[MOON] Neechan ?

Et bien, youhou, qu'est ce qu'elle pouvait s'amuser. Harue poussa un long, très long soupir. Il y avait un moment qu'elle n'avait plus trouvé de quoi s'occuper. Oh ! Pas qu'elle commençait à regretter son habitude la plus ancestrale : celle de ne se faire aucune relation sérieuse, non, disons plutôt qu'une ou deux amitiés superficielles auraient sans doute pimentées ses mornes journées. Certes, son cousin adoré était revenu sur cette bonne vieille terre du Japon, après 11 années d'absences. C'était en prononçant ce nombre à voix haute qu'on se rendait réellement compte de sa longueur, mais c'était aussi en voyant à quel point Takeshin avait poussé qu'elle s'en était aperçu. 11 ans. Cela semblait si long et si court à la fois. Dans une vie c'est vrai, ce n'était pas grand chose. Mais pourtant, elle en avait manqué des choses, depuis qu'il était partie pour l'Australie. Quand elle avait pu le revoir il y a deux ans à peine, c'est ce dont elle s'était rendu compte. En 11 ans, aussi court que ce puisse être, on loupait beaucoup trop d'évènements. Elle soupira de nouveau, et releva la tête, reprenant son observation.

Il y avait de tout, ici comme ailleurs. Une mère de famille qui court derrière son gamin. Il ne devait pas avoir plus de 5 ou 6 ans, mais il semblait déjà bien énergique. N'importe qui d'autre aurait pu sourire devant une telle scène, mais Harue n'était pas franchement d'humeur et ce n'était certes pas ça qui allait la tirer de son profond ennui. Elle dirigea un moment son regard à gauche, pour ne voir qu'un petit groupe de jeune filles, sans doute collégiennes. Elle les toisa distraitement, avant de détourner le regard et de surprendre, à sa gauche, un coup de retraité en pleine balade. Ennuyant à mourir, décidément, elle aurait tout aussi bien fait de rester à l'appartement. Mais il lui avait pris comme une subite envie de prendre l'air, et elle s'était tout naturellement dirigée vers Ueno et son parc. Elle commençait à regretter cette curieuse injonction. Elle s'adossa un peu mieux au banc sur lequel elle était assise, et laissa retomber sa tête en arrière, le ciel prenant maintenant toute la place devant ses yeux. Elle repoussa quelques mèches brune amené là par le vent, et releva brusquement la tête lorsqu'elle sentit qu'on lui tirait légèrement sur le jean. Elle regarda le gamin qu'elle avait observé il y a peu, un sourcil haussé. Il souriait en tirant toujours sur son pantalon, mais ne disait rien. Il lui offrit juste un sourire rayonnant, qu'elle ne pu que lui rendre tant il était communicatif. Tss, il ne fallait parfois pas grand chose pour redonner un peu de couleur à une journée aussi morne que celle-ci. Mais la mère arrivait déjà devant eux, essoufflée. Elle s'excusa platement, et Harue répondit par un simple Ce n'est rien. Que pouvait-elle dire d'autre de toute façon ?

Alors que la mère et son enfant s'éloignait, elle les suivit du regard un moment, sans plus se préoccuper de ce qui se passait autour d'elle.

Harue resta un moment immobile, à fixer le même point, alors même que la petite famille avait disparu de son champ de vision. C'est seulement après quelques longues minutes qu'elle soupira de nouveau, et qu'elle détourna le regard pour s'adosser de nouveau à son banc. Elle n'allait tout de même pas rester là tout l'après-midi ? Elle leva les yeux vers le ciel. Pas un nuage à l'horizon. L'été approchait, cela se sentait dans l'air un peu plus chaud et dans les Tshirt et débardeurs qui se faisaient plus nombreux sur le dos des passants. Elle-même d'ailleurs, était vêtue plutôt légèrement quoiqu'il y avait toujours cette petite brise qui l'avait convaincue de ne pas laisser ses bras nus. Elle finit par baisser le regard. Et pourquoi pas finalement, elle n'avait pas grand chose de plus intéressant à faire que de rester bêtement assise là toute la fin de cette journée. A vrai dire, c'était pourtant une perspective qui ne l'enchantait pas plus que cela, et elle ressentit soudain une envie pressante de se lever pour se dégourdir un peu les jambes et quitter au plus vite ce lieu d'ennui absolu. Avec un peu de chance, elle pourrait croiser une vague connaissance sur le chemin, idéal pour la tirer de son ennui.

Elle finit donc par se lever, et emprunta à son tour, après tous ceux qu'elle avait pu observer, l'un des chemins qui faisait le tour du parc Ueno. Les mains dans les poches, elle regardait à droite et à gauche, l'air plus ou moins rêveuse. Elle n'avait rien de particulier à faire et cela se lisait sans doute facilement sur son visage. Qu'est ce que cela pouvait être désagréable de se sentir aussi désœuvré ! Mais que voulez-vous... elle n'avait même pas de quoi s'inventer une course urgent ou quoi que ce soit d'autre. Du coin de l'œil, elle finit par remarquer l'échoppe d'un marchand de glaces. Elle s'arrêta net, et fouilla minutieusement dans sa poche de jean arrière, pour en sortir un petit porte-monnaie. Elle n'avait que quelques yens, qui feraient pourtant largement l'affaire pour une bonne glace pistache. Un sourire en coin, elle marcha jusqu'au glacier et se fit son petit plaisir de la journée. Journée qui ne serait pas totalement perdue après tout. Elle remercia le vendeur et s'éloigna, tenant son cornet fermement. Et voilà que sa malchance continuait sans doute, puisqu'elle se sentit soudain pousser en avant, et qu'elle ne pu que laisser tomber sa glace pour se retenir au muret près d'elle. Elle jura devant la belle tache, que venait de lui faire son petit plaisir culinaire, sur son jean et se retourna vivement vers l'inconnu qui s'excusait déjà platement. Elle soupira, tout en sortant un mouchoir de sa poche, qui devait l'aider à se rendre plus présentable.

- Ouais. La prochaine fois fais plus attention et tu n'auras pas l'occasion de t'excuser.