[Terminé] Tout les matins du monde [PV - Yuna Sanjyo].

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Tout avait commencé ce matin. Akira ne croyait ni dans la chance, ni dans le hasard. Tout arrivait toujours dans une suite logique et si on se penchait réellement sur les faits, on pouvait décemment prédire l'avenir en toute circonstances. Oui, il ne croyait franchement pas au hasard mais force était de constater que parfois les évenements avaient un curieux goût d'ironie.

L'horloge lumineuse avait affiché 6h ce matin quand, dans un coup sec de la main, il l'avait fait taire violemment. Akira n'avait jamais aimé les matins et en rêgle général il attendait toujours la seconde sonnerie, celle de son portable, pour réellement s'extirper de son lit.
Pour les matins où il devait se réveiller de bonne heure, le rituel était quasimment toujours le même.
6h20: sortir enfin du lit et filer directement boire.
6h22: douche etc.
6h35: il s'habillait.
6h40: petit-déjeuner.
6h55: amorçage du départ.

L'exactitude de ces faits ne provoquait pas chez Akira un sentiment de sécurité particulier et si jamais il se réveillait en retard ou si la douche prenait plus de temps, il savait parfaitement s'en accomoder. Non. Si le timing était si précis c'est uniquement parce que le matin était le seul moment de la journée où son cerveau fonctionnait au ralenti. Or ces horaires précis lui permettait d'émerger de manière machinal.

Et ce matin tout était allé de travers. Evidemment si on s'en référait au lois de Murphy, cela aurait pu être encore pire, néanmoins, Akira avait eu un mal de chien à sortir en un seul morceau de son appart.
Pour une raison qu'il ignorait, la douche avait failli l'ébouillanter vivant. Il avait poussé un hurlement pas trés digne d'un garçon de 18 ans, puis avait du courir à poil de la salle de bain à sa chambre afin de mettre la main sur la biafine. Sans compter qu'il avait fallu ensuite rerentrer vaillament sous la douche assassine afin d'enlever une bonne fois pour toute le shampoing qui lui piquait les yeux.

Tout ce beau cirque lui avait couté 15 bonnes minutes et c'est le ventre vide qu'il referma la porte de son chez lui. Une fois les escaliers descendus et ses rollers enfilés, Akira s'était rendu compte qu'il avait oublié son sac à dos contenant sa blouse de chimie et ses affaires de cours.

Temps perdu : 10 minutes.

C'est à ce moment précis qu'Akira sut qu'aujourd'hui serait necessairement une journée pas comme les autres. Un élement X qui débarquait dans une figure Y était déjà en soi un évenement mais si d'autres élèments si rajoutent alors ils s'agissait bel et bien d'un effet domino.
D'ordinaire il roulait doucement, encore endormi, mais cette fois-ci il avait du accélerer. Cela ne faisait que deux jours qu'il fréquentait l'établissement Sakurai Gakuen mais il savait d'ores et déjà que l'endroit était parfait pour lui. La plupart des élèves étaient bien trop occupés à leurs petites personnes et aux guerres intestines qu'ils se livraient pour faire attention à lui et cela lui convenait au taquet. Peu de monde utilisait le laboratoire qui plus est et Akira avait déjà réussi à toucher quelque mots au professeur doyen des sciences afin de pouvoir l'utiliser en dehors des cours. S'il parvenait à isoler la composante les isotopes lourds de l'échantillon de la plante qu'il avait chipé au labo de parfum, il y avait peut-être le moyen d'en faire un vaccin.

C'est perdu dans ses pensées qu'Akira amorça son dernier virage dans le sous terrain du parking. Il ne sut pas exactement qui ou quoi il percuta. Ce ne fut heureusement pas trés violent. Toujours est-il qu'une fois par terre, ses mains legerement rapés par le sol, Akira hocha la tête, finalement peu surpris.

Il ne croyait ni en la chance ni au hasard. Mais pour l'heure l'ironie avait le visage d'une jeune femme au visage simple et sans artifices.

[mp: j'ai délibérement pas dit si je te percutais ou quoi que ce soit parce que je sais pas si ton perso utilise une voiture ou autre. Désolé pour le coup du rentre-dedans c'est horriblement cliché mais bon ^^']

“ 'Cause you can't jump the track, we're like cars on a cable
And life's like an hourglass, glued to the table
No one can find the rewind button, girl.’”

