Retrouvailles? [Ichiro F. // Terminé]

La santé de Sayako n’était pas encore au beau fixe. La jeune femme avait pourtant réussit à reprendre une alimentation à peu prés normale, et elle avait repris assez de kilos pour pouvoir sortir de son institut. Tout semblait aller mieux, pourtant ce jour là, alors qu’elle était en train de se diriger vers une des salles de classe, le monde se mit à tourner autour d’elle. Croyant d’abord à un simple vertige, elle s’était isolée quelques instants dans les toilettes des filles pour reprendre ses esprits et boire un peu d’eau. Heureusement, il n’y avait personne, la jeune femme n’aurait pas aimé se donner ainsi un spectacle et peut-être même se trahir. Et puis un malaise en public aurait donné lieu à toute sorte de rumeur alors qu’elle était censé revenir d’un simple voyage en Amérique… Rien que de penser à cela, la nausée lui vint. Encore une fois, elle devait tenir des positions inconfortables à cause de sa mère. Elle ne finirait donc jamais de lui pourrir la vie? Un nouveau soupire, une gorgée d’eau et elle se décidé à sortir pour aller en cours. Mais elle n’eut même pas la possibilité d’atteindre la porte, Sayako venait de s’écrouler sur le carrelage froid, restant inconsciente quelques instants.

C’est un homme d’entretien qui découvrit la jeune femme alors qu’elle recouvrait ses esprits.

Rapidement il appela l’infirmier qui mena Sayako jusqu’à l’infirmerie.

« Ce n’est rien…Ca m’arrive de temps en temps… Non, pas besoin d’appeler les pompiers, je vous assure… »

La jeune femme s’évertuait à convaincre le vieil homme que ce n’était absolument rien mais il ne semblait pas réellement convaincu. Alors il la fit s’installer sur un des lits de l’infirmerie, ne tirant pas le rideau car pour le moment il n’y avait personne d’autre qu’elle. Il l’ausculta vaguement, mais une nouvelle fois la jeune femme refusa qu’on appelle son médecin, elle lui en référerait elle-même en rentrant à la résidence ce soir. Elle prit seulement quelques sucres et un cachet contre son mal de tête naissant. Puis , enfin, le vieil infirmier la laissa se reposer seule.

Sayako se redressa un peu, s’asseyant contre la tête du lit, ayant retirer ses chaussures, les jambes étendues sur le lit, les yeux mis clos. Au fond, elle espérait que personne n’allait arriver et qu’elle aurait le temps de repartir avant de se faire découvrir dans cet endroit… Malheureusement elle entendit la porte s’ouvrir et elle se mordilla la joue… La jeune Yada avait réellement peur que quelqu’un ne découvre son secret. Pourquoi? Peut-être parce qu’elle avait toujours grandit dans ce milieu très superficiel, et déjà qu’elle n’avait plus beaucoup d’amis, elle ne voulait pas être totalement seule… Car elle ne voyait qu’une seule réaction possible : qu’on ne souhaite plus l’approcher.

« Je vous dis que ce n’est rien »
_ « Tu devrais quand même aller à l’infirmerie, on sait jamais »
« C’est bon, c’est bon, j’y vais ! »

Soupirant, Ichiro quitta le terrain de basket à contre cœur, alors qu’il se tenait le bras gauche avec sa main droite, tout ça à cause d’une malheureuse chute, mais les membres du club de basket avaient raison, mieux fallait-il aller faire une visite de routine à l’infirmerie, il serai gravissime qu’il ne puisse plus jouer au basket à cause d’une blessure pas soignée. Démarche nonchalante, le jeune nippon traversa la cours de l’établissement sans se presser, bougeant doucement sa main afin de constater les dégâts, mouai, une douleur gênante se faisait ressentir…

Arrivant devant la porte de l’infirmerie, il hésita avant d’y entrer, trouvant que cette douleur se dissipait, mais les joueurs de son équipe voudraient de toute façon avoir et surtout, voir la preuve qu’Ichiro était bien aller voir l’infirmière, autant dire qu’il n’avait pas vraiment le choix, c’est ainsi qu’il poussa la porte et pénétra dans cette salle qu’il n’avait fréquenté qu’une fois depuis son arrivée à Sakurai. Curieux, il posa un regard sur les personnes présentes, cherchant l’infirmière du regard, mais il n’y avait pratiquement personne, en fait, à présent, ils n’étaient que deux dans cette pièce, et sans vraiment faire attention, il ne capta pas de suite l’identité de la jeune fille présente.

