait se reconnaître que leurs musculatures étaient loin d’être la même. Néanmoins, le sportif s’était suffisamment contrôler pour ne pas qu’il se fasse mal, il l’avait juste poussé avec force, on va dire.

Il en fallait un peu plus pour mettre le Président, qui se devait de garder son rôle, hors tension. Il se retourna et alla pour crier à Kai d’arrêter quand celui-ci le devança et menaça le surveillant avant de lui décocher un puissant coup de poing direct sur le nez. Vu le bruit sec que cela avait fait et le sang qui se mit à couler, le comédien comprit immédiatement qu’il venait d’être cassé.

Masao posa son regard sur son camarade de classe, lui en voulant de ne pas l’avoir écouté cette fois-ci. Putain ce n’était pas comme s’il avait eu un simple élève en face de lui, mais un personnel de la Vie Scolaire, quelqu’un en qui il devait obéissance et respect ! Il avait baissé la main sur un adulte ! Comment allait-il faire pour rattraper cet éclat ?
Bon déjà, Ozaki s’était immobilisé, cela signifiait qu’il était en train de se demander s’il devait continuer dans sa connerie ou s’en aller pour se calmer. Enfin quelque chose comme cela, l’héritier des Tanaka n’était pas devin, cependant, il commençait à connaître le mécanisme qui était celui du sportif.

- Vous, vous allez directement à l’infirmerie qui vous enverra à l’hôpital.

Il entraîna le surveillant dehors, à l’abri des regards des élèves de la classe et parla avec toute la puissance qu’il avait sur le dos. Il ordonna de dire que c’est en se prenant une porte qu’il s’était fait cela si on lui posait des questions. Au vu de son comportement inacceptable dans un établissement comme Sakurai, il voulait qu’il fasse une lettre de démission, parce que de toute façon, le G-boy demanderait à ce qu’il soit renvoyé. Pour être embauché autre part, ce ne serait pas du tout évident, de savoir qu’il avait été remercié pour attitude déplacée, n’est-ce pas ? Valait donc mieux qu’il démissionne, dans la semaine même. Le roux ne voulait plus le voir. S’il n’obéissait pas, vu que le surveillant était d’un rang bien inférieur à celui de Masao, le roux n’hésiterait pas à lui faire subir un Suicide Social, arme absolue des G-boys.

Le pion, également qu’il en avait parfaitement les moyens. Tous savaient l’influence et le pouvoir qu’avaient ces gosses entre les mains. Aussi, tenant à son statue et ne voulant pas être la honte de sa famille compris très vite que le jeune homme en face de lui ne plaisantait absolument pas. Il inclina la tête en disant qu’il ferait comme il venait de dire puis s’en alla à l’infirmerie.

Le Président lâcha un soupire avant de rentrer dans la classe. Il fit un léger hochement de tête vers son petit ami pour lui signaler que tout allait bien, il n’avait pas à s’inquiéter. Il posa en suite ses yeux sur Kai. Bon… Maintenant, il fallait le calmer avant qu’il ne fasse d’autres conneries comme celle qu’il venait de faire. Le comédien savait très bien qu’il n’était pas en tord à 100% mais il lui en voulait de ne pas l’avoir écouté. Pour le sauver, parce que c’était bien cela qu’il venait de faire, le fils du maire avait du faire pression de tout son poids social sur le surveillant pour qu’il garde le silence.
Il s’approcha de lui, reprenant son aura apaisante, mais plus autoritaire que tout à l’heure :

- Viens avec moi, il faut qu’on nettoie ta main, elle est pleine de sang. On va marcher et faire un tour au gymnase s’il le faut pour que tu évacues le trop plein, d’accord ?

Une seconde, n’allez pas croire qu’Ozaki allait s’en sortir sans même se prendre une petite tape sur les doigts. Mais le Délégué savait très bien que ce n’était pas le moment de parler de sanction en ce moment, le footballeur était trop énervé pour cela.
Une fois qu’il serait calmé, le Sucre de canne l’informerait de la punition qu’il lui attribuera pour avoir frapper une personne de la Vie Scolaire : L’obligation de venir tous les matins à 7 heures pour aider Masao dans son rôle au Conseil et de nettoyer l’amphithéâtre tous les soirs après les cours, pendant 2 semaines.
Oui, tout avait un rapport avec le rouquin. Pourquoi ? Parce que c’était une sanction qui, puisque le surveillant allait se taire, n’avait pas de raison d’exister dans le dossier de Kai. Il ne fallait donc pas que la VS soit au courant de cela.