La voix légèrement cassée d’une chanteuse Américaine s’échappait des écouteurs de la jeune Yuna, et la lycéenne se laissa bercer par le rythme de la chanson en posant son front contre la vitre de la voiture.
Elle venait chaque matin à Sakurai Gakuen accompagnée d’une femme de compagnie qui la déposait sur le parking de l’école, et réussissait à décompresser avant sa journée de cours pendant le trajet. Yuna ne connaissait rien des femmes qui conduisaient la voiture. Toutes ces inconnues n’avaient comme unique rôle que de déposer la jeune fille à son lycée, et ainsi de s’assurer de la bonne santé de Yuna. Il aurait été en effet fâcheux que la lycéenne soit sujette à une attaque de douleur aigue en pleine rue.
La réputation de la famille en aurait été ternie…

“ So cradle your head in your hands
And breathe... just breathe,
Oh breathe, just breathe ”

Fermant les yeux pour mieux apprécier la musique, Yuna cala sa respiration sur le tempo lent et légèrement suffoquant du morceau, et chantonna la douce mélodie. Tous les matins n’avaient de semblable que ce moment de communion silencieuse avec une musique choisie au hasard, lors du trajet vers l’établissement scolaire.
Ce qui précédait ces instants de calme n’étaient que bâillements exagérés, chute dans les escaliers, recherche à tâtons du sachet de café moulu, course effrénée -mais à contre cœur- contre la montre.
Yuna n’était décidément pas une de ses personnes qualifiées « du matin ». Seul une grande dose de café –déconseillée par son médecin- lui permettait de s’acheminer sans grandes catastrophes vers son lycée.

Un ralentissement du véhicule fit rouvrir les yeux à la lycéenne, et elle sortit de la voiture avec un vague mot de remerciement à la conductrice.
Yuna s’approcha du bâtiment, et observa l’extérieur glacé. Elle qui était arrivée en simple inconnue il y a maintenant presque trois ans, connaissait à présent chaque finition de la bâtisse. Elle s’était totalement appropriée l’endroit, et s’y sentait agréablement à l’aise.

“There's a light at each end of this tunnel,
You shout 'cause you're just as far in as you'll ever be out
And these mistakes you've made, you'll just make them again
If you only try turning around.”

Se hâtant dans le sous sol glacé, Yuna n’entendit pas le bruit de patins se diriger vers elle. Ce fut seulement une fois par terre, assise sur le sol bétonné, que la jeune fille réalisa ce qui venait de se passer.
Sa réaction première fut la surprise la plus complète, et elle enleva lentement les écouteurs de ses oreilles, ses yeux écarquillés posés sur l’inconnu qui lui faisait face.

Il paraissait légèrement plus âgé qu’elle, et une aura tranquille se dégageait de sa personne. Yuna continua à la fixer sans changer de position.
Elle observa du coin de l’œil ses rollers, qui lui donnaient après coup l’explication de l’impression de vitesse lors du choc.
Cette chute avait été causée par une collision minime, et pourtant Yuna avait été instantanément déstabilisée. Elle avait perdu tout équilibre depuis quelques années, et cette expérience n’en était qu’une nouvelle preuve.

Se relevant avec une grimace à peine dissimulée, elle tendit ses mains au jeune homme, lui offrant la possibilité de se relever avec son aide. Ce geste était assez direct pour une jeune Japonaise, mais la situation inattendue enlevait toutes inhibitions à la lycéenne.

« Excusez-moi, je ne vous avais pas entendu arriver. »

Elle se hasarda à vouvoyer l’inconnu, ne sachant pas si ce beau jeune homme n’était pas là pour prendre son premier rôle de professeur… Une vague de froid glacé envahit soudainement le sous sol, et la jeune fille ne put réprimer un frisson. Se décidant à faire les habituelles présentations, elle se lança :

« Je m’appelle Yuna. Sanjyo Yuna. Eleve en troisième année dans ce lycée.
Je ne vous ai encore jamais vu. Etes-vous nouveau dans l’établissement ? »

Yuna se décida à prendre un ton poli et respectueux envers son mystérieux interlocuteur. Elle ne pouvait cependant masquer par sa voix sa curiosité d’en savoir plus sur lui.

[Ton style d'écriture est vraiment agréable, et le côté "cliché" ne ressort merveilleusement pas *-*]

Invité

Un grésillement harmonieux tintèrent aux oreilles d'Akira sans qu'il puisse en confirmer la provenance. Peut-être s'était-il cogner trop fort finalement? Ce n'est que lorsque la jeune femme assise devant lui enleva delicatement ses écouteurs qu'il comprit.