S’asseyant sur le lit le plus proche de lui, il soupira et leva la tête, observant le plafond, jusqu’à ce qu’il se décide à regarder à nouveau la demoiselle. Ses yeux s’écarquillèrent alors un peu lorsqu’il la reconnu, comme oublier cette fille là, alors qu’il y a quelques temps, il avait fallit la renverser en voiture. Un doux sourire aux lèvres alors qu’il se leva et s’approcha d’elle (on dira que tu étais de dos et que tu ne m’avais pas vu entrer dans l’infirmerie ok ? ^^).

« Yo » Fit-il de sa voix douce et mélodieuse.

« Ne me dis pas que quelqu’un d’autre à chercher à te renverser ? »

Un doux sourire alors qu’il se trouvait juste face à elle, ne la quittant pas des yeux. Bien que n’étant pas quelqu’un qui démontre ce qu’il ressent, il ne pouvait pas cacher le fait d’être heureux de la revoir, il l’avait vraiment apprécier cette jeune fille, lors de leurs « goûter » improviser dans ce café.

Lorsque la porte s’était ouverte, la jeune femme ne s’était pas retournée. Hors de question de s’afficher si jamais on ne cherchait pas à lui parler. A présent Sayako était du genre plutôt discrète, alors qu’avant elle se fichait bien de tout cela. Elle passa d’un geste nonchalant sa main sur sa jupe pour la lisser. Ses yeux se posèrent sur la grande fenêtre qui diffusait une lumière douce, celle de l’hiver qui filtrait à travers les épais nuages cotonneux. Un peu de neige n’aurait pas été de refus, Sayako adorait cela. L’année dernière, il y en avait eu énormément pendant qu’elle était à l’institut et beaucoup de patients s’étaient amusés, comme des enfants, dans la froide masse blanche. Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, Sayako s’était sentie plutôt bien dans cet endroit. Tout d’abord parce qu’elle était loin de ses parents puis parce qu’on avait réellement cherché à la comprendre et à savoir qui elle était, ce qui n’était jamais réellement arrivé jusque là. Alors elle gardait contact avec certains des patients qui étaient sortis en même temps qu’elle, ou d’autres qui y étaient encore. Et puis elle devait parfois s’y rendre pour des visites de contrôle au médecin spécialisé de l’établissement…

Sayako entendit le nouveau venu s’asseoir non loin et se sentit un peu rassurer de ne pas avoir à faire la conversation avec un inconnu. Mais elle sursauta légèrement lorsqu’une voix s’adressa à elle, sortant de ses pensées pour poser les yeux sur un visage qu’en réalité elle connaissait. Ichiro, le jeune homme qui avait failli la renverser et avec qui elle avait passé un moment agréable dans un des salons de thé de Tokyo. Son visage se détendit, et la brunette adressa un sourire amusé au jeune homme pour répondre à sa question. La pâleur de son visage lui donnait un air fragile qui était pourtant démenti par ses yeux bruns, profonds, francs, et droits.

« Non, ça va, je fais attention quand je traverse maintenant. »

La japonaise replia légèrement ses jambes sous elle pour lui permettre de s’asseoir s’il le voulait. Le sourire doux qu’affichait Ichiro à cet instant la mettait en confiance, comme la première fois, même si elle avait failli percuter sa voiture. Elle le regarda un instant, puis ses sourcils se froncèrent à peine dans une moue d’inquiétude presque enfantine et adorable.

« Ichiro, tu es blessé? »

Parce qu’il n’avait pas l’air malade… Même si Ichiro lui avait dit qu’il était élève à Sakurai, Sayako n’avait pas réellement précisé qu’elle y serait cette année, et le roux n’avait pas posé de questions, peut-être avait-il senti que la jeune femme n’était pas très à l’aise sur ce sujet. Mais avant qu’ils n’aient pu aller plus loin pour le moment, l’infirmier revint avec quelques fruits dans une assiette qu’il tendit à Sayako. Des vitamines, cela lui ferait du bien. Elle remercia le vieil asiatique avant que ce dernier ne s’intéresse à Ichiro. Sayako les regarda faire un moment avant de détacher quelques grains de raisin pour les manger, appréciant leur goût sucré comme elle n’aurait pas pu le faire avant.