Le moment que Kai détestait le plus dans ses altercations violentes pointait peu à peu son nez : Car après l’excès de violence et la disparition progressive de l’adrénaline, Kai devenait une toute autre personne, qui d’ordinaire n’apparaissait jamais aux yeux des autres et qu’il s’évertuait à cacher. Pourquoi ? Sa réputation bien sur ! Il mettait un point d’orgue à ce que personne ne puisse réellement le connaître… Malheureusement pour lui, d’habitude, il se trouvait à l’extérieur et avait toujours la possibilité de laisser loin derrière lui ses ennuis. Mais il ne se trouvait pas dans la rue, et pire encore, il était en salle de classe. Il savait qu’il était allé trop loin, cette fois, mais il était trop soucieux en ce moment pour savoir se contrôler entièrement. Et puis il l’avait cherché ce pion, non ? Il avait beau retourner tout ça dans sa tête, Kai savait qu’il était temps pour lui de s’éclipser, avant de ne se montrer sous son vrai visage : c'est-à-dire celui d’un jeune homme craintif, sensible, qui passe son temps à se défouler sur les autres pour ne pas qu’il s’aperçoivent de son mal-être. Même s’il semblait toujours sûr de lui et proche des autres, ce n’était qu’une carapace qu’il s’était forgé, pour éviter de s’accrocher trop et de devoir en souffrir ensuite. Car pour lui, on ne pouvait former des liens d’amitié ou d’amour sans souffrir, si bien qu’il se refusait à en créer, au détriment de son manque d’affection…

Fébrile, presque tremblant, il s’aperçut à peine que Masao avait fait sortir le pion pour qu’il se dirige vers l’infirmerie. En fait, Kai semblait tellement indécis qu’on pouvait se demander si c’était vraiment lui qui avait frappé le pion. Mais il n’y avait pas de doutes : le Sportif n’en était pas à sa première bagarre et ce ne serait pas sa dernière non plus. Les nerfs à fleur de peau, il réagissait toujours au quart de tour, si bien qu’il était très facile de le faire craquer face à des provocations. Tout ça, Masao le savait sûrement et quelque part, Kai lui était reconnaissant d’être là quand il le fallait… Même si cela l’avait légèrement soulagé, Kai regrettait mortellement son geste et savait qu’il allait devoir en assumer les conséquences plus tard. Ce qui le rendait certainement le plus en colère contre lui-même était d’avoir déçu Masao. Après le GBoy l’avait toujours sorti des pires ennuis. Et lui, qu’est-ce qu’il lui offrait en retour ? Encore plus d’ennuis… Il n’était décidemment pas quelqu’un sui qui comptait pour ces choses-là.

« Ok…. » Fut la seule chose qu’il réussit à répondre au Rouquin, trop concentré à garder sa façade de baroudeur énervé devant les autres. Il n’allait quand même pas se mettre à pleurer devant eux ! Ce serait le pompom… T_T
Prenant les devants, Kai sortit le premier, laissant sa main droite ensanglantée pendre sur le côté, évitant à tout prix de la regarder, car il savait ce qui arriverait dans ce cas-là…
Dès qu’il fut dehors, le Sportif perdit toute contenance, et son visage ne fit bientôt apparaître que sa douleur, son dégoût de lui-même et sa tristesse accumulée sous forme d’énergie. Sans un mot, il regardait droit devant lui, avançant machinalement vers une des portes du lycée qui menait à l’extérieur et qui se trouvait non loin de là. Il sentait la présence de Masao dans son dos, mais il se refusait à le regarder, il avait bien trop peur de se montrer tel qu’il était réellement dans ces moments-là…
Pourtant, une fois au grand air, Kai ne put se retenir plus longtemps. Peut-être à cause du vertige que lui causait la vue du sang ou simplement à cause de la retombée de ses actes, il se pencha soudain en direction du mur et ses nausées suffirent à lui faire rendre tout ce qu’il avait pu manger auparavant. Pathétique ! Pensait-il au fond de lui… Il ne se rappelait pas si Masao l’avait déjà vu ainsi, mais il s’en foutait. Peu importe si le G-Boy le regardait ou pas, sa présence restait avant tout apaisante et le savoir près de lui mettait du baume au cœur.
Lorsqu’au bout de quelques minutes, il fut calmé, Kai tenta de se retourner et jetant un regard qui se voulait moqueur mais qui était plein de larmes de douleur, il esquissa un demi-sourire et dit dans un souffle :