Elle resta un moment incertain à le dévisager et Akira ne s'en offusqua pas plus que d'ordinaire. Il avait plus ou moins l'habitude d'attirer le regard du fait de sa taille particulierment grande. En général les gens se désinteressaient de lui aussi vite qu'ils étaient attirés quand ils s'apercevaient avec combien de peu de cas Akira les traitait.
Sauf que présentement, il était assis, posé n'importe comment sur l'asphalte, des rollers au pied et son sac à dos négligemment ouvert.

Il en était encore à pondérer si oui ou non il devait enlever ses rollers dés à présent et gagner un temps considérable quand il la sentit plus qu'il ne la vit se relever dans un bruit de vêtements froissés. Une main au poignet gracieux glissa sous son visage et, surpris, Akira releva son regard sombre vers celui de la jeune fille.

La main tendue le tentait de manière quasi desespérée. Peut-être était-ce dû à l'impression de douceur qui se dégageait de la fille. Il aurait du refuser et c'est ce qui se serait passé en temps normal, excepté qu'on était bien trop tôt le matin et qu'aprés avoir survécu à un ébouillantage et une collision, le tout avant que la cloche ne sonne les 8h, on ne faisait pas toujours ce que l'on devait.

Akira glissa sa paume rugueuse et légerement rouge de par sa chute dans celle, délicieusement fraiche, de ce qu'il présuposait être une camarade de classe.

« Je m’appelle Yuna. Sanjyo Yuna. Eleve en troisième année dans ce lycée.
Je ne vous ai encore jamais vu. Etes-vous nouveau dans l’établissement ? »

Voilà qui confirmait ses soupçons.
Il eut du mal à se relever sans la faire tomber de nouveau et peut-être finalement aurait-il du retirer ses rollers. Akira y parvint tout de même en s'appuyant en retour sur le capot d'une voiture garée juste derrière lui.

Ce qui s'avéra être une trés, trés, trés mauvaise idée.

L'alarme retentit.

" S'il existe au moins deux façons de faire quelque chose et qu'au moins l'une de ces façons peut résulter en une catastrophe, il se trouvera forcément quelqu'un quelque part pour emprunter cette voie." énonca t'il doctement, élevant sa voix grave quelques peu et en passant une main défaitiste dans ses cheveux noirs avant de se décider à se présenter à son tour, sacrifiant tout bon sens sur l'autel des convenances. "Akira Watanabe. Et oui, je suis nouveau."

L'alarme se tût une microseconde puis repartit de plus belle et Akira réprima un rire défait.

" Je pourrais l'arreter" continua Akira en tournant son visage vers la voiture de luxe." Mais je ne suis pas certain que le propriétaire approuverait."

[mp: merci beaucoup. De même pour ton post :)]

La main tendue, Yuna aida à se relever le mystérieux inconnu qui se tenait devant elle.
Elle se présenta selon les conventions habituelles, et vit du coin de l’œil son interlocuteur s’appuyer sur le capot d’une voiture pour maintenir son équilibre.
Instantanément une sonnerie se mit à rugir dans le parking souterrain, et Yuna recula d’un pas, le cœur battant. La matinée était décidément plus mouvementée que d’ordinaire…

La voix grave du jeune homme la fit sortir de ses pensées, et Yuna se mit à rire de la remarque du grand brun.
Peut être était-ce le lieu étrange de par sa grandeur et sa pénombre naturelle, peut être était-ce le moment propice - si matinal et inattendu… mais le résultat était finalement le même : Yuna trouvait ce bel inconnu agréable.
Elle ne savait rien de lui, et l’étrangeté de leur rencontre ne prévoyait pas une relation des plus poussées, et pourtant ce moment passé en tête et tête divertissait et réjouissait Yuna. D’ailleurs elle écouta avec un certain plaisir le nom de l’inconnu, et se le répéta intérieurement. Akira Watanabe. Elle ne l’oublierait pas.

Le jeune homme fit à nouveau référence à la voiture qui hurlait son désespoir à plein poumons, et le visage de Yuna se décomposa en une fraction de seconde. Elle qui souriait débilement depuis quelques minutes venait enfin de remarquer de quelle véhicule il s’agissait.