Finallement, Ichiro avait bien fait de suivre les conseils de ses camarades et de venir à l’infirmerie, ça lui avait permis de revoir une personne qui, sans qu’il n’en soit encore pleinement conscient, lui était chère. Il s’en était voulu, et s’en voulait probablement encore, de son imprudence lors de leur première rencontre, lui et sa mauvaise habitude à la vitesse avec sa voiture de sport, une chance que ses reflexes soient intacts, sinon à l’heure qu’il est, la demoiselle serait probablement en chaise roulante, ou pire encore, elle ne serait même pas là, en face de lui, mais le mal était fait, et tous les deux s’en étaient sortis indemnes, c’était l’essentiel. En s’approchant d’elle, il ne put que lui sourire, démontrant son bonheur de la revoir, et drôlement, c’était dans un endroit comme l’infirmerie, à croire qu’il fallait qu’il se passe quelque chose pour qu’ils se voient.

« C’est bien, et moi, je roule moins vite, on apprend bien de nos erreurs »

Adressant un clin d’œil à Sayako, ils furent rejoins par l’infirmier qui déposa des fruits vers la nippone, tandis ce qu’il s’approcha d’Ichiro, qui leva les yeux au ciel, pas très enjoué de devoir en passer par là. Il n’eut qu’à tendre le bras pour que le vieil homme commence à l’osculter, mais la voix de Sayako s’éleva à nouveau, décrochant un autre sourire au roux.

« Une mauvaise chute, rien de bien méchant »

Reportant son regard sur l’infirmier, ce dernier n’afficha pas un visage très rassurant, il ne manquerai plus qu’il lui apprenne que son poignet était casser, et il aurai droit à la colère d’Ichiro, qui, tout le monde le sait, est du genre à s’emporter très facilement, contrairement aux apparences. L’infirmier lui expliqua alors qu’il avait de la chance, qu’il avait les os solides et qu’avec de la pommade, des bandages et une abstinence de sport pendant trois semaines, il n’y aurai plus rien. Soulagé qu’il n’y ai rien de plus, Ichiro retourna s’asseoir sur son lit, attendant que l’infirmier sorte la tête de son armoir, dans laquelle il devait chercher de quoi soigner le nippon.

« Et toi ? » Lanca t-il à Sayako, la questionnant ainsi sur sa présence à l’infirmerie.

La présence des fruits avaient un peu renseigner Ichiro sur ce que pouvait avoir sa camarade, après tout, on ne donne des fruits à une personne « malade » lorsqu’elle manque de vitamines, à moins qu’elle ai simplement faim et que seuls des fruits pouvaient la rassasier. Le vieux Japonais revint vers le jeune homme et commenca à s’occuper de son poignet, l’entourant d’un bandage après l’avoir au préalable masser avec une pommade à l’odeur plutôt agréable.

_ « Il faudra changer la bande deux fois par jour et masser ton poignet à chaque fois »

Se contentant d’un hochement de tête, Ichiro l’inclina ensuite en guise de remerciement, sans user de la parole, jusqu’à ce que l’infirmier se dirige vers la sortie. S’allongeant un peu plus à son aise sur le lit, tête suffisemment relevée sur l’oreiller afin de pouvoir voir Sayako, il reprit, amusé et sérieux à la fois.

« Je me demande si à chaque fois qu’on se verra, ça sera dans ce genre de situation »

La présence d’Ichiro venait de rassurer la jeune femme qui avait eu peur de se retrouver face à un des élèves qu’elle n’appréciait plus vraiment. Ichiro avait vraiment tenu à s’assurer qu’elle allait bien après leur petit accident qui au final n’avait rien provoquait de grave, et puis ils avaient finit par parler un bon moment, de tout et de rien, mangeant un morceau tranquillement. Pour Sayako, sans qu’Ichiro ne le sache, c’était un grand pas car elle n’avait plus mangé avec quelqu’un d’extérieur à l’institut depuis un an. Et elle l’avait même fait avec plaisir, c’était pour dire… Et le sourire que le beau roux lui adressa lui remonta le moral qui aujourd’hui n’était pas particulièrement au beau fixe et elle lui en retourna un, plus franc que d’habitude. Mais elle avait tendance à penser que c’était de sa faute s’ils avaient eu ce petit incident, elle ne faisait pas assez attention, mais elle ne s’en plaignait pas, cette rencontre avait été la bienvenue et très agréable.