« J’ai merdé, hein ?.... Gomen. »

Il savait qu’un simple pardon n’allait pas changer ce qu’il avait fait, mais il croyait toujours naïvement que c’était une forme de bonne volonté… Maintenant qu’il était un peu plus lucide, il se rendait bien compte que le Roux avait du encore une fois, usé de sa position sociale pour le sauver. Pour ça, il devait beaucoup au G-Boy et n’ignorait qu’il aurait à « payer sa dette ». Le sang sur sa main le démangeait à présent, mais il essayait de l’ignorer, de peur de n’être pris de nausées de nouveau. Il l’aurait bien lavée mais il en était incapable. En fait, d’ordinaire, c’est sa mère qui doit se tapper le sale boulot de le retaper, mais vu leur nouvel maison et le nouveau compagnon de celle-ci, il se voyait très mal revenir de nouveau amoché à la maison… Le regard de nouveau levé vers le rouquin, il demanda alors d’une voix fautive et craintive, peu habitué à ce genre de choses :

« Ano… Est-ce que ça te dérangerait de… Enfin de… » Essaya-t-il tout en se passant la main gauche dans les cheveux, signe qu’il était mal à l’aise et qu’il ignorait comment se faire comprendre. En fait, ça l’arrangerait si Masao était devin… X_X
Malgré son apparence devenue presque fragile, il n'en était pas moins énervé et mourrait d'envie de faire deux ou trois tours du terrains de foot pour se défouler...

Spoiler:

Masao eu donc l’obligation d’appuyer sur son statu pour que le surveillant se taise. Il le menaça même de lui faire subir un Suicide social si jamais il ouvrait la bouche. Ce n’était pas complètement la faute de Kai pour ce coup-ci, c’était le cas de le dire, aussi, il ne devait pas être le seul à en subir les conséquences, chose qui serait arrivé si l’affaire allait jusqu’au bureau du Principal. Le pion avait l’air de comprendre que l’adolescent en face de lui ne rigolait pas, ne voulant pas attirer le déshonneur, il obtempéra puis s’en alla.
Il lâcha un soupire avant de retourner dans la classe, rassura son petit ami d’un signe de tête au passage puis reposa ses yeux sur son camarade.

Il lui ordonna avec douceur de le suivre. Il fallait nettoyer sa main et surtout le calmer. Le Président savait très bien qu’il pouvait re-péter un plomb si jamais un élève osait dire quelque chose de travers, ne serait-ce qu’un regard mal interprété et c’était reparti pour un tour ! Valait mieux éviter cela.
Il eu une réponse affirmative, tant mieux, qu’il ne joue pas les rebelles avec lui. Parce que, allait faire comprendre à quelqu’un au bord de la crise de nerf, qu’il devait sortir pour limiter la casse, hein ? Surtout quand la personne en question faisait le double musculaire que soit =_= Le fils du maire était ravi que son aura soit apaisante pour Ozaki, sinon, il se demandait comment il aurait pu faire pour le contrôler… C’était très simple : Il n’aurait pas pu et aurait ordonné son transfert dans un autre établissement parce qu’il était un danger incontrôlable pour les autres et pour sa propre personne également.