« Oh non ! »

Plus prise par l’inquiétude que dans un de ces moments raisonnés, elle se précipita vers Akira pour l’emmener plus loin.
Sa main se dirigea tout naturellement dans celle du jeune homme, et elle l’attira à elle pour le mener hors du parking, vers un couloir salvateur.
Ayant entreprit de se dissimuler derrière une porte quelconque, elle prit soudainement conscience de la situation. Elle avait plus ou moins fait ‘rouler’ le jeune homme sur ses patins sans lui demander son avis, afin d’échapper à une menace invisible.
Prenant la peine de se tourner vers le grand Akira, elle murmura d’un air contrit :

« La voiture en question est celle du directeur, et … cet homme est complètement maniaque de son véhicule. »

Elle ajouta sur un ton inquiet :

« Y toucher équivaut une mort certaine ! »

D’ailleurs l’écho d’un bruit de pas saccadé et violent arriva aux oreilles des deux jeunes Japonais, et l’alarme insupportable mourut dans un silence apprécié.
Le directeur, immense Japonais d’une cinquantaine d’années bien bâti, pestait contre d’invisibles chenapans. Il prit le temps de balayer du regard l’ensemble du sous-terrain avant de se résoudre, le regard encore exaspéré, à devoir regagner son bureau.

Yuna se mordilla inconsciemment la lèvre, et sourit de soulagement au départ de l’homme redouté.

« Vous n’êtes pas un nouveau professeur par hasard ? », sa hasarda-t-elle à questionner le jeune homme.
Yuna était dans l’incapacité la plus complète pour ‘classer’ le mystérieux Akira.

[merci x3]

Invité

L'image du moteur s'afficha en 3-d dans l'esprit du jeune homme tandis qu'il imaginait comment déconnecter l'alarme. A vrai dire, il présumait hautement de ses capacités mécaniques qui, somme toutes, n'étaient pas si grandioses que ça. Bien sur qu'il pourrait imposer le silence au véhicule mais force était de constater qu'il y prendrait un certain temps.
Akira n'avait jamais aimé les voitures. Non seulement quand il était plus jeune, il se trouvait malade à chaque fois qu'il montait dedans mais en plus, et c'était là sans doute une dérive lié à sa passion pour la biologie, il trouvait ce moyen de transport tout sauf écologique.

Il n'eut pas vraiment le temps de s'apesantir sur ses pensées. Alors qu'il comptait faire part de son desistement à sa jeune compagne, il sentit la main de cette dernière se glisser subrepticement dans la sienne à nouveau. Une décharge aussi rapide qu'angoissante se propagea dans le système nerveux du garçon et il tourna un regard médusé vers Yuna.

Qu'est ce qui lui prenait au juste?

« Oh non ! »

D'un geste brusque, Yuna le tira, aidée par la propulsion des rollers que portait toujours au pied Akira. Sans cela, il lui aurait été impossible de tirer Akira de cette manière, même si l'effet de surprise aidait aussi.

"Et voilà comme un gars de 70 kilos se fait battre par une fille au poids plume." philosopha Akira en lui-même tandis que Yuna entreprit de le plaquer derrière une porte du parking.

Il la toisait littéralement. Les rollers lui ajoutaient en plus des centimètres non nécessaire et la lumière qui se difusait subtilement sur le visage déjà lumineux de la jeune fille l'auréolait beaucoup trop au gôut du jeune homme. Il n'aimait pas du tout l'effet qu'elle était en train de produire sur lui. Il retira de lui-même sa main de celle de Yuna et cette dernière sembla prendre mesure de la situation.

« La voiture en question est celle du directeur, et … cet homme est complètement maniaque de son véhicule. Y toucher équivaut une mort certaine !»

" Je vois" répondit-il machinalement.

Des bruits de pas se firent entendre et Akira se pencha légerement au-dessus de Yuna pour pouvoir entr'apercevoir le directeur de l'école. Ainsi donc elle disait vrai.
Akira baissa les yeux vers ses patins et fit glisser son sac des épaules avant de glisser lui-même à terre sans bruit pour enfiler enfin ses baskets.

« Vous n’êtes pas un nouveau professeur par hasard ? »

Un sourire amusé s'esquissa sur le visage d'Akira qu'il releva vers Yuna en terminant de laçer sa converse. L'idée en elle-même était amusante. Personne n'était moins qualifié que lui pour être professeur; il n'avait de patience qu'avec ses instruments de biologie et les formes de vie inanimée, il n'aimait pas vraiment le monde et la vue d'élèves stupides ne le stimulait en aucune manière.

Mais le sourire mourut peu à peu tandis qu'il contempla de nouveau la jeune fille.