« J’espère que tu ne croises pas tous les jours des passante aussi étourdies que moi quand même. »

Sourire au rendez vous, cela faisait longtemps que Sayako ne s’était pas sentie aussi détendue. C’était une des qualités d’Ichiro, il la mettait à l’aise avec ses airs de jeune homme calme, même si elle sentait qu’il y avait autre chose derrière ça. Le jour où ils s’étaient rencontrés, de cette manière assez particulière, Sayako avait aperçu ce côté beaucoup moins calme d’Ichiro. Lorsqu’il était sorti de la voiture, il semblait vraiment nerveux, anxieux, peut être même paniqué, elle ne s’en souvenait plus exactement. Alors qu’elle n’avait pas vraiment réalisée, au final.

Puis l’infirmier vint enfin vers Ichiro qui lui présenta son bras et Sayako eut un léger sourire en coin en le voyant lever les yeux au ciel. Mais lorsqu’il tentant de la rassurer en assurant qu’il ne s’agissait que d’une mauvaise chute, elle laissa échapper un léger « Ah … » inquiet. C’était tout à fait le genre de la vraie Sayako, celle que peu de personnes connaissaient aujourd’hui. Elle ne connaissait pas Ichiro depuis longtemps, et elle ne savait pas grand-chose de lui, mais elle s’inquiétait déjà pour lui alors que ce n’était peut-être vraiment pas grande chose. L’avis du médecin la rassura et elle pu reporter son attention sur ses fruits pour ne gêner personne. Elle n’aimait pas qu’on la fixe, alors ne fixait pas les gens . Puis la question qu’elle cherchait à éviter tomba et elle leva légèrement les yeux, se mordillant la joue avant de les baisser à nouveau sur son raisin.

« Je ne suis pas blessée… J’ai juste fait un petit malaise, c’est rien. »

Elle lui adressa un petit sourire alors que l’infirmier s’occupait du poignet de Sayako. Le vieil homme soupira légèrement en entendant la jeune femme, après avoir donné ses conseils à Ichiro et lança à la jeune femme :

« On aurait du appeler les pompiers… Ou au moins tes parents… »

« Mais non! Je vous assure, ça va! De toute manière ils ne sont pas chez nous en ce moment.»

La jeune fille n’était pas agressive mais son ton était ferme sans être insolent. Elle savait ce qu’elle voulait, et même si les pompiers auraient été une solution, il était hors de question qu’elle appelle ses parents, elle préférait se débrouiller seule. Et c’était vrai, ils étaient partis chacun de leur côté pour une période de deux semaines. Sayako se détendit à nouveau lorsque l’infirmier sortit. C’était un homme bien, il s’inquiétait pour les élèves mais n’était au courant de rien à propos de la jeune fille… Il ne pouvait pas comprendre.
Elle leva les yeux vers Ichiro à sa remarque et laissa échapper un rire amusée à sa remarque.

« Ce serait dommage que tu te blesses avant chacune de nos rencontres non? On trouvera un moyen d‘éviter les accidents.»

Elle lui adressa un sourire mutin, mais c’était sincère, cela serait vraiment dommage.

Mh, non, il n’en croisait pas tant que ça, des passantes étourdies, ou alors, il ne faisait pas gaffe, ne se souciant jamais de ce qui l’entoure, mais la seule qu’il ai remarqué se trouvait en face de lui et il n’était pas si malheureux que ça, d’avoir faillit risquer sa vie en la renversant, car il avait fait la connaissance d’une jeune fille adorable, du moins, c’est ce qu’il avait perçu durant leur unique moment ensemble. Le sourire toujours apposé à ses fines lèvres, Ichiro pencha la tête sur le côté, répondant tout aussi amusé.

