Sommeil, lecture, air frais... [Libre]

Yûka venait d’arriver en cours de littérature. Elle était plutôt à l’aise dans cette matière, comme dans toutes les autres, mais qu’est-ce qu’elle était fatiguée! Elle avait travaillé toute la soirée et une partie de la nuit sur un exposé à terminer. Non pas qu’elle s’y prenne au dernier moment, mais Yûka était perfectionniste dans son travail, alors au dernier moment elle avait refait beaucoup de choses. Si bien que maintenant, elle n’avait qu’une envie : dormir!!! Bon… Elle n’avait qu’à faire son exposé durant cette heure de cours, sur Stendhal, et après elle pourrait aller quelque part pour se reposer un peu ou pour écouter la musique… Alors c’est d’un pas un peu plus décidé et déterminé qu’elle entra en classe pour subir cette heure en tentant de ne pas fermer les yeux, ou de ne pas s’endormir, debout devant toute la classe.

Au final, tout se passa plutôt bien, non?

Yûka eut une très bonne note à son exposé, même si quand elle regagna sa place elle put percevoir un « binbouna » un peu agressif. Yûka sentit son cœur se serré légèrement mais après tout, elle avait l’habitude non? Elle était venue dans un lycée pour jeunes riches , à quoi d’autre pouvait-elle s’attendre que des remarques pareilles? Finalement, la sonnerie retentit et c’est avec soulagement que la jeune fille quitta la classe avec une camarade, de son pas sautillant et discutant joyeusement avec elle de leurs projets respectifs pour le week end. Finalement son amie la quitta pour aller à son cours de danse, et Yûka eut une illumination.

« Le toit! »

Les quelques personnes autour d’elle la regard bizarrement et elle leur adressa, pour toute réponse, un sourire joyeux.

Alors elle s’éloigna à grand pas, du moins aussi grands que ses petites jambes lui permettaient, et elle retrouva rapidement l’escalier qui menait au toit. Bon, les étudiants n’étaient peut-être pas censé s’y rendre aussi souvent qu’elle mais aussi, quelle idée de laisser une aussi jolie porte ouverte? C’était sa porte , son passage, son entrée vers un petit moment de liberté et elle n’aurait pas laissé passer ça. D’habitude elle venait avec Koike, mais elle ne l’avait pas vu aujourd’hui… Peut-être pourrait-elle aussi venir ici avec Koichi, quand ils se seraient retrouvés? Oh et puis elle était sûre que les deux jeunes hommes allaient très bien s’entendre, il faudrait qu’elle les présente!!

« En plus, il fait froid, je suis sûre qu’il n’y aura personne! »

Oui, Yûka avait l’habitude de parer toute seule. Bon, là il n’y avait personne, ce n’était pas bien grave, mais parfois on la regardait bizarrement pour ça. Mais ce n’était pas pire que ceux qui entraient dans les discussions qu’elle pouvait avoir avec Koike : les gens se retrouvaient plutôt déboussolés devant ces deux grands gamins plus que complices .

Yûka poussa la porte et respira une grande bouffée d’air frais. En effet, il n’y avait personne.

« Super! »

La jeune femme alla s’installer au sol, bien emmitouflé dans son manteau qu’elle avait prit la peine de récupérer .Ses jambes étendues, elle sortit un livre policier de son sac, un des innombrables livres qu’elle lisait . Elle en avait partout chez elle, c’était plutôt impressionnant. Yûka se plongea dans sa lecture, ne levant pas le nez, ailleurs. Elle aimait bien ses moments de calmes malgré son caractère joyeux, enjoué. Yûka appréciait de passer des instants plus posés, comme elle en avait autrefois avec Koichi, ou maintenant parfois avec Yuichi (c'était dur de le calmer, mais ses gâteaux faisaient des miracles) ou les autres personnes si gentilles qu'elle avait rencontré cette année.

Elle qui pensait ne tombait que sur de vilains gamins plein de préjugés... Bon, évidemment il y en avait plein, la fin du cours de littérature en étant la preuve. Mais elle avait trouvé des personnes réellement gentilles, bienveillantes et amusantes, de plus, elle allait bientôt retrouver Koichi, que pouvait-elle demander de plus?

"À nous deux ma belle."

"T'as pas d'amis pour jouer tout seul, Tanaka?"

"Tanaka, depuis quand tu te permets de ne plus nous répondre?"

"Oh, tu as mal?"

"Tu sais quoi Tanaka? Tu nous soules un peu là, alors puisque tu ne comprends pas notre langue, tu vas aller récupérer ton magnifique ballon tout là-haut."

"C'est vous qui n'avez pas d'amis au point de tout faire pour que je vous réponde."