" Non. Non je ne suis pas professeur." fit-il en se relevant et en glissant de nouveau son sac sur son épaule.

Un léger silence s'installa et la cloche de 8h retentit. A présent, Akira était totalement réveillé et fort conscient du potentiel danger que cette fille était. Aurait-elle était bruyante, aux allures superficielles ou même complétement survolté, tout aurait été pour le mieux mais la simplicité et la douceur qu'elle dégageait était bien trop agréable pour ne pas être considéré avec précaution par Akira.

" Je vais y aller. Je dois passer au labo avant d'aller en cours..." Akira laissa trainer la phrase en suspens. A la base il n'avait pas à dire où il allait ni ce qu'il allait faire.

Se reprenant, il glissa ses mains dans les poches de son manteau rapiécé.

" Désolé pour ce matin. Ca ne se reproduira pas."

Aujourd'hui était la première journée où Akira allait assister au cours avec sa classe de troisième. Mieux ne valait pas être en retard du tout, sans compter que comme il venait de le dire, il lui fallait encore passer par le laboratoire avant. L'idée qu'il puisse être dans la même classe que Yuna lui traversa l'esprit un bref moment.

L'ironie serait alors des plus grandiose.

Alors qu'il amorçait son départ, le doute se transforma en questionnement. Il stoppa ses pas et se retourna vers la jeune fille.

" Tu es dans quelle classe exactement?" demanda t'il en arquant élégamment un sourcil inquisiteur.

Yuna avait observé avec soulagement le directeur quitter le parking sous-terrain, et s’était aventurée à questionner Akira.
Sa demande fit sourire le jeune homme, et la lycéenne plissa sa jupe d’un air distrait. Son interlocuteur la mettait étrangement mal à l’aise… mais elle ne pouvait pas encore définir la cause de ce sentiment.

Elle écouta Akira lui annoncer qu’il n’était pas professeur, et Yuna plongea son regard dans le sien, une expression étonnée au visage. Ainsi il était élève… sans nul doute en troisième année.
Si leurs classes avaient des horaires semblables, ils avaient des chances pour se retrouver dans les couloirs. Cette idée plut à Yuna, qui arbora un sourire satisfait.

L’annonce du départ imminent de Akira vers le labo modifia le sourire rayonnant de Yuna en une moue attristée.
Bien sûr. Il était bientôt 8h00, et les cours allaient commencer. La jeune fille se mordilla inconsciemment la lèvre inférieure et hocha la tête en signe d’approbation.

Elle murmura un vague « ce n’est rien » aux excuses du jeune homme, et l’observa s’éloigner sans rien dire.

Pourtant lorsque la silhouette élancée du lycéen prit le temps de se retourner vers Yuna, cette dernière s’approcha à nouveau de lui, le regard pétillant.

« Je…

La question de Akira coupa le début de murmure inaudible de la jeune fille, et elle répondit à sa question avec un sourire :

« 3-A. »

Se remettant nerveusement une mèche de cheveux en place, elle prit une courte inspiration et demanda :

« Anoo… Si vous avez besoin d’un renseignement sur le lycée… vous pouvez me demander. »

Elle s’était remise à le vouvoyer sans réfléchir, et le fixait maintenant d’un air légèrement déconfit. Elle qui se sentait d’ordinaire à l’aise, perdait facilement son rythme devant cet interlocuteur.

« Vous… Tu me trouveras facilement dans le labo annexe. »

Le labo annexe était une sorte de mini laboratoire, où Yuna et les assistants de sciences naturelles observaient l'évolution de certains milieux bactériologiques. La lycéenne observa les réactions du jeune homme, qui détermineraient si oui ou non ils avaient une chance de se recroiser.

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Si elle lui souriait encore une fois comme ça, Akira était à peu prêt certain que le résultat allait être dramatique pour lui.

« 3-A. »

3-A hein?

Evidemment.

Akira secoua légerement son visage, incrédule. Bien entendu qu'elle faisait partie de la même classe que lui. Le contraire aurait été étonnant, et tout les chemins menaient toujours au ravin le plus proche.

" Evidemment."

Il passa sa main sur nuque comme il le faisait toujours lorsqu'il était embété ou lorsqu'il essayait au mieux de résoudre un problème puis étira légerement son bras encore endolori par la chute et le réveil brutal de cette matinée peu ordinaire avant de le laisser retomber d'un geste sec, le long de son corps.