« Rassures toi, tu es la seule, et c’est amplement suffisant je pense »

Le petit scénario avec l’infirmier prit fin lorsque ce dernier quitta la pièce, non sans avoir attirer l’attention du nippon qui se demandait bien ce qui pouvait avoir mis Sayako dans un tel état, au point que le vieil homme lui fasse part de son intention d’appeler les pompiers. Un malaise, avait-elle dit, ma foi, ça arrivait à tout le monde, il ne fallait pas qu’il exagère ce vieillard. A présent à deux dans la pièce, le silence retomba un bref instant, avant que le Japonais ne le brise en reparlant, décrochant un sourire à la jeune fille.

« C’est surtout pour toi que je m’inquièterai, deux fois que je te vois dans un état pas fameux, je vais finir par croire que je t’attire la malchance »

Sa voix amusé trahissait cependant une once de sérieux, alors qu’il tourna sa tête afin d’observer par la fenêtre, les faibles rayons de soleil lui piquant un peu les yeux. S’il avait été seul, il aurai probablement sortit un livre et se serait mis à bouquiner tranquillement, mais il était difficile d’ignorer Sayako et surtout, sa politesse en prendrait un coup xD.

« Les fruits sont bons au moins ? »

Gentillement, et de manière indirecte, c’était un moyen de lui demander si elle allait mieux. N’oublions pas qu’Ichiro est un garçon qui ne montre jamais quand il s’inquiête pour quelqu’un, et qu’à chaque fois, c’est d’une façon des plus naturelles qu’il use pour le montrer sans qu’on ne s’en apperçoive.

Effectivement, Sayako était une jeune fille adorable, aimant, même si têtue, un peu jalouse et parfois un peu trop emportée ou exigeante. Chacun a ses défauts, et Sayako avait les siens, mais Ichiro avait le don de pousser tous les problèmes de la jeune femme de côté, elle s’occupait l’esprit d’une manière saine, si elle pouvait pensait les choses ainsi. Car avec lui elle ne faisait pas que s’occupait l’esprit non, puis qu’elle l’appréciait et s’intéressait sincèrement à lui. Ichiro apparaissait comme étant quelqu’un de calme, posé, et avec elle doux et souriant, mais comme elle l’avait pensé plus tôt, elle savait, ou plutôt, elle sentait qu’il y avait autre chose en lui, une part de colère sourde, quelque chose qu’elle ne pouvait pas nettement distinguer. Pourtant elle avait toujours été très douée pour sentir la vraie nature des gens, ce qui ne lui avait pourtant pas évité toute sorte d’ennuis.

A sa remarque , Sayako eut à nouveau son sourire mutin et lança , avec un faux air fâché.

« Oui, sinon tu devrais payer beaucoup de brownies aux filles de Tokyo. »

Puis ses traits se détendirent avec un léger rire. Sayako se souvenait que le jour où ils s'étaient rencontrés, quand ils étaient allés manger un morceau par la suite, une seule chose lui avait fait envie : un brownies. La détermination de la nippone avait amusé Ichiro, alors en elle en sourit. L’altercation avec l’infirmier eut tôt fait de calmer son amusement, il risquait de mettre la puce à l’oreille de Ichiro, et elle ne souhaitait pas qu’il s’inquiète pour elle. Elle n’aimait pas particulièrement causer du soucis aux gens, encore moins quand elle tenait à eux. Car elle ne se rendait peut-être pas tout à fait compte pour le moment, mais revoir le jeune homme la rendait plus heureuse qu’elle ne l’aurait cru. Si seulement elle savait que cela était réciproque, peut-être laisserait-elle tomber quelques barrières. Un soupire de soulagement passa ses lèvres à la sortie de l’infirmier et elle fit passer ses jambes par-dessus le bord du matelas pour les dégourdir avant de se lever, en chaussettes noires montantes accordées avec son uniforme. Elle vint se planter devant une des fenêtres, profitant des rayons de soleil pas réellement chauds.

La remarque d’Ichiro eut le don de la surprendre car elle y perçut une note de sérieux. Elle le regarda un instant avant de lui adresser un grand sourire.

« Toi? M’attirer la malchance? Ce n’est pas du tout ça, ne t’en fais pas! C’est un peu plus compliqué. »

L’assiette de fruits toujours dans les mains, elle continua de grignoter les quartiers de pommes avant de faire comme si elle venait d’avoir une idée. Elle était enjouée aujourd’hui, et c’était agréable pour tout le monde.