"Tu la fermes. Des amis, j'en ai plus que n'importe qui."

"C'est pas possible, ils ont vraiment rien à faire de leurs journées..."

"Excuse-moi, t'aurais pas entendu un ballon tomber pas loin? C'est pas que je galère à le trouver, mais presque."

Yûka entendait tout ce qu’il se passait de là où elle était. Enfin , tout, ou presque, c’était relatif, mais elle pouvait capter la vie de Sakurai à partir du toit, et elle aimait bien cette idée, c’était pour cela qu’elle venait souvent ici. Avec un livre ou non, avec de la musique ou dans un silence presque complet, elle venait se poser ici un moment. Yûka n’était pas du genre à craindre le froid ou les grosses chaleur, quand on est pauvre, on s’adapte à tout, ne?? Rien qu’en pensant à cela, elle eut un sourire amusé. La jeune femme n’était pas du genre à se plaindre de sa situation familiale, elle avait toujours été très heureuse, non, définitivement, elle n’avait pas à se plaindre. Et ce jour là, installé sur son toit sous un ciel plutôt grisâtre, plutôt froid, elle sortit un livre pour passer le temps. In Tenebris, d’un auteur français qu’elle avait réussi à se procurer. Les traductions étaient rares, mais dans de petites librairies, elle avait trouvé quelques trésors parfois… Et elle s’était vraiment faite peur avec ce livre, quelque fois. Les gens s’étonnaient qu’une jeune fille aussi joyeuse qu’elle lise de tels livres, mais après tout, pourquoi pas? Yûka n’était pas une petite fille qui se contentait des contes de fées et des histoires d’amour, pas du tout! Non, à vrai dire elle ne lisait pas vraiment de livres ainsi.

Si on en revenait à ce qu’elle entendait depuis ce toit?

Quelques étages plus bas, ou peut-être même à l’étage juste en-dessous, il devait y avoir un cours de mathématiques ou quelques chose de très scientifique. Yûka n’aimait pas particulièrement les maths, cela n’avait jamais été trop son truc. Elle avait la chance d’avoir une logique qui lui permettait de comprendre aussi bien les maths que les langues, l’histoire ou la littérature, mais ce n’était pas pour autant qu’elle appréciait cette matière, plus particulièrement. A ses yeux, les chiffres étaient trop réels, trop concrets, trop terre-à-terre. Yûka avait une imagination trop développée pour se contenter seulement de chiffres, c’était ainsi…
Un peu plus loin, sans qu’elle ne sache réellement où c’était, elle entendait des voix d’hommes, ou plutôt de garçons, des élèves. Il y avait des rires moqueurs mais elle n’entendait pas pour autant ce qu’il se passait , elle était tellement plongée dans son bouquin qu’elle ne faisait pas attention à ce qui se passait autour d’elle. Pourtant, à ce moment là, elle perçu le bruit de quelque chose rebondissant sur le sol. Elle releva la tête, tentant de voir de quoi il s’agissait mais ne vit rien qui pouvait la renseigner pour le moment. A moins qu’il ne pleuvent des choses étranges et plutôt grosses du ciel, elle ne fit pas du tout le lien avec un possible ballon tomber sur le toit.

A nouveau, Yûka se plongea dans son livre.

« Excuse-moi, t'aurais pas entendu un ballon tomber pas loin? C'est pas que je galère à le trouver, mais presque. »

Nee?

Qui lui parlait? Yûka releva à nouveau la tête vers celui qui lui adressait la parole. Un ballon? Il galérer à le trouver? La jeune femme mit une petite seconde avant de poser son livre à côté d’elle.

« Un ballon? Ah! Attend, je crois que je l’ai entendu! »

Elle se leva d’un bon, toujours aussi enjouée, adressant un sourire joyeux au nouveau venu.

Yûka ne savait absolument pas de qui il s’agissait, mais ce n’était pas grave, pourquoi ne pouvait-elle pas l’aider un peu? Elle disparut rapidement derrière une sorte de gros truc en béton qui devait servir à l’électricité ou quelque chose comme ça. Après quelques secondes, elle revint avec le ballon dans les mains, venant se planter avec un sourire devant Takamasa en le lui tendant.

« Tiens, le voila! Il était juste là-bas! »

Puis elle remarqua qu’il avait une sorte d’hématome prés de l’œil. Yûka fronça légèrement les sourcils, avec sa petite moue inquiète et adorable, avant de pencher la tête sur le côté pour observer un instant la tempe bleuie.

« Tu devrais mettre quelque chose de froid dessus, ça va être tout gonflé sinon après! »

Oui, Yûka était du genre à s’inquiéter pour quelqu’un qu’elle ne connaissait absolument pas.

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