Le problème, c'est que la solitude dont il s'entourait régulierement lui était, non pas rassurante, mais plus simple à vivre. Les bavardages superficielles, les discussions puèriles, les rires faux et tout le tintouin qu'apportait les soi-disants amitié formé au lycée l'incomodait au plus haut point. Il fallait faire des confidences, garder des secrets, faire attention à ne pas froisser les gens. On les laissait prendre de la place dans votre vie, on les laissait vous manger de l'intérieur pour des raisons stupides: un jour il ou elle vous aurait aidé ou sourit ou touché et le mal avait été fait. Akira savait parfaitement où tout cela menait. Ravin. Précipice. Point de non retour.

Or qu'il le veuille ou pas, un pont venait de se former entre lui et Yuna et, malgré sa froideur caractéristique, Akira savait trés bien qu'il ne ferait jamais usage délibéré de son caractère mysanthrope sur la jeune fille. Quelque chose l'en empechait purement et simplement. Et comme tout les composants chimiques que l'on mélangeait, l'experience une fois faite était irréversible.

Un soupir défait s'échappa des lèvres entrouvertes du garçon tandis qu'il remarqua la gêne grandissante de Yuna. En ne la fréquentant que de manière trés modéré, il parviendrait sans doute à sauver les meubles.

Il allait lui faire part du fait qu'ils allaient surement se revoir bientôt puisque Ironie avait décidé de les mettre dans la même classe mais Yuna le devança dans la parole.

« Vous… Tu me trouveras facilement dans le labo annexe. »

Akira lui lança un regard perplexe et fronça légerement les sourcils ce qui lui donnait un air encore plus austère que d'ordinaire. L'information était équivauque et il ne voulut pas lui donner plus de poids. Cela pouvait engendrer trop de réponses qui, sans lui déplaire réellement, pouvait alimenter l'inclination qu'il éprouvait pour Yuna à cet instant précis.

" Hum." fit-il d'une voix posée, laissant la vibration de son aquiescement glisser sur ses lèvres closes.

Il la salua d'un geste vague du visage puis, en quelque pas, quitta le parking. Voir des bacilles et d'autres bactéries lui ferait le plus grand bien maintenant et parviendrait peut-être à effacer l'image du sourire rayonnant de Yuna qui était gravé dans son esprit.

Un léger sourire aux lèvres, Yuna annonça le numéro de sa classe au jeune homme. Le fait d’être en « A » la classait immédiatement comme une excellente élève, mais cela ne gênait en rien la lycéenne.

Pourtant la réaction de son interlocuteur l’a pris au dépourvu.
Ce dernier secoua la tête, se passa une main sur la nuque pour finalement faire retomber brutalement son bras.
Les détails dans l’attitude de certaines personnes n’étaient pas un aspect qui intéressait particulièrement Yuna ; pourtant l’aura de cet homme rendait tout bonnement impossible le fait d’ignorer ses réponses physiques.
Ne comprenant pas l’origine de ce malaise, la jeune Japonaise ne pensa pas à retourner la question, et demander la classe de son interlocuteur.

Au contraire elle se hasarda à lui proposer son aide si jamais il avait besoin d’un renseignement.
Lui confiant qu’elle se trouvait généralement dans le labo annexe, elle observa son expression perplexe sans rien dire.

Un acquiescement à peine audible suivit les paroles de la jeune fille, et déjà Akira commençait à s’éloigner.

Yuna restait immobile, le regard fixé sur la silhouette lointaine, sans se décider à regagner elle aussi la salle de cours.
Cet événement –percuter quelqu’un sans faire attention- n’était pas une nouveauté pour la jeune fille.
Du à son manque d’équilibre chronique, il n’était pas rare de la voir s’étaler en beauté dans des endroits plus ou moins discrets.
Les excuses qui s’en suivaient étaient généralement rapides, et le visage des inconnus bousculés ne retenaient jamais l’attention de la jeune Japonaise.

Pourtant ce matin là avait été différent. Yuna aurait été incapable d’en définir la cause, mais Akira était étrangement un jeune homme qui l’impressionnait et l’empêchait de passer outre cet incident inattendu.

Baissant la tête, Yuna ferma rapidement les yeux et prit le temps de se recentrer.
Il était important qu’elle ne soit pas distraite par le souvenir du regard du jeune homme pour être concentrée sur ses cours du matin.
Une inspiration calme et profonde l’a convint de son retour à la normale, et elle quitta enfin le sous-terrain, une expression déterminée au visage.

» Tadaima ! | Pv Yuna
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» Oupss! *Yuna*