«Je sais : à chaque fois qu’on se verra, je ferai attention à ce que tu ne te blesses pas, et toi tu vérifieras que je sois bien en forme, d’accord? »

La jeune femme avait dit cela avec un sourire, même si au fond il y avait cette touche de sérieux qu'elle aurait été capable d'avouer. C’était une solution comme une autre, sauf qu’elle, elle veillerait vraiment à ce que tout aille bien pour Ichiro, mais ça, elle ne le précisa pas. A sa question sur les fruits elle eut un nouveau joli sourire avant de venir prés du lit, lui faisant gober doucement du bout des doigts un grain de raisin avant de s’appuyer contre le rebord de la fenêtre.

« Oui, ils sont bons. Dis-moi… Tu penses qu’on pourra s’enfuir bientôt? »

Ce n’est pas qu’elle n’aimait pas l’infirmerie mais elle aimait bien être dehors. Le "on" montrait bien qu'elle ne cherchait pas à fuir la compagnie d'Ichiro, bien au contraire, mais il serait tout de même beaucoup plus agréable de discuter ailleurs... Même si elle doutait que l'infirmier accepte de la laisser sortir ainsi.

La plaisanterie lancée sérieusement pas Sayako décrocha un franc sourire à Ichiro, qui s’exclaffa, un vrai miracle de voir sourire le nippon de la sorte, lui qui affiche toujours cet air mystérieux et insensible à tout. En effet, s’il avait du offrir des brownies à toute la population féminine de Tokyo, il y serai encore ! Il aurai aussi très bien pu tomber sur une gourmande qui se serai enfiler bien plus qu’un simple gâteau au chocolat. Ne répondant rien, il reprit en parlant d’une éventuelle malchance qu’il pourrai porter à Sayako, mais celle-ci répondit tout aussi vite, démentant ce qu’il venait de dire, ce qui à nouveau, le fit sourire. Plus compliqué ? Étrangement, bien que curieux après ça, il ne chercha pas à comprendre et à lui poser d’avantage de questions, il l’avait bien compris, elle n’était pas du genre à tout dévoiler simplement si on le lui demandait, tiens, ça lui rappelait vaguement quelqu’un…

« Dans ce cas, j’espère que ça ne sera pas toujours ‘compliqué’ » Dit-il juste.

Regardant également par la fenêtre, il se permis un nouveau bâillement, bien qu’il n’était pas fatigué le moins du monde. Probablement un petit creux, ou l’ennui de ne pas pouvoir sortir de là. En aucun cas il ne s’ennuyait en présence de Sayako hein, que ce soit clair xD.

« Ca marche ! » Répondit-il avec entrain.

Faire en sorte qu’elle aille bien, ça ne devait pas être bien compliqué quand on sait qu’Ichiro est du genre à faire constamment attention aux personnes qu’il apprécie réellement. Bien sur, il espérait qu’elle irai bien à chaque fois, mais ne sachant pas à quel problème elle devait faire face, ça serait à peine plus difficile, mais il ne lâcherai pas.

Quand la jeune nippone s’approcha avec son raisin, Ichiro entre ouvrit la bouche, croquant ensuite dans le fruit, tout en plissant ses yeux en guise de remerciement et d’appréciation de sa petite dégustation. Pas mauvais, en effet, enfin, c’est un raison, pas la peine de s’emballer, bien que le fait qu’il vienne de la demoiselle donnait un léger goût différent au fruit. Arquant un sourcil à la question de Sayako, Ichiro fit mine de réfléchir, laissant échapper un « hmm » pensif.

« Pourquoi pas maintenant ? »

Se levant du lit, il s’étira de tout son long et s’avança en direction de la porte de sa démarche élégante. Lui n’avait pas besoin de rester à l’infirmerie, son bras étant soigné. Elle par contre, devait surement y rester pour se reposer, mais visiblement elle n’était pas de cet avis, alors pourquoi la retenir ici ?

« Que penses-tu d’un kidnapping improvisé ? » Revenant sur ses pas, il attrapa le poignet de Sayako et l’attira vers lui, l’entrainant ainsi en direction de la sortie.

Ouvrant la porte, il jeta un bref regard à droite puis à gauche, aucune trace du vieux. Il fit alors passer Sayako devant lui, lui adressant un clin d’œil, ravi.