Le footballeur sorti en premier, le Délégué donna le relais à Keiko avant de sortir à sa suite, le suivant avec quelques pas de retard.
Le comédien l’avait déjà vu en début de crise, mais les bagarres ayant rarement lieux dans la classe, forte heureusement, le sportif avait tout le loisir de s’enfuir pour ne pas qu’on le voit craquer. Masao devant rester au front pour régler les problèmes, il ne pouvait le suivre pour le consoler ou autre. Là, il était déjà terminé, aussi put-il le suivre.
Il grimaça en le voyant vomir, posant automatiquement sa main sur son ventre, se retenant de l'imiter. L’énergie avait besoin d’être évacuée et avait trouvé un moyen physique pas très élégant pour le faire, au moins, elle n’était plus en lui à se répercuter sur chacun de ses muscles.
Il ne fit pas un seul geste, attendant que Kai se remette de ce qu’il venait de rejeter. Ce dernier tourna la tête vers lui, avec une expression qui surprit le futur étudiant en Sciences Politique, il ne s’y était pas du tout attendu. Les larmes n’étaient pas dû au renvoi, mais bien à autre chose qui ressemblait plus à de la douleur.
Cela eu pour réaction de rendre Masao encore plus apaisant qu’il ne l’était. Maintenant ce n’était plus une grosse brute qu’il devait calmer qu’il avait en face de lui, mais un adolescent au visage baigné d’eau salée…

- Oui, tu as merdé.

Cette phrase fut prononcée dans un murmure, réduisant ainsi l’effet qu’elle pouvait avoir. Cependant, il n’allait pas lui mentir, oui il avait totalement eu faux et si le rouquin n’avait pas été là, Kai aurait été renvoyé d’office pour un tel comportement envers un représentant du système scolaire. On ne doit jamais frapper quelqu’un, même si la personne tend la joue pour qu’on y enfonce son poing.

Son camarade lui demanda, une voix d’enfant qui savait avoir commis une bêtise de… De quoi ? Il essaya de comprendre ce qu’il voulait lui dire et remarqua la main ensanglantée toujours en train de pendre le long de son corps, comme s’il ne voulait surtout pas la voir. Et oui… En la regardant, il verrait le sang qu’il a fait couler, ce fluide était un éclat de la vie d'une personne qu’il avait sur les doigts… Oh, il ne l’avait pas tué, fort heureusement, mais c’était la symbolique qui était puissante.
Voulait-il que Masao lave cette main souillée ? Voici un autre symbole qui vint se superposer à l’autre : Le Président, toujours présent pour éviter les bagarres, pacifiste, allait retirer le sang sur la main du coupable, de celui qui n’avait pas écouté la voix de la raison et avait frappé…

Le Délégué s’approcha, un sourire rassurant sur les lèvres :

- Suis-moi, je n’ai pas d’eau ici pour te nettoyer.

En restant tout à côté de lui, il alla jusqu’au gymnase, heureusement que personne n’avait cours de sport à cette heure-ci, sinon, ils auraient eu l’air fin tous les deux, surtout Kai ! Enfin, la rumeur comme quoi il avait frappé un surveillant allait bientôt faire le tour du Lycée…

Il entra dans le gymnase et s’arrêta devant les lavabos. Il ouvrit le robinet, mis du savon liquide sur ses propres mains, les frictionna puis, toujours avec cette douceur presque tendre qui le caractérisait, il prit la main ensanglantée, entre ses deux paumes, l’enduisit de mousse puis la passa sous l’eau. Cette dernière prit une teinte rouge puis rosé avant de redevenir transparente.

Son aura, toute bienveillante, semblait vouloir entourer Ozaki au fur et à mesure que le sang partait dans les égouts. Il prit une des mini-serviettes laissées à leur disposition et entoura sa main à l’intérieur pour la sécher, tamponnant légèrement.

- Tu n’as pas l’air de t’être fait mal en frappant… C’est bien. J’en suis content.

Il redressa la tête et lui souri à nouveau avant de mouiller un bout de la serviette pour la passer, toujours avec cette délicatesse qui lui était propre, sur ses joues, pour faire disparaître les larmes qui avaient coulées sur son visage. Il prit un autre bout sec et tamponnant à nouveau pour sécher l’eau qu’il venait de mettre.