« On a encore quarante minutes avant le prochain cours, où mademoiselle voudrait-elle aller pour tuer le temps ? »

Sayako eut un nouveau sourire, à la fois surpris et ravi devant le sourire si franc et spontané d’Ichiro. Elle était habituée à son sourire doux, comme si elle le connaissait depuis un beaucoup plus longtemps, à cet aspect de protecteur secret car ça aussi elle le sentait, il faisait attention à beaucoup de choses, sans le montrer, c’était agréable. Sayako n’avait jamais réellement eu affaire au Ichiro apparemment insensible, solitaire et distant, elle ne se rendait pas forcément compte de ce qu’il se passait mais elle appréciait cette attitude sans le savoir. Effectivement, le roux n’était pas tombé sur une gourmande, ironiquement, c’était plutôt même tout le contraire, elle n’était pas du genre à manger plus d’un petit gâteau, et encore, c’était très rare lorsqu’elle le faisait.
Sayako eut tôt fait de rassurer le jeune homme, ce n’était définitivement pas lui qui lui attirait des problèmes, il ne devait vraiment pas se faire du soucis pour ça. Et ce dernier ne posa pas de question sur ce qu’il aurait pu vouloir savoir. Sayako ne savait pas si ça la soulageait ou non, mais heureusement, elle n’avait pas eu à lui mentir, elle n’avait pas expliquer qu’elle était soit-disant en voyage en Amérique l’année dernière, elle avait juste précisé qu’elle avait été scolarisée ailleurs. Sayako aurait peut-être eu moins de mal à lui avouer son secret, mais ce n’était pas le moment, elle le savait…

A sa nouvelle remarque elle tourna la tête vers lui, la penchant légèrement sur le côté pour le regarder avec un air pensif avant d’afficher un sourire plus doux, reconnaissant même.

« Merci. »

Elle aurait pu précisé que les choses allaient mieux qu’avant, qu’elle n’avait plus peur de manger, qu’elle ne se faisait plus vomir mais non, elle se contenta d’un simple merci, sincère. En regardant par la fenêtre, la jeune femme se demanda soudainement quand la neige allait arriver. Elle en avait franchement envie, car elle avait des idées de clichés. D’ailleurs, elle demanderait peut-être un jour à Ichiro s’il acceptait de poser pour elle. Objectivement, c’était un beau jeune homme, sans être banale, c’était très intéressant.

A sa réponse presque joyeuse, elle parut sincèrement ravie. Ichiro n’avait pas à s’inquiéter, avec le temps il apprendrait certainement à connaître la jeune femme, et sans doute s’ouvrirait-elle à lui avec beaucoup moins de complexes qu’avec les autres. Mais tout cela n’était pas du tout à sens unique, Sayako n’aimait pas du tout ce genre de relation, et maintenant qu’elle était attachée au nippon, elle serait prête à risquer beaucoup pour lui.
La jeune femme fut amusée qu’il accepte son raisin et posa l’assiette de fruits sur la petite table à côté du lit, si jamais le jeune homme en voulait car elle n’avait plus vraiment faim. Puis apparemment, lui aussi avait envie de sortir. Elle le regarda se lever et vint vite remettre ses petites chaussures et prendre son sac qui contenait son appareil photo. Elle ne le vit pas revenir vers elle et leva les yeux vers le roux. Sayako était plutôt petite, mesurant un mètre soixante, renforçant son air fragile et menu avant de sentir la main autour de son poignet. La nippone lui adressa un sourire mutin puis faussement gêné.

« Un kidnapping? Celui là me convient. »

Puis elle le suivit vers jusqu’à la porte, une main dans son dos alors qu’il se penchait pour regarder dans le couloir . Sans s’en rendre compte elle s’y retrouva à son tour et sembla réfléchir.

« Quarante minutes? Hmm… En fait peu importe tant qu’on est dehors. Ca te va?»

Sayako lui adressa un sourire rayonnant avant de lui prendre la main à son tour pour l’attirer dans le couloir après avoir eu sa réponse. Ce petit corps était déterminé, ça se voyait dans sa démarche, et ils arrivèrent au bout du couloir. Sayako poussa la porte pour tomber dans un rayon de soleil avec un « Ah » appréciatif. Dans la cour extérieure il y avait une sorte de coin de verdure où il n’y avait personne pour le moment, un coin agréable où ils pouvaient s’installer.

[---->Cours extérieure]

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